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{{japonais|'''Rei Kawakubo'''|川久保 玲|Kawakubo Rei}}, née le {{date de naissance|11 octobre 1942}} à [[Tokyo]], est une [[styliste]] [[japon]]aise, fondatrice de la marque [[Comme des Garçons]] et une personnalité influente et respectée du domaine de la mode. Elle est une des représentantes de l'''Antifashion'' des [[Années 1980 en mode|années 1980]] et conçoit des créations avec une approche intellectuelle, loin des critères traditionnels de la beauté, remettant perpétuellement en question les principes établis. Ses vêtements androgynes aux montages étranges sont souvent plein de volumes et réfutent toute élégance ou féminité telle qu'elle est établie en Occident. Rei Kawakubo reste une grande technicienne, maitrisant textiles, matériaux et coupe, largement reconnue par ses pairs et par les médias. Ses collections, qualifiées au départ de look « Hiroshima Chic » et utilisant majoritairement des noirs, gris, puis rouges ou blancs, sont la référence du mouvement de la mode déconstructive. Ses collections présentées en 1981, 1997 et 2012 ont plus particulièrement marqué l'histoire de la mode. Elle se marie en 1993 à Adrian Joffe, qui devient directeur général de Comme des Garçons.
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{{japonais|'''Rei Kawakubo'''|川久保 玲|Kawakubo Rei}}, née le {{date de naissance|11 octobre 1942}} à [[Tokyo]], est une [[styliste]] [[japon]]aise, fondatrice de la marque [[Comme des Garçons]] et une personnalité influente et respectée du domaine de la mode. Elle est une des représentantes de l'''Antimode'' des [[Années 1980 en mode|années 1980]]. Elle conçoit des créations avec une approche intellectuelle, loin des critères traditionnels de la beauté. Elle remet perpétuellement en question les principes établis. Ses vêtements androgynes aux montages étranges sont souvent plein de volumes et réfutent toute élégance ou [[féminité]] telle qu'elle est établie en Occident. Rei Kawakubo reste une grande technicienne, maitrisant textiles, matériaux et coupe, largement reconnue par ses pairs et par les médias, même si une grande perplexité reste de mise pour ces derniers. Ses collections, qualifiées au départ de look « Hiroshima Chic », et utilisant majoritairement des noirs, gris, puis rouges ou blancs, sont la référence du mouvement de la mode déconstructive. Ses collections présentées durant l'année 1981, 1997, puis 2012, ont plus particulièrement marqué l'histoire de la mode. Elle est mariée à Adrian Joffe, devenu directeur général de la marque Comme des Garçons.


== Biographie ==
== Biographie ==
=== Débuts ===
=== Débuts ===
Rei Kawakubo nait en 1942, son père est universitaire<ref name=watson118/>. En 1964, Rei Kawakubo sort diplômée de la prestigieuse [[Université Keiō]] après avoir suivi des études de philosophie, littérature et [[Beaux-arts (disciplines)|beaux-arts]]<ref name="palomo166"/>{{,}}{{sfn|Menkes|Steele|2013|p=170|id=svm}}. Elle travaille au département publicité de l'entreprise [[Asahi Kasei]]<ref>{{harvsp|Jones|2013|p=332}}</ref> puis déçue par ce métier<ref name=watson118>{{harvsp|Watson|2000|p=118|id=LW2000}}</ref>, commence une activité de [[styliste]] indépendante<ref name=fogg405/> sans jamais avoir reçu de formation pour la mode{{sfn|Menkes|Steele|2013|p=170|id=svm}}. Très tôt ses créations sont influencées par le ''[[Wabi-sabi]]'', le {{Citation|beau dans l'imparfait}} ainsi que les traditions vestimentaires japonaises<ref name="palomo166"/>{{,}}<ref name="CB337"/>.
Rei Kawakubo nait en 1942. Son père est universitaire<ref name=watson118/>. En 1964, Rei Kawakubo sort diplômée de la prestigieuse [[Université Keiō]], après avoir suivi des études de philosophie, littérature et [[Beaux-arts (disciplines)|beaux-arts]]<ref name="palomo166"/>{{,}}{{sfn|Menkes|Steele|2013|p=170|id=svm}}. Elle travaille au département publicité de l'entreprise [[Asahi Kasei]]<ref>{{harvsp|Jones|2013|p=332}}</ref>, puis, déçue par ce métier<ref name=watson118>{{harvsp|Watson|2000|p=118|id=LW2000}}</ref>, commence une activité de [[styliste]] indépendante<ref name=fogg405/> sans jamais avoir reçu de formation pour la mode{{sfn|Menkes|Steele|2013|p=170|id=svm}}. Très tôt, ses créations sont influencées par le ''[[Wabi-sabi]]'', le {{Citation|beau dans l'imparfait}} ainsi que par les traditions vestimentaires japonaises<ref name="palomo166"/>{{,}}<ref name="CB337"/>.


Quelques années plus tard, elle fonde la marque [[Comme des Garçons]] {{incise|allusion aux paroles de ''[[Tous les garçons et les filles (chanson)|Tous les garçons et les filles]]'' de [[Françoise Hardy]]<ref name=fogg405/>}}, présente sa première collection féminine et ouvre une boutique à Tokyo. Sa première collection masculine, Comme des Garçons Homme, arrive trois ans après<ref name="palomo166"/>. Rei Kawakubo est précurseur dans l'usage majoritaire {{incise|voir exclusif}} du noir{{Note|Kawakubo dit utiliser trois nuances de noir. Au japon, les médias surnomment le {{Citation|clan des corbeaux}} (''{{Lang|ja-Latn|karasu zoku}}'') les clients de Kawakubo ou Yamamoto<ref name="Tsujita-118" />. |group=n}}, couleur du deuil et du soir alors rarement présente dans les collections des stylistes ou [[Grand couturier|couturiers]]<ref name=HypeBeast/>. Son usage se répand dans les rues de Tokyo<ref name=YK423>{{harvsp|Kerlau|2013|p=423|id=YK2013}}</ref>, le succès est là<ref name="Tsujita-118" />. Le noir va la suivre tout au long de sa carrière : toujours vêtue avec cette teinte, elle apparait en noir sur les photos, lors des interviews ou dans ses défilés<ref name=YK423/> et celui-ci dominera ses créations durant de nombreuses années. Lorsque des couleurs se voient utilisées, c'est en [[Monochrome|monochromie]]{{sfn|Lemahieu|2018|p=431|id=D8}}.
Elle fonde la marque [[Comme des Garçons]] {{incise|allusion aux paroles de ''[[Tous les garçons et les filles (chanson)|Tous les garçons et les filles]]'' de [[Françoise Hardy]]<ref name=fogg405/> même si l'anecdote n'a jamais été confirmée{{sfn|Montmorin|2015|p=26|id=GdM}}}} dans les [[Années 1970 en mode|années 1970]]{{Note|Les premiers vêtements sous cette marque apparaissent en 1969 mais l'entreprise est fondée quatre ans plus tard<ref name=intview>{{Lien web|langue=en|auteur= Ronnie Cooke Newhouse|url= http://www.interviewmagazine.com/fashion/rei-kawakubo/#_ |titre=Rei Kawakubo |série=Fashion |date=24 11 2008 |site=interviewmagazine.com |éditeur=[[Interview (magazine)|Interview]]|consulté le=28 1 2022}}</ref>.|group=n}}. Elle présente sa première collection féminine et ouvre un point de vente à Tokyo. La vitrine ne montre rien, les vêtements sont au fond de la boutique et il n'y a pas de miroir{{sfn|Montmorin|2015|p=26|id=GdM}}. Sa première collection masculine, Comme des Garçons Man, arrive quelques années après<ref name="palomo166"/>. Rei Kawakubo est précurseur dans l'usage majoritaire {{incise|voire exclusif au début}} du noir{{Note|Kawakubo dit aimer le noir<ref name=intview/> et utiliser trois nuances de noir. Au Japon, les médias surnomment le {{Citation|clan des corbeaux}} (''{{Lang|ja-Latn|karasu zoku}}'') les clients de Kawakubo ou Yamamoto<ref name="Tsujita-118" />. |group=n}}, couleur du deuil et du soir rarement présente dans les collections des stylistes ou [[Grand couturier|couturiers]] durant cette époque<ref name=HypeBeast/>. Son usage se répand dans les rues de Tokyo<ref name=YK423>{{harvsp|Kerlau|2013|p=423|id=YK2013}}</ref>, le succès est là<ref name="Tsujita-118" />. Le noir va la suivre tout au long de sa carrière : toujours vêtue avec cette teinte, elle apparait en noir sur les photos, lors des interviews<ref name=YK423/> et celui-ci dominera ses créations durant de nombreuses années. Lorsque des couleurs se voient utilisées, c'est avant tout en [[Monochrome|monochromie]]{{sfn|Lemahieu|2018|p=431|id=D8}}.


