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De son côté, la mode masculine évolue de façon moins significative, le costume restant de rigueur pour de multiples occasions, bien que le ''{{Langue|en|[[sportswear]]}}'' progresse. Les fibres synthétiques ont envahi la confection.
De son côté, la mode masculine évolue de façon moins significative, le costume restant de rigueur pour de multiples occasions, bien que le ''{{Langue|en|[[sportswear]]}}'' progresse. Les fibres synthétiques ont envahi la confection.


L’élitiste haute couture n'étant pas suffisante pour faire vivre une maison de couture, les couturiers développent, à grand renfort de publicités, parfums et lignes secondaires luxueuses, prémices du [[prêt-à-porter]] qui va déferler la décennie suivante.
L’élitiste haute couture n'étant pas suffisante pour faire vivre une maison de couture, les couturiers développent, à grand renfort de publicités, parfums et lignes secondaires luxueuses, prémices du [[prêt-à-porter]] qui va déferler la décennie suivante<ref>{{Lien web |langue=français |auteur=Allison Hekimian |titre=La mode des années 50 |url=https://www.marieclaire.fr/,les-looks-des-annees-50,706684.asp |site=marieclaire.fr |consulté le=17/04/2021}}</ref>.


== Histoire ==
== Histoire ==
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=== « La mode nouvelle » ===
=== « La mode nouvelle » ===
[[Fichier:Christian_Dior_(Moscow_exhibition,_2011)_26.jpg|vignette|upright=0.70|Dior : le [[New Look|tailleur Bar]] de 1947.]]
[[Fichier:Christian_Dior_(Moscow_exhibition,_2011)_26.jpg|vignette|upright=0.70|Dior : le [[New Look|tailleur Bar]] de 1947.]]
La '''mode des années 1950''' débute le [[12 février]]… [[1947 en France|1947]] ; ce matin là avenue Montaigne, un nouveau [[Grand couturier|couturier]], [[Christian Dior]], présente sa première collection. Tenue secrète, des rumeurs se sont répandues sur l'importance de celle-ci, le nom du couturier est sur toutes les lèvres<ref>{{harvsp|Watson|2000|p=43|id=LW2000}}</ref>. À l'issue du défilé, la journaliste américaine [[Carmel Snow]] du ''[[Harper's Bazaar]]'' rebaptise cette collection « ''{{Langue|en|[[New Look]]}}'' ». Dans les jours qui suivent, ce ''{{Langue|en|New Look}}'' va révolutionner la mode mondiale, marquant par la profusion de ses tissus et par sa féminité exacerbée {{incise|s'appuyant sur l'héritage des créations de [[Marcel Rochas]]<ref>{{harvsp|Delpierre|1997|p=16|id=LC1997}}</ref>}}, par son optimisme, la fin des années de privations : malgré l'élitisme de la haute couture, le ''{{Langue|en|New Look}}'' donne l'image d'un avenir meilleur<ref name=fogg298 />. Alternant entre scandale et succès suivant les publics<ref name=LW45>{{harvsp|Watson|2000|p=45|id=LW2000}}</ref>, l'inconnu Dior est propulsé au firmament de la mode<ref>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=128|id=LMd1900}}</ref>{{,}}<ref name=fogg299>{{harvsp|Fogg|2013|loc=L'âge d'or de la haute couture {{page|299}}|id=FOGG2013}}</ref>. Il va dominer jusqu'à sa mort la haute couture<ref name=CB166>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Cally |nom1=Blackman |titre=100 ans d'illustration de mode |lieu=Paris |éditeur=[[Eyrolles]] |année=2007 |mois=8 |pages totales=384 |passage=166 |isbn=978-2-212-12185-8 |présentation en ligne=http://pausetoujours.blogspot.fr/2008/03/100-ans-dillustration-de-mode.html |titre chapitre=1950-1974 |id=CB2007}}</ref>, donnant à chaque saison de son influence majeure<ref name=Mendes131>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=131|id=LMd1900}}</ref>. La tendance des vêtements à la ligne floue des années de conflit passe rapidement à une silhouette corsetée, avec des vêtements cintrés marquant les hanches et la poitrine, complétés d'une jupe longue, large dans le bas, ou au contraire très étroite et tubulaire<ref name=Mendes131 />. {{Citation|Nous abandonnons à l'orée de ce printemps 1947 les robes trop courtes, les vestes trop longues, les jupes de petites filles qui ne veulent plus grandir, ce style conçu pour l'époque difficile de la bicyclette. Ce qui frappe le plus dans les conceptions des maîtres de la couture c'est évidemment l'allongement spectaculaire des robes. Des jupes collantes gainent le corps, tandis que d'autres longues et plissées donnent à la démarche une grâce d'envol<ref>{{Article |langue=fr|auteur=Jeanne Stéphane |titre=de l'Élégance, de la Ligne, de l'Audace |périodique=L'Officiel |éditeur= [[Éditions Jalou|Éditions Veuve E. Max Brunhes]]|numéro=301-302 |mois= |année=1947 |pages=51 }} (Couverture : robe [[Carven]] par [[René Gruau|Gruau]]. La suite de l'article décrit l'ensemble des principes de la mode féminine à cette saison, que ce soit pour les manteaux ou pour les robes du soir)</ref>.}}. Les manteaux, bien qu'amples, sont également serrés à la taille<ref name=Delpierre8 /> pour épouser la silhouette du ''{{Langue|en|New Look}}'' et assez longs pour couvrir jupe ou robe<ref name=JM332>{{harvsp|Metcalf|2013|loc=1947-1962 Un bon manteau {{page|332 à 333}}|id=JM2013}}</ref>. Ces années là, les [[Fourrure|fourreurs]]{{Note|Cela fait au moins deux décennies que le manteau de fourrure est répandu. En plus des grands fourreurs, les couturiers ont souvent des départements « fourrure » au sein de leurs maisons. Posséder un manteau en [[Vison d'Amérique|vison]] est signe d'un statut social élevé. La fourrure est également présente comme élément complémentaire des manteaux, que ce soit au niveau des [[Basque (vêtement)|basques]], des poignets, ou du col. La fourrure est aussi déclinée en [[Accessoire de mode|accessoires]], parfois simplement décoratifs<ref name=JM332 />. |group=n}} et les [[modiste]]s sont nombreux<ref>{{harvsp|Delpierre|1997|p=29|id=LC1997}}</ref> ; se couvrir les cheveux d'un large chapeau ou au moins un petit couvre-chef est obligatoire, de même que les gants le plus souvent<ref name=Delpierre8>{{harvsp|Delpierre|1997|p=8|id=LC1997}}</ref>{{,}}<ref name=Mendes157>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=157|id=LMd1900}}</ref>. Les accessoires, que ce soit le [[sac à main]], l'indispensable ceinture marquant la taille, ou les chaussures, se doivent d'être assortis<ref name=Mendes157 />. Bien que l'industrie de la chaussure soit très présente en Italie, les chausseurs [[Charles Jourdan]] et [[Roger Vivier]] créent des modèles luxueux en France<ref name=Mendes157 />. Les publicités pour les [[parfum|parfums]] et [[cosmétique|cosmétiques]] envahissent la presse, ces produits apportant des revenus aux couteuses maisons de couture.
La '''mode des années 1950''' débute le [[12 février]]… [[1947 en France|1947]] ; ce matin là avenue Montaigne, un nouveau [[Grand couturier|couturier]], [[Christian Dior]], présente sa première collection. Tenue secrète, des rumeurs se sont répandues sur l'importance de celle-ci, le nom du couturier est sur toutes les lèvres<ref>{{harvsp|Watson|2000|p=43|id=LW2000}}</ref>. À l'issue du défilé, la journaliste américaine [[Carmel Snow]] du ''[[Harper's Bazaar]]'' rebaptise cette collection « ''{{Langue|en|[[New Look]]}}'' ». Dans les jours qui suivent, ce ''{{Langue|en|New Look}}'' va révolutionner la mode mondiale, marquant par la profusion de ses tissus et par sa féminité exacerbée {{incise|s'appuyant sur l'héritage des créations de [[Marcel Rochas]]<ref>{{harvsp|Delpierre|1997|p=16|id=LC1997}}</ref>}}, par son optimisme, la fin des années de privations : malgré l'élitisme de la haute couture, le ''{{Langue|en|New Look}}'' donne l'image d'un avenir meilleur<ref name=fogg298 />. Alternant entre scandale et succès suivant les publics<ref name=LW45>{{harvsp|Watson|2000|p=45|id=LW2000}}</ref>, l'inconnu Dior est propulsé au firmament de la mode<ref>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=128|id=LMd1900}}</ref>{{,}}<ref name=fogg299>{{harvsp|Fogg|2013|loc=L'âge d'or de la haute couture {{page|299}}|id=FOGG2013}}</ref>. Il va dominer jusqu'à sa mort la haute couture<ref name=CB166>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Cally |nom1=Blackman |titre=100 ans d'illustration de mode |lieu=Paris |éditeur=[[Eyrolles]] |année=2007 |mois=8 |pages totales=384 |passage=166 |isbn=978-2-212-12185-8 |présentation en ligne=http://pausetoujours.blogspot.fr/2008/03/100-ans-dillustration-de-mode.html |titre chapitre=1950-1974 |id=CB2007}}</ref>, donnant à chaque saison de son influence majeure<ref name=Mendes131>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=131|id=LMd1900}}</ref>. La tendance des vêtements à la ligne floue des années de conflit passe rapidement à une silhouette corsetée, avec des vêtements cintrés marquant les hanches et la poitrine, complétés d'une jupe longue, large dans le bas, ou au contraire très étroite et tubulaire<ref name=Mendes131 />. {{Citation|Nous abandonnons à l'orée de ce printemps 1947 les robes trop courtes, les vestes trop longues, les jupes de petites filles qui ne veulent plus grandir, ce style conçu pour l'époque difficile de la bicyclette. Ce qui frappe le plus dans les conceptions des maîtres de la couture c'est évidemment l'allongement spectaculaire des robes. Des jupes collantes gainent le corps, tandis que d'autres longues et plissées donnent à la démarche une grâce d'envol<ref>{{Article |langue=fr|auteur=Jeanne Stéphane |titre=de l'Élégance, de la Ligne, de l'Audace |périodique=L'Officiel |éditeur= [[Éditions Jalou|Éditions Veuve E. Max Brunhes]]|numéro=301-302 |année=1947 |pages=51 }} (Couverture : robe [[Carven]] par [[René Gruau|Gruau]]. La suite de l'article décrit l'ensemble des principes de la mode féminine à cette saison, que ce soit pour les manteaux ou pour les robes du soir)</ref>.}}. Les manteaux, bien qu'amples, sont également serrés à la taille<ref name=Delpierre8 /> pour épouser la silhouette du ''{{Langue|en|New Look}}'' et assez longs pour couvrir jupe ou robe<ref name=JM332>{{harvsp|Metcalf|2013|loc=1947-1962 Un bon manteau {{page|332 à 333}}|id=JM2013}}</ref>. Ces années là, les [[Fourrure|fourreurs]]{{Note|Cela fait au moins deux décennies que le manteau de fourrure est répandu. En plus des grands fourreurs, les couturiers ont souvent des départements « fourrure » au sein de leurs maisons. Posséder un manteau en [[Vison d'Amérique|vison]] est signe d'un statut social élevé. La fourrure est également présente comme élément complémentaire des manteaux, que ce soit au niveau des [[Basque (vêtement)|basques]], des poignets, ou du col. La fourrure est aussi déclinée en [[Accessoire de mode|accessoires]], parfois simplement décoratifs<ref name=JM332 />. |group=n}} et les [[modiste]]s sont nombreux<ref>{{harvsp|Delpierre|1997|p=29|id=LC1997}}</ref> ; se couvrir les cheveux d'un large chapeau ou au moins un petit couvre-chef est obligatoire, de même que les gants le plus souvent<ref name=Delpierre8>{{harvsp|Delpierre|1997|p=8|id=LC1997}}</ref>{{,}}<ref name=Mendes157>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=157|id=LMd1900}}</ref>. Les accessoires, que ce soit le [[sac à main]], l'indispensable ceinture marquant la taille, ou les chaussures, se doivent d'être assortis<ref name=Mendes157 />. Bien que l'industrie de la chaussure soit très présente en Italie, les chausseurs [[Charles Jourdan]] et [[Roger Vivier]] créent des modèles luxueux en France<ref name=Mendes157 />. Les publicités pour les [[parfum|parfums]] et [[cosmétique|cosmétiques]] envahissent la presse, ces produits apportant des revenus aux couteuses maisons de couture.


