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{{Voir homonymes|Eusèbe}}
{{Voir homonymes|Eusèbe}}
{{Infobox Biographie2
{{Infobox Biographie2|charte=écrivain
| charte = écrivain
| domaine = histoire ecclésiastique, [[théologie]], [[hagiographie]].
| nom = Eusèbe de Césarée
| image = Eusebius of Caesarea.jpg
| légende = Eusèbe de Césarée
| nom de naissance =
| surnom =
| activités = [[Écrivain]], [[théologien]] et [[apologétique|apologète]] [[chrétien]].
| date de naissance = vers [[265]]
| lieu de naissance =
| date de décès = vers [[340]]
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| mouvement =
| domaine = histoire ecclésiastique, [[théologie]], [[hagiographie]].
| distinctions =
| adjectifs dérivés =
| œuvres principales = * ''[[Histoire ecclésiastique]]''
* ''Préparation évangélique''
* ''Apologie pour Origène''
* ''Vie de Constantin''
}}
}}


'''Eusèbe de Césarée''' ou '''Eusèbe (de) Pamphile'''<ref>Le surnom « de Pamphile », qu'il adopta lui-même, est un hommage à son maître, [[Pamphile de Césarée]].</ref> (en [[grec ancien]] {{grec ancien|Εὐσέϐιος}}, en latin ''Eusebius Pamphili''), né vers [[265]] et mort le {{date|30 mai 339}}, est un évêque de [[Césarée]] en [[Cappadoce|Palestine]]. Élève d'[[Origène]], il échappa aux persécutions de [[Dioclétien]] et fut un proche de l'empereur romain {{souverain2|Constantin Ier (empereur romain)}}. Il est l'auteur de nombreuses œuvres historiques, [[apologétique]]s, [[Bible|bibliques]] et [[Exégèse|exégétiques]], dont une importante, l'''[[Histoire ecclésiastique]]''.
'''Eusèbe de Césarée''', ou '''Eusèbe (de) Pamphile'''<ref>Le surnom « de Pamphile », qu'il adopta lui-même, est un hommage à son maître, [[Pamphile de Césarée]].</ref> (en [[grec ancien]] {{grec ancien|Εὐσέϐιος|eusébios}}, en latin ''Eusebius Pamphili''), né vers [[265]] et mort le {{date|30 mai 339}}, est un évêque de [[Césarée]] en [[Cappadoce|Palestine]]. Élève de [[Pamphile de Césarée]], il échappe aux [[Persécution de Dioclétien|persécutions]] de l'empereur romain [[Dioclétien]] et devient un soutien inconditionnel de {{souverain2|Constantin Ier (empereur romain)}}. Il est l'auteur de nombreuses œuvres historiques, [[Apologétique chrétienne|apologétiques]], [[Bible|bibliques]] et [[Exégèse biblique|exégétiques]], dont la plus importante est l'''[[Histoire ecclésiastique]]''.

Il est considéré comme le « père de l'histoire ecclésiastique » et, bien qu'il ne soit pas reconnu comme un [[Pères de l'Église|Père de l'Église]], ses écrits historiques sont d'une importance capitale pour la connaissance des trois premiers siècles de l'histoire chrétienne.


Eusèbe entretient des relations privilégiées avec l'[[arianisme]]. Il défend [[Arius (prêtre)|Arius]] à de nombreuses reprises, demande sa réintégration<ref>{{Lien web |titre=Théodoret : Histoire de l’Église : livre I. |url=http://remacle.org/bloodwolf/eglise/sozomene/eglise1.htm |site=remacle.org |consulté le=2022-11-25}}</ref>{{,}}<ref name="Rubenstein 2004, p. 82" /> et s'excuse envers ses fidèles d'avoir approuvé le [[Premier concile de Nicée|concile de Nicée]]<ref>{{Lien web |titre=Théodoret : Histoire de l'Église : livre I. |url=http://remacle.org/bloodwolf/eglise/theodoret/eglise1.htm |site=remacle.org |consulté le=2022-11-25 |extrait=Voila ce que j'avais à vous dire touchant la Foi qui a été proposé dans le Concile de Nicée, et à laquelle nous avons crus, conscients, non inconsidérément et non sans avoir mûrement délibéré, mais après avoir examiné en présence du très-religieux Empereur les sens que je viens de rapporter, et les avoir approuvés pour les raisons que j'ai dites. Nous avons aussi consenti sans peine à l'anathème, qu'ils ont prononcé après la Formule de foi, parce qu'il défend de le servir de termes étrangers et éloignés de ceux dont l'Écriture sainte se sert ; étant certain que c'est de ces termes-là que sont venus tous les différends et les troubles de l’Église. L’Écriture inspirée par le saint Esprit ne s'étant donc jamais servie de ces termes, de ce qui n'est point, et il y a eu autrefois un temps où il n'était point, ni d'autres semblables qui sont rapportés dans le même endroit, nous n'avons pas cru qu'il fût raisonnable de les employer, ni de les enseigner. Nous nous sommes encore soumis d'autant plus volontiers en ce point au décret du Concile, que nous n'avions point accoutumé de nous servir de ces termes. Nous avons cru, mes très-chers frères, vous devoir représenter exactement toutes ces choses pour vous faire voir avec combien de prudence et de maturité nous avons ou suspendu ou donné notre consentement, et pour vous faire connaître combien nous avons eu de raisons de résister presque jusques à la fin, pendant que nous étions choqués de certains terme, qui avaient été rédigés par écrit.}}</ref>. Ses positions religieuses suivent généralement celles de l'empereur [[Constantin Ier (empereur romain)|Constantin]], qu'il approuve systématiquement sur tous les sujets religieux<ref>{{Article|prénom1=Jean-Marie|nom1=Sansterre|titre=EUSÈBE DE CÉSARÉE ET LA NAISSANCE DE LA THÉORIE « CÉSAROPAPISTE »|périodique=Byzantion|volume=42|numéro=1|date=1972|issn=0378-2506|lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/44170342|consulté le=2022-11-25|pages=131–195}}</ref>.
Il est considéré comme le « père de l'histoire ecclésiastique » et, bien qu'il ne soit pas reconnu comme un [[Pères de l'Église|Père de l'Église]], ses écrits historiques ont une importance capitale pour la connaissance des trois premiers siècles de l'histoire chrétienne.


== Biographie ==
== Biographie ==
La date précise de sa naissance n'est pas connue, mais on la place habituellement aux alentours de l'{{nobr|année 265}} de notre ère<ref>Michel-Yves Perrin, « Christianiser la culture », dans Jean-Robert Armogathe, Pascal Montaubin et Michel-Yves Perrin, ''Histoire générale du christianisme'', Paris, [[Presses universitaires de France|PUF]], coll. « Quadrige », {{vol.|{{I}}}}, {{p.|479}}.</ref>. Élève de [[Pamphile de Césarée]] {{incise|un admirateur d'[[Origène]]}}, il est ordonné évêque de [[Césarée]] vers [[310]] après plus de vingt ans d'activités dans l'école de la ville<ref>Pierre Maraval et Simon Claude Mimouni, ''Le Christianisme ancien des origines à Constantin'', Paris, [[Presses universitaires de France|PUF]], coll. « Nouvelle Clio », 2007, {{p.}}74.</ref>, il dispose pour ses recherches de la bibliothèque fondée par Origène et enrichie par Pamphile. Il compose de nombreux ouvrages durant cette période.
La date précise de sa naissance est inconnue, mais on la place aux alentours de l'{{nobr|année 265}} de notre ère<ref>Michel-Yves Perrin, « Christianiser la culture », dans Jean-Robert Armogathe, Pascal Montaubin et Michel-Yves Perrin, ''Histoire générale du christianisme'', Paris, [[Presses universitaires de France|PUF]], coll. « Quadrige », {{vol.|{{I}}}}, {{p.|479}}.</ref>. Élève de [[Pamphile de Césarée]], un admirateur [[Origène|d'Origène]], il est ordonné évêque de [[Césarée]] vers [[310]], après plus de vingt ans d'activités dans l'école de la ville<ref>Pierre Maraval et Simon Claude Mimouni, ''Le Christianisme ancien des origines à Constantin'', Paris, [[Presses universitaires de France|PUF]], coll. « Nouvelle Clio », 2007, {{p.}}74.</ref>. Il y dispose pour ses recherches de la bibliothèque fondée par Origène et enrichie par Pamphile. Il compose de nombreux ouvrages durant cette période.


Eusèbe est, avec [[Ossius de Cordoue]], un des dignitaires chrétiens les plus proches de l'empereur {{souverain2|Constantin Ier (empereur romain)}}, qu'il flatte beaucoup dans la ''Vie'' hagiographique qu'il lui consacre. Théoricien de l'[[Théologie politique|Empire chrétien]] et de la « mission divine » confiée à Constantin, il reste, en tant que théologien, un fidèle disciple d'Origène, et défend une théologie [[subordinatianisme|subordinatianiste]]<ref>[[Roland Tournaire]], ''Genèse de l'Occident chrétien'', Paris, L'Harmattan, 2001, {{p.}}214.</ref>, confirmant l'une des idées centrales d'[[Arius (prêtre)|Arius]] : l'infériorité du Fils par rapport au Père<ref name="Rubenstein 2004, p. 82">Richard E. Rubenstein, ''Le Jour où Jésus devint Dieu'', La Découverte, 2004, {{p.}}82.</ref>. Suivant l'exemple d'[[Eusèbe de Nicomédie]], il convoque un concile local à Césarée vers 321 ou 322 pour valider l'orthodoxie des vues d'Arius et soutenant la réintégration d'[[Alexandre d'Alexandrie]] dans ses fonctions<ref name="Rubenstein 2004, p. 82"/>.
Eusèbe est un des dignitaires chrétiens les plus attachés à {{souverain2|Constantin Ier (empereur romain)}}, qu'il flatte beaucoup dans la vie hagiographique qu'il lui consacre. Théoricien de l'[[Théologie politique|Empire chrétien]] et de la « mission divine » confiée à Constantin, il reste en tant que théologien un fidèle disciple d'Origène. Il défend une théologie [[subordinatianisme|subordinatianiste]]<ref>[[Roland Tournaire]], ''Genèse de l'Occident chrétien'', Paris, L'Harmattan, 2001, {{p.}}214.</ref>, soutenant l'une des idées centrales d'[[Arius (prêtre)|Arius]] : l'infériorité du Fils par rapport au Père<ref name="Rubenstein 2004, p. 82">Richard E. Rubenstein, ''Le Jour où Jésus devint Dieu'', La Découverte, 2004, {{p.}}82.</ref>. Suivant l'exemple d'[[Eusèbe de Nicomédie]], il convoque un concile local à Césarée vers 321 ou 322, pour valider l'orthodoxie des vues d'Arius et soutenir la réintégration d'[[Alexandre d'Alexandrie]] dans ses fonctions<ref name="Rubenstein 2004, p. 82"/>.