=== Premiers défilés de Paris ===
=== Premiers défilés de Paris ===
[[File:Comme des Garcons at the Met (62466).jpg|vignette|droite|alt=Cinq créations exposées dans un musée.|Comme des Garçons, exposition au [[Metropolitan Museum of Art|MET]] en 2017.]]
Dans les [[Années 1970 en mode|années 1970]] à [[Années 1980 en mode|1980]], avec [[Kenzo Takada]], [[Issey Miyake]] ou [[Hanae Mori]], une vague de stylistes japonais, remuant la mode occidentale, s'installe à Paris ; Kenzo, précurseur, puis Miyake, ont ouvert les portes<ref>{{harvsp|Kaya Tsujita|2014|p=115 et 116|loc=L'école japonaise à Paris|id=MHCI2014}}</ref> et plusieurs obtiennent une large reconnaissance<ref>{{harvsp|Fogg|2013|p=402|loc=Le stylisme japonais moderne|id=fogg2013}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue= en |auteur= June Weir|url= https://www.nytimes.com/1982/06/27/magazine/fashion-the-rising-prestige-of-tokyo.html |titre=Fashion; The rising prestige of Tokyo |date=27 6 1982|site=nytimes.com |éditeur=[[The New York Times]]|consulté le=9 septembre 2014 }}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|auteur=[[Gérard Lefort]]|coauteurs= Olivier Séguret et Anne Boulay|url= http://next.liberation.fr/next/1998/10/20/pret-a-porter-printemps-ete-1999-l-avant-garde-robe-est-japonaiseyamamoto-miyake-comme-des-garcons-l_248253 |titre=Prêt-à-porter printemps-été 1999. L'avant-garde-robe est japonaise. |jour=20 |mois=10 |année=1998 |site=next.liberation.fr |éditeur= [[Libération (journal)|Libération]]|consulté le=10 9 2014 }} {{Citation bloc|Au début des années 80, les Japonais conquerraient Paris en le prenant à rebours. En provenance directe d'un Orient moderne qui nous semblait aussi futuriste qu'étrange et inventif que lointain, ils comblaient les vides béants de la mode occidentale avec un pessimisme massif et une austérité radicale, imposant le noir à tous les étages du corps et donc de l'esprit.}}</ref>. Ils seront plus d'une dizaine à défiler dans la capitale dans les [[Années 1980 en mode|années 1980]]<ref>{{Lien web|langue=en|auteur=Bernardine Morris |url= https://www.nytimes.com/1983/03/21/style/the-japanese-challenge-to-french-fashion.html |titre=Tje japanese challenge to french fashion |jour= 21|mois=3 |année=1983 |site=nytimes.com |éditeur=[[The New York Times]]|consulté le=9 septembre 2014}}</ref>{{,}}{{Note|Une dizaine de créateurs japonais sur une soixante de présentations au total toutes nationalités confondues, dont principalement française. Ceux-ci sont largement accueillis à Paris, renforçant l'image de [[Capitale de la mode|capitale mondiale de la mode]]<ref>{{harvsp|Kaya Tsujita|2014|p=11ç et 120|loc=L'école japonaise à Paris|id=MHCI2014}}</ref>.|group=n}}. Avec Issey Miyake et Yohji Yamamoto, Rei Kawakubo va former dans les années à venir un trio représentant un mélange entre l'Orient et l'Occident à la fois contemporain et toujours inspiré d'un classicisme de la culture japonaise<ref name=fogg403>{{harvsp|Fogg|2013|p=403|loc=Le stylisme japonais moderne|id=fogg2013}}</ref>. La styliste ne résiste pas à l'appel de la [[capitale de la mode]]<ref name=YK424/> et arrive à Paris{{Note|L'idée de s'installer à Paris vient de Yamamoto qui y songe depuis des années. Kawakubo refuse, puis se décide enfin<ref>{{harvsp|Kaya Tsujita|2014|p=117|loc=L'école japonaise à Paris|id=MHCI2014}}</ref>.|group=n}} au début des années 1980 avec ses vêtements {{citation|défaits, déconstruits, dépiécés<ref name="VHI-2013">{{article |prénom1=Patrick |nom1=Mauriès|titre=Rei Kawabuko|périodique=Vogue Hommes International|lien périodique=Vogue Hommes International |éditeur=[[Condé Nast Publications|Condé Nast]] |volume=Hors série|numéro=17 |mois=Printemps - Été |année=2013|pages= 212 à 213|issn=0750-3628 |consulté le=23 janvier 2022}}</ref>}}, loin des « jeunes créateurs » français qui triomphaient à l'époque avec une mode flamboyante et colorée<ref name=YK423/>.
Dans les [[Années 1970 en mode|années 1970]] à [[Années 1980 en mode|1980]], avec [[Kenzo Takada]], [[Issey Miyake]] ou [[Hanae Mori]], une vague de stylistes japonais, remuant la mode occidentale, s'installe à Paris. Kenzo, précurseur, puis Miyake, ont ouvert les portes<ref>{{harvsp|Kaya Tsujita|2014|p=115 et 116|loc=L'école japonaise à Paris|id=MHCI2014}}</ref> et plusieurs obtiennent une large reconnaissance<ref>{{harvsp|Fogg|2013|p=402|loc=Le stylisme japonais moderne|id=fogg2013}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|auteur=June Weir|url= https://www.nytimes.com/1982/06/27/magazine/fashion-the-rising-prestige-of-tokyo.html |titre=Fashion; The rising prestige of Tokyo |date=27 6 1982|site=nytimes.com |éditeur=[[The New York Times]]|consulté le=9 septembre 2014 }}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|auteur=[[Gérard Lefort]]|coauteurs= Olivier Séguret et Anne Boulay|url= https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http%3A%2F%2Fnext.liberation.fr%2Fnext%2F1998%2F10%2F20%2Fpret-a-porter-printemps-ete-1999-l-avant-garde-robe-est-japonaiseyamamoto-miyake-comme-des-garcons-l_248253#federation=archive.wikiwix.com|titre=Prêt-à-porter printemps-été 1999. L'avant-garde-robe est japonaise. |jour=20 |mois=10 |année=1998 |site=next.liberation.fr |éditeur= [[Libération (journal)|Libération]]|consulté le=28 janvier 2022}} {{Citation|Au début des années 80, les Japonais conquerraient Paris en le prenant à rebours. En provenance directe d'un Orient moderne qui nous semblait aussi futuriste qu'étrange et inventif que lointain, ils comblaient les vides béants de la mode occidentale avec un pessimisme massif et une austérité radicale, imposant le noir à tous les étages du corps et donc de l'esprit.}}</ref>. Ils seront plus d'une dizaine à défiler dans la capitale dans les [[Années 1980 en mode|années 1980]]<ref>{{Lien web|langue=en|auteur=Bernardine Morris |url= https://www.nytimes.com/1983/03/21/style/the-japanese-challenge-to-french-fashion.html |titre=Tje japanese challenge to french fashion |date= 21 mars 1983|site=nytimes.com |éditeur=[[The New York Times]]|consulté le=9 septembre 2014}}</ref>{{,}}{{Note|Une dizaine de créateurs japonais sur une soixantaine de présentations au total toutes nationalités confondues, dont principalement françaises. Ceux-ci sont très bien accueillis à Paris, renforçant l'image de capitale mondiale de la mode<ref>{{harvsp|Kaya Tsujita|2014|p=11ç et 120|loc=L'école japonaise à Paris|id=MHCI2014}}</ref>.|group=n}}. Avec Issey Miyake et Yohji Yamamoto, Rei Kawakubo va former dans les années à venir un trio représentant un mélange entre l'Orient et l'Occident, à la fois contemporain et inspiré d'un classicisme propre à la culture japonaise<ref name=fogg403>{{harvsp|Fogg|2013|p=403|loc=Le stylisme japonais moderne|id=fogg2013}}</ref>. La styliste ne résiste pas à l'appel de Paris<ref name=YK424/>{{,}}{{Note|L'idée de s'installer à Paris vient de Yamamoto qui y songe depuis des années. Kawakubo refuse, puis se décide enfin<ref>{{harvsp|Kaya Tsujita|2014|p=117|loc=L'école japonaise à Paris|id=MHCI2014}}</ref>.|group=n}}. Elle y montre des vêtements {{citation|défaits, déconstruits, dépiécés<ref name="VHI-2013">{{article |prénom1=Patrick |nom1=Mauriès|titre=Rei Kawabuko|périodique=Vogue Hommes International|lien périodique=Vogue Hommes International |éditeur=[[Condé Nast Publications|Condé Nast]] |volume=Hors série|numéro=17 |mois=Printemps - Été |année=2013|pages= 212 - 213|issn=0750-3628 |consulté le=23 janvier 2022}}</ref>}}. Sa mode reste donc loin des « jeunes créateurs » français qui triomphaient à l'époque avec une mode flamboyante et colorée à base de silhouettes sexy et [[Glamour (esthétique)|glamour]]<ref name=YK423/>{{,}}{{sfn|Montmorin|2015|p=26|id=GdM}}.