Dès {{date-|septembre 1947}}, le magazine ''[[Elle (magazine)|ELLE]]'' résumant l'année écoulée titre en couverture « La mode nouvelle » ; sa [[rédactrice en chef]] [[Hélène Lazareff]] insiste sur la place prépondérante de la haute couture française qui {{Citation|a contraint le monde entier à reconnaître sa suprématie}}. Une fois de plus, d'après ce magazine, la seconde collection de Dior {{Citation|bouleverse le monde entier}}<ref>''Elle'', {{numéro|97}}, du 25 septembre 1947. Sont présentes également au sein de ce numéro les créations de Balmain ou Lelong.</ref>. ''Vogue'' précise qu'{{Citation|il y a des moments où la mode change radicalement. Il ne s'agit pas de changements de détails. C'est toute l'attitude de la mode qui se modifie, et avec elle la structure même du corps. Et c'est précisément ce qui est en train de se passer<ref name=LW45 />.}}{{Note|À l'automne 1947, le tendance initiée en ce début d'année est plus que jamais confirmée : {{Citation|Cet automne, la haute couture rompant avec des coutumes vieilles de plusieurs lustres, nous a brusquement imposé les robes longues, […] Nous trouvons dans les collections des robes moulantes fuselant le corps, épousant strictement les formes souples de l'Eve 1947. Les épaules sont dépouillées de paddings ''[rembourrages]'', le buste est étroit, les seins précisés, la taille affinée repose sur des hanches arrondies que les effets de basque ou d'ampleur ramenée sur le côté viennent encore souligner. C'est une silhouette qui nous était déjà familière la saison dernière et près de laquelle vient de naître la large jupe cloche ou plissée, gourmande parfois de trente mètres de tissu […]. Les tissus sont extraordinairement beaux, les robes de jour étudiées et réalisées dans ces satins luisants, dans ces moires ondées, auront, portées sous des manteaux de fourrure, […]<ref>{{Article |langue=fr|auteur=Jeanne Stéphane |titre=Il vous faut choisir ! |périodique=L'Officiel |éditeur= [[Éditions Jalou|Éditions Veuve E. Max Brunhes]]|numéro=307-308 |mois=Collections d'hiver |année=1947 |pages=59 }} (Couverture : manteau Dior, illustration de Gruau)</ref>}} |group=n}} La prospérité de la haute couture française est de retour et celle-ci va influencer directement la rue<ref name=reed6>{{harvsp|Reed|Design Museum|2012|loc=The 1950's {{page|6}}|id=DMPR2012}}</ref>.
Dès {{date-|septembre 1947}}, le magazine ''[[Elle (magazine)|ELLE]]'' résumant l'année écoulée titre en couverture « La mode nouvelle » ; sa [[rédactrice en chef]] [[Hélène Lazareff]] insiste sur la place prépondérante de la haute couture française qui {{Citation|a contraint le monde entier à reconnaître sa suprématie}}. Une fois de plus, d'après ce magazine, la seconde collection de Dior {{Citation|bouleverse le monde entier}}<ref>''Elle'', {{numéro|97}}, du 25 septembre 1947. Sont présentes également au sein de ce numéro les créations de Balmain ou Lelong.</ref>. ''Vogue'' précise qu'{{Citation|il y a des moments où la mode change radicalement. Il ne s'agit pas de changements de détails. C'est toute l'attitude de la mode qui se modifie, et avec elle la structure même du corps. Et c'est précisément ce qui est en train de se passer<ref name=LW45 />.}}{{Note|À l'automne 1947, le tendance initiée en ce début d'année est plus que jamais confirmée : {{Citation|Cet automne, la haute couture rompant avec des coutumes vieilles de plusieurs lustres, nous a brusquement imposé les robes longues, […] Nous trouvons dans les collections des robes moulantes fuselant le corps, épousant strictement les formes souples de l'Eve 1947. Les épaules sont dépouillées de paddings ''[rembourrages]'', le buste est étroit, les seins précisés, la taille affinée repose sur des hanches arrondies que les effets de basque ou d'ampleur ramenée sur le côté viennent encore souligner. C'est une silhouette qui nous était déjà familière la saison dernière et près de laquelle vient de naître la large jupe cloche ou plissée, gourmande parfois de trente mètres de tissu […]. Les tissus sont extraordinairement beaux, les robes de jour étudiées et réalisées dans ces satins luisants, dans ces moires ondées, auront, portées sous des manteaux de fourrure, […]<ref>{{Article |langue=fr|auteur=Jeanne Stéphane |titre=Il vous faut choisir ! |périodique=L'Officiel |éditeur= [[Éditions Jalou|Éditions Veuve E. Max Brunhes]]|numéro=307-308 |mois=Collections d'hiver |année=1947 |pages=59 }} (Couverture : manteau Dior, illustration de Gruau)</ref>}} |group=n}} La prospérité de la haute couture française est de retour et celle-ci va influencer directement la rue<ref name=reed6>{{harvsp|Reed|Design Museum|2012|loc=The 1950's {{page|6}}|id=DMPR2012}}</ref>.
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Les textiles s’allègent également pour l'ensemble complet-veston de l'homme<ref name=Delpierre9 /> qui n'a que peu évolué depuis les années de guerre, et seulement dans les détails<ref>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=150 à 151|id=LMd1900}}</ref>. Les chemises sont confectionnées elles aussi en nylon, la cravate n'est pas systématique et parfois remplacée par un foulard<ref name=Delpierre9 />. Pour ses loisirs, les premiers signes du ''{{Langue|en|[[sportswear]]}}'' apparaissent, l'homme peut s'habiller de tenues plus décontractées<ref name=Mendes153>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=153|id=LMd1900}}</ref>. Les premiers défilés et présentations pour hommes sont lancés, ainsi que des [[Salon (événementiel)|salons]] professionnels<ref name=Mendes153 />. Vers le milieu des années 1950, le centre de la mode masculine bascule des classiques [[tailleur]]s londoniens, spécialistes du [[sur mesure]], vers l'Italie<ref>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=172 à 173|id=LMd1900}}</ref>.
Les textiles s’allègent également pour l'ensemble complet-veston de l'homme<ref name=Delpierre9 /> qui n'a que peu évolué depuis les années de guerre, et seulement dans les détails<ref>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=150 à 151|id=LMd1900}}</ref>. Les chemises sont confectionnées elles aussi en nylon, la cravate n'est pas systématique et parfois remplacée par un foulard<ref name=Delpierre9 />. Pour ses loisirs, les premiers signes du ''{{Langue|en|[[sportswear]]}}'' apparaissent, l'homme peut s'habiller de tenues plus décontractées<ref name=Mendes153>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=153|id=LMd1900}}</ref>. Les premiers défilés et présentations pour hommes sont lancés, ainsi que des [[Salon (événementiel)|salons]] professionnels<ref name=Mendes153 />. Vers le milieu des années 1950, le centre de la mode masculine bascule des classiques [[tailleur]]s londoniens, spécialistes du [[sur mesure]], vers l'Italie<ref>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=172 à 173|id=LMd1900}}</ref>.


Les [[beatnik]]s, mouvement importé d'Amérique, apparaissent ainsi que d'autres [[sous-culture]]s comme les ''[[Teddy Boys]]'', développant leur propre mode<ref name=Mendes153 />. Ce pays, qui a développé par obligation le principe de la fabrication en série durant les années de Guerre, va importer [[Prêt-à-porter américain|son modèle]] partout en Europe, posant en leader les prémices du [[prêt-à-porter]]<ref name=Mendes145>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=145|id=LMd1900}}</ref>{{,}}{{Note|Outre le prêt-à-porter, dans les années 1950 aux États-Unis, le couturier [[Charles James]] marque notablement la mode avec ses somptueuses robes de soirée destinées à la haute société américaine et inspirées du {{s-|XIX}}, robes parfois comparées à des sculptures<ref>{{harvsp|Metcalf|2013|loc=Le chic d'après-guerre {{page|324 à 325}}|id=JM2013}}</ref>. |group=n}}. L'idée même de ce « prêt-à-porter » et surtout le réseau commercial pour le distribuer n'existe pas, on parle alors de « confection », la production en plusieurs exemplaires d'un même modèle, à la distribution très localisée<ref>{{harvsp|Örmen|2012|p=68|id=CO2012}}</ref> et le minimum d'essayages. Le Royaume-Uni se fait une spécialité dans la fabrication de différents textiles, qu'ils soient synthétiques ou naturels comme la traditionnelle [[Histoire de la laine et du drap|laine]]<ref name=LW50>{{harvsp|Watson|2000|p=50|id=LW2000}}</ref>. La mode londonienne reste classique<ref name=LW51 />, les restrictions en Angleterre perdurent jusque le début des années 1950<ref>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=140|id=LMd1900}}</ref>. Seuls l'américain {{Lien|langue=en|fr=Norman Hartnell}} et l'anglais {{Lien|langue=en|fr=Edwin Hardy Amies}}, surtout pour son rôle auprès de la famille royale d'Angleterre, sont largement médiatisés<ref>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=141 à 142 puis 144|id=LMd1900}}</ref>. D'origine britannique, le {{Langue|en|[[trench-coat]]}} est popularisé par les actrices hollywoodiennes<ref name=JM332 />. Les mannequins anglais de premier-plan, tels [[Barbara Goalen|Goalen]], [[Fiona Campbell-Walter|Campbell-Walter]] ou [[Anne Gunning|Gunning]] viennent travailler en France, tout comme l'américaine [[Suzy Parker]]<ref name=Mendes156 />. L'Italie de son côté développe une nouvelle créativité répartie entre Rome, Florence et Milan<ref name=Mendes145 /> qui ne perce pas encore en France.
Les [[beatnik]]s, mouvement importé d'Amérique, apparaissent ainsi que d'autres [[sous-culture]]s comme les ''[[Teddy Boys]]'', développant leur propre mode<ref name=Mendes153 />. Ce pays, qui a développé par obligation le principe de la fabrication en série durant les années de Guerre, va importer [[Prêt-à-porter américain|son modèle]] partout en Europe, posant en leader les prémices du [[prêt-à-porter]]<ref name=Mendes145>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=145|id=LMd1900}}</ref>{{,}}{{Note|Outre le prêt-à-porter, dans les années 1950 aux États-Unis, le couturier [[Charles James]] marque notablement la mode avec ses somptueuses robes de soirée destinées à la haute société américaine et inspirées du {{s-|XIX}}, robes parfois comparées à des sculptures<ref>{{harvsp|Metcalf|2013|loc=Le chic d'après-guerre {{page|324 à 325}}|id=JM2013}}</ref>. |group=n}}. L'idée même de ce « prêt-à-porter » et surtout le réseau commercial pour le distribuer n'existe pas, on parle alors de « confection », la production en plusieurs exemplaires d'un même modèle, à la distribution très localisée<ref>{{harvsp|Örmen|2012|p=68|id=CO2012}}</ref> et le minimum d'essayages. Le Royaume-Uni se fait une spécialité dans la fabrication de différents textiles, qu'ils soient synthétiques ou naturels comme la traditionnelle [[Histoire de la laine et du drap|laine]]<ref name=LW50>{{harvsp|Watson|2000|p=50|id=LW2000}}</ref>. La mode londonienne reste classique<ref name=LW51 />, les restrictions en Angleterre perdurent jusqu'au début des années 1950<ref>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=140|id=LMd1900}}</ref>. Seuls l'Américain {{Lien|langue=en|fr=Norman Hartnell}} et l'Anglais {{Lien|langue=en|fr=Edwin Hardy Amies}}, surtout pour son rôle auprès de la famille royale d'Angleterre, sont largement médiatisés<ref>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=141 à 142 puis 144|id=LMd1900}}</ref>. D'origine britannique, le {{Langue|en|[[trench-coat]]}} est popularisé par les actrices hollywoodiennes<ref name=JM332 />. Les mannequins anglais de premier-plan, tels [[Barbara Goalen|Goalen]], [[Fiona Campbell-Walter|Campbell-Walter]] ou [[Anne Gunning|Gunning]] viennent travailler en France, tout comme l'Américaine [[Suzy Parker]]<ref name=Mendes156 />. L'Italie de son côté développe une nouvelle créativité répartie entre Rome, Florence et Milan<ref name=Mendes145 /> qui ne perce pas encore en France.


Jacques Fath, qui n'a pas fermé durant la Guerre adaptant ses créations aux rigueurs parisiennes, est omniprésent dans la presse. Il rencontre la célébrité en 1947<ref>{{harvsp|Grumbach|2008|p=135|id=DG2008}}</ref>. Fath développe, dès la [[Libération de Paris|Libération]], une mode très féminine pour les femmes sveltes, à base de robes fourreaux<ref name=Mendes136>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=136|id=LMd1900}}</ref>. Par la suite, il réinterprète le ''{{Langue|en|New Look}}'' de façon personnelle<ref>{{harvsp|Delpierre|1997|p=22|id=LC1997}}</ref> lui permettant d'être une influence majeure, au premier plan<ref name=Mendes135 />, avec des cols pointus, des créations audacieuses munies de grands ornements, ses luxueuses robes de bal<ref name=Mendes136 /> et de soirée, ou le chemisier qu'il réalise pour sa muse [[Bettina Graziani|Bettina]], incarnation de la ''[[Parisienne (stéréotype)|Parisienne]]''<ref>{{harvsp|Reed|Design Museum|2012|loc=Jacques Fath & Bettina : Le style parisien {{page|24}}|id=DMPR2012}}</ref>. Il connaît ces années là {{Citation|une brève mais éclatante carrière<ref>{{Harvsp|Blackman|2013|loc=''op. cit.'' {{page|188}}|id=Blackman2013}}</ref>.}}
Jacques Fath, qui n'a pas fermé durant la Guerre, adaptant ses créations aux rigueurs parisiennes, est omniprésent dans la presse. Il rencontre la célébrité en 1947<ref>{{harvsp|Grumbach|2008|p=135|id=DG2008}}</ref>. Fath développe, dès la [[Libération de Paris|Libération]], une mode très féminine pour les femmes sveltes, à base de robes fourreaux<ref name=Mendes136>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=136|id=LMd1900}}</ref>. Par la suite, il réinterprète le ''{{Langue|en|New Look}}'' de façon personnelle<ref>{{harvsp|Delpierre|1997|p=22|id=LC1997}}</ref> lui permettant d'être une influence majeure, au premier plan<ref name=Mendes135 />, avec des cols pointus, des créations audacieuses munies de grands ornements, ses luxueuses robes de bal<ref name=Mendes136 /> et de soirée, ou le chemisier qu'il réalise pour sa muse [[Bettina Graziani|Bettina]], incarnation de la ''[[Parisienne (stéréotype)|Parisienne]]''<ref>{{harvsp|Reed|Design Museum|2012|loc=Jacques Fath & Bettina : Le style parisien {{page|24}}|id=DMPR2012}}</ref>. Il connaît ces années-là {{Citation|une brève mais éclatante carrière<ref>{{Harvsp|Blackman|2013|loc=''op. cit.'' {{page|188}}|id=Blackman2013}}</ref>.}}
[[Fichier:BK-1986-58 - Cocktail gown (1951) probably designed by Cristóbal Balenciaga.jpg|vignette|Modèle de robe Balenciaga (1951).]]
[[Fichier:BK-1986-58 - Cocktail gown (1951) probably designed by Cristóbal Balenciaga.jpg|vignette|Modèle de robe Balenciaga (1951).]]
{{Citation|La nouvelle silhouette}} des couturiers, telle que l'appelle ''Vogue'' au début des années 1950, se caractérise par {{Citation|une poitrine affirmée mais sans excès, une taille concave, des hanches bien dessinées, de longues jambes}}, résumée en une {{Citation|taille serrée et des rondeurs accentuées}}<ref>{{harvsp|Watson|2000|p=46|id=LW2000}}</ref>. {{Citation|La ligne neuve}} cite ''L'Officiel''. Les régimes amincissants sont fréquents dans les magazines<ref name=LW50 />. Mais la mode corsetée de Dior, qui dure maintenant depuis plusieurs années, n'est pas l'apanage de tous. [[Balenciaga]] présente des lignes blousantes depuis un moment déjà, [[Madame Grès]] ou [[Jean Dessès]] prônent une ligne droite, et tous rencontrent le succès<ref name=Delpierre8 />. Christian Dior, toujours influent, n'a plus le monopole sur la mode qu'il a connu depuis {{date-|février 1947}} ; ''Vogue'', en 1951, dresse un bilan de ce début d'année : {{Citation|La collection de Dior était sa meilleure depuis sa dernière sensation. Celle de Balenciaga égalait également en excellence celle de l'an passé. Fath, la comète, est désormais une étoile confirmée qui nous a offert une collection brillante<ref name=LW50 />.}} La haute couture, image de la mode française, est commercialisée aux acheteurs du monde entier par l'intermédiaire de [[Patron (couture)|patrons]], les {{Citation|copies légales}}, reproduits localement. Mais alors que la mode est toujours majoritairement confectionnée chez soi par des couturières de quartier, cette élitiste haute couture entraine un nombre considérable de contrefaçons ; le moindre [[Défilé de mode|défilé]] ou le moindre article de presse, est prétexte à toutes formes d'espionnage<ref name=Mendes139>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=139 à 140|id=LMd1900}}</ref>. Afin de lutter contre ces copies, des règles strictes sont édictées par la ''Chambre syndicale''<ref name=Mendes139 />.
{{Citation|La nouvelle silhouette}} des couturiers, telle que l'appelle ''Vogue'' au début des années 1950, se caractérise par {{Citation|une poitrine affirmée mais sans excès, une taille concave, des hanches bien dessinées, de longues jambes}}, résumée en une {{Citation|taille serrée et des rondeurs accentuées}}<ref>{{harvsp|Watson|2000|p=46|id=LW2000}}</ref>. {{Citation|La ligne neuve}} cite ''L'Officiel''. Les régimes amincissants sont fréquents dans les magazines<ref name=LW50 />. Mais la mode corsetée de Dior, qui dure maintenant depuis plusieurs années, n'est pas l'apanage de tous. [[Balenciaga]] présente des lignes blousantes depuis un moment déjà, [[Madame Grès]] ou [[Jean Dessès]] prônent une ligne droite, et tous rencontrent le succès<ref name=Delpierre8 />. Christian Dior, toujours influent, n'a plus le monopole sur la mode qu'il a connu depuis {{date-|février 1947}} ; ''Vogue'', en 1951, dresse un bilan de ce début d'année : {{Citation|La collection de Dior était sa meilleure depuis sa dernière sensation. Celle de Balenciaga égalait également en excellence celle de l'an passé. Fath, la comète, est désormais une étoile confirmée qui nous a offert une collection brillante<ref name=LW50 />.}} La haute couture, image de la mode française, est commercialisée aux acheteurs du monde entier par l'intermédiaire de [[Patron (couture)|patrons]], les {{Citation|copies légales}}, reproduits localement. Mais alors que la mode est toujours majoritairement confectionnée chez soi par des couturières de quartier, cette élitiste haute couture entraine un nombre considérable de contrefaçons ; le moindre [[Défilé de mode|défilé]] ou le moindre article de presse est prétexte à toutes formes d'espionnage<ref name=Mendes139>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=139 à 140|id=LMd1900}}</ref>. Afin de lutter contre ces copies, des règles strictes sont édictées par la ''Chambre syndicale''<ref name=Mendes139 />.