Néanmoins, meilleur homme de science que fin politique, Eusèbe tend à osciller au gré des opinions dominantes<ref name="Rubenstein 2004, p. 82"/>. Au début [[325]], au cours du concile anti-arien d'Antioche organisé par Ossius, il est l'un des trois évêques qui refusent de souscrire à la profession de foi et sont excommuniés. Ils sont néanmoins autorisés à se repentir et à réintégrer la communion<ref>Richard E. Rubenstein, ''Le Jour où Jésus devint Dieu'', La Découverte, 2004, {{p.}}88-89.</ref>. La même année, il participe au [[Premier concile de Nicée|concile de Nicée]], dont il prononce le panégyrique inaugural adressé à l'empereur Constantin, marquant la volonté de ce dernier {{incise|dont il est proche pour avoir été l'un de ses conseillers en affaires religieuses}} de réconciliations universelles<ref>Richard E. Rubenstein, ''Le Jour où Jésus devint Dieu'', La Découverte, 2004, {{p.}}99</ref>.
Néanmoins, meilleur homme de science que fin politique, Eusèbe tend à osciller au gré des opinions dominantes<ref name="Rubenstein 2004, p. 82"/>. Au début [[325]], au cours du concile anti-arien d'Antioche organisé par [[Ossius de Cordoue|Ossius]], il est l'un des trois évêques qui refusent de souscrire à la profession de foi et qui sont excommuniés. Ils sont néanmoins autorisés à se repentir et à réintégrer la communion<ref>Richard E. Rubenstein, ''Le Jour où Jésus devint Dieu'', La Découverte, 2004, {{p.}}88-89.</ref>. La même année, il participe au [[Premier concile de Nicée|concile de Nicée]], dont il prononce le panégyrique inaugural adressé à l'empereur Constantin. Il y marque la volonté de ce dernier de promouvoir une réconciliation universelle<ref>Richard E. Rubenstein, ''Le Jour où Jésus devint Dieu'', La Découverte, 2004, {{p.}}99</ref>.


Après de nombreuses tractations et une certaine pression de Constantin, Eusèbe souscrit au [[symbole de Nicée]] avec la plupart des évêques ariens, acceptant notamment la notion d’''[[consubstantialité|homoousios]]'' (Jésus et Dieu partagent la même « essence ») imposée par les anti-ariens, l'interprétant toutefois à sa manière<ref>Richard E. Rubenstein, ''Le Jour où Jésus devint Dieu'', La Découverte, 2004, {{p.}}104.</ref>. En [[327]], Eusèbe réunit un nouveau concile local qui, probablement avec le soutien de Constantin, fait excommunier l'anti-arien [[Eustathe d'Antioche]], condamné avec six autres évêques pour [[sabellianisme]], exilé par décret impérial et remplacé à la tête de l'évêché d'Antioche par l'arien [[Paulin de Tyr]]<ref>Richard E. Rubenstein, ''Le Jour où Jésus devint Dieu'', La Découverte, 2004, {{p.}}125.</ref>. Il rallie peu après les adversaires d'[[Athanase d'Alexandrie]] et participe au [[Premier concile de Tyr|concile de Tyr]] en [[335]], au cours duquel ce dernier, défenseur virulent de l'[[orthodoxie]] nicéenne, est condamné et excommunié pour ses violences, tant par des ariens que des non-ariens<ref>Richard E. Rubenstein, ''Le Jour où Jésus devint Dieu'', La Découverte, 2004, {{p.}}151.</ref>.
Après de nombreuses tractations et une certaine pression venant de Constantin, Eusèbe souscrit au [[symbole de Nicée]] avec la plupart des évêques ariens. Il accepte notamment la notion d’''[[consubstantialité|homoousios]]'' (Jésus et Dieu partagent la même « essence ») imposée par les anti-ariens, mais en l'interprétant à sa manière<ref>Richard E. Rubenstein, ''Le Jour où Jésus devint Dieu'', La Découverte, 2004, {{p.}}104.</ref>. En [[327]], Eusèbe réunit un nouveau concile local. Celui-ci, probablement avec le soutien de Constantin, fait excommunier le patriarche anti-arien [[Eustathe d'Antioche]]. Eusthate est condamné pour [[sabellianisme]] avec six autres évêques, exilé par décret impérial et remplacé à la tête de l'évêché d'Antioche par l'arien [[Paulin de Tyr]]<ref>Richard E. Rubenstein, ''Le Jour où Jésus devint Dieu'', La Découverte, 2004, {{p.}}125.</ref>. Eusèbe rallie peu après les adversaires d'[[Athanase d'Alexandrie]]. Il participe au [[Premier concile de Tyr|concile de Tyr]] en [[335]], au cours duquel l'évêque Athanase, défenseur virulent de l'[[orthodoxie]] nicéenne, est condamné et excommunié pour ses violences, tant par des ariens que des non-ariens<ref>Richard E. Rubenstein, ''Le Jour où Jésus devint Dieu'', La Découverte, 2004, {{p.}}151.</ref>.


Eusèbe meurt en 339, probablement le {{date-|30 mai 339-}}<ref>Cfr. {{en}} Timothy D. Barnes, ''Constantine and Eusebius'', Harvard University Press, 1981, {{p.}}263-279.</ref>.
Eusèbe meurt en 339, probablement le {{date-|30 mai 339-}}<ref>Cfr. {{en}} Timothy D. Barnes, ''Constantine and Eusebius'', Harvard University Press, 1981, {{p.}}263-279.</ref>.
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== L'œuvre ==
== L'œuvre ==
=== L'historien ===
=== L'historien ===
Eusèbe est le créateur du genre de l’''[[Histoire ecclésiastique]]'' ({{grec ancien|Ἐκκλησιαστικὴ ἱστορία}}: « Histoire de l'Église »). Son ouvrage raconte en dix livres l'histoire de l'Église chrétienne des origines jusqu'à la victoire de [[Constantin Ier (empereur romain)|Constantin]] sur [[Licinius]] en [[323]]. C'est notre principale source textuelle sur l'histoire de l'Église pré-constantinienne. Il travaille sur une abondante documentation et inclut dans son ouvrage des extraits des documents qu'il a utilisés par exemple des lettres de Constantin. Son récit est le plus souvent rationnel et précis. Néanmoins, ce n'est pas un historien objectif : comme il l'indique lui-même, il fait œuvre d'apologiste et de propagande<ref>{{Lien web |auteur=Hervé Huntzinger |titre=Eusèbe de Césarée {{!}} Antiquitas |url=https://antiquitas.hypotheses.org/tag/eusebe-de-cesaree |site=Antiquitas |date=14/11/2014 |consulté le=2021-12-10}}</ref> pour le christianisme et il omet sciemment certaines informations :
Eusèbe est le créateur du genre de l’''[[Histoire ecclésiastique]]'' ({{grec ancien|Ἐκκλησιαστική ἱστορία|ekklêsiastikế historía}}, « Histoire de l'Église »). Son ouvrage éponyme raconte en dix livres l'histoire de l'Église chrétienne, des origines à la victoire de [[Constantin Ier (empereur romain)|Constantin]] sur [[Licinius]] en [[323]]. Ce texte est notre principale source documentaire sur l'histoire de l'Église pré-constantinienne. Il travaille à partir d'une abondante documentation et inclut dans son ouvrage des extraits des documents qu'il a utilisés, par exemple des lettres de Constantin. Son récit est rationnel et précis. Néanmoins, ce n'est pas un historien objectif : comme il le dit lui-même, il fait œuvre d'apologiste et de propagandiste<ref>{{Lien web |auteur=Hervé Huntzinger |titre=Eusèbe de Césarée|url=https://antiquitas.hypotheses.org/tag/eusebe-de-cesaree |site=antiquitas.hypotheses.org|date=14/11/2014 |consulté le=2021-12-10}}</ref> pour le christianisme, et il omet sciemment certaines informations :
{{Citation bloc|Mais nous mentionnerons généralement dans cette histoire uniquement les événements qui peuvent être utiles d'abord à nous-mêmes, ensuite à la postérité.|Eusèbe de Césarée|Histoire ecclésiastique, VIII, 2, 3}}
{{Citation bloc|Mais nous mentionnerons généralement dans cette histoire uniquement les événements qui peuvent être utiles d'abord à nous-mêmes, ensuite à la postérité.|Eusèbe de Césarée|Histoire ecclésiastique, VIII, 2, 3}}


Il rapporte également à ce titre la liste traditionnelle des douze premiers évêques de Rome<ref>Le titre de « [[pape]] » apparaît au cours du {{s-|III}}, et n'est pas attesté pour l'évêque de Rome avant le début du {{s-|IV}}. Voir {{ouvrage|auteur=Philippe Levillain|titre=Dictionnaire historique de la papauté|éditeur=Fayard|année=2003|chap=« Pape »}}. Sur l'historicité douteuse des premiers papes, voir {{ouvrage|langue=en|auteur=P. McBrien|titre=Lives of the Popes|sous-titre=The Pontiffs from St. Peter to John Paul II|lieu=San Francisco|éditeur=Harper|année=1997|pages=528|isbn=0060653035}}.</ref> que l'on trouve précédemment dans l’''[[Contre les hérésies|Adversus hæreses]]'' d'[[Irénée de Lyon]] dès la fin du {{s-|II}}.
Il rapporte également à ce titre la liste traditionnelle des douze premiers évêques de Rome<ref>Le titre de « [[pape]] » apparaît au cours du {{s-|III}}, et n'est pas attesté pour l'évêque de Rome avant le début du {{s-|IV}}. Voir {{Ouvrage|auteur1=Philippe Levillain|titre=Dictionnaire historique de la papauté|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=2003|isbn=|titre chapitre=« Pape »}}. Sur l'historicité douteuse des premiers papes, voir {{Ouvrage|langue=en|auteur1=P. McBrien|titre=Lives of the Popes|sous-titre=The Pontiffs from St. Peter to John Paul II|lieu=San Francisco|éditeur=Harper|année=1997|pages totales=528|isbn=0060653035}}.</ref>, que l'on trouve précédemment dans l’''[[Contre les hérésies|Adversus hæreses]]'' d'[[Irénée de Lyon]] dès la fin du {{s-|II}}.