Elle présente ''{{lang|en|Lace}}'' son premier défilé, au même moment que [[Yohji Yamamoto]] son mentor<ref name="palomo168">{{harvsp|Palomo-Lovinski |2011|p= 168|id=NPL2011}}</ref>{{,}}{{Note|Yamamoto et Kawakubo présentent la même semaine leur premier défilé en dehors du calendrier officiel ; mais contrairement à ce que laisse entendre certaines sources, ils défilent séparément<ref name="CB337">{{harvsp|Blackman|2013|p=337|id=Blackman2013}}</ref>. S'ils sont proches dans le style ou à titre personnel, les deux créateurs ne souhaitent pas exercer ensemble<ref name="Tsujita-118">{{harvsp|Kaya Tsujita|2014|p=118|loc=L'école japonaise à Paris|id=MHCI2014}}</ref>. ''[[Le Jardin des Modes]]'' les surnomme {{Cita|le [[bonze]] et la [[kamikaze]]}}<ref>{{Article|auteur=Ginette Sainderichin|titre=Le Bonze et la Kamikaze|périodique=Le Jardin des Modes|numéro=729|date=décembre 1982|page=5}}</ref>. |group=n}} en marge de la [[Semaine de la Mode à Paris|Semaine du prêt-à-porter]]<ref name=Ormen2000>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Catherine Örmen]]|titre=Modes {{s2-|XIX|e|XX|e}}|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Hazan]]|année=2000|pages totales=575|passage=474|isbn=2-85025-730-3|titre chapitre=La frime des années 1980|id=CO2000}}</ref>. Ne pas être dans le calendrier officiel fait que ce défilé, dans l'immédiat, passe relativement inaperçu<ref name="Tsujita-118" />. Mais, la rumeur progresse jour après jour et le défilé se voit qualifié de « véritable choc<ref name=watson118/> » et de {{Citation|provocation<ref>{{harvsp|Kerlau|2013|p=421|id=YK2013}}</ref>}} ; celui-ci fait sensation<ref name=Ormen2000/>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Catherine Örmen]] |préface=[[Inès de La Fressange]] |titre=Un siècle de mode|lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Larousse]] |collection=Les documents de l'Histoire |année=2012 |mois=10|pages totales=128 |passage=114 |isbn=978-2-03-587455-9 |présentation en ligne=http://culturebox.francetvinfo.fr/un-siecle-de-mode-30-portraits-de-grandes-maisons-en-images-130095 |titre chapitre=Yohji Yamamoto, l'imagination au pouvoir}} {{Citation bloc|Yohji Yamamoto présente pour la première fois ses collections à Paris en 1981, en même temps qu'une autre de ses compatriotes, Rei Kawakubo, pour Comme des Garçons. Les deux créateurs font sensation.}}</ref> et efface tous les principes de féminité occidentaux alors en vigueur<ref name="JM"/>, tous les {{Cita|canons esthétiques}}{{sfn|Lemahieu|2018|p=430|id=D8}}. Dans l'immédiat de ce premier défilé, pour ceux qui y ont assisté, {{Citation|cet électrochoc nippon laisse sans voix<ref name=YK424/>}} mais le retour des médias est surtout absent de leurs colonnes. Outre [[Azzedine Alaïa|Alaïa]], [[Claude Montana|Montana]] ou [[Thierry Mugler|Mugler]], peu de stylistes donnent un avis, certains pariant sur son absence d'avenir dans la mode<ref name=YK425>{{harvsp|Kerlau|2013|p=425|id=YK2013}}</ref>. Pourtant, c'est bien une tempête que Rei Kawakubo a déclenché<ref name=YK425/>{{,}}{{Note|Yohji Yamamoto : {{"|Les amis japonais nous avaient prédit les pires difficultés. Ils pensaient que nos couleurs tristes allaient être rejetées par un public français habitué aux couleurs gaies et au chatoiement. Notre souci de simplification dans le vêtement avec Rei Kawakubo était une provocation presque adolescente, je ne pensais pas qu'elle produirait autant d'effet ni qu'elle pourrait faire école}}<ref>{{Article |auteur1=Charlotte Brunel |titre=Paris, modes sans frontières |périodique= L'Express Style|numéro=supplément à ''L'Express'' {{numéro}}3305 |date=5 11 2014 |pages=93 à 94 |consulté le=3 1 2022 }}</ref>.|group=n}}.
En marge de la [[Semaine de la Mode à Paris|Semaine du prêt-à-porter]]<ref name="Ormen2000">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Catherine Örmen]]|titre=Modes {{s2-|XIX|e|XX|e}}|passage=474|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Hazan]]|année=2000|pages totales=575|isbn=2-85025-730-3|titre chapitre=La frime des années 1980|id=CO2000}}</ref>, elle présente ''{{lang|en|Lace}}'' son premier défilé, au même moment que [[Yohji Yamamoto]] son mentor<ref name="palomo168">{{harvsp|Palomo-Lovinski |2011|p= 168|id=NPL2011}}</ref>{{,}}{{Note|Yamamoto et Kawakubo présentent la même semaine leur premier défilé en dehors du calendrier officiel ; mais contrairement à ce que laissent entendre certaines sources, ils défilent séparément<ref name="CB337">{{harvsp|Blackman|2013|p=337|id=Blackman2013}}</ref>. S'ils sont proches dans le style ainsi qu'à titre personnel, les deux créateurs ne souhaitent pas exercer ensemble<ref name="Tsujita-118">{{harvsp|Kaya Tsujita|2014|p=118|loc=L'école japonaise à Paris|id=MHCI2014}}</ref>. ''[[Le Jardin des Modes]]'' les surnomme {{Citation|le [[bonze]] et la [[kamikaze]]}}<ref>{{Article|auteur=Ginette Sainderichin|titre=Le Bonze et la Kamikaze|périodique=Le Jardin des Modes|numéro=729|date=décembre 1982|page=5}}</ref>.|group=n}}. Ne pas être dans le calendrier officiel fait que ce défilé passe relativement inaperçu<ref name="Tsujita-118" /> dans l'immédiat.


Mais, la rumeur progresse jour après jour ,et le défilé se voit qualifié de « véritable choc<ref name=watson118/> » et de {{Citation|provocation<ref>{{harvsp|Kerlau|2013|p=421|id=YK2013}}</ref>}} ; celui-ci fait sensation<ref name=Ormen2000/>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Catherine Örmen]] |préface=[[Inès de La Fressange]] |titre=Un siècle de mode|lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Larousse]] |collection=Les documents de l'Histoire |année=2012 |mois=10|pages totales=128 |passage=114 |isbn=978-2-03-587455-9 |présentation en ligne=http://culturebox.francetvinfo.fr/un-siecle-de-mode-30-portraits-de-grandes-maisons-en-images-130095 |titre chapitre=Yohji Yamamoto, l'imagination au pouvoir}} {{Citation|Yohji Yamamoto présente pour la première fois ses collections à Paris en 1981, en même temps qu'une autre de ses compatriotes, Rei Kawakubo, pour Comme des Garçons. Les deux créateurs font sensation.}}</ref> et efface tous les principes occidentaux sur la féminité alors en vigueur, comme tous les {{Cita|canons esthétiques}}{{sfn|Lemahieu|2018|p=430|id=D8}}{{,}}<ref name="JM"/>{{,}}<ref name=Vg2017/>. Pour les observateurs qui y ont assisté, parfois dubitatifs, ce premier défilé audacieux devient {{Citation|cet électrochoc nippon laisse sans voix<ref name=YK424/>}} ; mais dans les médias, il reste absent des colonnes. Outre [[Azzedine Alaïa|Alaïa]], [[Claude Montana|Montana]] ou [[Thierry Mugler|Mugler]], peu de stylistes donnent leur avis, certains pariant même sur son absence d'avenir dans la mode<ref name=YK425>{{harvsp|Kerlau|2013|p=425|id=YK2013}}</ref>. Pourtant, c'est bien une tempête que Rei Kawakubo a déclenchée<ref name=YK425/>{{,}}{{Note|Yohji Yamamoto : {{Citation|Les amis japonais nous avaient prédit les pires difficultés. Ils pensaient que nos couleurs tristes allaient être rejetées par un public français habitué aux couleurs gaies et au chatoiement. Notre souci de simplification dans le vêtement avec Rei Kawakubo était une provocation presque adolescente, je ne pensais pas qu'elle produirait autant d'effet ni qu'elle pourrait faire école}}<ref>{{Article |auteur1=Charlotte Brunel |titre=Paris, modes sans frontières |périodique= L'Express Style|numéro=supplément à ''L'Express'' {{numéro}}3305 |date=5 11 2014|pages=93 à 94 |consulté le=3 1 2022 }}</ref>.|group=n}}.
Déconcertant, personne ne s'attendait à un tel changement radical<ref name=HypeBeast>Article et interview d'Adrian Joffe, ''in'' : {{Lien web |langue=en |auteur=Edward Chiu |titre=Adrian Joffe: The Idea of Comme des Garçons |url=http://hypebeast.com/2011/1/adrian-joffe-the-idea-of-comme-des-garcons |date=10 janvier 2011 |site=hypebeast.com |consulté le=10 septembre 2014}}</ref> et peu de défilés ont autant bouleversé le domaine de la mode{{Note|En complément, lire [[Défilé de mode#D.C3.A9fil.C3.A9s historiques en France|Défilés historiques en France]] sur Wikipédia. |group=n}}{{,}}<ref name="CB337"/>. Celui-ci marque la fin de l'influence séculaire des créateurs parisiens sur les tendances mondiales<ref name=HypeBeast/> ainsi que l'abandon du bon goût et de l'élégance, passage obligé de la couture<ref name=YK424>{{harvsp|Kerlau|2013|p=424|id=YK2013}}</ref>.