Après plusieurs années d'apprentissage chez divers couturiers, [[Hubert de Givenchy]] se décide à ouvrir sa [[Givenchy|propre maison]]. Sa première collection, composée d'éléments séparés faciles à coordonner, démontre une mode pratique<ref name=ormen64>{{harvsp|Örmen|2012|p=64|id=CO2012}}</ref>, au style classique, élégant<ref>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=162|id=LMd1900}}</ref> pour une femme jeune et moderne. Années après années, ce style va aller vers plus de simplification, mais sans négliger ornementation ou motifs<ref name=ormen66>{{harvsp|Örmen|2012|p=66|id=CO2012}}</ref>. Sa collaboration avec [[Audrey Hepburn]], dont il façonnera le style, est largement commentée<ref name=LW50 />. La clientèle de la maison est majoritairement américaine<ref name=ormen64 />. En 1957, il fonde avec son frère les [[Parfums Givenchy]]<ref>{{harvsp|Örmen|2012|p=65|id=CO2012}}</ref>.
Après plusieurs années d'apprentissage chez divers couturiers, [[Hubert de Givenchy]] se décide à ouvrir sa [[Givenchy|propre maison]]. Sa première collection, composée d'éléments séparés faciles à coordonner, démontre une mode pratique<ref name=ormen64>{{harvsp|Örmen|2012|p=64|id=CO2012}}</ref>, au style classique, élégant<ref>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=162|id=LMd1900}}</ref> pour une femme jeune et moderne. Année après année, ce style va aller vers plus de simplification, mais sans négliger ornementation ou motifs<ref name=ormen66>{{harvsp|Örmen|2012|p=66|id=CO2012}}</ref>. Sa collaboration avec [[Audrey Hepburn]], dont il façonnera le style, est largement commentée<ref name=LW50 />. La clientèle de la maison est majoritairement américaine<ref name=ormen64 />. En 1957, il fonde avec son frère les [[Parfums Givenchy]]<ref>{{harvsp|Örmen|2012|p=65|id=CO2012}}</ref>.


La silhouette féminine continue à évoluer vers une ligne plus galbée<ref name=LW50 /> ; tendance initiée immédiatement après la guerre, les jupes raccourcissent encore, Dior montre les genoux en 1953<ref name=LW51 />. Si les jambes se découvrent, la bienséance interdit de montrer ses bras avant la soirée<ref name=fogg307 />. Mais les affres de la Guerre sont maintenant loin et il est de bon ton de recevoir chez soi ; les [[cocktail]]s de fin de journée sont en vogue<ref name=fogg307>{{harvsp|Fogg|2013|loc=La robe du soir et jupon à volants {{page|307}}|id=FOGG2013}}</ref>, et tous les couturiers dessinent des « robes de cocktail » soit fourreau, soit bouffantes inspirées de la silhouette ''{{Langue|en|New Look}}'', mais toujours à épaules dénudées. Les grands bals et fêtes mondaines sont aussi de retour après la guerre<ref group=n>À titre d'exemple, consulter sur Wikipédia l'article complémentaire à propos de [[Christian Dior (bals)|Christian Dior et les bals]].</ref>. La « robe de bal » se doit d'être spectaculaire, débauche de luxe et de création de la part des couturiers{{Note|Pour les différents styles de robes de cocktail, consulter l'ouvrage de Jonathan Metcalf comportant de nombreuses illustrations commentées<ref name=JM322>{{harvsp|Metcalf|2013|loc=1950-1959 L'heure du cocktail {{page|322 à 323}}|id=JM2013}}</ref> ; cet ouvrage comporte un chapitre équivalent dédié aux robes pour les grandes occasions<ref>{{harvsp|Metcalf|2013|loc=1950-1957 Les robes de haute couture {{page|326 à 327}}|id=JM2013}}</ref>. |group=n}}.
La silhouette féminine continue à évoluer vers une ligne plus galbée<ref name=LW50 /> ; tendance initiée immédiatement après la guerre, les jupes raccourcissent encore, Dior montre les genoux en 1953<ref name=LW51 />. Si les jambes se découvrent, la bienséance interdit de montrer ses bras avant la soirée<ref name=fogg307 />. Mais les affres de la Guerre sont maintenant loin et il est de bon ton de recevoir chez soi ; les [[cocktail]]s de fin de journée sont en vogue<ref name=fogg307>{{harvsp|Fogg|2013|loc=La robe du soir et jupon à volants {{page|307}}|id=FOGG2013}}</ref>, et tous les couturiers dessinent des « robes de cocktail » soit fourreau, soit bouffantes inspirées de la silhouette ''{{Langue|en|New Look}}'', mais toujours à épaules dénudées. Les grands bals et fêtes mondaines sont aussi de retour après la guerre<ref group=n>À titre d'exemple, consulter sur Wikipédia l'article complémentaire à propos de [[Christian Dior (bals)|Christian Dior et les bals]].</ref>. La « robe de bal » se doit d'être spectaculaire, débauche de luxe et de création de la part des couturiers{{Note|Pour les différents styles de robes de cocktail, consulter l'ouvrage de Jonathan Metcalf comportant de nombreuses illustrations commentées<ref name=JM322>{{harvsp|Metcalf|2013|loc=1950-1959 L'heure du cocktail {{page|322 à 323}}|id=JM2013}}</ref> ; cet ouvrage comporte un chapitre équivalent dédié aux robes pour les grandes occasions<ref>{{harvsp|Metcalf|2013|loc=1950-1957 Les robes de haute couture {{page|326 à 327}}|id=JM2013}}</ref>. |group=n}}.


=== La ligne « sac » ===
=== La ligne « sac » ===
[[Fichier:Christian Dior Dress indianapolis.jpg|thumb|Robe Christian Dior, date incertaine ; collection du [[musée d'art d'Indianapolis]].]]
[[Fichier:Christian Dior Dress indianapolis.jpg|thumb|Robe et [[gant du soir]] [[Christian Dior]], date incertaine ; collection du [[musée d'art d'Indianapolis]].]]
Pierre Balmain, qui développe des lignes strictes et féminines pour le jour depuis l'ouverture de [[Balmain|sa maison]] après-guerre, se fait connaitre également pour ses robes de soirée<ref name=Mendes136 /> en [[satin]], [[velours]], [[organza]], [[mousseline]], ornementées de [[broderie]]s ou imprimés<ref name=fogg300>{{harvsp|Fogg|2013|loc=L'âge d'or de la haute couture {{page|300}}|id=FOGG2013}}</ref>. Son style appelé {{Citation|Jolie Madame}}{{Note|''Jolie Madame'' de Balmain est également le nom d'un parfum commercialisé en 1949 ainsi que le nom de sa collection automne-hiver 1952-53 aux modèles élancés, fuselés, l'une des plus importantes dans l'histoire de la haute couture. Celle-ci sera surnommé le {{Citation|New French Style}} par Carmel Snow<ref>{{harvsp|Örmen|2012|p=57|id=CO2012}}</ref>.|group=n}}, orne une femme élégante, incarnation des années 1950<ref name=Ormen56>{{harvsp|Örmen|2012|p=56|id=CO2012}}</ref>. Le couturier réalise également de nombreux [[Costumier|costumes]] pour le cinéma<ref>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=137|id=LMd1900}}</ref> et habille plusieurs personnalités des [[Cour (palais)|cours royales]] d'Europe, des [[Vedette (personnalité)|stars]], créé des [[Robe de mariée|robes de mariée]] de mariages mondains<ref name=fogg300 />{{,}}<ref name=Ormen56 />… Vers la fin de la décennie, son style devient épuré, jusqu'à la ligne tubulaire de 1958<ref>{{harvsp|Örmen|2012|p=58|id=CO2012}}</ref>. Tout au long de cette décennie, il fait partie des couturiers développant des créations spécifiquement pour les jeunes filles<ref name=JM322 />, celles-ci rencontrant une plus grande liberté, face aux conventions, pour s'habiller<ref>{{harvsp|Fogg|2013|loc=Les styles collège et preppy {{page|309}}|id=FOGG2013}}</ref>. La jeunesse des années 1950 attire à elle des styles vestimentaires divers dont certains inspirés de la haute couture ou des costumes du cinéma<ref name="JM344">{{harvsp|Metcalf|2013|loc=1949- 1959 Naissance du style teenager {{page|344 à 345}}|id=JM2013}}</ref> ; d'autres sont créés ou adoptés par les plus jeunes<ref>{{harvsp|Fogg|2013|p=308 et suiv.|id=FOGG2013}} Note : Fogg consacre plusieurs pages détaillées des courants de mode de la jeunesse de ces années là, majoritairement américains.</ref>{{,}}{{Note|En 1944, le [[Hearst Corporation|groupe de presse Hearst]] publie ''[[Seventeen (magazine)|Seventeen]]'' qui existe toujours de nos jours. L'année suivante, ce même éditeur lance une déclinaison du ''Haprer's Bazaar'' intitulée ''Junior Bazaar''. Il disparaît trois ans plus tard<ref>{{Harvsp|Blackman|2013|loc=''op. cit.'' {{page|211}}|id=Blackman2013}}</ref>. |group=n}}, comme une forme d'indépendance<ref name="JM344" />, tels le [[preppy]] ou le [[bobby-soxer]] aux États-Unis surtout, le [[jeans]] déjà popularisé à partir des années 1930 et qui connait une déferlante vingt ans plus tard associé à son image déviante<ref>{{harvsp|Fogg|2013|loc=L'utilitaire d'après-guerre {{page|341}}|id=FOGG2013}}</ref>, le [[Blouson noir (sous-culture)|blouson noir]], le [[t-shirt]] ou la chemise à carreaux<ref name="JM344" /> ; les différents courants musicaux, comme le [[Swing (musique)|swing]] ou le [[rockabilly]], sont vecteurs de diffusion d'une mode propre à chacun<ref>{{harvsp|Reed|Design Museum|2012|loc=Rockabilly {{page|78}}|id=DMPR2012}}</ref>.
Pierre Balmain, qui développe des lignes strictes et féminines pour le jour depuis l'ouverture de [[Balmain|sa maison]] après-guerre, se fait connaitre également pour ses robes de soirée<ref name=Mendes136 /> en [[satin]], [[velours]], [[organza]], [[mousseline]], ornementées de [[broderie]]s ou imprimés<ref name=fogg300>{{harvsp|Fogg|2013|loc=L'âge d'or de la haute couture {{page|300}}|id=FOGG2013}}</ref>. Son style appelé {{Citation|Jolie Madame}}{{Note|''Jolie Madame'' de Balmain est également le nom d'un parfum commercialisé en 1949 ainsi que le nom de sa collection automne-hiver 1952-53 aux modèles élancés, fuselés, l'une des plus importantes dans l'histoire de la haute couture. Celle-ci sera surnommé le {{Citation|New French Style}} par Carmel Snow<ref>{{harvsp|Örmen|2012|p=57|id=CO2012}}</ref>.|group=n}}, orne une femme élégante, incarnation des années 1950<ref name=Ormen56>{{harvsp|Örmen|2012|p=56|id=CO2012}}</ref>. Le couturier réalise également de nombreux [[Costumier|costumes]] pour le cinéma<ref>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=137|id=LMd1900}}</ref> et habille plusieurs personnalités des [[Cour (palais)|cours royales]] d'Europe, des [[Vedette (personnalité)|stars]], créé des [[Robe de mariée|robes de mariée]] de mariages mondains<ref name=fogg300 />{{,}}<ref name=Ormen56 />… Vers la fin de la décennie, son style devient épuré, jusqu'à la ligne tubulaire de 1958<ref>{{harvsp|Örmen|2012|p=58|id=CO2012}}</ref>. Tout au long de cette décennie, il fait partie des couturiers développant des créations spécifiquement pour les jeunes filles<ref name=JM322 />, celles-ci rencontrant une plus grande liberté, face aux conventions, pour s'habiller<ref>{{harvsp|Fogg|2013|loc=Les styles collège et preppy {{page|309}}|id=FOGG2013}}</ref>. La jeunesse des années 1950 attire à elle des styles vestimentaires divers dont certains inspirés de la haute couture ou des costumes du cinéma<ref name="JM344">{{harvsp|Metcalf|2013|loc=1949- 1959 Naissance du style teenager {{page|344 à 345}}|id=JM2013}}</ref> ; d'autres sont créés ou adoptés par les plus jeunes<ref>{{harvsp|Fogg|2013|p=308 et suiv.|id=FOGG2013}} Note : Fogg consacre plusieurs pages détaillées des courants de mode de la jeunesse de ces années là, majoritairement américains.</ref>{{,}}{{Note|En 1944, le [[Hearst Corporation|groupe de presse Hearst]] publie ''[[Seventeen (magazine)|Seventeen]]'' qui existe toujours de nos jours. L'année suivante, ce même éditeur lance une déclinaison du ''Haprer's Bazaar'' intitulée ''Junior Bazaar''. Il disparaît trois ans plus tard<ref>{{Harvsp|Blackman|2013|loc=''op. cit.'' {{page|211}}|id=Blackman2013}}</ref>. |group=n}}, comme une forme d'indépendance<ref name="JM344" />, tels le [[preppy]] ou le [[bobby-soxer]] aux États-Unis surtout, le [[jeans]] déjà popularisé à partir des années 1930 et qui connait une déferlante vingt ans plus tard associé à son image déviante<ref>{{harvsp|Fogg|2013|loc=L'utilitaire d'après-guerre {{page|341}}|id=FOGG2013}}</ref>, le [[Blouson noir (sous-culture)|blouson noir]], le [[t-shirt]] ou la chemise à carreaux<ref name="JM344" /> ; les différents courants musicaux, comme le [[Swing (musique)|swing]] ou le [[rockabilly]], sont vecteurs de diffusion d'une mode propre à chacun<ref>{{harvsp|Reed|Design Museum|2012|loc=Rockabilly {{page|78}}|id=DMPR2012}}</ref>.