Eusèbe a aussi composé une [[chronique universelle]] intitulée [[Chronique (Eusèbe de Césarée)|''Histoire générale'']] ({{grec ancien|Παντοδαπὴ ἱστορία}}), constituée de deux parties : d'une part une ''Chronographie'' à proprement parler ({{grec ancien|Χρονογραφία}}), qui est conservée dans une traduction arménienne et dans deux abrégés syriaques, et qui a nourri les chroniques byzantines postérieures ; d'autre part un ''Canon chronologique'' ({{grec ancien|Κανὼν χρονικός}}), qui est une simple liste d'événements datés de la naissance d'[[Abraham]] jusqu'en [[303]] – l'original grec en est perdu ; il en reste une traduction [[arménien]]ne et la traduction latine de [[Jérôme de Stridon|saint Jérôme]], qui l'a continué jusqu'en [[379]]).
Eusèbe compose aussi une [[chronique universelle]], intitulée [[Chronique (Eusèbe de Césarée)|''Histoire générale'']] ({{grec ancien|Παντοδαπή ἱστορία|pantodapế istoría}}) et constituée de deux parties : d'une part une ''Chronographie'' proprement dite ({{grec ancien|Χρονογραφία|chronographía}}), qui est conservée dans une traduction arménienne et dans deux abrégés syriaques, et qui a nourri les chroniques byzantines postérieures ; d'autre part un ''Canon chronologique'' ({{grec ancien|Κανών χρονικός|kanốn khronikós}}), qui est une simple liste d'événements datés depuis la naissance d'[[Abraham]] jusqu'en l'an [[303]]. L'original grec est perdu, mais il en reste une traduction [[arménien]]ne et une traduction latine de [[Jérôme de Stridon|saint Jérôme]], qui a poursuivi l'oeuvre jusqu'en [[379]].


On a aussi, sous le nom d'Eusèbe, une ''Vie de Constantin'', dont on a pu douter qu'il fût l'auteur, très élogieuse, et deux ''Éloges de Constantin''. Ces textes sont une source très importante sur le règne de cet empereur.
On possède aussi, sous le nom d'Eusèbe, une ''Vie de Constantin'', très élogieuse et dont on a douté qu'il fût l'auteur, et deux ''Éloges de Constantin''. Ces textes sont des sources très précieuses sur le règne de cet empereur.


Plusieurs auteurs chrétiens du {{s-|IV}} et des siècles suivants ont traduit en latin et prolongé son œuvre : [[Rufin d'Aquilée]] pour l’''Histoire ecclésiastique'', qu'il a prolongée jusqu'en [[395]], [[Jérôme de Stridon|saint Jérôme]] pour le ''Canon chronologique'', prolongé jusqu'en [[379]]. Plusieurs écrivains grecs chrétiens ont rédigé des suites à l'''Histoire ecclésiastique'' : [[Philostorge]], [[Socrate le Scolastique]], [[Sozomène]], [[Théodoret de Cyr|Théodoret]], [[Évagre le Scholastique]].
Plusieurs auteurs chrétiens du {{s-|IV}} et des siècles suivants ont traduit son œuvre en latin et l'ont prolongée : [[Rufin d'Aquilée]] pour l’''Histoire ecclésiastique'', qu'il a prolongée jusqu'en [[395]], [[Jérôme de Stridon|saint Jérôme]] pour le ''Canon chronologique'', prolongé jusqu'en [[379]]. Plusieurs écrivains grecs chrétiens ont rédigé des suites à l'''Histoire ecclésiastique'' : [[Philostorge]], [[Socrate le Scolastique]], [[Sozomène]], [[Théodoret de Cyr|Théodoret]], [[Évagre le Scholastique]].


=== L'hagiographe ===
=== L'hagiographe ===
Dans les ''Martyrs de Palestine'', Eusèbe raconte plusieurs martyres du temps de [[Dioclétien]], au début du {{s-|IV}}<ref>B. Altaner, [http://readerv3.numilog.com/numilogreaderv3.aspx?id=9782706706004&cr=eusebe%20de%20cesarée ''Précis de patrologie''], Salvator, {{p.}}187.</ref>. Il a en outre rapporté le récit des [[martyrs de Lyon]], dans son ''Histoire ecclésiastique''<ref>Eusèbe de Césarée, [http://www.sources-chretiennes.mom.fr/index.php?pageid=martyrs_lyon « Lettre des chrétiens de Vienne et de Lyon à leurs frères d’Asie et de Phrygie »], extrait de ''Histoire ecclésiastique'', {{chap.|{{V}}}}, « Prologue » 1-4, {{chap.|1-4}}, sur le site Sources chrétiennes.</ref>.
Dans les ''Martyrs de Palestine'', Eusèbe relate plusieurs martyres du temps de [[Dioclétien]], au début du {{s-|IV}}<ref>B. Altaner, [http://readerv3.numilog.com/numilogreaderv3.aspx?id=9782706706004&cr=eusebe%20de%20cesarée ''Précis de patrologie''], Salvator, {{p.}}187.</ref>. Il rapporte en outre le récit des [[martyrs de Lyon]] dans son ''Histoire ecclésiastique''<ref>Eusèbe de Césarée, [http://www.sources-chretiennes.mom.fr/index.php?pageid=martyrs_lyon « Lettre des chrétiens de Vienne et de Lyon à leurs frères d’Asie et de Phrygie »], extrait de ''Histoire ecclésiastique'', {{chap.|{{V}}}}, « Prologue » 1-4, {{chap.|1-4}}, sur le site Sources chrétiennes.</ref>.


Eusèbe rapporte la ''Lettre des chrétiens de Vienne et de Lyon''. Certains de ces chrétiens, comme Sanctus et [[Blandine de Lyon|Blandine]], moururent [[Martyrs de Lyon|martyrs]] en [[177]]<ref>''Histoire ecclésiastique {{V}}, I, 20-23'', trad. A. -G. Hamman, Les premiers martyrs de l'Église, Les Pères dans la foi 12, DDB, 1979, {{p.|49-50}}</ref>.
Eusèbe rapporte la ''Lettre des chrétiens de Vienne et de Lyon''. Certains d'entre eux, comme Sanctus et [[Blandine de Lyon|Blandine]], moururent [[Martyrs de Lyon|martyrs]] en [[177]]<ref>''Histoire ecclésiastique {{V}}, I, 20-23'', trad. A. -G. Hamman, Les premiers martyrs de l'Église, Les Pères dans la foi 12, DDB, 1979, {{p.|49-50}}</ref>.


* « Sanctus supportait avec une vigueur surhumaine tous les supplices que les bourreaux pouvaient imaginer. Les impies ne désespéraient pas de lui arracher par la longueur et l'horreur des tourments une parole coupable, mais il leur opposa une énergie indomptable. On ne put lui faire dire ni son nom, ni sa nation et sa ville d'origine, ni s'il était esclave ou libre. À toutes les questions, il répondait en latin : « Christianus sum : Je suis chrétien ». C'était là son nom, sa cité, sa race, son tout ; les [[païen]]s ne purent lui arracher d'autre réponse.
* « Sanctus supportait avec une vigueur surhumaine tous les supplices que les bourreaux pouvaient imaginer. Les impies ne désespéraient pas de lui arracher par la longueur et l'horreur des tourments une parole coupable, mais il leur opposa une énergie indomptable. On ne put lui faire dire ni son nom, ni sa nation et sa ville d'origine, ni s'il était esclave ou libre. À toutes les questions, il répondait en latin : « ''Christianus sum'' : Je suis chrétien ». C'était là son nom, sa cité, sa race, son tout ; les [[païen]]s ne purent lui arracher d'autre réponse.
* Cela suffit pour échauffer gouverneur et bourreaux contre lui. À bout de tortures, on finit par lui appliquer des lamelles [[Airain|d'airain]] chauffées à blanc sur les parties les plus sensibles du corps. Tandis que ses membres brûlaient, Sanctus tenait bon, sans fléchir ni plier, il persévérait à [[Baptême|confesser sa foi]], baigné par la source céleste d'eau vive qui jaillit du sein de [[Jésus-Christ|Jésus]] ([[Évangile selon Jean|Jn 7, 38]]).
* Cela suffit pour échauffer gouverneur et bourreaux contre lui. À bout de tortures, on finit par lui appliquer des lamelles [[Airain|d'airain]] chauffées à blanc sur les parties les plus sensibles du corps. Tandis que ses membres brûlaient, Sanctus tenait bon, sans fléchir ni plier, il persévérait à [[Baptême|confesser sa foi]], baigné par la source céleste d'eau vive qui jaillit du sein de [[Jésus-Christ|Jésus]] ([[Évangile selon Jean|Jn 7, 38]]).
* Le corps du martyr témoignait des tortures endurées ; il n'était plus que plaie et meurtrissure ; il était tout disloqué et n'avait plus forme humaine. Le [[Jésus-Christ|Christ]] souffrait en lui et le glorifiait grandement, en mettant le [[diable]] en échec ; il manifestait, pour l'exemple des autres, qu'il n'est plus de crainte où règne l'amour du [[Dieu le Père|Père]], qu'il n'est plus de souffrance où rayonne la gloire du [[Jésus de Nazareth|Christ]]. »
* Le corps du martyr témoignait des tortures endurées ; il n'était plus que plaie et meurtrissure ; il était tout disloqué et n'avait plus forme humaine. Le [[Jésus-Christ|Christ]] souffrait en lui et le glorifiait grandement, en mettant le [[diable]] en échec ; il manifestait, pour l'exemple des autres, qu'il n'est plus de crainte où règne l'amour du [[Dieu le Père|Père]], qu'il n'est plus de souffrance où rayonne la gloire du [[Jésus de Nazareth|Christ]]. »
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{{article détaillé|Harmonie des Évangiles|Canon eusébien|Antilegomena}}
{{article détaillé|Harmonie des Évangiles|Canon eusébien|Antilegomena}}


D'Eusèbe, on connaît aussi plusieurs ouvrages consacrés à l'[[exégèse]] biblique, dont il ne subsiste aujourd'hui que des fragments ou des versions abrégées : ''Harmonie des quatre évangiles'', ''Questions et réponses au sujet des évangiles'', ''Topographie de l'Écriture sainte'', ''Traité sur la fête de Pâques''.
On connaît aussi des ouvrages d'Eusèbe consacrés à l'[[exégèse]] biblique, dont il ne subsiste aujourd'hui que des fragments ou des versions abrégées : ''Harmonie des quatre évangiles'', ''Questions et réponses au sujet des évangiles'', ''Topographie de l'Écriture sainte'' et ''Traité sur la fête de Pâques''.