Déconcertant, personne ne s'attendait à un tel changement radical<ref name=HypeBeast>Article et interview d'Adrian Joffe, ''in'' : {{Lien web|langue=en|auteur=Edward Chiu|titre=Adrian Joffe: The Idea of Comme des Garçons |url=http://hypebeast.com/2011/1/adrian-joffe-the-idea-of-comme-des-garcons |date=10 janvier 2011 |site=hypebeast.com |consulté le=10 septembre 2014}}</ref> et peu de défilés ont autant bouleversé le domaine de la mode{{Note|En complément, lire [[Défilé de mode#D.C3.A9fil.C3.A9s historiques en France|Défilés historiques en France]] sur Wikipédia.|group=n}}{{,}}<ref name="CB337"/>. Celui-ci marque la fin de l'influence séculaire des créateurs parisiens sur les tendances mondiales<ref name=HypeBeast/>, ainsi que l'abandon du bon goût et de l'élégance, passage obligé de la couture<ref name=YK424>{{harvsp|Kerlau|2013|p=424|id=YK2013}}</ref>.
Une boutique Comme des Garçons ouvre dans la capitale française dès 1982<ref name="palomo167">{{harvsp|Palomo-Lovinski |2011|p=167|id=NPL2011}}</ref>{{,}}<ref group=n>L'historique des magasins est lisible dans l'article Comme des Garçons.</ref>. Par la suite, elle étend ses activités vers du mobilier<ref name=fogg405/>{{,}}<ref name="NewYorkTimes-1984">{{Lien web|langue=en|auteur=Bernardine Morris|url=https://www.nytimes.com/1984/11/23/style/kawakubo-from-fashion-to-furniture.html |titre= Kawakubo: from fashion to furniture |série=Style |date= 23 11 1984 |site=[[The New York Times]]|consulté le=14 septembre 2014 }}</ref>.


Une boutique Comme des Garçons ouvre dans la capitale française dès 1982<ref name="palomo167">{{harvsp|Palomo-Lovinski |2011|p=167|id=NPL2011}}</ref>{{,}}<ref group=n>L'historique des magasins est lisible dans l'article de l'entreprise Comme des Garçons.</ref>. Par la suite, Rei Kawakubo étend ses activités vers le mobilier<ref name=fogg405/>{{,}}<ref name="NewYorkTimes-1984">{{Lien web|langue=en|auteur=Bernardine Morris|url=https://www.nytimes.com/1984/11/23/style/kawakubo-from-fashion-to-furniture.html |titre= Kawakubo: from fashion to furniture |série=Style |date= 23 11 1984 |site=[[The New York Times]]|consulté le=14 septembre 2014}}</ref>, dessinant, entre autres, durant une décennie, les sièges de ses boutiques<ref>{{Article|auteur=S. W.|titre=La passion secrète de Rei|périodique=[[L'Express|L'Express diX]]|volume=supplément à L'Express |numéro=1/10 |date=6 9 2017|pages=52|issn=|consulté le=27 12 2022}}</ref>.
Son second défilé a lieu en 1982<ref group=n>Collection printemps-été 1983.</ref>, mais cette fois, son nom apparait dans le calendrier officiel<ref name="Tsujita-118" />. Comme le premier, le retentissement, la polémique même, est important et les médias sont au rendez vous. L'élégance et la normalité sont une fois de plus mises à mal avec ses vêtements troués, ses couleurs tristes, ses créations inachevées et ses silhouettes difformes, s'éloignant une fois encore des préceptes du prêt-à-porter<ref name=YK427>{{harvsp|Kerlau|2013|p=427|id=YK2013}}</ref>{{,}}<ref name=YK428/> ; Rei Kawakubo démontre ce qu'est la beauté dans une pauvreté vestimentaire<ref name="JM"/> et l'imperfection{{Note|Pour démontrer l'imperfection de tous les vêtements, elle dérègle une machine et produit industriellement un pull « dentelle » ; celui-ci devient artisanal et unique simplement par ses défauts plus proches de ce qu'aurait pu réaliser un homme plutôt qu'une machine<ref name=fogg500>{{harvsp|Fogg|2013|p=500|loc=La mode déconstructive|id=fogg2013}}</ref>.|group=n}}. Malgré la large répercussion dans les médias{{Note|En France, elle reçoit entre autres un large soutien de [[Michel Cressole]] dans ''[[Libération (journal)|Libération]]'' et se voit critiquée par Janie Samet dans ''Le Figaro''<ref>{{harvsp|Kaya Tsujita|2014|p=118 et 119|loc=L'école japonaise à Paris|id=MHCI2014}}</ref>.|group=n}} qui surnomme cette collection {{Citation étrangère|langue=en|New Wave of Beauty}}, des critiques se font entendre<ref name="JM"/>{{,}}<ref name=YK428/>. Son style d'alors, noir, ou gris foncé<ref name=fogg405/>{{,}}<ref name="NewYorkTimes-1984"/>, reçoit un temps le surnom d'{{Citation|Hiroshima Chic}}<ref name=fogg405>{{harvsp|Fogg|2013|p=405|loc=L'ensemble asymétrique|id=fogg2013}}</ref>, de {{Citation|post-atomic}}<ref name=time2004>{{en}}Kate Betts, [http://www.time.com/time/specials/packages/article/0,28804,2015519_2015392_2015457,00.html Women in fashion: Rei Kawakubo] sur time.com, 9 février 2004</ref> ou de {{Citation|mode clochard}} pour les plus critiques. Pourtant Rei Kawakubo ne change rien à sa ligne créative<ref name=YK428>{{harvsp|Kerlau|2013|p=428|id=YK2013}}</ref>. Elle devient la figure de proue du mouvement {{Lien|Anti-fashion}} des années 1980{{#tag:ref|''L'Express Styles'' définit Rei Kawakubo, bien des décennies plus tard, comme : {{citation|activiste de l'antimode et de la déconstruction<ref name="lexpress-2013"/>}}. |group=n}} et source d'inspiration de la [[Minimalisme (mode)|tendance minimaliste]] des années à venir.

Son second défilé, intitulé {{Citation étrangère|lang=en|Destroy}}, a lieu en 1982<ref group=n>Collection printemps-été 1983.</ref>. Mais cette fois, la marque apparait dans le calendrier officiel<ref name="Tsujita-118" />. Comme le premier, le retentissement, la polémique même, est important, mais tous les médias sont alors au rendez-vous. L'élégance et la normalité sont une fois de plus mises à mal à travers des vêtements troués, des couleurs tristes, noires, des créations inachevées et des silhouettes difformes, s'éloignant une fois encore des préceptes du prêt-à-porter<ref name=YK427>{{harvsp|Kerlau|2013|p=427|id=YK2013}}</ref>{{,}}<ref name=YK428/> : les mannequins défilent avec des peintures de guerre sur le visage, la musique est faite de tambours{{sfn|Montmorin|2015|p=26|id=GdM}} ; Rei Kawakubo veut démontrer ce qu'est la beauté dans une pauvreté vestimentaire<ref name="JM"/> et l'imperfection{{Note|Pour démontrer l'imperfection de tous les vêtements, elle dérègle une machine et produit industriellement un pull « dentelle » ; celui-ci devient artisanal et unique simplement par ses défauts plus proches de ce qu'aurait pu réaliser un homme plutôt qu'une machine<ref name=fogg500>{{harvsp|Fogg|2013|p=500|loc=La mode déconstructive|id=fogg2013}}</ref>.|group=n}}. Malgré la large répercussion dans les médias{{Note|En France, elle reçoit entre autres un large soutien de [[Michel Cressole]] dans ''[[Libération (journal)|Libération]]'' et se voit critiquée par Janie Samet dans ''Le Figaro''<ref>{{harvsp|Kaya Tsujita|2014|p=118 et 119|loc=L'école japonaise à Paris|id=MHCI2014}}</ref>.|group=n}} qui surnomme cette collection {{Citation étrangère|langue=en|New Wave of Beauty}}, des critiques se font entendre<ref name="JM"/>{{,}}<ref name=YK428/>. Son style d'alors, noir ou gris foncé<ref name=fogg405/>{{,}}<ref name="NewYorkTimes-1984"/>, reçoit un temps le surnom d'{{Citation|Hiroshima Chic}}<ref name=fogg405>{{harvsp|Fogg|2013|p=405|loc=L'ensemble asymétrique|id=fogg2013}}</ref>, de {{Citation|post-atomic}}<ref name=time2004>{{en}}Kate Betts, [http://www.time.com/time/specials/packages/article/0,28804,2015519_2015392_2015457,00.html Women in fashion: Rei Kawakubo] sur time.com, 9 février 2004</ref> ou de {{Citation|mode clochard}} pour les plus critiques. Pourtant Rei Kawakubo ne change rien à sa ligne créative<ref name=YK428>{{harvsp|Kerlau|2013|p=428|id=YK2013}}</ref>. Elle devient la [[figure de proue]] du mouvement {{Lien|Anti-fashion}} ou « ''no fashion'' » des années 1980{{sfn|Montmorin|2015|p=27|id=GdM}}{{,}}{{Note|''L'Express Styles'' définit Rei Kawakubo, bien des décennies plus tard, comme : {{citation|activiste de l'antimode et de la déconstruction<ref name="lexpress-2013"/>}}. |group=n}} et source d'inspiration de la [[Minimalisme (mode)|tendance minimaliste]] des années à venir.