[[Gabrielle Chanel]], après de longues années d'absence, ouvre de nouveau [[Chanel|sa maison]] et lance son iconique [[Tailleur Chanel|Tailleur]] ; d'un échec immédiat, celui-ci va devenir l'un des vêtements les plus emblématiques du {{s-|XX}}. Les lignes strictes imposées dès 1947 s'assouplissent{{Note|En 1954, ''L'Officiel'' écrit : {{Citation|Haute ou basse suivant les caprices des couturiers, la taille semble cette fois située bien à sa place et demeure fine, mais souple et sans étranglement. […] C'est que la vague de souplesse qui a envahi la mode ne s'accommode guère de corsetages trop rigoureux et se plaît à bannir tout ce qui gêne le corps dans la liberté de ses mouvements. […] Encolure décolletée, carrure douce, emmanchures confortables, ceinture de cuir lui donnent le style 1954. C'est la robe dont l'attrait est fait de simplicité apparente, de nonchalance étudiée.}}|group=n}} ; le ''{{Langue|en|New Look}}'' de Christian Dior disparaît progressivement avec les lignes successives « H », « A », « Y », « Flèche » puis enfin « Aimant », le couturier renouvelant ainsi ses principes et ses créations<ref name=Delpierre9>{{harvsp|Delpierre|1997|p=9|id=LC1997}}</ref>. À la mort de Dior fin 1957, c'est le tout jeune [[Yves Saint Laurent (Dior)|Yves Saint Laurent]] qui marquera le nom de la maison avec un renouveau de la ligne, rencontrant lui aussi un immense succès immédiat, prélude d'une longue carrière. Bien avant les premières collections de robes en forme de trapèze de Saint Laurent, Balenciaga puis Givenchy présente des collections aux formes épurées, surnommées « La ligne sac » par les journalistes qui n'appréciaient pas tous<ref>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=160|id=LMd1900}}</ref>. Les formes féminines qui prévalent au début de la décennie ont laissé place à une ligne moins aiguisée : {{Citation|Le flou, qu'on le veuille ou non, a libéré la silhouette du corsetage et de l'ajusté. Les tissus fluides, glissants ont pris le pas sur les lainages raides et les soieries cassantes. Une grande vague de souplesse jette ses ondes douces sur le corps mince mais galbé. La femme 1958 a des formes menues certes, mais elle en a, car la robe « sac », sans l'appui discret de la poitrine et des hanches, serait fade, ce qui n'est pas<ref name=lofficiel383>{{Article |langue=fr |titre=En suivant la mode|périodique=L'Officiel |éditeur= [[Éditions Jalou|Éditions Veuve E. Max Brunhes]]|numéro=383-384 |mois=3 |année=1954 |pages=151 à 152 }}</ref>.}} Le pardessus remplace peu à peu le manteau en journée<ref name=lofficiel383 /> et le [[cardigan]] est un basique.
[[Gabrielle Chanel]], après de longues années d'absence, ouvre de nouveau [[Chanel|sa maison]] et lance son iconique [[Tailleur Chanel|Tailleur]] ; d'un échec immédiat, celui-ci va devenir l'un des vêtements les plus emblématiques du {{s-|XX}}. Les lignes strictes imposées dès 1947 s'assouplissent{{Note|En 1954, ''L'Officiel'' écrit : {{Citation|Haute ou basse suivant les caprices des couturiers, la taille semble cette fois située bien à sa place et demeure fine, mais souple et sans étranglement. […] C'est que la vague de souplesse qui a envahi la mode ne s'accommode guère de corsetages trop rigoureux et se plaît à bannir tout ce qui gêne le corps dans la liberté de ses mouvements. […] Encolure décolletée, carrure douce, emmanchures confortables, ceinture de cuir lui donnent le style 1954. C'est la robe dont l'attrait est fait de simplicité apparente, de nonchalance étudiée.}}|group=n}} ; le ''{{Langue|en|New Look}}'' de Christian Dior disparaît progressivement avec les lignes successives « H », « A », « Y », « Flèche » puis enfin « Aimant », le couturier renouvelant ainsi ses principes et ses créations<ref name=Delpierre9>{{harvsp|Delpierre|1997|p=9|id=LC1997}}</ref>. À la mort de Dior fin 1957, c'est le tout jeune [[Yves Saint Laurent (Dior)|Yves Saint Laurent]] qui marquera le nom de la maison avec un renouveau de la ligne, rencontrant lui aussi un immense succès immédiat, prélude d'une longue carrière. Bien avant les premières collections de robes en forme de trapèze de Saint Laurent, Balenciaga puis Givenchy présente des collections aux formes épurées, surnommées « La ligne sac » par les journalistes qui n'appréciaient pas tous<ref>{{harvsp|Mendes|de la Haye|2011|p=160|id=LMd1900}}</ref>. Les formes féminines qui prévalent au début de la décennie ont laissé place à une ligne moins aiguisée : {{Citation|Le flou, qu'on le veuille ou non, a libéré la silhouette du corsetage et de l'ajusté. Les tissus fluides, glissants ont pris le pas sur les lainages raides et les soieries cassantes. Une grande vague de souplesse jette ses ondes douces sur le corps mince mais galbé. La femme 1958 a des formes menues certes, mais elle en a, car la robe « sac », sans l'appui discret de la poitrine et des hanches, serait fade, ce qui n'est pas<ref name=lofficiel383>{{Article |langue=fr |titre=En suivant la mode|périodique=L'Officiel |éditeur= [[Éditions Jalou|Éditions Veuve E. Max Brunhes]]|numéro=383-384 |mois=3 |année=1954 |pages=151 à 152 }}</ref>.}} Le pardessus remplace peu à peu le manteau en journée<ref name=lofficiel383 /> et le [[cardigan]] est un basique.


Le magazine ''[[Elle (magazine)|Elle]]'' est fondé en 1945. Le succès est rapidement au rendez-vous avec plus d'un demi-million d'exemplaires, le magazine devient un prescripteur important pour la mode des années 1950<ref>{{harvsp|Grumbach|2008|p=191 à 197|id=DG2008}}</ref>. [[Edmonde Charles-Roux]] intègre ce nouveau magazine, avant de rejoindre le ''Vogue'' français qui dès 1947, va reprendre un rythme normal à la suite de sa suspension pendant la Guerre et sa reprise progressive. Maurice-Augustin Dabadie du ''[[Le Figaro|Figaro]]'' est {{Citation|tout-puissant}}<ref name=grumbach59>{{harvsp|Grumbach|2008|p=59|id=DG2008}}</ref>. ''[[L'Officiel de la couture et de la mode de Paris|L'Officiel]]'' est de tous les [[Défilé de mode|défilés]], ainsi que ''L'Art et la Mode''<ref name=grumbach59 />. ''[[Modes & Travaux]]'' fait ses couvertures de la haute couture, illustrées par [[Jacques Demachy]] ou [[Pierre Mourgue]]. Partout dans le monde les journaux ont leur page « mode »<ref name=reed6 />. La presse des États-Unis, particulièrement respectée, est présente dès la fin de la Guerre, ouvrant des bureaux en France, envoyant correspondants de presse et [[Photographe de mode|photographes de mode]] en résidence à Paris.
Le magazine ''[[Elle (magazine)|Elle]]'' est fondé en 1945. Le succès est rapidement au rendez-vous avec plus d'un demi-million d'exemplaires, le magazine devient un prescripteur important pour la mode des années 1950<ref>{{harvsp|Grumbach|2008|p=191 à 197|id=DG2008}}</ref>. [[Edmonde Charles-Roux]] intègre ce nouveau magazine, avant de rejoindre le ''Vogue'' français qui dès 1947, va reprendre un rythme normal à la suite de sa suspension pendant la Guerre et sa reprise progressive. Maurice-Augustin Dabadie du ''[[Le Figaro|Figaro]]'' est {{Citation|tout-puissant}}<ref name=grumbach59>{{harvsp|Grumbach|2008|p=59|id=DG2008}}</ref>. ''[[L'Officiel de la couture et de la mode de Paris|L'Officiel]]'' est de tous les [[Défilé de mode|défilés]], ainsi que ''L'Art et la Mode''<ref name=grumbach59 />. ''[[Modes & Travaux]]'' fait ses couvertures de la haute couture, illustrées par [[Jacques Demachy]] ou Pierre Mourgue<ref>[https://data.bnf.fr/fr/15570919/pierre_mourgue/ Pierre Mourgue] sur data.bnf.fr.</ref>. Partout dans le monde les journaux ont leur page « mode »<ref name=reed6 />. La presse des États-Unis, particulièrement respectée, est présente dès la fin de la Guerre, ouvrant des bureaux en France, envoyant correspondants de presse et [[Photographe de mode|photographes de mode]] en résidence à Paris.


Les deux magazines américains que sont ''Harper's Bazaar'' et ''Vogue'' se livrent une concurrence féroce. Les personnalités qui s'opposent par l'intermédiaire de leur publication marqueront durablement l'histoire des magazines de mode : d'un côté, la très influente Carmel Snow<ref name=grumbach59 />, [[Diana Vreeland]], et [[Alexey Brodovitch]] aidés de [[Richard Avedon]] le photographe emblématique qui réalise ''[[Dovima et les Éléphants]]'' ; de l'autre au ''Vogue'', [[Alexander Liberman]] et [[Edna Woolman Chase]], avec Irving Penn ; ce dernier est alors {{Citation|au sommet de son art}}<ref>{{Ouvrage |langue=fr |nom1=Musée Christian-Dior Granville |lien auteur1=Musée Christian-Dior |prénom2=Florence |nom2=Müller |lien auteur2=Florence Müller (historienne) |et al.=oui |titre=Dior, le bal des artistes |lieu=Versailles |éditeur=ArtLys |année=2011 |mois=mai |pages totales=111 |passage=87 |isbn=978-2-85495-441-8 |présentation en ligne=http://www.boutiquesdemusees.fr/fr/librairie/catalogue-exposition-dior-le-bal-des-artistes/2762.html}}</ref>. Beaucoup de photographes commencent leur carrière après-guerre tel [[Norman Parkinson]] qui signe un contrat avec les [[Condé Nast Publications|éditions Condé Nast]] en 1949, ou l'Américain [[Henry Clarke]] dont l'installation à Paris se fait la même année. [[Guy Bourdin]] commence quelques années plus tard au ''[[Vogue France|Vogue]]'' français grâce à l'entremise de [[Michel de Brunhoff]]. [[Georges Dambier]], prolifique photographe, s'entoure des plus beaux mannequins, de [[Capucine (actrice)|Capucine]] à [[Ivy Nicholson]], de [[Sophie Litvak]] à [[Marie-Hélène Arnaud]]. L'illustrateur [[Carl Erickson]] meurt en 1958 après une longue carrière. L'[[illustration de mode]], technique indispensable aux [[Magazine de mode|magazines]] jusque vers les années 1930, a été supplantée par la [[Photographie de mode|photographie]]. Seul [[René Gruau]] reste sur le devant de la scène avec les couvertures de presse et les publicités qu'il réalise.
Les deux magazines américains que sont ''Harper's Bazaar'' et ''Vogue'' se livrent une concurrence féroce. Les personnalités qui s'opposent par l'intermédiaire de leur publication marqueront durablement l'histoire des magazines de mode : d'un côté, la très influente Carmel Snow<ref name=grumbach59 />, [[Diana Vreeland]], et [[Alexey Brodovitch]] aidés de [[Richard Avedon]] le photographe emblématique qui réalise ''[[Dovima et les Éléphants]]'' ; de l'autre au ''Vogue'', [[Alexander Liberman]] et [[Edna Woolman Chase]], avec Irving Penn ; ce dernier est alors {{Citation|au sommet de son art}}<ref>{{Ouvrage |langue=fr |nom1=Musée Christian-Dior Granville |lien auteur1=Musée Christian-Dior |prénom2=Florence |nom2=Müller |lien auteur2=Florence Müller (historienne) |et al.=oui |titre=Dior, le bal des artistes |lieu=Versailles |éditeur=ArtLys |année=2011 |mois=mai |pages totales=111 |passage=87 |isbn=978-2-85495-441-8 |présentation en ligne=http://www.boutiquesdemusees.fr/fr/librairie/catalogue-exposition-dior-le-bal-des-artistes/2762.html}}</ref>. Beaucoup de photographes commencent leur carrière après-guerre tel [[Norman Parkinson]] qui signe un contrat avec les [[Condé Nast Publications|éditions Condé Nast]] en 1949, ou l'Américain [[Henry Clarke]] dont l'installation à Paris se fait la même année. [[Guy Bourdin]] commence quelques années plus tard au ''[[Vogue France|Vogue]]'' français grâce à l'entremise de [[Michel de Brunhoff]]. [[Georges Dambier]], prolifique photographe, s'entoure des plus beaux mannequins, de [[Capucine (actrice)|Capucine]] à {{Lien|langue=en|fr=Ivy Nicholson}}, de [[Sophie Litvak]] à [[Marie-Hélène Arnaud]]. L'illustrateur [[Carl Erickson]] meurt en 1958 après une longue carrière. L'[[illustration de mode]], technique indispensable aux [[Magazine de mode|magazines]] jusque vers les années 1930, a été supplantée par la [[Photographie de mode|photographie]]. Seul [[René Gruau]] reste sur le devant de la scène avec les couvertures de presse et les publicités qu'il réalise.


