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'''Robert Beck''' dit '''Raoul''' ([[1897]] à [[Arpajon]] - [[6 février]] [[1943]] à [[Paris]]), est un militant [[Parti communiste français|communiste]] et un des chefs de la [[Résistance intérieure française|résistance]] française.
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'''Robert Beck''' dit '''Raoul''' ({{date de naissance-|11|septembre|1897}} à [[Arpajon]] - {{date de décès-|6|février|1943}} à [[Paris]]), est un militant [[Parti communiste français|communiste]] français, chef d'un réseau de [[Résistance intérieure française|résistance]] lié à l'[[Internationale communiste]].


== Avant-Guerre ==
== Avant-Guerre ==
Robert Beck est né à [[Arpajon]] (Seine-et-Oise) en 1897, dans une famille d’ouvriers : son père, syndiqué à la [[Confédération générale du travail|CGT]], est [[charpentier]]-[[couvreur]], sa mère, femme de ménage-[[Lavandière|blanchisseuse]]. Celle-ci étant décédée alors qu'il était encore jeune, il est éduqué dans un orphelinat puis il étudie dans des institutions religieuses jusqu’à son exclusion du séminaire de [[Chartres]], en 1911<ref name="cp">{{Lien web|url=https://fusilles-40-44.maitron.fr/spip.php?article16077|titre=BECK Robert, Louis [Pseudonyme : Raoul]|auteur=Claude Pennetier|site=maitron.fr}}.</ref>.


En 1915, il part sur le front et participe en 1917 à l'organisation de [[mutinerie]]s, ce qui le conduit à être condamné à cinq ans de [[bagne]] au Maroc. Il connaît alors des conditions de détention extrêmement dures qui joueront un rôle très important dans la suite de son parcours politique.
Robert Beck est né à Arpajon (Seine-et-Oise) en 1897, dans une famille d’ouvriers : son père, syndiqué à la CGT, est
charpentier-couvreur ; sa mère, femme de ménage-blanchisseuse. Il étudie dans des institutions religieuses jusqu’à son
exclusion du séminaire de Chartres, en 1911. Il s’installe en Tunisie où il devient ouvrier docker et devient membre du Parti communiste.


Il s’installe en [[Tunisie]] où il travaille comme ouvrier [[docker]] à l'Arsenal de [[Ferryville]] et devient rapidement un des dirigeants de la CGT tunisienne. Membre du [[Parti communiste français|Parti communiste]] en 1925, il devient un leader syndical et politique actif. Il est condamné à une année de prison la même année pour « provocation de militaires à la désobéissance » à la suite d'une distribution de tracts contre la [[guerre du Rif]]. Pendant son incarcération, il lit les grands classiques du [[marxisme]] et apprend plusieurs langues vivantes en plus du grec et du latin qu'il connaissait du [[Séminaire (catholicisme)|séminaire]]. Il aura un fils en Tunisie, Emile, qui fera une partie de la guerre dans la 2ème DB et qui mourra de la tuberculose peu après la Libération faute de soins suffisants. Robert Beck quitte la Tunisie en {{date-|avril 1929}}, contesté par la commission coloniale du Parti Communiste. Il participe au congrès de Saint-Denis en {{date-|avril 1929}}. Il organise son auto-exclusion en 1935 afin d'entrer dans un réseau clandestin dépendant de l'[[Internationale communiste]] (IC), actif notamment durant toute la [[guerre d'Espagne]]<ref name="cp"/>.
== Résistance ==


== Résistance ==
Entré très tôt dans la clandestinité, il est chargé dès 1940 par le [[Komintern]] de constituer un réseau de résistance associant renseignement et action sur le terrain. Il est considéré par les allemands comme un des plus dangereux "terroristes", ce qui conduit la police française à montrer un diligence toute particulière pour tenter de démanteler son réseau. Il est arrêté par la police le 7 juillet 1942 et remis aux allemands. Plusieurs membres de son réseau sont arrêtés en même temps que lui. Il est fusillé le 6 février 1943 au [[Stand de tir de Balard]] sans avoir jamais parlé à ses tortionnaires.
Entré très tôt dans la clandestinité, il est chargé dès 1940 par l'IC de constituer un réseau de résistance associant renseignement et action sur le terrain. Beck était secondé par Hittel Gruszkiewicz (dit Bill) alias Duranton<ref>{{Lien web|url=https://www.fondationresistance.org/documents/cnrd/Doc00134.pdf|titre=Au stand de tir|auteur=[[Adam Rayski]]|site=fondationresistance.org|page=51-54|date=2006}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=https://maitron.fr/spip.php?article88872|titre=GRUSZKIEWICZ Hillel, Robert [dit Bil]|auteur=Daniel Grason, Claude Pennetier|site=maitron.fr}}.</ref>, originaire de [[Pologne]], responsable des transports d'armes pour les [[Brigades internationales]] et ayant eu des responsabilités à la base d'Albacète. Robert Beck est considéré par les [[Nazisme|nazis]] comme un des plus dangereux « terroristes », ce qui conduit la police française à organiser avec succès le démantèlement de son réseau en juin et {{date-|juillet 1942}}<ref name="cp"/>.