À Stephanos, qui lui posait des questions sur les [[Évangiles]], Eusèbe répond ainsi au sujet de [[Livre de Ruth|Ruth]].
À Stephanos, qui lui posait des questions sur les [[évangiles]], Eusèbe répond ainsi au sujet du personnage biblique de [[Livre de Ruth|Ruth]] :
{{citation bloc|Ruth est d'une autre race, et d'une de celles interdites par [[Moïse]] [[Deutéronome|(Dt 23, 4)]], des [[Moabites]]. Mais, étant devenue elle aussi aimée de Dieu et supérieure à la loi, elle entra dans l'assemblée du Seigneur. Elle prit le titre du lignage des [[Juifs|Israélites]] et fut rendue digne d'être reçue parmi les ancêtres de notre Sauveur, non pas à cause de la noblesse du corps, mais de celle de sa conduite ; pour nous tous, les gens d'autres races issus des nations, elle a constitué un grand modèle, car, en faisant les mêmes choses qu'elle, nous obtiendrons de Dieu les mêmes choses.


C'est donc avec raison que Matthieu l'a placée dans la généalogie du Christ [[Évangile selon Matthieu|(Mt 1, 5)]], puisqu'il allait annoncer la vocation et l'adoption des peuples d'autres races, en nous enseignant exactement par elle - nous les gens d'autres races venant des nations - que, si nous avons laissé les coutumes des pères, à bon droit aussi ce qui s'ensuit s'accomplira pour nous. En effet, nous ne serons plus comptés parmi ceux d'une autre race, ni ne serons appelés des gens d'autre race, mais du véritable Israël et du peuple de l'héritage de Dieu<ref>''Questions évangéliques {{IX}}, 1-2'', trad. C. Zamagni, Sources Chrétiennes 523, Cerf, Paris, 2008, {{p.|151-153}}</ref>.}}
« Ruth est d'une autre race, et d'une de celles interdites par [[Moïse]] [[Deutéronome|(Dt 23, 4)]], des [[Moabites]]. Mais, étant devenue, elle aussi, aimée de Dieu et supérieure à la loi, elle entra dans l'assemblée du Seigneur, elle prit le titre du lignage des [[Juifs|Israélites]] et fut rendue digne d'être reçue parmi les ancêtres de notre Sauveur, non pas à cause de la noblesse du corps, mais de celle de sa conduite ; pour nous tous, les gens d'autres races issus des nations, elle a constitué un grand modèle, car, en faisant les mêmes choses qu'elle, nous obtiendrons de Dieu les mêmes choses qu'elle.


Avant le [[concile de Laodicée]] qui se tient en [[363]], et où l’Église catholique {{citation|transfère la solennité du [[samedi]] au [[dimanche]]}}<ref>{{En}}Peter Gerermann, ''The Convert’s Catechism of Catholic Doctrine'', {{2e}}{{éd.}}, {{p.|50}}, 1910</ref>, Eusèbe de Césarée précise<ref>Eusèbe, ''In Psalmis'' 91</ref> que « tout ce qui a été prescrit pour le [[shabbat]], nous l’avons transposé au dimanche »<ref name=":0">{{Article|prénom1=Enzo |nom1=Bianchi |traducteur=Matthias Wirz |titre=Qu'est-ce que le dimanche ? |périodique=Recherches de Science Religieuse |volume=93 |numéro=1 |date=2005 |issn=0034-1258 |issn2=2104-3884 |doi=10.3917/rsr.051.0027 |lire en ligne=https://doi.org/10.3917/rsr.051.0027 |consulté le=2020-08-15 |pages=27 }}</ref>.
C'est donc avec raison que Matthieu l'a placée dans la généalogie du Christ [[Évangile selon Matthieu|(Mt 1, 5)]], puisqu'il allait annoncer la vocation et l'adoption des peuples d'autres races, en nous enseignant exactement par elle - nous les gens d'autres races venant des nations - que, si nous avons laissé les coutumes des pères, à bon droit aussi ce qui s'ensuit s'accomplira pour nous. En effet, nous ne serons plus comptés parmi ceux d'une autre race, ni ne serons appelés des gens d'autre race, mais du véritable Israël et du peuple de l'héritage de Dieu<ref>''Questions évangéliques {{IX}}, 1-2'', trad. C. Zamagni, Sources Chrétiennes 523, Cerf, Paris, 2008, {{p.|151-153}}</ref>. »

Avant le [[concile de Laodicée]] tenu en [[363]], où l’Église catholique « transfère la solennité du [[samedi]] au [[dimanche]] »<ref>{{En}}Peter Gerermann, ''The Convert’s Catechism of Catholic Doctrine'', {{2e}}{{éd.}}, {{p.|50}}, 1910</ref>, Eusèbe de Césarée avait précisé<ref>Eusèbe, ''In Psalmis'' 91</ref> que « Tout ce qui a été prescrit pour le [[shabbat]], nous l’avons transposé au dimanche »<ref name=":0">{{Article |auteur1= |prénom1=Enzo |nom1=Bianchi |traducteur=Matthias Wirz |titre=Qu'est-ce que le dimanche ? |périodique=Recherches de Science Religieuse |volume=93 |numéro=1 |date=2005 |issn=0034-1258 |issn2=2104-3884 |doi=10.3917/rsr.051.0027 |lire en ligne=https://doi.org/10.3917/rsr.051.0027 |consulté le=2020-08-15 |pages=27 }}</ref>.


=== L'apologiste ===
=== L'apologiste ===
Dans ''La préparation évangélique'' (''{{grec ancien|Εὐαγγελικῆς Ἀποδείξεως Προπαρασκευή}}''), un ouvrage en quinze livres dont la totalité a été conservée, Eusèbe vise à prouver la supériorité du christianisme sur le [[paganisme]] d'un point de vue philosophique. L'auteur y passe en revue les théologies phénicienne, égyptienne, hellénique, les oracles, la philosophie, prenant les païens du passé à témoin de la supériorité du christianisme. L'œuvre est surtout un recueil d'extraits d'auteurs des siècles précédents notamment [[Philon de Byblos]] sur la mythologie phénicienne, le {{nobr rom|livre VI}} de la ''[[Bibliothèque historique]]'' de [[Diodore de Sicile]], qui cite lui-même [[Évhémère]], [[Alexandre Polyhistor]], [[Sextus Julius Africanus|Julius Africanus]], les philosophes [[Atticus le Platonicien|Atticus]] et [[Porphyre de Tyr|Porphyre]], des textes qui sont souvent préservés seulement par Eusèbe.
Dans ''La préparation évangélique'' (''{{grec ancien|Εὐαγγελικῆς Ἀποδείξεως Προπαρασκευή|euangelikễ apodeíxeôs proparaskeuế}}''), un ouvrage en quinze livres dont la totalité a été conservée, Eusèbe vise à prouver la supériorité du christianisme sur le [[paganisme]] d'un point de vue philosophique. L'auteur y passe en revue les théologies phénicienne, égyptienne, hellénistique, ainsi que les oracles et la philosophie, prenant les païens du passé à témoin de la supériorité du christianisme. L'œuvre est surtout un recueil d'extraits d'auteurs des siècles précédents, notamment [[Philon de Byblos]] sur la mythologie phénicienne, le {{nobr romains|livre VI}} de la ''[[Bibliothèque historique]]'' de [[Diodore de Sicile]], qui cite lui-même [[Évhémère]], [[Alexandre Polyhistor]], [[Sextus Julius Africanus|Julius Africanus]], les philosophes [[Atticus le Platonicien|Atticus]] et [[Porphyre de Tyr|Porphyre]], des textes transmis seulement par Eusèbe.


La ''Démonstration évangélique'' (''{{grec ancien|Εὐαγγελικὴ Ἀπόδειξις}}'') constitue la suite de la même entreprise : ouvrage en vingt livres, dont seuls les dix premiers et un fragment du {{nobr rom|livre XV}} sont conservés, il a pour objet de montrer l'accord entre les prophéties de l'[[Ancien Testament]] et les récits [[évangiles|évangéliques]].
La ''Démonstration évangélique'' (''{{grec ancien|Εὐαγγελική Ἀπόδειξις|euangelikễ apódeixis}}'') constitue la suite de la même entreprise. Cet ouvrage en vingt livres, dont seuls les dix premiers et un fragment du {{nobr romains|livre XV}} sont conservés, vise à montrer l'accord entre les prophéties de l'[[Ancien Testament]] et les récits des [[évangiles]].