En 1959, la haute couture, toujours en régression<ref>{{harvsp|Grumbach|2008|p=225|id=DG2008}}</ref>, représente 94 millions de francs de chiffre d'affaires, 700 millions pour les [[Accessoire de mode|accessoires]], {{unité|8000|employés}}<ref name=Delpierre12 /> et une cinquantaine de maisons de haute couture<ref name=Mendes135 />{{,}}{{Note|Une quinzaine d'années plus tard, le nombre de maison de couture est divisé par deux<ref>{{harvsp|Grumbach|2008|p=87|id=DG2008}}</ref>. Pourtant, en 1945, plus d'une centaine de maisons étaient inscrites à la ''Chambre syndicale''.|group=n}}. Depuis quelques années, plusieurs couturiers ont créé des lignes secondaires, de {{Citation|diffusion}}, plus abordables et vendent par l’intermédiaire des [[grands magasins]]<ref>{{harvsp|Fogg|2013|loc=L'âge d'or de la haute couture {{page|301}}|id=FOGG2013}}</ref> ou de boutiques distinctes. [[Pierre Cardin]], précurseur, présente au [[Printemps Haussmann|Printemps]] sa collection de prêt-à-porter en 1959. Allant à l'encontre des règles édictées par la ''Chambre syndicale de la couture'', Cardin est le premier couturier à se lancer dans le prêt-à-porter de façon aussi importante ; ceci exaspère ses confrères et la légende, maintes fois reprise, voudrait qu'il ait été exclu pour cela de la ''Chambre syndicale''. C'est la fin de la mode des années 1950, la révolution stylistique est en marche vers les [[Années 1960 en France|années 1960]] de [[Courrèges (entreprise)|Courrèges]], [[Emmanuel Ungaro]] ou [[Paco Rabanne]]<ref name=CB166 />, le [[jeans]] et la [[minijupe]]. Le prêt-à-porter de la prochaine décennie va bouleverser le modèle économique instauré par les couturiers depuis le milieu du {{s-|XIX}}, c'est la fin de l'âge d'or de la haute couture en France ; Londres et son ''{{Langue|en|[[Swinging London]]}}'' sera la prochaine [[capitale de la mode]].
En 1959, la haute couture, toujours en régression<ref>{{harvsp|Grumbach|2008|p=225|id=DG2008}}</ref>, représente 94 millions de francs de chiffre d'affaires, 700 millions pour les [[Accessoire de mode|accessoires]], {{unité|8000|employés}}<ref name=Delpierre12 /> et une cinquantaine de maisons de haute couture<ref name=Mendes135 />{{,}}{{Note|Une quinzaine d'années plus tard, le nombre de maisons de couture est divisé par deux<ref>{{harvsp|Grumbach|2008|p=87|id=DG2008}}</ref>. Pourtant, en 1945, plus d'une centaine de maisons étaient inscrites à la ''Chambre syndicale''.|group=n}}. Depuis quelques années, plusieurs couturiers ont créé des lignes secondaires, de {{Citation|diffusion}}, plus abordables et vendent par l'intermédiaire des [[grands magasins]]<ref>{{harvsp|Fogg|2013|loc=L'âge d'or de la haute couture {{page|301}}|id=FOGG2013}}</ref> ou de boutiques distinctes. [[Pierre Cardin]], précurseur, présente au [[Printemps Haussmann|Printemps]] sa collection de prêt-à-porter en 1959. Allant à l'encontre des règles édictées par la ''Chambre syndicale de la couture'', Cardin est le premier couturier à se lancer dans le prêt-à-porter de façon aussi importante ; ceci exaspère ses confrères et la légende, maintes fois reprise, voudrait qu'il ait été exclu pour cela de la ''Chambre syndicale''. C'est la fin de la mode des années 1950, la révolution stylistique est en marche vers les [[Années 1960 en France|années 1960]] de [[Courrèges (entreprise)|Courrèges]], [[Emmanuel Ungaro]] ou [[Paco Rabanne]]<ref name=CB166 />, le [[jeans]] et la [[minijupe]]. Le prêt-à-porter de la prochaine décennie va bouleverser le modèle économique instauré par les couturiers depuis le milieu du {{s-|XIX}}, c'est la fin de l'âge d'or de la haute couture en France ; Londres et son ''{{Langue|en|[[Swinging London]]}}'' sera la prochaine [[capitale de la mode]].
{{Article détaillé|Années 1960 en mode}}


== Chronologie sélective ==
== Chronologie sélective ==
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* [[Nina Ricci]] commercialise ''[[L'Air du temps (parfum)|L'Air du temps]]''.
* [[Nina Ricci]] commercialise ''[[L'Air du temps (parfum)|L'Air du temps]]''.
* [[Jean Dessès]] ouvre avenue Matignon.
* [[Jean Dessès]] ouvre avenue Matignon.
* Création par [[Marcel Boussac]] de ''Dior New York'', filiale américaine ; l'antenne londonienne voit le jour quatre ans plus tard<ref>{{harvsp|Grumbach|2008|p=112 à 113|id=DG2008}}</ref>.
* Création par [[Marcel Boussac]] de ''Dior New York'', filiale américaine ; l'antenne londonienne voit le jour quatre ans plus tard<ref>{{harvsp|Grumbach|2008|p=112 à 113|id=DG2008}}</ref>.
=== 1949 ===
=== 1949 ===
* Dès cette année, [[Christian Dior (entreprise)|Dior]] développe toutes sortes de produits sous licence, à commencer par les bas, puis de la lingerie.
* Dès cette année, [[Christian Dior (entreprise)|Dior]] développe toutes sortes de produits sous licence, à commencer par les bas, puis de la lingerie.
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* Pierre Cardin fonde son entreprise.
* Pierre Cardin fonde son entreprise.
* [[André Courrèges]] entre chez Balenciaga.
* [[André Courrèges]] entre chez Balenciaga.
* Inspiré par les américains, [[Weill (vêtements)|Weill]] se lance dans le prêt-à-porter.
* Inspiré par les Américains, [[Weill (vêtements)|Weill]] se lance dans le prêt-à-porter.

=== 1951 ===
=== 1951 ===
* Hubert de Givenchy ouvre sa maison ; il la déménagera en 1959.
* Hubert de Givenchy ouvre sa maison ; il la déménagera en 1959.
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=== 1957 ===
=== 1957 ===
* Christian Dior meurt en Italie, Yves Saint Laurent lui succède pour quelque temps.
* Christian Dior meurt en Italie, Yves Saint Laurent lui succède pour quelque temps.
* Givenchy fait évoluer la « robe chemise » en « robe-sac ». Sera largement copiée par les fabricants industriels.
* Givenchy fait évoluer la « robe chemise » en « robe-sac ». Sera largement copiée par les fabricants industriels.
* Sortie du film ''[[Drôle de frimousse]]'' inspiré de la vie de [[Richard Avedon]] et [[Suzy Parker]].
* Sortie du film ''[[Drôle de frimousse]]'' inspiré de la vie de [[Richard Avedon]] et [[Suzy Parker]].
* [[Germaine Lecomte]], grande couturière, ferme sa maison qu'elle a ouvert en 1920<ref>{{Article |langue=fr |auteur1= |titre=Les notes de Paris |périodique=L'art et la mode |éditeur= |volume=Numéro spécial |jour= |mois=3 |année=1957 |pages=236 |issn= |lire en ligne=http://patrimoine.editionsjalou.com/lart-et-la-mode-numero_1-page_238-detailp-55-6341-238.html |consulté le=22 novembre 2015}}</ref>.
* [[Germaine Lecomte]], grande couturière, ferme sa maison qu'elle a ouvert en 1920<ref>{{Article |langue=fr |auteur1= |titre=Les notes de Paris |périodique=L'art et la mode |volume=Numéro spécial |mois=3 |année=1957 |pages=236 |lire en ligne=http://patrimoine.editionsjalou.com/lart-et-la-mode-numero_1-page_238-detailp-55-6341-238.html |consulté le=22 novembre 2015}}</ref>.


=== 1958 ===
=== 1958 ===
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==== Sources ====
==== Sources ====
<!-- ordre chronologique -->
<!-- ordre chronologique -->
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Madeleine Delpierre |auteur2=Davray-Piékolek |titre=Le costume |sous-titre=la haute couture 1945-1995 |lieu=Paris |éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]] |collection=Tout l'art |année=1997 |mois=mai |année première édition=1991 |pages totales=80 |passage=4 à 31 |isbn=2-08-011236-8 |titre chapitre=La haute couture de 1940 à 1960 |id=LC1997}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Madeleine Delpierre |auteur2=Davray-Piékolek |titre=Le costume |sous-titre=la haute couture 1945-1995 |lieu=Paris |éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]] |collection=Tout l'art |année=1997 |mois=mai |année première édition=1991 |pages totales=80 |passage=4 à 31 |isbn=2-08-011236-8 |titre chapitre=La haute couture de 1940 à 1960 |id=LC1997|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Linda Watson |titre=Vogue - La mode du siècle |sous-titre=Le style de chaque décennie, 100 ans de créateurs |titre original=Vogue Twentieth Century Fashion - 100 years of style by decade and designer |éditeur=Éditions Hors Collection |année=2000 |pages totales=255 |passage=43 à 53 |isbn=2-258-05491-5 |titre chapitre=1940 - 49 » et « 1950 - 59 |id=LW2000}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Linda Watson |titre=Vogue - La mode du siècle |sous-titre=Le style de chaque décennie, 100 ans de créateurs |titre original=Vogue Twentieth Century Fashion - 100 years of style by decade and designer |éditeur=Éditions Hors Collection |année=2000 |pages totales=255 |passage=43 à 53 |isbn=2-258-05491-5 |titre chapitre=1940 - 49 » et « 1950 - 59 |id=LW2000|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Didier Grumbach]] |titre=Histoires de la mode |lieu=Paris |éditeur=Éditions du Regard |année=2008 |année première édition=1993 Éditions du Seuil |pages totales=452 |isbn=978-2-84105-223-3 |id=DG2008}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Didier Grumbach]] |titre=Histoires de la mode |lieu=Paris |éditeur=Éditions du Regard |année=2008 |année première édition=1993 Éditions du Seuil |pages totales=452 |isbn=978-2-84105-223-3 |id=DG2008|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Valerie Mendes |auteur2=Amy de la Haye |traducteur=Laurence Delage, ''et al.'' |titre=La mode depuis 1900 |titre original={{Langue|en|20th Century Fashion}} |lieu=Paris |éditeur=[[Thames & Hudson]] |collection=L'univers de l'art |année=2011 |numéro d'édition=2 |année première édition=2000 |pages totales=312 |passage=126 à 174 |isbn=978-2-87811-368-6 |numéro chapitre=5 et 6 |titre chapitre=1946-1956 Féminité et conformité » et « 1957-1967 Abondance et nouveau défi de la jeunesse |id=LMd1900}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Valerie Mendes |auteur2=Amy de la Haye |traducteur=Laurence Delage, ''et al.'' |titre=La mode depuis 1900 |titre original={{Langue|en|20th Century Fashion}} |lieu=Paris |éditeur=[[Thames & Hudson]] |collection=L'univers de l'art |année=2011 |numéro d'édition=2 |année première édition=2000 |pages totales=312 |passage=126 à 174 |isbn=978-2-87811-368-6 |numéro chapitre=5 et 6 |titre chapitre=1946-1956 Féminité et conformité » et « 1957-1967 Abondance et nouveau défi de la jeunesse |id=LMd1900|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=en |nom1=Design Museum |lien auteur1=Design Museum |prénom2=Paula |nom2=Reed |titre=Fifty fashon looks that changed the 1950s |lieu=Londres |éditeur=[[Hachette Livre|Conran Octopus]] |collection=Fifty Fashion Looks |année=2012 |pages totales=112 |isbn=978-1-84091-603-4 |présentation en ligne=http://designmuseumshop.com/catalogue/books-media/fashion/50-fashion-looks-that-changed-the-1950s?page=all |id=DMPR2012}} <!-- {{harvsp|Reed|Design Museum|2012|loc= {{page|}}|id=DMPR2012}} -->
* {{Ouvrage |langue=en |nom1=Design Museum |lien auteur1=Design Museum |prénom2=Paula |nom2=Reed |titre=Fifty fashon looks that changed the 1950s |lieu=Londres |éditeur=[[Hachette Livre|Conran Octopus]] |collection=Fifty Fashion Looks |année=2012 |pages totales=112 |isbn=978-1-84091-603-4 |présentation en ligne=http://designmuseumshop.com/catalogue/books-media/fashion/50-fashion-looks-that-changed-the-1950s?page=all |id=DMPR2012|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Catherine Örmen]] |préface=[[Inès de La Fressange]] |titre=Un siècle de mode |éditeur=[[Éditions Larousse]] |collection=Les documents de l'Histoire |année=2012 |mois=10 |pages totales=128 |isbn=978-2-03-587455-9 |présentation en ligne=http://culturebox.francetvinfo.fr/un-siecle-de-mode-30-portraits-de-grandes-maisons-en-images-130095 |id=CO2012}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Catherine Örmen]] |préface=[[Inès de La Fressange]] |titre=Un siècle de mode |éditeur=[[Éditions Larousse]] |collection=Les documents de l'Histoire |année=2012 |mois=10 |pages totales=128 |isbn=978-2-03-587455-9 |présentation en ligne=http://culturebox.francetvinfo.fr/un-siecle-de-mode-30-portraits-de-grandes-maisons-en-images-130095 |id=CO2012|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Jonathan |nom1=Metcalf |directeur1=oui |et al.=oui |titre=Fashion |sous-titre=la mode à travers l'histoire |titre original={{Langue|en|Fashion. The Ultimate Book of Costume and Style}} |éditeur=[[Dorling Kindersley|DK]] |année=2013 |mois=10 |pages totales=480 |isbn=978-2-8104-0426-1 |id=JM2013}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Jonathan |nom1=Metcalf |directeur1=oui |et al.=oui |titre=Fashion |sous-titre=la mode à travers l'histoire |titre original={{Langue|en|Fashion. The Ultimate Book of Costume and Style}} |éditeur=[[Dorling Kindersley|DK]] |année=2013 |mois=10 |pages totales=480 |isbn=978-2-8104-0426-1 |id=JM2013|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Marnie Fogg |directeur1=oui |et al.=oui |traducteur=Denis-Armand Canal ''et al.'' |préface=[[Valerie Steele]] |titre=Tout sur la mode |sous-titre=Panorama des chefs-d’œuvre et des techniques |lieu=Paris |éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]] |collection=Histoire de l'art |année=2013 |mois=10 |année première édition=2013 [[Thames & Hudson]] |pages totales=576 |passage=297 à 347 |isbn=978-2-08-130907-4 |numéro chapitre=5 |titre chapitre=De 1946 à 1989 |id=FOGG2013}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Marnie Fogg |directeur1=oui |et al.=oui |traducteur=Denis-Armand Canal ''et al.'' |préface=[[Valerie Steele]] |titre=Tout sur la mode |sous-titre=Panorama des chefs-d’œuvre et des techniques |lieu=Paris |éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]] |collection=Histoire de l'art |année=2013 |mois=10 |année première édition=2013 [[Thames & Hudson]] |pages totales=576 |passage=297 à 347 |isbn=978-2-08-130907-4 |numéro chapitre=5 |titre chapitre=De 1946 à 1989 |id=FOGG2013|plume=oui}}