=== Par la suite ===
=== Par la suite ===
[[File:Comme des Garcons at the Met (62476).jpg|vignette|droite|alt=Deux tenues exposées dans un musée, sur mannequins.|Comme des Garçons, exposition au {{abréviation discrète|MET|Metropolitan Museum of Art}} en 2017.]]
Le [[centre Pompidou]] présente les créations de la styliste lors de l'exposition « Mode et photo » de 1986<ref name=fogg405/>. Sept ans plus tard, le Kyoto Costume Institute intégrera des créations de Kawakubo à ses collections<ref name=fogg405/>. La même année, Kawakubo est récompensée par le {{Lien|Fashion Group International}}<ref name="JM"/>.
Le [[centre Pompidou]] présente les créations de la styliste lors de l'exposition « Mode et photo » en 1986<ref name=fogg405/>. Sept ans plus tard, le [[Kyoto]] Costume Institute intégre des créations de Rei Kawakubo dans ses collections<ref name=fogg405/>. La même année, elle est récompensée par le {{Lien|Fashion Group International}}<ref name="JM"/>.


[[Junya Watanabe]], le protégé de Kawakubo qui a débuté trois ans auparavant chez {{nobr|Comme des Garçons}}, dessine les produits « Tricot » de Comme des Garçons<ref name="palomo167"/>. La créatrice lui laissera peu à peu, comme aux autres stylistes qui dessinent pour sa marque<ref name=HypeBeast/> telle Tao Kurihara, Jun Takahashi ou Fumito Ganryu plus tard, une grande part d'indépendance au sein de sa maison jusqu'à l'obtention d'une ligne à son nom<ref>{{harvsp|Kerlau|2013|p=432|id=YK2013}} {{Citation bloc|Après Junya Watanabe, une autre styliste maison, Tao Kurihara, sera elle aussi autorisée à produire et à diffuser ses modèles à partir de 1998 [NDR : elle intègre l'entreprise et dessine des modèles à partir de 1998 mais possède sa propre ligne en son nom en 2005]. Une façon d'assurer la relève de la marque Comme des garçons […]}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|auteur=Émilie Lanez |url=http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2007-01-16/la-ligne-japonaise/920/0/6114 |titre=La ligne japonaise |date=25 3 1995 |site=[[Le Point]]|consulté le=14 septembre 2014}}</ref>{{,}}{{sfn|Menkes|Steele|2013|p=170|id=svm}}. {{"|Je leur ai donné la liberté de créer leur propre marque sous l'ombrelle de la société. C'est une manière de faire grandir CDG, un peu à la manière d'une guilde{{sfn|Brunel|2015|p=88|id=cb5}}.}} Se développement incessant de nouvelles lignes aboutit à la créations de dix-neuf labels, tous différents, tous sous l'égide de Comme des Garçons et de Rei Kawakubo{{sfn|Brunel|2015|p=86|id=cb5}}.
[[Junya Watanabe]] est le protégé de Rei Kawakubo. Il débute chez {{nobr|Comme des Garçons}} pour dessiner les produits « Tricot » de la marque<ref name="palomo167"/>. La créatrice lui laisse peu à peu, comme aux autres stylistes qui œuvrent pour sa marque<ref name=HypeBeast/> tels Tao Kurihara, Jun Takahashi ou Fumito Ganryu plus tard, une grande part d'indépendance jusqu'à l'obtention d'une ligne à son nom{{sfn|Menkes|Steele|2013|p=170|id=svm}}{{,}}<ref>{{harvsp|Kerlau|2013|p=432|id=YK2013}} {{Citation|Après Junya Watanabe, une autre styliste maison, Tao Kurihara, sera elle aussi autorisée à produire et à diffuser ses modèles à partir de 1998 [NDR : elle intègre l'entreprise et dessine des modèles à partir de 1998 mais possède sa propre ligne en son nom en 2005]. Une façon d'assurer la relève de la marque Comme des garçons […]}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|auteur=Émilie Lanez |url=http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2007-01-16/la-ligne-japonaise/920/0/6114 |titre=La ligne japonaise |date=25 3 1995 |site=[[Le Point]]|consulté le=14 septembre 2014}}</ref>. {{Citation|Je leur ai donné la liberté de créer leur propre marque sous l'ombrelle de la société. C'est une manière de faire grandir {{abréviation discrète|CDG|Comme des Garçons}}, un peu à la manière d'une guilde{{sfn|Brunel|2015|p=88|id=cb5}}.}} Ce développement incessant de nouvelles lignes aboutit à la création de dix-neuf labels différents, tous sous l'égide de Comme des Garçons et de Rei Kawakubo{{sfn|Brunel|2015|p=86|id=cb5}} : {{Citation|Je crée mon entreprise, pas seulement des vêtements. Les nouvelles idées porteuses de business, les stratégies de vente non conventionnelles et le développement des talents de la maison sont aussi des créations de Comme des Garçons.}}{{sfn|Montmorin|2015|p=27|id=GdM}}.


Durant trois ans, Rei Kawakubo supervise la publication de ''Six'' (pour ''{{Lang|en|Sixth Sense}}'', sixième sens), revue créée et financée par Comme des Garçons<ref name=YK430/>. Alors que certains ne pensait trouver qu'un outil de promotion, la publication est majoritairement ouverte à d'autres créateurs, mais également au design, à la danse, à l'architecture, aux arts plastiques ou à la littérature<ref name=YK430>{{harvsp|Kerlau|2013|p=430|id=YK2013}}</ref> ; ce magazine bisannuel fait alors appel à des grands noms de la photographie et ne comporte aucun texte<ref>{{harvsp|Örmen|2000, ''op.cit.''|p=477 et notes p. 564|loc=Le Marketing et l'image|id=CO2000}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en|auteur=Billie Brand |titre=The Sixth Sense: Rei Kawakubo reinterprets her cult magazine SIX for Dover Street Market's new windows |url=http://www.dazeddigital.com/fashion/article/16645/1/the-sixth-sense |date=2013 |site= dazeddigital.com |série=Fashion |éditeur=''[[Dazed & Confused]]''|consulté le=9 septembre 2014}} {{Citation bloc|''Wanting to explore the idea of the sixth sense, she transported her rebellious attitude from design to print and created Six in 1988. The unstapled, A3 biannual publication was shrouded in mystery. Not a single word was printed on the inside of the eight issues that marked the new season’s collection.''}}</ref>.
Durant trois ans, Rei Kawakubo supervise la publication de ''Six'' (pour ''{{Lang|en|Sixth Sense}}'', sixième sens), revue créée et financée par Comme des Garçons<ref name=YK430/>. Alors que certains ne pensaient trouver qu'un outil de promotion, la publication est majoritairement ouverte à d'autres créateurs, mais également au design, à la danse, à l'architecture, aux arts plastiques ou à la littérature<ref name=YK430>{{harvsp|Kerlau|2013|p=430|id=YK2013}}</ref> ; ce magazine bisannuel fait alors appel à des grands noms de la photographie et ne comporte aucun texte<ref>{{harvsp|Örmen|2000, ''op.cit.''|p=477 et notes p. 564|loc=Le Marketing et l'image|id=CO2000}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en|auteur=Billie Brand |titre=The Sixth Sense: Rei Kawakubo reinterprets her cult magazine SIX for Dover Street Market's new windows |url=http://www.dazeddigital.com/fashion/article/16645/1/the-sixth-sense |date=2013 |site= dazeddigital.com |série=Fashion|éditeur=''[[Dazed & Confused]]''|consulté le=28 janvier 2022}} {{Citation étrangère|lang=en|Wanting to explore the idea of the sixth sense, she transported her rebellious attitude from design to print and created Six in 1988. The unstapled, A3 biannual publication was shrouded in mystery. Not a single word was printed on the inside of the eight issues that marked the new season’s collection.}}</ref>.