Dans le traité ''Contre Hiéroclès'', il répond au pamphlet anti-chrétien ''l'Ami de la vérité (Philalétès)'' et réfute le parallèle entre [[Apollonius de Tyane]] et Jésus.
Dans le traité ''Contre Hiéroclès'', il répond au pamphlet anti-chrétien ''L'ami de la vérité (Philalétès)'' et réfute le parallèle entre [[Apollonius de Tyane]] et Jésus.


=== Le théologien ===
=== Le théologien ===
Dans ses traités ''Contre Marcel'' et ''Sur la Théologie ecclésiastique'', Eusèbe réfute les accusations portées par [[Marcel d'Ancyre]] contre les chefs du parti arien, en l'accusant de [[sabellianisme]].

Dans les traités ''Contre Marcel'' et ''Sur la Théologie ecclésiastique'', Eusèbe réfute les accusations portées par [[Marcel d'Ancyre]] contre les chefs du parti arien en l'accusant de [[sabellianisme]].


== Œuvres ==
== Œuvres ==
* ''La préparation évangélique'' ({{nobr|15 livres}})
* ''La préparation évangélique'' ({{nobr|15 livres}})
* ''La démonstration évangélique'' ({{nobr|20 livres}} dont il reste 1-10 et fragment l{{nobr|livre 15}})
* ''La démonstration évangélique'' ({{nobr|20 livres}} dont il reste 1-10 et fragment {{nobr|livre 15}})
* ''Introduction générale élémentaire'' ({{nobr|10 livres}} dont nous sont parvenus 6-9)
* ''Introduction générale élémentaire'' ({{nobr|10 livres}} dont nous sont parvenus 6-9)
* ''Contre le néo-platonicien Porphyre'' ({{nobr|25 livres}}, perdus)
* ''Contre le néo-platonicien Porphyre'' ({{nobr|25 livres}}, perdus)
* ''Sur la théophanie'' ({{grec ancien|Θεοφάνεια}}, {{Langue|grc-Latn|Theopháneia}} la version intégrale n'est conservée qu'en syriaque ; les chaînes grecques conservent des fragments)
* ''Sur la théophanie'' ({{grec ancien|Θεοφάνεια|theopháneia}}, {{Langue|grc-Latn|Theopháneia}} la version intégrale n'est conservée qu'en syriaque ; les chaînes grecques conservent des fragments)
* ''Contre Hiéroclès'' (réponse au ''Discours ami de la vérité'' de [[Sossianos Hiéroclès]])
* ''Contre Hiéroclès'' (réponse au ''Discours ami de la vérité'' de [[Sossianos Hiéroclès]])
* ''La théologie politique de l'empire chrétien''
* ''La théologie politique de l'empire chrétien''
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== Écrits ==
== Écrits ==
{{voir aussi|Chronique (Eusèbe de Césarée)}}
{{article connexe|Chronique (Eusèbe de Césarée)}}
Eusèbe est l'auteur de nombreuses œuvres historiques, [[apologétique]]s, bibliques et [[Exégèse|exégétiques]]<ref>[https://www.cairn.info/revue-l-information-litteraire-2005-3-page-3.htm# Écrire l'Histoire selon Eusèbe de Césarée]. Sébastien Morlet. Dans L'information littéraire 2005/3 ({{vol.|57}}), {{p.|3-15}}. [[Cairn.info]].</ref>.
Eusèbe est l'auteur de nombreuses œuvres historiques, [[apologétique]]s, bibliques et [[Exégèse|exégétiques]]<ref>[https://www.cairn.info/revue-l-information-litteraire-2005-3-page-3.htm# Écrire l'Histoire selon Eusèbe de Césarée]. Sébastien Morlet. Dans L'information littéraire 2005/3 ({{vol.|57}}), {{p.|3-15}}. [[Cairn.info]].</ref>.
[[Fichier:Vitrail de-Ste-Blandine par Bégule.jpg|vignette|Vitrail de [[Blandine de Lyon|Sainte-Blandine]] par [[Lucien Bégule]], [[église Saint-Pothin de Lyon]].]]
[[Fichier:Vitrail de-Ste-Blandine par Bégule.jpg|vignette|Vitrail de [[Blandine de Lyon|Sainte-Blandine]] par [[Lucien Bégule]], [[église Saint-Pothin de Lyon]].]]
En [[177]], les chrétiens de [[Vienne (Isère)|Vienne]] et de [[Lyon]] racontent le [[Martyrs de Lyon|martyre des leurs]], dans une lettre rapportée par l’historien Eusèbe de Césarée<ref>[https://journals.openedition.org/rsr/2742#:~:text=1La%20Lettre%20des%20martyrs,pers%C3%A9cution%20sous%20l'empereur%20philosophe. ''Vettius Epagathus'', « le paraclet des chrétiens » dans la Lettre des martyrs de Lyon et Vienne (Eusèbe, H. E., V, 1. 3-2. 8)].</ref>.
En [[177]], les chrétiens de [[Vienne (Isère)|Vienne]] et de [[Lyon]] racontent le [[Martyrs de Lyon|martyre des leurs]] dans une lettre rapportée par Eusèbe<ref>[https://journals.openedition.org/rsr/2742#:~:text=1La%20Lettre%20des%20martyrs,pers%C3%A9cution%20sous%20l'empereur%20philosophe. ''Vettius Epagathus'', « le paraclet des chrétiens » dans la Lettre des martyrs de Lyon et Vienne (Eusèbe, H. E., V, 1. 3-2. 8)].</ref>.



''Témoigner en actes et en paroles''
''Témoigner en actes et en paroles''
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Nous tremblions pour elle ; la maîtresse chez qui elle avait servi, et qui combattait aux côtés des [[martyr]]s, redoutait, elle aussi, que sa chétive esclave ne pût aller jusqu'au bout de son témoignage. Mais Blandine déploya un tel courage qu'elle épuisa plutôt les bourreaux qui, du matin au soir, se succédaient pour la torturer de toutes les manières. Enfin, à court de supplices, ils se déclarèrent battus. Ils s'étonnaient qu'il restât encore un souffle de vie à ce corps qu'ils avaient lardé de coups et qui n'était plus qu'une plaie. Ils affirmaient qu'un seul de leurs sévices suffisait à donner la mort. Des tortures si variées et si cruelles avaient portant échoué. La bienheureuse, comme un vaillant athlète, retrouvait l'élan de la jeunesse en confessant la foi. C'était pour elle un réconfort, un repos, un remède à ses douleurs que de répéter : « Je suis chrétienne et chez nous il ne se fait rien de mal ».|Eusèbe de Césarée. ''Histoire ecclésiastique'' V, I, 16-19, trad. [[France Quéré]], Le livre des martyrs chrétiens, Paris, Centurion, 1988, p. 53.}}
Nous tremblions pour elle ; la maîtresse chez qui elle avait servi, et qui combattait aux côtés des [[martyr]]s, redoutait, elle aussi, que sa chétive esclave ne pût aller jusqu'au bout de son témoignage. Mais Blandine déploya un tel courage qu'elle épuisa plutôt les bourreaux qui, du matin au soir, se succédaient pour la torturer de toutes les manières. Enfin, à court de supplices, ils se déclarèrent battus. Ils s'étonnaient qu'il restât encore un souffle de vie à ce corps qu'ils avaient lardé de coups et qui n'était plus qu'une plaie. Ils affirmaient qu'un seul de leurs sévices suffisait à donner la mort. Des tortures si variées et si cruelles avaient portant échoué. La bienheureuse, comme un vaillant athlète, retrouvait l'élan de la jeunesse en confessant la foi. C'était pour elle un réconfort, un repos, un remède à ses douleurs que de répéter : « Je suis chrétienne et chez nous il ne se fait rien de mal ».|Eusèbe de Césarée. ''Histoire ecclésiastique'' V, I, 16-19, trad. [[France Quéré]], Le livre des martyrs chrétiens, Paris, Centurion, 1988, p. 53.}}


== Références ==
== Notes et références ==
{{Références}}
{{Références}}


== Bibliographie ==
== Bibliographie ==

=== Éditions scientifiques ===
=== Éditions scientifiques ===
''[[Clavis Patrum Græcorum]]'' 3465-3507.
''[[Clavis Patrum Græcorum]]'' 3465-3507.
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* ''Contre Hiéroclès'' (311), Paris, Cerf, {{coll.}} « Sources chrétiennes », 1987, {{nb p.|244}}
* ''Contre Hiéroclès'' (311), Paris, Cerf, {{coll.}} « Sources chrétiennes », 1987, {{nb p.|244}}
* ''[[Histoire ecclésiastique]]'' (324), Paris, Cerf, {{coll.}} « Sources chrétiennes » :
* ''[[Histoire ecclésiastique]]'' (324), Paris, Cerf, {{coll.}} « Sources chrétiennes » :
**''{{nobr rom|Livres I}}-{{IV}} : {{t.|1}}'', 1986, {{nb p.|440}}
**''{{nobr romains|Livres I}}-{{IV}} : {{t.|1}}'', 1986, {{nb p.|440}}
** ''{{nobr rom|Livres V}}-{{VII}} : {{t.|2}}'', {{4e}}{{éd.}}, 1994, {{nb p.|480}}
** ''{{nobr romains|Livres V}}-{{VII}} : {{t.|2}}'', {{4e}}{{éd.}}, 1994, {{nb p.|480}}
** ''{{nobr rom|Livres VIII}}-{{X}} : {{t.|3}}'', {{4e}}{{éd.}}, 1993, {{nb p.|372}}
** ''{{nobr romains|Livres VIII}}-{{X}} : {{t.|3}}'', {{4e}}{{éd.}}, 1993, {{nb p.|372}}
* ''Préparation évangélique'' (vers 314-322), Paris, Cerf, {{coll.}} « Sources chrétiennes », 1974-1987.
* ''Préparation évangélique'' (vers 314-322), Paris, Cerf, {{coll.}} « Sources chrétiennes », 1974-1987.
* ''Les Martyrs en Palestine'' (312), Paris, Cerf, {{coll.}} « Sources chrétiennes », 1958.
* ''Les Martyrs en Palestine'' (312), Paris, Cerf, {{coll.}} « Sources chrétiennes », 1958.
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* Jean Sirinelli, ''Les Vues historiques d’Eusèbe de Césarée durant la période prénicéenne'' Dakar, (thèse), 1961.
* Jean Sirinelli, ''Les Vues historiques d’Eusèbe de Césarée durant la période prénicéenne'' Dakar, (thèse), 1961.
* T. D. Barnes, ''Constantine and Eusebius'', Cambridge (Mass.), 1981.
* T. D. Barnes, ''Constantine and Eusebius'', Cambridge (Mass.), 1981.
* {{Ouvrage|auteur1=Eusèbe de Césarée|traducteur=Pierre Maraval|titre=Eusèbe de Césarée, la théologie politique de l'Empire chrétien. Louanges de Constantin|lieu=Paris|éditeur=Les éditions du Cerf|année=2001|isbn=978-2-204-06617-4}}
* {{Ouvrage|auteur1=Eusèbe de Césarée|traducteur=Pierre Maraval|titre=Eusèbe de Césarée, la théologie politique de l'Empire chrétien. Louanges de Constantin|lieu=Paris|éditeur=Les éditions du Cerf|année=2001|pages totales=216|isbn=978-2-204-06617-4}}