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
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{{Portail|mode|années 1950|France}}
{{Portail|mode|années 1950|France}}


[[Catégorie:Années 1950|Mode]]
[[Catégorie:Années 1950 en France|Mode]]
[[Catégorie:Chronologie thématique|Mode]]
[[Catégorie:Chronologie par thème|Mode]]
[[Catégorie:Histoire de la mode|Annees]]
[[Catégorie:Histoire de la mode|Annees]]
[[Catégorie:Christian Dior (entreprise)|Annees]]
[[Catégorie:Christian Dior (entreprise)|Annees]]
[[Catégorie:Haute couture|Annee]]
[[Catégorie:Haute couture|Annee]]
[[Catégorie:Mode en France]]

Dernière version du 6 février 2024 à 22:45

La mode des années 1950 en France marque de profonds bouleversements à la suite des années de guerre. La haute couture va connaître son second âge d'or durant toute la décennie et redonner à Paris la place centrale qu'elle occupait depuis le milieu du XIXe siècle, donnant ainsi à la mode française une influence mondiale à tous les niveaux, jusque dans la rue ; tous les regards sont tournés vers la capitale où le mot « élégance » est la seule règle. Cette époque est marquée par les couturiers Christian Dior en tout premier lieu, Cristóbal Balenciaga, Jean Dessès, Jacques Fath, Pierre Balmain et Hubert de Givenchy. Pour le quotidien, la mode est toujours réalisée par des couturières de quartier ou chez soi, copiant parfois les modèles de la haute couture qui sont diffusés plus largement.

Symboliquement, la mode des années 1950 débute un matin de , date connaissant un défilé historique qui révolutionne le vêtement et l'image de la femme. Celle-ci voit sa taille se cintrer, ses jupes rallonger et sa silhouette mise en valeur, oubliant le style informe des années de guerre ; le chapeau et le manteau sont des éléments indispensables à sa garde-robe. Alors que la femme doit tenir son foyer, la jeune génération, plus libre, s'approprie les codes de la couture ou invente ses propres styles. À la fin de cette période, la taille a disparu, les lignes sont plus floues.

De son côté, la mode masculine évolue de façon moins significative, le costume restant de rigueur pour de multiples occasions, bien que le sportswear progresse. Les fibres synthétiques ont envahi la confection.

L’élitiste haute couture n'étant pas suffisante pour faire vivre une maison de couture, les couturiers développent, à grand renfort de publicités, parfums et lignes secondaires luxueuses, prémices du prêt-à-porter qui va déferler la décennie suivante[1].

Histoire[modifier | modifier le code]

Préambule[modifier | modifier le code]

Durant la Seconde Guerre mondiale, période de restrictions et d'angoisses peu propices à la mode, de nombreuses maisons de couture ont fermé et les tissus sont rationnés. Une entraide et solidarité s’établit dans la confection[2]. Les robes et vestes larges, pratiques, souvent chaudes, ainsi que les jupes courtes, dominent le vestiaire féminin. À la fin de la Guerre, ce rationnement est toujours imposé. La capitale de la mode, que les Allemands avaient tenté de transférer de Paris à Berlin puis Vienne[2], au tout du moins de la créativité, est aux États-Unis avec les balbutiements du prêt-à-porter pour une mode simple et inventive héritée des années de guerre[3]. Si les pays européens sont parfois au bord de la faillite, l'Amérique sort du conflit relativement indemne et riche ; elle lance le plan Marshall[3].

Lucien Lelong, alors président d'honneur de la Chambre syndicale de la couture parisienne, se bat — comme tout au long de la Guerre — pour redonner à Paris son rôle central dans la mode. Il porte Le Théâtre de la Mode, spectacle de petits mannequins habillés par le Tout-Paris de la mode, dans le monde entier[4]. De nombreuses nouvelles maisons ouvrent leurs portes peu après la capitulation du Troisième Reich, comme celles de Pierre Balmain ou de Carmen de Tommaso, remplaçant celles qui ont définitivement fermé en 1939[4] comme Mainbocher. Certaines ouvrent après plusieurs années d'inactivité, à l'image de Schiaparelli et Molyneux, et conservent leur rang au sein de la haute couture parisienne[5]. D'autres déménagent comme Maggy Rouff qui s'installe avenue Matignon, ou Jacques Griffe. Celles qui n'ont pas fermé durant la Guerre, continuent leur activité, comme les maisons de Robert Piguet, Jacques Fath, ou de Cristóbal Balenciaga. Partout en France l'industrie textile se reconstruit[6]. Américains, Australiens, Anglais, les acheteurs du monde entier investissent Paris dès la Libération[7]. Micheline Bernardini s'affiche vêtue d'un bikini, déclenchant de vives critiques à cause de ses dimensions, mais également parce qu'il laisse apparaître le nombril[8]. Malgré l'euphorie de cette époque, il faut attendre un peu avant que la mode ne subisse un renouveau qui va balayer celle des années de conflit.

« La mode nouvelle »[modifier | modifier le code]

Dior : le tailleur Bar de 1947.

La mode des années 1950 débute le 12 février1947 ; ce matin là avenue Montaigne, un nouveau couturier, Christian Dior, présente sa première collection. Tenue secrète, des rumeurs se sont répandues sur l'importance de celle-ci, le nom du couturier est sur toutes les lèvres[9]. À l'issue du défilé, la journaliste américaine Carmel Snow du Harper's Bazaar rebaptise cette collection « New Look ». Dans les jours qui suivent, ce New Look va révolutionner la mode mondiale, marquant par la profusion de ses tissus et par sa féminité exacerbée — s'appuyant sur l'héritage des créations de Marcel Rochas[10] —, par son optimisme, la fin des années de privations : malgré l'élitisme de la haute couture, le New Look donne l'image d'un avenir meilleur[6]. Alternant entre scandale et succès suivant les publics[11], l'inconnu Dior est propulsé au firmament de la mode[12],[13]. Il va dominer jusqu'à sa mort la haute couture[14], donnant à chaque saison de son influence majeure[15]. La tendance des vêtements à la ligne floue des années de conflit passe rapidement à une silhouette corsetée, avec des vêtements cintrés marquant les hanches et la poitrine, complétés d'une jupe longue, large dans le bas, ou au contraire très étroite et tubulaire[15]. « Nous abandonnons à l'orée de ce printemps 1947 les robes trop courtes, les vestes trop longues, les jupes de petites filles qui ne veulent plus grandir, ce style conçu pour l'époque difficile de la bicyclette. Ce qui frappe le plus dans les conceptions des maîtres de la couture c'est évidemment l'allongement spectaculaire des robes. Des jupes collantes gainent le corps, tandis que d'autres longues et plissées donnent à la démarche une grâce d'envol[16]. ». Les manteaux, bien qu'amples, sont également serrés à la taille[17] pour épouser la silhouette du New Look et assez longs pour couvrir jupe ou robe[18]. Ces années là, les fourreurs[n 1] et les modistes sont nombreux[19] ; se couvrir les cheveux d'un large chapeau ou au moins un petit couvre-chef est obligatoire, de même que les gants le plus souvent[17],[20]. Les accessoires, que ce soit le sac à main, l'indispensable ceinture marquant la taille, ou les chaussures, se doivent d'être assortis[20]. Bien que l'industrie de la chaussure soit très présente en Italie, les chausseurs Charles Jourdan et Roger Vivier créent des modèles luxueux en France[20]. Les publicités pour les parfums et cosmétiques envahissent la presse, ces produits apportant des revenus aux couteuses maisons de couture.

Dès , le magazine ELLE résumant l'année écoulée titre en couverture « La mode nouvelle » ; sa rédactrice en chef Hélène Lazareff insiste sur la place prépondérante de la haute couture française qui « a contraint le monde entier à reconnaître sa suprématie ». Une fois de plus, d'après ce magazine, la seconde collection de Dior « bouleverse le monde entier »[21]. Vogue précise qu'« il y a des moments où la mode change radicalement. Il ne s'agit pas de changements de détails. C'est toute l'attitude de la mode qui se modifie, et avec elle la structure même du corps. Et c'est précisément ce qui est en train de se passer[11]. »[n 2] La prospérité de la haute couture française est de retour et celle-ci va influencer directement la rue[23].

Cristóbal Balenciaga, le « couturier des couturiers », « Le Maître », a ouvert sa maison de couture en 1937 Avenue George-V mais rencontre le succès après la Guerre avec ses vêtements élégants, raffinés, alternant entre l'usage de couleurs sombres ou colorés[15]. L'apparence de simplicité et d'équilibre qui résulte de ses créations cache en fait une rigueur à toutes les étapes de la confection, dont le montage est souvent compliqué[15],[24]. Son modèle phare des années 1950 — créé à l'origine pour Carmel Snow — et de multiples fois réinterprété consiste en « une veste semi-ajustée à encolure dégagée et une jupe simple, soit droite, soit à deux ou quatre pans légèrement évasés[25]. » Mais le couturier se fait également connaitre par d'autres styles très différents qu'il maitrise à la perfection[25] : ses robes ballons, robes tonneaux ou robes sacs, ses capes, ses tailleurs… Ses vêtements semblent parfois flotter sur le corps[24]. Si ceux destinés à la journée sont sobres et pratiques, les robes du soir sont « majestueuses »[26]. Le couturier ne cherche nullement à influencer la tendance de l'époque, il expérimente et coupe, il est la tendance[13]. Éminemment respecté, Balenciaga fait l'unanimité des médias et des couturiers, y compris auprès du premier d'entre eux, Dior[n 3].

En cette période conservatrice, l'émancipation vestimentaire acquise par les femmes durant la Guerre est révolue, effacée par Dior[27]. La « maîtresse de maison » se doit d'être toujours correctement habillée au foyer, y compris pour les tâches ménagères ; chaque moment de la journée est codifié par un style de tenue[27] ; pour les courses ou le shopping, il convient de se vêtir d'une robe élégante[28] et d'être toujours apprêtée. « Nous allons devenir féminines en insistant sur une taille fine, des hanches plus marquées, des talons plus hauts » écrit Good Housekeeping[29]. La publicité véhicule cette image idéalisée[27]. Les marques américaines Revlon, Helena Rubinstein ou Elizabeth Arden dominent le marché des cosmétiques et leur expansion va de pair avec le lancement permanent de nouveaux produits, appuyé par de larges campagnes de communication ; le maquillage des yeux et des lèvres est primordial[30]. Le teint clair et la bouche foncée, les longs traits d'eye-liner rehaussés d'indispensables faux-cils, sont des classiques[31]. Les mannequins et modèles, dont le métier s'améliore et devient enviable grâce à Eileen Ford entre autres, contribuent à répandre ces préceptes de maquillage[32]. Au-delà des couturiers, les photographes de mode perpétuent à diffuser l'image de la femme. Irving Penn — et sa femme — est, ces années là, d'une influence déterminante. « Hautaine et solennelle […] la femme selon Penn est imperturbable et sûre d'elle-même. »[33]. Le cinéma est également un vecteur de diffusion de la mode[32], et de nombreux couturiers ont une activité de costumier.

« La nouvelle silhouette »[modifier | modifier le code]

Les fibres synthétiques se répandent[34], à l'image du nylon pour les bas qui deviennent de plus en plus fins, du Rhovyl, de l'acrylique, ou du Rilsan plus tard[35],[36] ; celles-ci donnent des vêtements chauds, solides, légers ou faciles à nettoyer et repasser[37]. « Laver et porter » en est le principe[36]. Un usage important du nylon mélangé à d'autres fibres est fait pour la fabrication de la lingerie qui entraine des ventes importantes de sous-vêtements grâce à son aspect pratique[38]. Si le corset à baleines perdure, le porte-jarretelles ou la gaine-culotte prennent l'avantage[38]. La guêpière ou le serre-taille font partie intégrante de la garde-robe féminine[39] de celles qui suivent la mode afin de maintenir cette silhouette à taille étroite imposée par le style Dior[38]. Les soutiens-gorge pointus se doivent de bien séparer chaque sein et faire une poitrine proéminente[38].

Les textiles s’allègent également pour l'ensemble complet-veston de l'homme[40] qui n'a que peu évolué depuis les années de guerre, et seulement dans les détails[41]. Les chemises sont confectionnées elles aussi en nylon, la cravate n'est pas systématique et parfois remplacée par un foulard[40]. Pour ses loisirs, les premiers signes du sportswear apparaissent, l'homme peut s'habiller de tenues plus décontractées[42]. Les premiers défilés et présentations pour hommes sont lancés, ainsi que des salons professionnels[42]. Vers le milieu des années 1950, le centre de la mode masculine bascule des classiques tailleurs londoniens, spécialistes du sur mesure, vers l'Italie[43].