Il est arrêté par la police le {{date-|7 juillet 1942}} avec sa compagne Renée Hogge<ref>{{Lien web|url=https://maitron.fr/spip.php?article139179|titre=HOGGE Renée, Suzanne|auteur=Daniel Grason|site=maitron.fr}}.</ref> et remis aux Allemands. Plusieurs membres de son réseau sont arrêtés en même temps que lui. Robert Beck tente de se suicider en se tranchant les veines, mais sans succès. Son adjoint Hittel Gruszkiewicz parviendra lui à se jeter d'une fenêtre de sa prison. Robert Beck est fusillé le {{date-|6 février 1943}} au [[stand de tir de Balard]] sans avoir jamais communiqué à ses tortionnaires autre chose que ce qu'ils connaissaient déjà. Le rapport final de la [[Gestapo]] indique en {{date-|septembre 1942}} : {{"|Beck est à la tête d'une organisation terroriste très active et un représentant direct du [[Internationale communiste|Komintern]]. Sans aucun doute d'autres complices sont encore en liberté mais les vérifications se révèlent extrêmement difficiles du fait que la tactique observée par Beck ne met aucun complice en cause}}. Les autres membres du réseau peuvent, aux dires des services soviétiques, continuer leurs opérations<ref name="cp"/>. La dernière lettre de Robert Beck a été publiée dans le livre "La vie à en mourir - lettres de fusillés". L'original de cette lettre a été donnée par ses enfants au [[Parti communiste français]].


Renée Hogge est condamnée et déportée à la forteresse de [[Lübeck]], puis au camp de [[Ravensbrück]] et enfin celui de [[Camp de concentration de Mauthausen|Mauthausen]], d'où elle est revenue handicapée à la fin de la guerre.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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== Bibliographie ==
== Bibliographie ==
* Article de Jean Maitron et Claude Pennetier, in ''[[Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français]]'', Les éditions ouvrières.
* Article de [[Jean Maitron]] et [[Claude Pennetier]], in ''[[Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français]]'', Les éditions ouvrières {{lire en ligne|lien=https://fusilles-40-44.maitron.fr/spip.php?article16077}}.
* Collectif, ''La Vie à en mourir : Lettres de fusillés, 1941-1944'', Tallandier
* Collectif, ''La Vie à en mourir : Lettres de fusillés, 1941-1944'', Tallandier.
* {{Ouvrage|prénom1=Stéphane|nom1=Courtois|lien auteur1=Stéphane Courtois|prénom2=Denis|nom2=Peschanski|lien auteur2=Denis Peschanski|prénom3=Adam|nom3=Rayski|lien auteur3=Adam Rayski|titre=Le Sang de l'étranger|sous-titre=les immigrés de la MOI dans la Résistance|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=1989|pages totales=470|isbn=2-213-01889-8|présentation en ligne=https://www.persee.fr/doc/remi_0765-0752_1989_num_5_2_1026_t1_0155_0000_1}}. {{commentaire biblio|Nouvelle édition corrigée : {{Ouvrage|prénom1=Stéphane|nom1=Courtois|lien auteur1=Stéphane Courtois|prénom2=Denis|nom2=Peschanski|lien auteur2=Denis Peschanski|prénom3=Adam|nom3=Rayski|lien auteur3=Adam Rayski|titre=Le Sang de l'étranger|sous-titre=les immigrés de la MOI dans la Résistance|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=1994|pages totales=470|isbn=978-2-213-01889-8}}.}}
* [[Alain Guérin]], ''La Résistance. Chronique illustrée 1930-1950'', Livre Club Diderot 1972.
* Guy Krivopissko, ''La Vie à en mourir. Lettres de fusillés (1941-1944)'', Point 2006.
* Article du Maitron sur Renée Hogge https://maitron.fr/spip.php?article139179


== Articles connexes ==
== Articles connexes ==
* [[Histoire du parti communiste français]]
* [[Histoire du Parti communiste français]]
* [[Résistance intérieure française]]
* [[Résistance intérieure française]]


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Dernière version du 19 février 2024 à 23:09

Robert Beck
Biographie
Naissance
Décès
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Nationalité
Activité
Autres informations
Parti politique
Conflit

Robert Beck dit Raoul ( à Arpajon - à Paris), est un militant communiste français, chef d'un réseau de résistance lié à l'Internationale communiste.