=== Œuvres d'Eusèbe de Césarée en ligne ===
=== Œuvres d'Eusèbe de Césarée en ligne ===
* ''Préparation évangélique'', traduction française du {{s-|XIX}}, ''[https://books.google.fr/books?id=pY9IAAAAMAAJ&printsec=frontcover&dq=editions:0lUD-RORlrPh3ejWNP {{nobr|Volume 1}}]'' et ''[https://books.google.fr/books?id=o49IAAAAMAAJ&printsec=frontcover&dq=editions:0lUD-RORlrPh3ejWNP {{nobr|Volume 2}}]''.
* ''Préparation évangélique'', traduction française du {{s-|XIX}}, ''[https://books.google.fr/books?id=pY9IAAAAMAAJ&printsec=frontcover&dq=editions:0lUD-RORlrPh3ejWNP {{nobr|Volume 1}}]'' et ''[https://books.google.fr/books?id=o49IAAAAMAAJ&printsec=frontcover&dq=editions:0lUD-RORlrPh3ejWNP {{nobr|Volume 2}}]''.
* Eusèbe de Césarée, ''[[Histoire ecclésiastique]]'', texte grec et traduction par Émile Grapin, [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k112078d {{nobr rom|tome I}} (1905)], [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5453903m {{nobr rom|tome II}} (1911)] et [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5453866s {{nobr rom|tome III}} (1913)], [[Gallica]] {{pdf}}
* Eusèbe de Césarée, ''[[Histoire ecclésiastique]]'', texte grec et traduction par Émile Grapin, [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k112078d {{nobr romains|tome I}} (1905)], [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5453903m {{nobr romains|tome II}} (1911)] et [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5453866s {{nobr romains|tome III}} (1913)], [[Gallica]] {{pdf}}
* Eusèbe de Césarée, ''[http://remacle.org/bloodwolf/historiens/eusebe/index.htm#HIS Histoire ecclésiastique]'' (trad. Émile Grapin), 1905 (+ texte grec).
* Eusèbe de Césarée, ''[http://remacle.org/bloodwolf/historiens/eusebe/index.htm#HIS Histoire ecclésiastique]'' (trad. Émile Grapin), 1905 (+ texte grec).
* Eusèbe de Césarée, ''[http://remacle.org/bloodwolf/historiens/eusebe/index.htm Démonstration évangélique]'' (trad. [[Jacques-Paul Migne]]), 1843 (+ texte grec).
* Eusèbe de Césarée, ''[http://remacle.org/bloodwolf/historiens/eusebe/index.htm Démonstration évangélique]'' (trad. [[Jacques-Paul Migne]]), 1843 (+ texte grec).
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* {{en}} [http://www.tertullian.org/rpearse/eusebius/ Eusebius of Caesarea], dans la collection [http://www.tertullian.org/ The Tertullian Project].
* {{en}} [http://www.tertullian.org/rpearse/eusebius/ Eusebius of Caesarea], dans la collection [http://www.tertullian.org/ The Tertullian Project].


== Articles connexes ==
== Voir aussi ==
{{Autres projets|wikisource = Auteur:Eusèbe de Césarée}}

=== Articles connexes ===
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{{colonnes|nombre=2|
* [[Antiquité tardive]]
* [[Antiquité tardive]]
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== Liens externes ==
=== Liens externes ===
{{Liens}}
{{Autres projets|wikisource = Auteur:Eusèbe de Césarée}}

* {{Liens}}
* [http://www.sources-chretiennes.mom.fr/index.php?pageid=martyrs_lyon Lettre des chrétiens de Vienne et de Lyon à leurs frères d’Asie et de Phrygie]
* [http://www.sources-chretiennes.mom.fr/index.php?pageid=martyrs_lyon Lettre des chrétiens de Vienne et de Lyon à leurs frères d’Asie et de Phrygie]
* [http://sebastien-morlet.chez-alice.fr/index.htm Eusèbe de Césarée] - site de Sébastien Morlet (université {{nobr rom|Paris IV}}-Sorbonne)
* [http://sebastien-morlet.chez-alice.fr/index.htm Eusèbe de Césarée] - site de Sébastien Morlet (université {{nobr romains|Paris IV}}-Sorbonne)
* [http://www.sources-chretiennes.mom.fr/index.php?pageid=colloques&id=10 L'''Histoire Ecclésiastique'' d'Eusèbe de Césarée] - colloque organisé par l'Institut des Sources chrétiennes le {{date-|19 novembre 2005}} (présentation et textes)
* [http://www.sources-chretiennes.mom.fr/index.php?pageid=colloques&id=10 L'''Histoire Ecclésiastique'' d'Eusèbe de Césarée] - colloque organisé par l'Institut des Sources chrétiennes le {{date-|19 novembre 2005}} (présentation et textes)
* [http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070613_fr.html Audience du pape {{souverain-|Benoît XVI}} du {{date-|13 juin 2007}} consacrée à Eusèbe de Césarée]
* [http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070613_fr.html Audience du pape {{souverain-|Benoît XVI}} du {{date-|13 juin 2007}} consacrée à Eusèbe de Césarée]
* {{Autorité}}


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[[Catégorie:Évêque du IVe siècle]]
[[Catégorie:Évêque du IVe siècle]]
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[[Catégorie:Historien du IVe siècle]]
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[[Catégorie:Décès en 339]]
[[Catégorie:Décès en 339]]
[[Catégorie:Religieux catholique excommunié]]
[[Catégorie:Religieux catholique excommunié]]
[[Catégorie:Article dont une information diffère dans l'infobox]]
[[Catégorie:Participant au premier concile de Nicée]]

Dernière version du 24 janvier 2024 à 12:29

Eusèbe de Césarée
Fonction
Évêque
à partir de
Biographie
Naissance
Décès
Époque
Activités
Autres informations
Domaine
histoire ecclésiastique, théologie, hagiographie.
Maître
Œuvres principales
Histoire ecclésiastique, Onomasticon (d), Life of Pamphilus (d), Collection of ancient martyrs (d), ChroniconVoir et modifier les données sur Wikidata

Eusèbe de Césarée, ou Eusèbe (de) Pamphile[1] (en grec ancien Εὐσέϐιος / eusébios, en latin Eusebius Pamphili), né vers 265 et mort le , est un évêque de Césarée en Palestine. Élève de Pamphile de Césarée, il échappe aux persécutions de l'empereur romain Dioclétien et devient un soutien inconditionnel de Constantin Ier. Il est l'auteur de nombreuses œuvres historiques, apologétiques, bibliques et exégétiques, dont la plus importante est l'Histoire ecclésiastique.

Il est considéré comme le « père de l'histoire ecclésiastique » et, bien qu'il ne soit pas reconnu comme un Père de l'Église, ses écrits historiques sont d'une importance capitale pour la connaissance des trois premiers siècles de l'histoire chrétienne.

Eusèbe entretient des relations privilégiées avec l'arianisme. Il défend Arius à de nombreuses reprises, demande sa réintégration[2],[3] et s'excuse envers ses fidèles d'avoir approuvé le concile de Nicée[4]. Ses positions religieuses suivent généralement celles de l'empereur Constantin, qu'il approuve systématiquement sur tous les sujets religieux[5].

Biographie[modifier | modifier le code]

La date précise de sa naissance est inconnue, mais on la place aux alentours de l'année 265 de notre ère[6]. Élève de Pamphile de Césarée, un admirateur d'Origène, il est ordonné évêque de Césarée vers 310, après plus de vingt ans d'activités dans l'école de la ville[7]. Il y dispose pour ses recherches de la bibliothèque fondée par Origène et enrichie par Pamphile. Il compose de nombreux ouvrages durant cette période.

Eusèbe est un des dignitaires chrétiens les plus attachés à Constantin Ier, qu'il flatte beaucoup dans la vie hagiographique qu'il lui consacre. Théoricien de l'Empire chrétien et de la « mission divine » confiée à Constantin, il reste en tant que théologien un fidèle disciple d'Origène. Il défend une théologie subordinatianiste[8], soutenant l'une des idées centrales d'Arius : l'infériorité du Fils par rapport au Père[3]. Suivant l'exemple d'Eusèbe de Nicomédie, il convoque un concile local à Césarée vers 321 ou 322, pour valider l'orthodoxie des vues d'Arius et soutenir la réintégration d'Alexandre d'Alexandrie dans ses fonctions[3].

Néanmoins, meilleur homme de science que fin politique, Eusèbe tend à osciller au gré des opinions dominantes[3]. Au début 325, au cours du concile anti-arien d'Antioche organisé par Ossius, il est l'un des trois évêques qui refusent de souscrire à la profession de foi et qui sont excommuniés. Ils sont néanmoins autorisés à se repentir et à réintégrer la communion[9]. La même année, il participe au concile de Nicée, dont il prononce le panégyrique inaugural adressé à l'empereur Constantin. Il y marque la volonté de ce dernier de promouvoir une réconciliation universelle[10].