Les beatniks, mouvement importé d'Amérique, apparaissent ainsi que d'autres sous-cultures comme les Teddy Boys, développant leur propre mode[42]. Ce pays, qui a développé par obligation le principe de la fabrication en série durant les années de Guerre, va importer son modèle partout en Europe, posant en leader les prémices du prêt-à-porter[44],[n 4]. L'idée même de ce « prêt-à-porter » et surtout le réseau commercial pour le distribuer n'existe pas, on parle alors de « confection », la production en plusieurs exemplaires d'un même modèle, à la distribution très localisée[46] et le minimum d'essayages. Le Royaume-Uni se fait une spécialité dans la fabrication de différents textiles, qu'ils soient synthétiques ou naturels comme la traditionnelle laine[47]. La mode londonienne reste classique[33], les restrictions en Angleterre perdurent jusqu'au début des années 1950[48]. Seuls l'Américain Norman Hartnell (en) et l'Anglais Edwin Hardy Amies (en), surtout pour son rôle auprès de la famille royale d'Angleterre, sont largement médiatisés[49]. D'origine britannique, le trench-coat est popularisé par les actrices hollywoodiennes[18]. Les mannequins anglais de premier-plan, tels Goalen, Campbell-Walter ou Gunning viennent travailler en France, tout comme l'Américaine Suzy Parker[32]. L'Italie de son côté développe une nouvelle créativité répartie entre Rome, Florence et Milan[44] qui ne perce pas encore en France.

Jacques Fath, qui n'a pas fermé durant la Guerre, adaptant ses créations aux rigueurs parisiennes, est omniprésent dans la presse. Il rencontre la célébrité en 1947[50]. Fath développe, dès la Libération, une mode très féminine pour les femmes sveltes, à base de robes fourreaux[51]. Par la suite, il réinterprète le New Look de façon personnelle[52] lui permettant d'être une influence majeure, au premier plan[5], avec des cols pointus, des créations audacieuses munies de grands ornements, ses luxueuses robes de bal[51] et de soirée, ou le chemisier qu'il réalise pour sa muse Bettina, incarnation de la Parisienne[53]. Il connaît ces années-là « une brève mais éclatante carrière[54]. »

Modèle de robe Balenciaga (1951).

« La nouvelle silhouette » des couturiers, telle que l'appelle Vogue au début des années 1950, se caractérise par « une poitrine affirmée mais sans excès, une taille concave, des hanches bien dessinées, de longues jambes », résumée en une « taille serrée et des rondeurs accentuées »[55]. « La ligne neuve » cite L'Officiel. Les régimes amincissants sont fréquents dans les magazines[47]. Mais la mode corsetée de Dior, qui dure maintenant depuis plusieurs années, n'est pas l'apanage de tous. Balenciaga présente des lignes blousantes depuis un moment déjà, Madame Grès ou Jean Dessès prônent une ligne droite, et tous rencontrent le succès[17]. Christian Dior, toujours influent, n'a plus le monopole sur la mode qu'il a connu depuis  ; Vogue, en 1951, dresse un bilan de ce début d'année : « La collection de Dior était sa meilleure depuis sa dernière sensation. Celle de Balenciaga égalait également en excellence celle de l'an passé. Fath, la comète, est désormais une étoile confirmée qui nous a offert une collection brillante[47]. » La haute couture, image de la mode française, est commercialisée aux acheteurs du monde entier par l'intermédiaire de patrons, les « copies légales », reproduits localement. Mais alors que la mode est toujours majoritairement confectionnée chez soi par des couturières de quartier, cette élitiste haute couture entraine un nombre considérable de contrefaçons ; le moindre défilé ou le moindre article de presse est prétexte à toutes formes d'espionnage[56]. Afin de lutter contre ces copies, des règles strictes sont édictées par la Chambre syndicale[56].

Après plusieurs années d'apprentissage chez divers couturiers, Hubert de Givenchy se décide à ouvrir sa propre maison. Sa première collection, composée d'éléments séparés faciles à coordonner, démontre une mode pratique[57], au style classique, élégant[58] pour une femme jeune et moderne. Année après année, ce style va aller vers plus de simplification, mais sans négliger ornementation ou motifs[59]. Sa collaboration avec Audrey Hepburn, dont il façonnera le style, est largement commentée[47]. La clientèle de la maison est majoritairement américaine[57]. En 1957, il fonde avec son frère les Parfums Givenchy[60].

La silhouette féminine continue à évoluer vers une ligne plus galbée[47] ; tendance initiée immédiatement après la guerre, les jupes raccourcissent encore, Dior montre les genoux en 1953[33]. Si les jambes se découvrent, la bienséance interdit de montrer ses bras avant la soirée[61]. Mais les affres de la Guerre sont maintenant loin et il est de bon ton de recevoir chez soi ; les cocktails de fin de journée sont en vogue[61], et tous les couturiers dessinent des « robes de cocktail » soit fourreau, soit bouffantes inspirées de la silhouette New Look, mais toujours à épaules dénudées. Les grands bals et fêtes mondaines sont aussi de retour après la guerre[n 5]. La « robe de bal » se doit d'être spectaculaire, débauche de luxe et de création de la part des couturiers[n 6].

La ligne « sac »[modifier | modifier le code]

Robe et gant du soir Christian Dior, date incertaine ; collection du musée d'art d'Indianapolis.

Pierre Balmain, qui développe des lignes strictes et féminines pour le jour depuis l'ouverture de sa maison après-guerre, se fait connaitre également pour ses robes de soirée[51] en satin, velours, organza, mousseline, ornementées de broderies ou imprimés[64]. Son style appelé « Jolie Madame »[n 7], orne une femme élégante, incarnation des années 1950[66]. Le couturier réalise également de nombreux costumes pour le cinéma[67] et habille plusieurs personnalités des cours royales d'Europe, des stars, créé des robes de mariée de mariages mondains[64],[66]… Vers la fin de la décennie, son style devient épuré, jusqu'à la ligne tubulaire de 1958[68]. Tout au long de cette décennie, il fait partie des couturiers développant des créations spécifiquement pour les jeunes filles[62], celles-ci rencontrant une plus grande liberté, face aux conventions, pour s'habiller[69]. La jeunesse des années 1950 attire à elle des styles vestimentaires divers dont certains inspirés de la haute couture ou des costumes du cinéma[70] ; d'autres sont créés ou adoptés par les plus jeunes[71],[n 8], comme une forme d'indépendance[70], tels le preppy ou le bobby-soxer aux États-Unis surtout, le jeans déjà popularisé à partir des années 1930 et qui connait une déferlante vingt ans plus tard associé à son image déviante[73], le blouson noir, le t-shirt ou la chemise à carreaux[70] ; les différents courants musicaux, comme le swing ou le rockabilly, sont vecteurs de diffusion d'une mode propre à chacun[74].

Gabrielle Chanel, après de longues années d'absence, ouvre de nouveau sa maison et lance son iconique Tailleur ; d'un échec immédiat, celui-ci va devenir l'un des vêtements les plus emblématiques du XXe siècle. Les lignes strictes imposées dès 1947 s'assouplissent[n 9] ; le New Look de Christian Dior disparaît progressivement avec les lignes successives « H », « A », « Y », « Flèche » puis enfin « Aimant », le couturier renouvelant ainsi ses principes et ses créations[40]. À la mort de Dior fin 1957, c'est le tout jeune Yves Saint Laurent qui marquera le nom de la maison avec un renouveau de la ligne, rencontrant lui aussi un immense succès immédiat, prélude d'une longue carrière. Bien avant les premières collections de robes en forme de trapèze de Saint Laurent, Balenciaga puis Givenchy présente des collections aux formes épurées, surnommées « La ligne sac » par les journalistes qui n'appréciaient pas tous[75]. Les formes féminines qui prévalent au début de la décennie ont laissé place à une ligne moins aiguisée : « Le flou, qu'on le veuille ou non, a libéré la silhouette du corsetage et de l'ajusté. Les tissus fluides, glissants ont pris le pas sur les lainages raides et les soieries cassantes. Une grande vague de souplesse jette ses ondes douces sur le corps mince mais galbé. La femme 1958 a des formes menues certes, mais elle en a, car la robe « sac », sans l'appui discret de la poitrine et des hanches, serait fade, ce qui n'est pas[76]. » Le pardessus remplace peu à peu le manteau en journée[76] et le cardigan est un basique.

Le magazine Elle est fondé en 1945. Le succès est rapidement au rendez-vous avec plus d'un demi-million d'exemplaires, le magazine devient un prescripteur important pour la mode des années 1950[77]. Edmonde Charles-Roux intègre ce nouveau magazine, avant de rejoindre le Vogue français qui dès 1947, va reprendre un rythme normal à la suite de sa suspension pendant la Guerre et sa reprise progressive. Maurice-Augustin Dabadie du Figaro est « tout-puissant »[78]. L'Officiel est de tous les défilés, ainsi que L'Art et la Mode[78]. Modes & Travaux fait ses couvertures de la haute couture, illustrées par Jacques Demachy ou Pierre Mourgue[79]. Partout dans le monde les journaux ont leur page « mode »[23]. La presse des États-Unis, particulièrement respectée, est présente dès la fin de la Guerre, ouvrant des bureaux en France, envoyant correspondants de presse et photographes de mode en résidence à Paris.

Les deux magazines américains que sont Harper's Bazaar et Vogue se livrent une concurrence féroce. Les personnalités qui s'opposent par l'intermédiaire de leur publication marqueront durablement l'histoire des magazines de mode : d'un côté, la très influente Carmel Snow[78], Diana Vreeland, et Alexey Brodovitch aidés de Richard Avedon le photographe emblématique qui réalise Dovima et les Éléphants ; de l'autre au Vogue, Alexander Liberman et Edna Woolman Chase, avec Irving Penn ; ce dernier est alors « au sommet de son art »[80]. Beaucoup de photographes commencent leur carrière après-guerre tel Norman Parkinson qui signe un contrat avec les éditions Condé Nast en 1949, ou l'Américain Henry Clarke dont l'installation à Paris se fait la même année. Guy Bourdin commence quelques années plus tard au Vogue français grâce à l'entremise de Michel de Brunhoff. Georges Dambier, prolifique photographe, s'entoure des plus beaux mannequins, de Capucine à Ivy Nicholson (en), de Sophie Litvak à Marie-Hélène Arnaud. L'illustrateur Carl Erickson meurt en 1958 après une longue carrière. L'illustration de mode, technique indispensable aux magazines jusque vers les années 1930, a été supplantée par la photographie. Seul René Gruau reste sur le devant de la scène avec les couvertures de presse et les publicités qu'il réalise.

En 1959, la haute couture, toujours en régression[81], représente 94 millions de francs de chiffre d'affaires, 700 millions pour les accessoires, 8 000 employés[4] et une cinquantaine de maisons de haute couture[5],[n 10]. Depuis quelques années, plusieurs couturiers ont créé des lignes secondaires, de « diffusion », plus abordables et vendent par l'intermédiaire des grands magasins[83] ou de boutiques distinctes. Pierre Cardin, précurseur, présente au Printemps sa collection de prêt-à-porter en 1959. Allant à l'encontre des règles édictées par la Chambre syndicale de la couture, Cardin est le premier couturier à se lancer dans le prêt-à-porter de façon aussi importante ; ceci exaspère ses confrères et la légende, maintes fois reprise, voudrait qu'il ait été exclu pour cela de la Chambre syndicale. C'est la fin de la mode des années 1950, la révolution stylistique est en marche vers les années 1960 de Courrèges, Emmanuel Ungaro ou Paco Rabanne[14], le jeans et la minijupe. Le prêt-à-porter de la prochaine décennie va bouleverser le modèle économique instauré par les couturiers depuis le milieu du XIXe siècle, c'est la fin de l'âge d'or de la haute couture en France ; Londres et son Swinging London sera la prochaine capitale de la mode.

Chronologie sélective[modifier | modifier le code]

1947[modifier | modifier le code]

1948[modifier | modifier le code]

1949[modifier | modifier le code]

  • Dès cette année, Dior développe toutes sortes de produits sous licence, à commencer par les bas, puis de la lingerie.

1950[modifier | modifier le code]

  • Jeanne Lanvin meurt en 1946 ; sa fille engage l'expérimenté Antonio des Castillo quatre ans plus tard, la maison est rebaptisée Lanvin-Castillo.
  • Pierre Cardin fonde son entreprise.
  • André Courrèges entre chez Balenciaga.
  • Inspiré par les Américains, Weill se lance dans le prêt-à-porter.

1951[modifier | modifier le code]

1952[modifier | modifier le code]

1953[modifier | modifier le code]

  • Pierre Cardin présente sa première collection de haute couture.
  • Marcelle Chaumont prend sa retraite.
  • Roger Vivier dessine les chaussures portées par Élisabeth II lors de la cérémonie de couronnement.

1954[modifier | modifier le code]

  • Jacques Fath lance avec Prouvost Jacques Fath Université marque de prêt-à-porter[85] ; il meurt en novembre et sa maison ferme trois ans plus tard.
  • Sortie du film Sabrina avec Audrey Hepburn.
  • Fondation du Comité Colbert.
  • Nouvelle parution de Marie Claire, après la guerre, avec une formule différente.

1955[modifier | modifier le code]

  • Yves Saint-Laurent gagne, avec Karl Lagerfeld, le concours du Secrétariat international de la laine. Peu après, il entre comme assistant chez Dior sur les recommandations de Michel de Brunhoff.
  • Le maroquinier italien Gucci créé un sac à main qui mettra une décennie à devenir le célèbre sac Jackie.
  • Carven lance une ligne sportswear, se voulant plus abordable que la couture, intitulée Carven Junior[86].
  • Lancement par les Parfums Christian Dior des rouges à lèvres Rouge Baiser ; déclinés en de multiples coloris, ils seront un immense succès.
  • Ouverture de Bazaar, une boutique composée également d'un restaurant au sous-sol, l'ensemble étant aussi un lieu de rencontres artistiques. Créée à Londres sur King's Road par Mary Quant, elle deviendra l'un des symboles du Swinging London lors de la décennie suivante[87].

1956[modifier | modifier le code]

  • En avril, Grace Kelly se marie avec une robe d'Helen Rose qui sera maintes fois copiée[88]. Elle apparaît en couverture de Life, cachant sa grossesse derrière un sac qui va devenir un produit mythique.
  • Jean Dessès ouvre une boutique au sein des Galeries Lafayette[89], premier essai de diffusion d'une marque loin des traditionnels réseaux de la couture.
  • Balenciaga fait scandale avec sa robe-sac. Cette même année, il décide de ne plus respecter le calendrier officiel de haute couture, ce qui donne obligation aux médias à se déplacer spécifiquement pour lui[90].
  • Gaby Aghion, fondatrice de Chloé, montre sa première véritable collection au Café de Flore.