Dans les [[Années 1990 en mode|années 1990]], les teintes utilisées s'éclaircissent<ref>{{Lien web |auteur= |url= http://www.elle.fr/Personnalites/Rei-Kawakubo |titre=Rei Kawakubo |série=Personnalités |année= |site=elle.fr |éditeur=[[Elle (magazine)|Elle]] |consulté le=28 janvier 2022}}</ref> et le rouge entre notoirement dans ses collections<ref name=Prigent-1998/>. Après le lancement de plusieurs parfums{{Note|Les parfums de la marque sont développés dans l'article [[Comme des Garçons]].|group=n}}, la styliste aborde ce nouveau siècle avec une série de collaborations diverses : avec [[Vivienne Westwood]] pour des produits vendus uniquement au Japon<ref name=time2004/> ou une ligne de sacs en collaboration avec [[Louis Vuitton]] afin de fêter les trente ans de la présence de la marque de [[maroquinerie]] au Japon<ref>{{Lien web|langue=en|auteur=[[Suzy Menkes]]|url=https://www.nytimes.com/2008/06/27/style/27iht-rysl.4.14054846.html?pagewanted=all|titre=Comme des Garcons partners with Louis Vuitton|série=style|site=nytimes.com|éditeur=''[[The New York Times]]''|date=27 juin 2008|consulté le=25 janvier 2022|accès url=payant}}</ref>. Elle dessine une [[collection capsule]] pour [[Hennes & Mauritz|H&M]]<ref name=fogg405/>{{,}}<ref name="JM"/> soulevant quelques critiques sur la démarche{{sfn|Montmorin|2015|p=27|id=GdM}}, puis pour [[Hermès International|Hermès]] avec deux collections minimalistes de onze [[Carré Hermès|carrés]]<ref>{{Lien web |url=https://www.lemonde.fr/style/article/2012/11/26/le-carre-hermes-se-la-joue-comme-des-garcons_1795969_1575563.html|titre=Le carré Hermès se la joue "Comme des garçons" |série=Style|date=26 11 2012 |site=lemonde.fr|éditeur=[[M, le magazine du Monde|M]]|consulté le=29 janvier 2022}}</ref>. L'expérience avec Louis Vuitton est réitérée quelques années plus tard<ref>{{Lien web |auteur=Lisa Wang |titre= Icône et iconoclastes de Louis Vuitton |url= https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http%3A%2F%2Fbusinessoffashion.blog.lemonde.fr%2F2014%2F09%2F11%2Ficone-et-iconoclastes-de-louis-vuitton%2F#federation=archive.wikiwix.com|date=10 septembre 2014 |site=businessoffashion.blog.lemonde.fr|éditeur=[[M, le magazine du Monde]] |consulté le=25 janvier 2022}}</ref>. Rei Kawakubo fait, tout au long de sa carrière, d'autres collaborations pour [[Repetto]] ou [[Speedo]] pour exemples{{sfn|Menkes|Steele|2013|p=170|id=svm}}. En 2001, Elle ouvre, avec son mari, un premier [[concept store]] à Londres, dans le quartier de [[Mayfair]], intitulé ''{{Lien|Dover Street Market}}''. Celui-ci est suivi d'un deuxième cinq ans plus tard au Japon, à [[Ginza Six|Ginza]], mélangeant sculptures, objets insolites ou vêtements d'autres créateurs. Puis, en 2013, un troisième à New York sur [[Lexington Avenue]]<ref>{{Article|auteur1=Alice Pfeiffer |titre=Dover Street market s'invite à New York |périodique=L'Express Styles|numéro=supplément à ''L'Express'' n° 3258|date=11 12 2013|pages=20|consulté le=22 janvier 2022}}</ref>, ainsi que d'autres dans diverses villes du monde.
Dans les [[Années 1990 en mode|années 1990]], les teints utilisées s'éclaircissent<ref>{{Lien web |auteur= |url= http://www.elle.fr/Personnalites/Rei-Kawakubo |titre=Rei Kawakubo |série=Personnalités |année= |site=elle.fr |éditeur=[[Elle (magazine)|Elle]] |consulté le=9 septembre 2014 }}</ref> et le rouge entre notoirement dans ses collections<ref name=Prigent-1998/>.


Dans les années 2000, même si chaque collection est scrutée attentivement, les créations de Rei Kawakubo perdent de leur notoriété : elles se voient de moins en moins portées par les personnalités influentes. Son contrôle absolu de Comme des Garçon et son manque de communication finissent par lasser<ref name=cathy>{{Lien web|langue=en|auteur=[[Cathy Horyn]]|url= https://query.nytimes.com/gst/fullpage.html?res=9B04E5DF1E39F937A15751C0A96E9C8B63 |titre=Gang of Four|date=24 2 2008 |site=nytimes.com |éditeur=[[The New York Times]]|consulté le=24 1 2022}}</ref>. Cette opacité est renforcée, lors des très rares interviews que donne Rei Kawakubo, par les réponses toutes aussi confuses qu'elle apporte<ref name="palomo166"/> : certaines sont simplement ponctuées de « oui » ou de « non »{{sfn|Montmorin|2015|p=26|id=GdM}} ; est reproché également son comportement souvent arrogant<ref name=Prigent-1998/>. Peu de photos (aucune depuis 2005), peu de paroles, sont les lignes directrices de sa discrétion<ref name=HypeBeast/>{{,}}<ref name="JM"/>. Jamais elle ne vient saluer à la fin des défilés comme la tradition l'exige{{sfn|Brunel|2015|p=84-86|id=cb5}}. Plus artiste que styliste, elle semble créer une collection afin de pouvoir seulement financer la suivante et réussir à surprendre{{sfn|Montmorin|2015|p=27|id=GdM}}{{,}}<ref name=cathy/>.
Après le lancement d'un premier parfum{{Note|Les parfums de la marque sont développés dans l'article Comme des Garçons.|group=n}}, la styliste aborde ce nouveau siècle avec une série de collaborations diverses : avec [[Vivienne Westwood]] pour des produits vendus uniquement au Japon<ref name=time2004/>
ou une ligne de sacs en collaboration avec [[Louis Vuitton]] pour fêter les trente ans de la présence de la marque de maroquinerie au Japon<ref>{{Lien web|langue=en|auteur=[[Suzy Menkes]]|url=https://www.nytimes.com/2008/06/27/style/27iht-rysl.4.14054846.html?pagewanted=all|titre=Comme des Garcons partners with Louis Vuitton|série=style|site=nytimes.com|éditeur=''[[The New York Times]]''|date=27 juin 2008|consulté le=25 1 2022|accès url=payant}}</ref>. Elle dessine des créations pour [[Hennes & Mauritz|H&M]]<ref name=fogg405/>{{,}}<ref name="JM"/> puis pour [[Hermès International|Hermès]] avec deux collections minimalistes de onze [[Carré Hermès|Carrés]]<ref>{{Lien web |url=https://www.lemonde.fr/style/article/2012/11/26/le-carre-hermes-se-la-joue-comme-des-garcons_1795969_1575563.html|titre=Le carré Hermès se la joue "Comme des garçons" |série=Style|jour=26 |mois=11|année=2012 |site=lemonde.fr|éditeur=[[M, le magazine du Monde|M]]|consulté le=27 novembre 2012}}</ref>. L'expérience avec Louis Vuitton est réitérée quelques années plus tard<ref>{{Lien web |auteur=Lisa Wang |titre= Icône et iconoclastes de Louis Vuitton |url= https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http%3A%2F%2Fbusinessoffashion.blog.lemonde.fr%2F2014%2F09%2F11%2Ficone-et-iconoclastes-de-louis-vuitton%2F#federation=archive.wikiwix.com|date=10 septembre 2014 |site=businessoffashion.blog.lemonde.fr|éditeur=[[M, le magazine du Monde]] |consulté le=25 1 2022}}</ref>. Rei Kawakubo fait, tout au long de sa carrière, d'autres collaborations, pour [[Repetto]] ou [[Speedo]] par exemple{{sfn|Menkes|Steele|2013|p=170|id=svm}} Elle ouvre, avec son mari, un premier [[concept store]] à [[Mayfair]] en 2001 nommé ''{{Lien|Dover Street Market}}''. Celui-ci est suivi d'un deuxième cinq ans plus tard à [[Ginza Six|Ginza]], mélangeant sculptures, objets insolites ou les vêtements d'autres créateurs ainsi qu'un autre à New York en 2013 sur [[Lexington Avenue]]<ref>{{Article|auteur1=Alice Pfeiffer |titre=Dover Street market s'invite à New York |périodique=L'Express Styles|numéro=supplément à ''L'Express'' n° 3258 |date=11 12 2013 |pages=20|consulté le=22 janvier 2022}}</ref> mais aussi dans diverses villes du monde.


== Défilés notables ==
Dans les années 2000, les créations de Rei Kawakubo perdent de leur notoriété. Son contrôle absolu de Comme des Garçon et son manque de communication fini par lasser<ref name=cathy/>. Plus artiste que styliste, elle semble créer une collection pour pouvoir seulement financer la suivante<ref name=cathy/>.
[[File:Comme des Garcons at the Met (62467).jpg|vignette|droite|alt=Créations exposées dans un musée sur mannequins.|Comme des Garçons, exposition au {{abréviation discrète|MET|Metropolitan Museum of Art}} en 2017. Collection ''{{nobr|Lumps & Bumps}}'' 1997.]]
[[File:Comme des Garcons at the Met (62430).jpg|vignette|droite|redresse|alt=Une robe blanche exposée dans un musée sur mannequin.|Robe blanche Comme des Garçons, exposition au {{abréviation discrète|MET|Metropolitan Museum of Art}} en 2017.]]