Après de nombreuses tractations et une certaine pression venant de Constantin, Eusèbe souscrit au symbole de Nicée avec la plupart des évêques ariens. Il accepte notamment la notion d’homoousios (Jésus et Dieu partagent la même « essence ») imposée par les anti-ariens, mais en l'interprétant à sa manière[11]. En 327, Eusèbe réunit un nouveau concile local. Celui-ci, probablement avec le soutien de Constantin, fait excommunier le patriarche anti-arien Eustathe d'Antioche. Eusthate est condamné pour sabellianisme avec six autres évêques, exilé par décret impérial et remplacé à la tête de l'évêché d'Antioche par l'arien Paulin de Tyr[12]. Eusèbe rallie peu après les adversaires d'Athanase d'Alexandrie. Il participe au concile de Tyr en 335, au cours duquel l'évêque Athanase, défenseur virulent de l'orthodoxie nicéenne, est condamné et excommunié pour ses violences, tant par des ariens que des non-ariens[13].

Eusèbe meurt en 339, probablement le [14].

L'œuvre[modifier | modifier le code]

L'historien[modifier | modifier le code]

Eusèbe est le créateur du genre de l’Histoire ecclésiastique (Ἐκκλησιαστική ἱστορία / ekklêsiastikế historía, « Histoire de l'Église »). Son ouvrage éponyme raconte en dix livres l'histoire de l'Église chrétienne, des origines à la victoire de Constantin sur Licinius en 323. Ce texte est notre principale source documentaire sur l'histoire de l'Église pré-constantinienne. Il travaille à partir d'une abondante documentation et inclut dans son ouvrage des extraits des documents qu'il a utilisés, par exemple des lettres de Constantin. Son récit est rationnel et précis. Néanmoins, ce n'est pas un historien objectif : comme il le dit lui-même, il fait œuvre d'apologiste et de propagandiste[15] pour le christianisme, et il omet sciemment certaines informations :

« Mais nous mentionnerons généralement dans cette histoire uniquement les événements qui peuvent être utiles d'abord à nous-mêmes, ensuite à la postérité. »

— Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, VIII, 2, 3

Il rapporte également à ce titre la liste traditionnelle des douze premiers évêques de Rome[16], que l'on trouve précédemment dans l’Adversus hæreses d'Irénée de Lyon dès la fin du IIe siècle.

Eusèbe compose aussi une chronique universelle, intitulée Histoire générale (Παντοδαπή ἱστορία / pantodapế istoría) et constituée de deux parties : d'une part une Chronographie proprement dite (Χρονογραφία / chronographía), qui est conservée dans une traduction arménienne et dans deux abrégés syriaques, et qui a nourri les chroniques byzantines postérieures ; d'autre part un Canon chronologique (Κανών χρονικός / kanốn khronikós), qui est une simple liste d'événements datés depuis la naissance d'Abraham jusqu'en l'an 303. L'original grec est perdu, mais il en reste une traduction arménienne et une traduction latine de saint Jérôme, qui a poursuivi l'oeuvre jusqu'en 379.

On possède aussi, sous le nom d'Eusèbe, une Vie de Constantin, très élogieuse et dont on a douté qu'il fût l'auteur, et deux Éloges de Constantin. Ces textes sont des sources très précieuses sur le règne de cet empereur.

Plusieurs auteurs chrétiens du IVe siècle et des siècles suivants ont traduit son œuvre en latin et l'ont prolongée : Rufin d'Aquilée pour l’Histoire ecclésiastique, qu'il a prolongée jusqu'en 395, saint Jérôme pour le Canon chronologique, prolongé jusqu'en 379. Plusieurs écrivains grecs chrétiens ont rédigé des suites à l'Histoire ecclésiastique : Philostorge, Socrate le Scolastique, Sozomène, Théodoret, Évagre le Scholastique.

L'hagiographe[modifier | modifier le code]

Dans les Martyrs de Palestine, Eusèbe relate plusieurs martyres du temps de Dioclétien, au début du IVe siècle[17]. Il rapporte en outre le récit des martyrs de Lyon dans son Histoire ecclésiastique[18].

Eusèbe rapporte la Lettre des chrétiens de Vienne et de Lyon. Certains d'entre eux, comme Sanctus et Blandine, moururent martyrs en 177[19].

  • « Sanctus supportait avec une vigueur surhumaine tous les supplices que les bourreaux pouvaient imaginer. Les impies ne désespéraient pas de lui arracher par la longueur et l'horreur des tourments une parole coupable, mais il leur opposa une énergie indomptable. On ne put lui faire dire ni son nom, ni sa nation et sa ville d'origine, ni s'il était esclave ou libre. À toutes les questions, il répondait en latin : « Christianus sum : Je suis chrétien ». C'était là son nom, sa cité, sa race, son tout ; les païens ne purent lui arracher d'autre réponse.
  • Cela suffit pour échauffer gouverneur et bourreaux contre lui. À bout de tortures, on finit par lui appliquer des lamelles d'airain chauffées à blanc sur les parties les plus sensibles du corps. Tandis que ses membres brûlaient, Sanctus tenait bon, sans fléchir ni plier, il persévérait à confesser sa foi, baigné par la source céleste d'eau vive qui jaillit du sein de Jésus (Jn 7, 38).
  • Le corps du martyr témoignait des tortures endurées ; il n'était plus que plaie et meurtrissure ; il était tout disloqué et n'avait plus forme humaine. Le Christ souffrait en lui et le glorifiait grandement, en mettant le diable en échec ; il manifestait, pour l'exemple des autres, qu'il n'est plus de crainte où règne l'amour du Père, qu'il n'est plus de souffrance où rayonne la gloire du Christ. »

L'exégète[modifier | modifier le code]

On connaît aussi des ouvrages d'Eusèbe consacrés à l'exégèse biblique, dont il ne subsiste aujourd'hui que des fragments ou des versions abrégées : Harmonie des quatre évangiles, Questions et réponses au sujet des évangiles, Topographie de l'Écriture sainte et Traité sur la fête de Pâques.

À Stephanos, qui lui posait des questions sur les évangiles, Eusèbe répond ainsi au sujet du personnage biblique de Ruth :

« Ruth est d'une autre race, et d'une de celles interdites par Moïse (Dt 23, 4), des Moabites. Mais, étant devenue elle aussi aimée de Dieu et supérieure à la loi, elle entra dans l'assemblée du Seigneur. Elle prit le titre du lignage des Israélites et fut rendue digne d'être reçue parmi les ancêtres de notre Sauveur, non pas à cause de la noblesse du corps, mais de celle de sa conduite ; pour nous tous, les gens d'autres races issus des nations, elle a constitué un grand modèle, car, en faisant les mêmes choses qu'elle, nous obtiendrons de Dieu les mêmes choses.

C'est donc avec raison que Matthieu l'a placée dans la généalogie du Christ (Mt 1, 5), puisqu'il allait annoncer la vocation et l'adoption des peuples d'autres races, en nous enseignant exactement par elle - nous les gens d'autres races venant des nations - que, si nous avons laissé les coutumes des pères, à bon droit aussi ce qui s'ensuit s'accomplira pour nous. En effet, nous ne serons plus comptés parmi ceux d'une autre race, ni ne serons appelés des gens d'autre race, mais du véritable Israël et du peuple de l'héritage de Dieu[20]. »

Avant le concile de Laodicée qui se tient en 363, et où l’Église catholique « transfère la solennité du samedi au dimanche »[21], Eusèbe de Césarée précise[22] que « tout ce qui a été prescrit pour le shabbat, nous l’avons transposé au dimanche »[23].

L'apologiste[modifier | modifier le code]

Dans La préparation évangélique (Εὐαγγελικῆς Ἀποδείξεως Προπαρασκευή / euangelikễ apodeíxeôs proparaskeuế), un ouvrage en quinze livres dont la totalité a été conservée, Eusèbe vise à prouver la supériorité du christianisme sur le paganisme d'un point de vue philosophique. L'auteur y passe en revue les théologies phénicienne, égyptienne, hellénistique, ainsi que les oracles et la philosophie, prenant les païens du passé à témoin de la supériorité du christianisme. L'œuvre est surtout un recueil d'extraits d'auteurs des siècles précédents, notamment Philon de Byblos sur la mythologie phénicienne, le livre VI de la Bibliothèque historique de Diodore de Sicile, qui cite lui-même Évhémère, Alexandre Polyhistor, Julius Africanus, les philosophes Atticus et Porphyre, des textes transmis seulement par Eusèbe.

La Démonstration évangélique (Εὐαγγελική Ἀπόδειξις / euangelikễ apódeixis) constitue la suite de la même entreprise. Cet ouvrage en vingt livres, dont seuls les dix premiers et un fragment du livre XV sont conservés, vise à montrer l'accord entre les prophéties de l'Ancien Testament et les récits des évangiles.

Dans le traité Contre Hiéroclès, il répond au pamphlet anti-chrétien L'ami de la vérité (Philalétès) et réfute le parallèle entre Apollonius de Tyane et Jésus.

Le théologien[modifier | modifier le code]

Dans ses traités Contre Marcel et Sur la Théologie ecclésiastique, Eusèbe réfute les accusations portées par Marcel d'Ancyre contre les chefs du parti arien, en l'accusant de sabellianisme.

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • La préparation évangélique (15 livres)
  • La démonstration évangélique (20 livres dont il reste 1-10 et fragment livre 15)
  • Introduction générale élémentaire (10 livres dont nous sont parvenus 6-9)
  • Contre le néo-platonicien Porphyre (25 livres, perdus)
  • Sur la théophanie (Θεοφάνεια / theopháneia, Theopháneia la version intégrale n'est conservée qu'en syriaque ; les chaînes grecques conservent des fragments)
  • Contre Hiéroclès (réponse au Discours ami de la vérité de Sossianos Hiéroclès)
  • La théologie politique de l'empire chrétien
  • Apologie pour Origène
  • Histoire ecclésiastique (324)
  • Vie de Constantin
  • Commentaire des psaumes
  • Commentaire d’ Isaïe
  • Problèmes et solutions sur les Évangiles (dont nous est parvenu un extrait)
  • Canons
  • Traité sur la fête de Pâques (dont nous est parvenu un long fragment)
  • Onomasticon (4e partie d'un ouvrage géographique biblique : catalogue de noms de lieu)
  • Deux traités dogmatiques :
    • Contre Marcel
    • Sur la théologie ecclésiastique
  • Lettres et sermons
  • Chronique d'Horose (?)