1957[modifier | modifier le code]

  • Christian Dior meurt en Italie, Yves Saint Laurent lui succède pour quelque temps.
  • Givenchy fait évoluer la « robe chemise » en « robe-sac ». Sera largement copiée par les fabricants industriels.
  • Sortie du film Drôle de frimousse inspiré de la vie de Richard Avedon et Suzy Parker.
  • Germaine Lecomte, grande couturière, ferme sa maison qu'elle a ouvert en 1920[91].

1958[modifier | modifier le code]

  • Mort de Michel de Brunhoff, homme de presse et de mode.
  • Emanuel Ungaro entre chez Balenciaga, il y restera six ans.
  • Aux alentours de cette année apparaît le mouvement des Mods à Londres.

1959[modifier | modifier le code]

Exposition[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Cela fait au moins deux décennies que le manteau de fourrure est répandu. En plus des grands fourreurs, les couturiers ont souvent des départements « fourrure » au sein de leurs maisons. Posséder un manteau en vison est signe d'un statut social élevé. La fourrure est également présente comme élément complémentaire des manteaux, que ce soit au niveau des basques, des poignets, ou du col. La fourrure est aussi déclinée en accessoires, parfois simplement décoratifs[18].
  2. À l'automne 1947, le tendance initiée en ce début d'année est plus que jamais confirmée : « Cet automne, la haute couture rompant avec des coutumes vieilles de plusieurs lustres, nous a brusquement imposé les robes longues, […] Nous trouvons dans les collections des robes moulantes fuselant le corps, épousant strictement les formes souples de l'Eve 1947. Les épaules sont dépouillées de paddings [rembourrages], le buste est étroit, les seins précisés, la taille affinée repose sur des hanches arrondies que les effets de basque ou d'ampleur ramenée sur le côté viennent encore souligner. C'est une silhouette qui nous était déjà familière la saison dernière et près de laquelle vient de naître la large jupe cloche ou plissée, gourmande parfois de trente mètres de tissu […]. Les tissus sont extraordinairement beaux, les robes de jour étudiées et réalisées dans ces satins luisants, dans ces moires ondées, auront, portées sous des manteaux de fourrure, […][22] »
  3. Sur la place prépondérante qu'occupe à cette époque Cristóbal Balenciaga dans le domaine de la haute couture, ainsi que le respect exprimé par les autres couturiers, lire la biographie que lui consacre Yann Kerlau in : Les secrets de la mode, Paris, Éditions Perrin, , 438 p. (ISBN 978-2-262-03923-3, présentation en ligne), « De Balenciaga à Zara : l'Espagne de l'alcôve à la rue », p. 163 à 202 « Selon une idée reçue, Cristóbal Balenciaga serait — et de loin — le pape de la couture moderne. Un homme au-dessus de tout soupçon, inattaquable et jamais égalé. Le deus ex machina de la machine à coudre que ni Chanel, ni Vionnet, ni Dior n'oseront jamais critiquer. […] si Dior a pris le pouvoir, le nouveau temple de la mode a désormais une nouvelle adresse, le 10, avenue George-V. ». Pour quelques détails démontrant ses relations avec Dior, lire Didier Grumbach in : Grumbach 2008, p. 122.
  4. Outre le prêt-à-porter, dans les années 1950 aux États-Unis, le couturier Charles James marque notablement la mode avec ses somptueuses robes de soirée destinées à la haute société américaine et inspirées du XIXe siècle, robes parfois comparées à des sculptures[45].
  5. À titre d'exemple, consulter sur Wikipédia l'article complémentaire à propos de Christian Dior et les bals.
  6. Pour les différents styles de robes de cocktail, consulter l'ouvrage de Jonathan Metcalf comportant de nombreuses illustrations commentées[62] ; cet ouvrage comporte un chapitre équivalent dédié aux robes pour les grandes occasions[63].
  7. Jolie Madame de Balmain est également le nom d'un parfum commercialisé en 1949 ainsi que le nom de sa collection automne-hiver 1952-53 aux modèles élancés, fuselés, l'une des plus importantes dans l'histoire de la haute couture. Celle-ci sera surnommé le « New French Style » par Carmel Snow[65].
  8. En 1944, le groupe de presse Hearst publie Seventeen qui existe toujours de nos jours. L'année suivante, ce même éditeur lance une déclinaison du Haprer's Bazaar intitulée Junior Bazaar. Il disparaît trois ans plus tard[72].
  9. En 1954, L'Officiel écrit : « Haute ou basse suivant les caprices des couturiers, la taille semble cette fois située bien à sa place et demeure fine, mais souple et sans étranglement. […] C'est que la vague de souplesse qui a envahi la mode ne s'accommode guère de corsetages trop rigoureux et se plaît à bannir tout ce qui gêne le corps dans la liberté de ses mouvements. […] Encolure décolletée, carrure douce, emmanchures confortables, ceinture de cuir lui donnent le style 1954. C'est la robe dont l'attrait est fait de simplicité apparente, de nonchalance étudiée. »
  10. Une quinzaine d'années plus tard, le nombre de maisons de couture est divisé par deux[82]. Pourtant, en 1945, plus d'une centaine de maisons étaient inscrites à la Chambre syndicale.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Allison Hekimian, « La mode des années 50 », sur marieclaire.fr (consulté le )
  2. a et b Delpierre 1997, p. 11
  3. a et b Mendes et de la Haye 2011, p. 126
  4. a b et c Delpierre 1997, p. 12
  5. a b et c Mendes et de la Haye 2011, p. 135
  6. a et b Fogg 2013, L'âge d'or de la haute couture p. 298
  7. Cally Blackman (trad. de l'anglais par Hélène Tordo), 100 ans de mode [« 100 years of fashion »], Paris, La Martinière, , 399 p. (ISBN 978-2-7324-5710-9), « Le new-look », p. 175
  8. Fogg 2013, Le bikini p. 325
  9. Watson 2000, p. 43
  10. Delpierre 1997, p. 16
  11. a et b Watson 2000, p. 45
  12. Mendes et de la Haye 2011, p. 128
  13. a et b Fogg 2013, L'âge d'or de la haute couture p. 299
  14. a et b Cally Blackman, 100 ans d'illustration de mode, Paris, Eyrolles, , 384 p. (ISBN 978-2-212-12185-8, présentation en ligne), « 1950-1974 », p. 166
  15. a b c et d Mendes et de la Haye 2011, p. 131
  16. Jeanne Stéphane, « de l'Élégance, de la Ligne, de l'Audace », L'Officiel, Éditions Veuve E. Max Brunhes, nos 301-302,‎ , p. 51 (Couverture : robe Carven par Gruau. La suite de l'article décrit l'ensemble des principes de la mode féminine à cette saison, que ce soit pour les manteaux ou pour les robes du soir)
  17. a b et c Delpierre 1997, p. 8
  18. a b et c Metcalf 2013, 1947-1962 Un bon manteau p. 332 à 333
  19. Delpierre 1997, p. 29
  20. a b et c Mendes et de la Haye 2011, p. 157
  21. Elle, no 97, du 25 septembre 1947. Sont présentes également au sein de ce numéro les créations de Balmain ou Lelong.
  22. Jeanne Stéphane, « Il vous faut choisir ! », L'Officiel, Éditions Veuve E. Max Brunhes, nos 307-308,‎ , p. 59 (Couverture : manteau Dior, illustration de Gruau)
  23. a et b Reed et Design Museum 2012, The 1950's p. 6
  24. a et b Örmen 2012, p. 26
  25. a et b Mendes et de la Haye 2011, p. 134
  26. Örmen 2012, p. 28
  27. a b et c Fogg 2013, La parade quotidienne p. 326 à 327
  28. Metcalf 2013, 1949-1959 La femme au foyer p. 334 à 335
  29. « we are going to be feminine with greater accent on a tiny waist, fuller hips, higher heels » ; cité in : Reed et Design Museum 2012, The Gossard corset: A girl's best hope of achieving fashion's impossible ideal p. 86
  30. Mendes et de la Haye 2011, p. 155
  31. Watson 2000, p. 49
  32. a b et c Mendes et de la Haye 2011, p. 156
  33. a b et c Watson 2000, p. 51
  34. Watson 2000, p. 53
  35. Delpierre 1997, p. 6
  36. a et b Reed et Design Museum 2012, Easy-care fabrics p. 64
  37. Delpierre 1997, p. 7
  38. a b c et d Mendes et de la Haye 2011, p. 154
  39. Metcalf 2013, 1947-1955 Le New Look p. 316
  40. a b et c Delpierre 1997, p. 9
  41. Mendes et de la Haye 2011, p. 150 à 151
  42. a b et c Mendes et de la Haye 2011, p. 153
  43. Mendes et de la Haye 2011, p. 172 à 173
  44. a et b Mendes et de la Haye 2011, p. 145
  45. Metcalf 2013, Le chic d'après-guerre p. 324 à 325
  46. Örmen 2012, p. 68
  47. a b c d et e Watson 2000, p. 50
  48. Mendes et de la Haye 2011, p. 140
  49. Mendes et de la Haye 2011, p. 141 à 142 puis 144
  50. Grumbach 2008, p. 135
  51. a b et c Mendes et de la Haye 2011, p. 136
  52. Delpierre 1997, p. 22
  53. Reed et Design Museum 2012, Jacques Fath & Bettina : Le style parisien p. 24
  54. Blackman 2013, op. cit. p. 188
  55. Watson 2000, p. 46
  56. a et b Mendes et de la Haye 2011, p. 139 à 140
  57. a et b Örmen 2012, p. 64
  58. Mendes et de la Haye 2011, p. 162
  59. Örmen 2012, p. 66
  60. Örmen 2012, p. 65
  61. a et b Fogg 2013, La robe du soir et jupon à volants p. 307
  62. a et b Metcalf 2013, 1950-1959 L'heure du cocktail p. 322 à 323
  63. Metcalf 2013, 1950-1957 Les robes de haute couture p. 326 à 327
  64. a et b Fogg 2013, L'âge d'or de la haute couture p. 300
  65. Örmen 2012, p. 57
  66. a et b Örmen 2012, p. 56
  67. Mendes et de la Haye 2011, p. 137
  68. Örmen 2012, p. 58
  69. Fogg 2013, Les styles collège et preppy p. 309
  70. a b et c Metcalf 2013, 1949- 1959 Naissance du style teenager p. 344 à 345
  71. Fogg 2013, p. 308 et suiv. Note : Fogg consacre plusieurs pages détaillées des courants de mode de la jeunesse de ces années là, majoritairement américains.
  72. Blackman 2013, op. cit. p. 211
  73. Fogg 2013, L'utilitaire d'après-guerre p. 341
  74. Reed et Design Museum 2012, Rockabilly p. 78
  75. Mendes et de la Haye 2011, p. 160
  76. a et b « En suivant la mode », L'Officiel, Éditions Veuve E. Max Brunhes, nos 383-384,‎ , p. 151 à 152
  77. Grumbach 2008, p. 191 à 197
  78. a b et c Grumbach 2008, p. 59
  79. Pierre Mourgue sur data.bnf.fr.
  80. Musée Christian-Dior Granville, Florence Müller et al., Dior, le bal des artistes, Versailles, ArtLys, , 111 p. (ISBN 978-2-85495-441-8, présentation en ligne), p. 87
  81. Grumbach 2008, p. 225
  82. Grumbach 2008, p. 87
  83. Fogg 2013, L'âge d'or de la haute couture p. 301
  84. Grumbach 2008, p. 112 à 113
  85. Grumbach 2008, p. 235
  86. Örmen 2012, p. 47
  87. Claire Baldewyns, « Une avant-garde qui s'inspire de la jeunesse de la rue », Gala, no 1080,‎ , p. 45 (ISSN 1243-6070)
  88. Reed et Design Museum 2012, Grace Kelly's wedding dress p. 70
  89. Grumbach 2008, p. 141
  90. Örmen 2012, p. 27
  91. « Les notes de Paris », L'art et la mode, vol. Numéro spécial,‎ , p. 236 (lire en ligne, consulté le )

Sources[modifier | modifier le code]

  • Madeleine Delpierre et Davray-Piékolek, Le costume : la haute couture 1945-1995, Paris, Flammarion, coll. « Tout l'art », (1re éd. 1991), 80 p. (ISBN 2-08-011236-8), « La haute couture de 1940 à 1960 », p. 4 à 31. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Linda Watson, Vogue - La mode du siècle : Le style de chaque décennie, 100 ans de créateurs [« Vogue Twentieth Century Fashion - 100 years of style by decade and designer »], Éditions Hors Collection, , 255 p. (ISBN 2-258-05491-5), « 1940 - 49 » et « 1950 - 59 », p. 43 à 53. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Didier Grumbach, Histoires de la mode, Paris, Éditions du Regard, (1re éd. 1993 Éditions du Seuil), 452 p. (ISBN 978-2-84105-223-3). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Valerie Mendes et Amy de la Haye (trad. Laurence Delage, et al.), La mode depuis 1900 [« 20th Century Fashion »], Paris, Thames & Hudson, coll. « L'univers de l'art », , 2e éd. (1re éd. 2000), 312 p. (ISBN 978-2-87811-368-6), chap. 5 et 6 (« 1946-1956 Féminité et conformité » et « 1957-1967 Abondance et nouveau défi de la jeunesse »), p. 126 à 174. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Design Museum et Paula Reed, Fifty fashon looks that changed the 1950s, Londres, Conran Octopus, coll. « Fifty Fashion Looks », , 112 p. (ISBN 978-1-84091-603-4, présentation en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Catherine Örmen (préf. Inès de La Fressange), Un siècle de mode, Éditions Larousse, coll. « Les documents de l'Histoire », , 128 p. (ISBN 978-2-03-587455-9, présentation en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Jonathan Metcalf (dir.) et al., Fashion : la mode à travers l'histoire [« Fashion. The Ultimate Book of Costume and Style »], DK, , 480 p. (ISBN 978-2-8104-0426-1). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Marnie Fogg (dir.) et al. (trad. Denis-Armand Canal et al., préf. Valerie Steele), Tout sur la mode : Panorama des chefs-d’œuvre et des techniques, Paris, Flammarion, coll. « Histoire de l'art », (1re éd. 2013 Thames & Hudson), 576 p. (ISBN 978-2-08-130907-4), chap. 5 (« De 1946 à 1989 »), p. 297 à 347. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Historiques[modifier | modifier le code]

Ces années-là[modifier | modifier le code]