Avant-Guerre[modifier | modifier le code]

Robert Beck est né à Arpajon (Seine-et-Oise) en 1897, dans une famille d’ouvriers : son père, syndiqué à la CGT, est charpentier-couvreur, sa mère, femme de ménage-blanchisseuse. Celle-ci étant décédée alors qu'il était encore jeune, il est éduqué dans un orphelinat puis il étudie dans des institutions religieuses jusqu’à son exclusion du séminaire de Chartres, en 1911[1].

En 1915, il part sur le front et participe en 1917 à l'organisation de mutineries, ce qui le conduit à être condamné à cinq ans de bagne au Maroc. Il connaît alors des conditions de détention extrêmement dures qui joueront un rôle très important dans la suite de son parcours politique.

Il s’installe en Tunisie où il travaille comme ouvrier docker à l'Arsenal de Ferryville et devient rapidement un des dirigeants de la CGT tunisienne. Membre du Parti communiste en 1925, il devient un leader syndical et politique actif. Il est condamné à une année de prison la même année pour « provocation de militaires à la désobéissance » à la suite d'une distribution de tracts contre la guerre du Rif. Pendant son incarcération, il lit les grands classiques du marxisme et apprend plusieurs langues vivantes en plus du grec et du latin qu'il connaissait du séminaire. Il aura un fils en Tunisie, Emile, qui fera une partie de la guerre dans la 2ème DB et qui mourra de la tuberculose peu après la Libération faute de soins suffisants. Robert Beck quitte la Tunisie en , contesté par la commission coloniale du Parti Communiste. Il participe au congrès de Saint-Denis en . Il organise son auto-exclusion en 1935 afin d'entrer dans un réseau clandestin dépendant de l'Internationale communiste (IC), actif notamment durant toute la guerre d'Espagne[1].

Résistance[modifier | modifier le code]

Entré très tôt dans la clandestinité, il est chargé dès 1940 par l'IC de constituer un réseau de résistance associant renseignement et action sur le terrain. Beck était secondé par Hittel Gruszkiewicz (dit Bill) alias Duranton[2],[3], originaire de Pologne, responsable des transports d'armes pour les Brigades internationales et ayant eu des responsabilités à la base d'Albacète. Robert Beck est considéré par les nazis comme un des plus dangereux « terroristes », ce qui conduit la police française à organiser avec succès le démantèlement de son réseau en juin et [1].

Il est arrêté par la police le avec sa compagne Renée Hogge[4] et remis aux Allemands. Plusieurs membres de son réseau sont arrêtés en même temps que lui. Robert Beck tente de se suicider en se tranchant les veines, mais sans succès. Son adjoint Hittel Gruszkiewicz parviendra lui à se jeter d'une fenêtre de sa prison. Robert Beck est fusillé le au stand de tir de Balard sans avoir jamais communiqué à ses tortionnaires autre chose que ce qu'ils connaissaient déjà. Le rapport final de la Gestapo indique en  : « Beck est à la tête d'une organisation terroriste très active et un représentant direct du Komintern. Sans aucun doute d'autres complices sont encore en liberté mais les vérifications se révèlent extrêmement difficiles du fait que la tactique observée par Beck ne met aucun complice en cause ». Les autres membres du réseau peuvent, aux dires des services soviétiques, continuer leurs opérations[1]. La dernière lettre de Robert Beck a été publiée dans le livre "La vie à en mourir - lettres de fusillés". L'original de cette lettre a été donnée par ses enfants au Parti communiste français.

Renée Hogge est condamnée et déportée à la forteresse de Lübeck, puis au camp de Ravensbrück et enfin celui de Mauthausen, d'où elle est revenue handicapée à la fin de la guerre.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Claude Pennetier, « BECK Robert, Louis [Pseudonyme : Raoul] », sur maitron.fr.
  2. Adam Rayski, « Au stand de tir », sur fondationresistance.org, , p. 51-54.
  3. Daniel Grason, Claude Pennetier, « GRUSZKIEWICZ Hillel, Robert [dit Bil] », sur maitron.fr.
  4. Daniel Grason, « HOGGE Renée, Suzanne », sur maitron.fr.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]