Écrits[modifier | modifier le code]

Eusèbe est l'auteur de nombreuses œuvres historiques, apologétiques, bibliques et exégétiques[24].

Vitrail de Sainte-Blandine par Lucien Bégule, église Saint-Pothin de Lyon.

En 177, les chrétiens de Vienne et de Lyon racontent le martyre des leurs dans une lettre rapportée par Eusèbe[25].

Témoigner en actes et en paroles

« Les saints martyrs eurent à souffrir des maux qui passent toute description. Satan rêvait de leur arracher des blasphèmes. La fureur de la foule surexcitée, du gouverneur et des soldats s'abattit sur le diacre Sanctus de Vienne[26], sur Maturus, néophyte, mais vaillant soldat, sur Attale de Pergame, qui avait toujours été un pilier et un rempart pour les siens, sur Blandine enfin. En celle-ci, le Christ montra que ce qui est vil, laid, méprisable aux yeux des hommes recueille auprès de Dieu la gloire suprême si l'amour qu'on lui témoigne s'atteste par des actes au lieu de s'en tenir à des apparences.

Nous tremblions pour elle ; la maîtresse chez qui elle avait servi, et qui combattait aux côtés des martyrs, redoutait, elle aussi, que sa chétive esclave ne pût aller jusqu'au bout de son témoignage. Mais Blandine déploya un tel courage qu'elle épuisa plutôt les bourreaux qui, du matin au soir, se succédaient pour la torturer de toutes les manières. Enfin, à court de supplices, ils se déclarèrent battus. Ils s'étonnaient qu'il restât encore un souffle de vie à ce corps qu'ils avaient lardé de coups et qui n'était plus qu'une plaie. Ils affirmaient qu'un seul de leurs sévices suffisait à donner la mort. Des tortures si variées et si cruelles avaient portant échoué. La bienheureuse, comme un vaillant athlète, retrouvait l'élan de la jeunesse en confessant la foi. C'était pour elle un réconfort, un repos, un remède à ses douleurs que de répéter : « Je suis chrétienne et chez nous il ne se fait rien de mal ». »

— Eusèbe de Césarée. Histoire ecclésiastique V, I, 16-19, trad. France Quéré, Le livre des martyrs chrétiens, Paris, Centurion, 1988, p. 53.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le surnom « de Pamphile », qu'il adopta lui-même, est un hommage à son maître, Pamphile de Césarée.
  2. « Théodoret : Histoire de l’Église : livre I. », sur remacle.org (consulté le )
  3. a b c et d Richard E. Rubenstein, Le Jour où Jésus devint Dieu, La Découverte, 2004, p. 82.
  4. « Théodoret : Histoire de l'Église : livre I. », sur remacle.org (consulté le ) : « Voila ce que j'avais à vous dire touchant la Foi qui a été proposé dans le Concile de Nicée, et à laquelle nous avons crus, conscients, non inconsidérément et non sans avoir mûrement délibéré, mais après avoir examiné en présence du très-religieux Empereur les sens que je viens de rapporter, et les avoir approuvés pour les raisons que j'ai dites. Nous avons aussi consenti sans peine à l'anathème, qu'ils ont prononcé après la Formule de foi, parce qu'il défend de le servir de termes étrangers et éloignés de ceux dont l'Écriture sainte se sert ; étant certain que c'est de ces termes-là que sont venus tous les différends et les troubles de l’Église. L’Écriture inspirée par le saint Esprit ne s'étant donc jamais servie de ces termes, de ce qui n'est point, et il y a eu autrefois un temps où il n'était point, ni d'autres semblables qui sont rapportés dans le même endroit, nous n'avons pas cru qu'il fût raisonnable de les employer, ni de les enseigner. Nous nous sommes encore soumis d'autant plus volontiers en ce point au décret du Concile, que nous n'avions point accoutumé de nous servir de ces termes. Nous avons cru, mes très-chers frères, vous devoir représenter exactement toutes ces choses pour vous faire voir avec combien de prudence et de maturité nous avons ou suspendu ou donné notre consentement, et pour vous faire connaître combien nous avons eu de raisons de résister presque jusques à la fin, pendant que nous étions choqués de certains terme, qui avaient été rédigés par écrit. »
  5. Jean-Marie Sansterre, « EUSÈBE DE CÉSARÉE ET LA NAISSANCE DE LA THÉORIE « CÉSAROPAPISTE » », Byzantion, vol. 42, no 1,‎ , p. 131–195 (ISSN 0378-2506, lire en ligne, consulté le )
  6. Michel-Yves Perrin, « Christianiser la culture », dans Jean-Robert Armogathe, Pascal Montaubin et Michel-Yves Perrin, Histoire générale du christianisme, Paris, PUF, coll. « Quadrige », vol. I, p. 479.
  7. Pierre Maraval et Simon Claude Mimouni, Le Christianisme ancien des origines à Constantin, Paris, PUF, coll. « Nouvelle Clio », 2007, p. 74.
  8. Roland Tournaire, Genèse de l'Occident chrétien, Paris, L'Harmattan, 2001, p. 214.
  9. Richard E. Rubenstein, Le Jour où Jésus devint Dieu, La Découverte, 2004, p. 88-89.
  10. Richard E. Rubenstein, Le Jour où Jésus devint Dieu, La Découverte, 2004, p. 99
  11. Richard E. Rubenstein, Le Jour où Jésus devint Dieu, La Découverte, 2004, p. 104.
  12. Richard E. Rubenstein, Le Jour où Jésus devint Dieu, La Découverte, 2004, p. 125.
  13. Richard E. Rubenstein, Le Jour où Jésus devint Dieu, La Découverte, 2004, p. 151.
  14. Cfr. (en) Timothy D. Barnes, Constantine and Eusebius, Harvard University Press, 1981, p. 263-279.
  15. Hervé Huntzinger, « Eusèbe de Césarée », sur antiquitas.hypotheses.org, (consulté le )
  16. Le titre de « pape » apparaît au cours du IIIe siècle, et n'est pas attesté pour l'évêque de Rome avant le début du IVe siècle. Voir Philippe Levillain, Dictionnaire historique de la papauté, Fayard, , « « Pape » ». Sur l'historicité douteuse des premiers papes, voir (en) P. McBrien, Lives of the Popes : The Pontiffs from St. Peter to John Paul II, San Francisco, Harper, , 528 p. (ISBN 0060653035).
  17. B. Altaner, Précis de patrologie, Salvator, p. 187.
  18. Eusèbe de Césarée, « Lettre des chrétiens de Vienne et de Lyon à leurs frères d’Asie et de Phrygie », extrait de Histoire ecclésiastique, chap. V, « Prologue » 1-4, chap. 1-4, sur le site Sources chrétiennes.
  19. Histoire ecclésiastique V, I, 20-23, trad. A. -G. Hamman, Les premiers martyrs de l'Église, Les Pères dans la foi 12, DDB, 1979, p. 49-50
  20. Questions évangéliques IX, 1-2, trad. C. Zamagni, Sources Chrétiennes 523, Cerf, Paris, 2008, p. 151-153
  21. (en)Peter Gerermann, The Convert’s Catechism of Catholic Doctrine, 2e éd., p. 50, 1910
  22. Eusèbe, In Psalmis 91
  23. Enzo Bianchi (trad. Matthias Wirz), « Qu'est-ce que le dimanche ? », Recherches de Science Religieuse, vol. 93, no 1,‎ , p. 27 (ISSN 0034-1258 et 2104-3884, DOI 10.3917/rsr.051.0027, lire en ligne, consulté le )
  24. Écrire l'Histoire selon Eusèbe de Césarée. Sébastien Morlet. Dans L'information littéraire 2005/3 (vol. 57), p. 3-15. Cairn.info.
  25. Vettius Epagathus, « le paraclet des chrétiens » dans la Lettre des martyrs de Lyon et Vienne (Eusèbe, H. E., V, 1. 3-2. 8).
  26. Paroisse Sanctus en Viennois.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Éditions scientifiques[modifier | modifier le code]

Clavis Patrum Græcorum 3465-3507.

Traductions françaises[modifier | modifier le code]

  • Contre Hiéroclès (311), Paris, Cerf, coll. « Sources chrétiennes », 1987, 244 p.
  • Histoire ecclésiastique (324), Paris, Cerf, coll. « Sources chrétiennes » :
    • Livres I-IV : t. 1, 1986, 440 p.
    • Livres V-VII : t. 2, 4e éd., 1994, 480 p.
    • Livres VIII-X : t. 3, 4e éd., 1993, 372 p.
  • Préparation évangélique (vers 314-322), Paris, Cerf, coll. « Sources chrétiennes », 1974-1987.
  • Les Martyrs en Palestine (312), Paris, Cerf, coll. « Sources chrétiennes », 1958.
  • Questions évangéliques (v. 280-340), Paris, Cerf, coll. « Sources chrétiennes », 2008.
  • Vie de Constantin (338), Friedhelm Winkelmann, Charles Pietri et Luce Pietri, Marie-Joseph Rondeau, Cerf, Sources Chrétiennes, 2013. (ISBN 2204101346)

Études sur Eusèbe de Césarée[modifier | modifier le code]

  • V. Hély, Eusèbe de Césarée, premier historien de l'Église, Paris, 1877.
  • Jean Sirinelli, Les Vues historiques d’Eusèbe de Césarée durant la période prénicéenne Dakar, (thèse), 1961.
  • T. D. Barnes, Constantine and Eusebius, Cambridge (Mass.), 1981.
  • Eusèbe de Césarée (trad. Pierre Maraval), Eusèbe de Césarée, la théologie politique de l'Empire chrétien. Louanges de Constantin, Paris, Les éditions du Cerf, , 216 p. (ISBN 978-2-204-06617-4)

Œuvres d'Eusèbe de Césarée en ligne[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]