Ses [[Défilé de mode|défilés]], pourtant très courus par les médias et acheteurs, sont toujours abscons, les vêtements ou le message présentés étant difficiles à cerner<ref name="palomo166"/>. Ceux-ci laissent perplexes, interloqués ou agacés la plupart des journalistes{{sfn|Lemahieu|2018|p=430|id=D8}}{{,}}<ref name=Vg2017/>{{,}}<ref name="palomo169">{{harvsp|Palomo-Lovinski |2011|p= 169|id=NPL2011}}</ref>, et tous ne sont pas enthousiastes{{Note|[[Paquita Paquin]], écrivant alors pour ''[[Le Matin de Paris]]'', raconte que {{Cita|la grande jouissance à l'égard de la mode, ce sont les premiers défilés de Comme des Garçons et Yohji Yamamoto qui, en 1984, nous rendent absolument hilares […] Nous attendons ces moments avec avidité. c'est l'occasion de s'en payer une bonne tranche ! […] c'est la profession entière qui s'amuse en lisant la presse. Comme des Garçons dépasse l'entendement ! J'étais novice, il m'a fallu deux ou quatre saisons pour parvenir à assimiler une telle différence […] une si profonde remise en question du vêtement, dans sa structure, sa propreté, son repassage et ses accidents de parcours, capte immanquablement l'attention<ref>{{Ouvrage |prénom1=Paquita |nom1=Paquin |titre=Vingt ans sans dormir |sous-titre=1968-1983 |éditeur=[[Éditions Denoël]] |année=2005 |mois=4 |pages totales=203 |passage=33 à 34 |isbn=978-2-207-25569-8}}</ref>.}}|group=n}}. Un proche de Rei Kawakubo souligne pour l'anecdote : {{"|l'émotion de ses défilés est si forte que certaines rédactrices se mettent à trembler. j'ai même vu [[Grace Coddington]] en pleurs}}{{sfn|Brunel|2015|p=84|id=cb5}}. Au delà des vêtements, l'évènement dérange dans sa [[scénographie]] : {{Cita|les mannequins défilent les cheveux hirsutes et apparaissent presque sales, non apprêtés, sans maquillage{{sfn|Lemahieu|2018|p=430|id=D8}}.}} Des journalistes s'y rendent sans réellement savoir pourquoi ils y vont et ce qu'ils vont y trouver<ref name=cathy/>. {{Citation|À la sortie, certains rient, d'autres s'interrogent, d'autres encore hurlent au génie}} comme le résume ''[[Libération (journal)|Libération]]''<ref name=Prigent-1998/>. Année après année, les présentations se déroulent de façon intimiste car, comme le souligne le ''New York Times'', {{Citation|multiplier les chiffres de fréquentation de ses défilés ne fait qu'augmenter le nombre de personnes qui ne comprennent pas}}<ref name=spindler>{{Article |langue=en |auteur1=Amy M. Spindler |titre=Is it new and fresh or merely strange ? |périodique=The New York Times |numéro= |date=10 octobre 1996 |pages=18 |issn=0362-4331|consulté le=2 février 2022}}</ref>.
== Défilés ==
[[File:Comme des Garcons dress Florence Italy 2007.jpg|vignette|redresse|[[Robe (vêtement)|Robe]] Comme des Garçons en 2007 dans un musée à [[Florence]].]]
[[Fichier:Comme des Garçons dress in red, white and blue.jpg|vignette|redresse|Comme des Garçons, robe en rouge, blanc, bleu.]]
Ses [[Défilé de mode|défilés]], pourtant très courus par les médias et acheteurs, sont toujours abscons, les vêtements ou le message présentés étant difficiles à cerner<ref name="palomo166"/>. Ceux-ci laissent perplexes ou interloqués la plupart des journalistes<ref name="palomo169">{{harvsp|Palomo-Lovinski |2011|p= 169|id=NPL2011}}</ref>{{,}}{{sfn|Lemahieu|2018|p=430|id=D8}} et tous ne sont pas enthousiasmés{{Note|[[Paquita Paquin]], écrivant alors pour ''[[Le Matin de Paris]]'', raconte que {{Cita|la grande jouissance à l'égard de la mode, ce sont les premiers défilés de Comme des Garçons et Yohji Yamamoto qui, en 1984, nous rendent absolument hilares […] Nous attendons ces moments avec avidité. c'est l'occasion de s'en payer une bonne tranche ! […] c'est la profession entière qui s'amuse en lisant la presse. Comme des Garçons dépasse l'entendement ! J'étais novice, il m'a fallut deux ou quatre saison pour parvenir à assimiler une telle différence […] une si profonde remise en question du vêtement, dans sa structure, sa propreté, son repassage et ses accidents de parcours, capte immanquablement l'attention<ref>{{Ouvrage |prénom1=Paquita |nom1=Paquin |titre=Vingt ans sans dormir |sous-titre=1968-1983 |éditeur=[[Éditions Denoël]] |année=2005 |mois=4 |pages totales=203 |passage=33 à 34 |isbn=978-2-207-25569-8}}</ref>.}}|group=n}}. Un proche de Rei Kawakubo souligne pour l'anecdote : {{"|l'émotion de ses défilés est si fort que certaines rédactrices se mettent à trembler. j'ai même vu [[Grace Coddington]] en pleurs}}{{sfn|Brunel|2015|p=84|id=cb5}}. Au delà des vêtements, l'évènement dérange dans sa scénographie : {{Cita|les mannequins défilent les cheveux hirsutes et apparaissent presque sales, non apprêtés, sans maquillage{{sfn|Lemahieu|2018|p=430|id=D8}}.}} Certains journalistes s'y rendent sans réellement savoir pourquoi ils y vont et se qu'ils vont y trouver<ref name=cathy/>.


Malgré tout, chaque collection s'impose dans l'histoire de la mode et marque nombre de créateurs<ref name="palomo166"/>, certaines de façon plus notable comme {{incise|outre les défilés de 1981 et 1982}} celle de 1992 avec ses robes froissées ressemblant à du papier<ref name=fogg405/>{{,}}<ref name="JM"/>, puis en 1995 la controversée collection « Sommeil » avec des pyjamas ressemblant aux uniformes d'[[Auschwitz]]<ref name=Prigent-1998/>{{,}}<ref>{{Lien web|auteur1=Anne Boulay |auteur2=Emmanuèle Peyret |url=http://www.liberation.fr/vous/1995/02/08/pourquoi-pyjamas-rayes-de-triste-memoire_124207|date=8 février 1995|titre=Pourquoi. Pyjamas rayés de triste mémoire|site=[[Libération (journal)|Libération]]|consulté le=25 1 2022}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|auteur=Leloup Michèle|titre=Costume de rigueur|date=16 février 1995|site=lexpress.fr|éditeur=[[L'Express]]|url= http://www.lexpress.fr/informations/costume-de-rigueur_602881.html|consulté le=25 1 2022|accès url=limité}} {{Citation|Pour sa collection homme automne-hiver 95, l'hystérie vestimentaire bien connue de Rei Kawakubo confine, cette fois, au cauchemar. À l'heure où l'on commémore la libération des camps de la mort, la styliste de Comme des garçons vient de présenter des pyjamas rayés}}</ref>.
{{Citation|À la sortie, certains rient, d'autres s'interrogent, d'autres encore hurlent au génie}} comme le résume ''[[Libération (journal)|Libération]]''<ref name=Prigent-1998/>. Cette opacité de sens est renforcée, lors des très rares interviews que donne Rei Kawakubo<ref>{{en}} [http://www.time.com/time/specials/packages/article/0,28804,2110513_2110512_2110682,00.html All-TIME Top 100 Fashion icons : Rei Kawakubo] sur time.com</ref>, par les réponses toutes aussi confuses qu'elle apporte<ref name="palomo166"/> et son comportement souvent arrogant<ref name=Prigent-1998/>. Peu de photos, peu de paroles, sont les lignes directrices de sa discrétion<ref name=HypeBeast/>{{,}}<ref name="JM"/>. Jamais elle ne vient saluer à la fin des défilés comme la tradition l'exige{{sfn|Brunel|2015|p=84-86|id=cb5}}.


La suivante, ''{{nobr|Lumps & Bumps}}'' en 1997 est faite de silhouettes désordonnées aux formes proéminentes et asymétriques.
Malgré tout, chaque collection s'impose dans l'histoire de la mode et marque nombre de créateurs<ref name="palomo166"/>, certaines de façon plus notable comme {{incise|outre les défilés de 1981 et 1982}} celle de 1992 avec ses robes froissées ressemblant à du papier<ref name=fogg405/>{{,}}<ref name="JM"/>, puis en 1995 la controversée collection « Sommeil » avec des pyjamas ressemblant aux uniformes d'[[Auschwitz]]<ref name=Prigent-1998/>{{,}}<ref>{{article |auteur1=Anne Boulay | auteur2=Emmanuèle Peyret |url texte= http://www.liberation.fr/vous/1995/02/08/pourquoi-pyjamas-rayes-de-triste-memoire_124207 |date=8 février 1995| titre=Pourquoi. Pyjamas rayés de triste mémoire | périodique=[[Libération (journal)|Libération]]}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|auteur=Leloup Michèle|titre=Costume de rigueur|date=16 février 1995|site=lexpress.fr|éditeur=[[L'Express]]|url= http://www.lexpress.fr/informations/costume-de-rigueur_602881.html}} {{Citation bloc|Pour sa collection homme automne-hiver 95, l'hystérie vestimentaire bien connue de Rei Kawakubo confine, cette fois, au cauchemar. A l'heure où l'on commémore la libération des camps de la mort, la styliste de Comme des garçons vient de présenter des pyjamas rayés}}</ref>.
{{Article détaillé|Lumps & Bumps}}
Les collections 2004 avec leurs volumineuses jupes<ref name=time2004/>, puis la suivante ''{{Lang|en|Broken Bride}}'' remettant en cause la suprématie de la robe de mariée<ref name="ReferenceA">{{harvsp|Kerlau|2013|p=438|id=YK2013}}</ref>, sont également remarquées. La collection printemps-été 2005, décrite par Rei Kawakubo comme {{Citation|[[Harley-Davidson]] aime [[Margot Fonteyn]]}}, laisse un sentiment dubitatif aux observateurs ; elle montre un mélange de tutus et de blousons rigides en cuir<ref name=Vg2017/>{{,}}<ref>{{Lien web|auteur=Sarah Mower |langue=en|titre=Comme des Garçons - Spring 2005 Ready-To-Wear |url=https://www.vogue.com/fashion-shows/spring-2005-ready-to-wear/comme-des-garcons |date=4 octobre 2004 |site=vogue.com |consulté le=28 janvier 2022}}</ref>.


La collection printemps-été 2012, ''{{nobr|White Drama}}'', où le blanc domine<ref name="JM"/>{{,}}<ref>{{Lien web |auteur=Sylvia Jorif|url=http://www.elle.fr/Loisirs/Sorties/News/Cristobal-Balenciaga-et-Rei-Kawakubo-double-ration-de-mode-au-musee-Galliera-1990346|titre=Cristóbal Balenciaga et Rei Kawakubo : double-ration de mode au musée Galliera |date=20 4 2012 |site=[[Elle (magazine)|Elle]]|consulté le=25 1 2022}}</ref>, est considérée comme {{Citation|l'une des plus achevées de la créatrice<ref name="ReferenceA"/>}}. En opposition, la suivante est extrêmement colorée<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=Tim Blanks|titre=Comme des Garçons Fall 2012 Ready-to-Wear|url=https://www.vogue.com/fashion-shows/fall-2012-ready-to-wear/comme-des-garcons |date=2 mars 2012 |site= vogue.com|consulté le=28 janvier 2022}}</ref>.
La suivante, avec ses rembourrages amovibles, fait que la presse ne comprend pas la démarche créative, même pour les critiques de mode habitués au style de Kawakubo<ref name=cathy/>. Le surnom de {{Citation|style Quasimodo}} lui est donné<ref name=watson118/>{{,}}<ref name=cathy/>. La respectée journaliste [[Cathy Horyn]] écrit, après la présentation : {{"|De profil, les modèles ressemblaient à des bossus ou à des chameaux renversés sur le flanc. Il y avait de plus petites masses en forme de rein sur les épaules et les bras}} tandis que sa collègue Amy Spindler parle de {{"|toutes nouvelles difformités pour les femmes}}<ref name=cathy>{{Lien web|langue=en|auteur=[[Cathy Horyn]]|url= https://query.nytimes.com/gst/fullpage.html?res=9B04E5DF1E39F937A15751C0A96E9C8B63 |titre=Gang of Four|date=24 2 2008 |site=nytimes.com |éditeur=[[The New York Times]]|consulté le=24 1 2022}}</ref>.


Le ''Vogue'' américain décrit la présentation automne-hiver 2017 comme {{Citation|une lente procession de jeunes femmes, les bras souvent liés au corps, leur donnant des allures de mannequins de couturières, sont emmaillotées dans des couches bulbeuses et ondulantes, rendues dans ce qui pourrait être un matériau isolant ou du papier d'aluminium ou une substance rappelant un sac en papier brun<ref name=Vg2017>{{Lien web|langue=en | url=https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=https%3A%2F%2Fwww.vogue.com%2Farticle%2Frei-kawakubo-interview-comme-des-garcons-2017-met-museum-costume-exhibit#federation=archive.wikiwix.com&tab=url| titre=On the Eve of the Comme des Garçons Retrospective, the Notoriously Reclusive Rei Kawakubo Speaks Out | site=[[Vogue (magazine)|Vogue]] | date=13 4 2017 |consulté le=24 1 2022| auteur=Lynn Yaeger}}</ref>.}} Anna Cleveland<ref group=n>Anna, fille du mannequin [[Pat Cleveland]].</ref> clôture ce qui tient plus de la [[Performance (art)|performance artistique]] que du défilé de mode<ref name=Vg2017/>.
''{{nobr|Lumps & Bumps}}'' en 1997, faite de silhouettes désordonnées aux formes proéminentes, trouve un écho presque équivalent à sa toute première collection parisienne<ref name="JM"/>{{,}}<ref name="palomo169"/>{{,}}<ref>{{harvsp|Kerlau|2013|p=437|id=YK2013}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |auteur=Gérard Lefort|coauteurs=Anne Boulay |url= http://www.liberation.fr/vous/1996/10/10/defiles-du-pret-a-porter-printemps-ete-1997-issey-miyake-signes-de-plaisir-le-createur-japonais-va-a_184528 |titre= Défilés du Prêt-à porter printemps-été 1997 : Issey Miyake, signes de plaisir Le créateur japonais va à l'essentiel, Kawakubo réfléchit trop, Bergère est serein-chic. |date=10 10 1996 |site=[[Libération (journal)|Libération]]|consulté le=10 septembre 2014 }} {{Citation bloc|Pourtant promptes à éditorialiser dès le premier passage des mannequins, les rédactrices sont restées congelées du Mont-Blanc pendant un bon quart d'heure. Il faut dire qu'exceptionnellement, on partageait leur doute existentiel quant à la pertinence de la démarche de la créatrice. }}</ref>{{,}}{{Note|''Lumps'' est le surnom de cette collection de 1997. Son appellation d'origine est ''{{Lang|en|Dress Becomes Body Becomes Dress}}''<ref name=CB338>{{harvsp|Blackman|2013|p=338 et 339|id=Blackman2013}}</ref>. |group=n}}. {{"|L'objectif de Kawakubo n'était pas de déformer le corps féminin mais plutôt d'exprimer une pensée}} tente d'expliquer le ''New York Times''<ref name=cathy/>.

Les collections de 2004 avec ses volumineuses jupes<ref name=time2004/>, puis la suivante ''{{Lang|en|Broken Bride}}'' remettant en cause la suprématie de la robe de mariée<ref name="ReferenceA">{{harvsp|Kerlau|2013|p=438|id=YK2013}}</ref> sont également remarquées.
''{{nobr|White Drama}}'' pour le printemps-été 2012 où le blanc domine<ref name="JM"/>{{,}}<ref>{{Lien web |auteur= |url= http://www.elle.fr/Loisirs/Sorties/News/Cristobal-Balenciaga-et-Rei-Kawakubo-double-ration-de-mode-au-musee-Galliera-1990346|titre= Cristóbal Balenciaga et Rei Kawakubo : double-ration de mode au musée Galliera |jour=20 |mois=4 |année=2012 |site=elle.fr |éditeur=[[Elle (magazine)|Elle]]|consulté le=9 septembre 2014 }}</ref> est considérée {{Citation|comme l'une des plus achevée de la créatrice<ref name="ReferenceA"/>}}.


== Style ==
== Style ==
[[Fichier:Comme des Garçons dress in red, white and blue.jpg|vignette|droite|alt=Robe exposée sur un mannequin.|Comme des Garçons, robe en rouge, blanc, bleu. Collection prêt-à-porter printemps-été 2006.]]
Ses vêtements vont à l'opposé des principes établis de l'esthétisme et de la beauté<ref name=CB338/>, travaillant {{Citation|sur de nouvelles formes de beauté, même si elles ne sont pas toujours comprises<ref name=Prigent-1998/>}}, tout en conservant parfois une approche féminine<ref name="palomo168"/> et raffinée<ref name=fogg405/>. Pourtant, nombre de ses vêtements sont asexués<ref name=HypeBeast/>{{,}}<ref>{{harvsp|O'Hara Callan|2009|p=146 à 147|id=dico2009}}</ref>. Mais l'aspect seul de ses créations novatrices et à contre-courant n'est rien sans son usage maitrisé des textiles, de la texture et de certains matériaux<ref name=fogg403/>. {{Citation|J'aimerai trouver ce que personne n'a jamais trouvé<ref name="palomo168"/>}} ou {{Citation|moi j'ai toujours tendu mes efforts vers quelque chose qui n'existait pas<ref name=Prigent-1998/>}}, {{"|ce que je veux, c'est faire à chaque fois des vêtements […] que je n'ai jamais vu auparavant{{sfn|Brunel|2015|p=87|id=cb5}}}} : la recherche, l'expérimentation, l'invention sont les fils conducteurs de ses collections et elle remet perpétuellement et annuellement en question la mode<ref name=fogg403/> ; l'imperfection, l'éphémère, l'incomplet, le désordre ou l'asymétrie, sont les composants de ses créations<ref name="palomo169"/>, ainsi que parfois l'esthétique ''boro'' consistant à montrer des vêtements largement usés<ref name=fogg500/>. {{Citation|Je n'ai pas de définition de la beauté. je n'ai pas d'idée bien arrêtée sur ce qu'est la beauté, et mon opinion sur le sujet change constamment<ref name="palomo167"/>.}} Pourtant, sous l'apparence de vouloir déroger aux règles, certains volumes, certaines formes ou structures traditionnelles sont présents dans les créations de Rei Kawakubo ; ceux-ci restent largement détournés ou réinterprétés, modifiant ainsi profondément la silhouette, l'attitude et la démarche{{sfn|Lemahieu|2018|p=431|id=D8}}.

Ses vêtements vont à l'opposé des principes établis de l'esthétisme et de la beauté, travaillant {{Citation|sur de nouvelles formes de beauté, même si elles ne sont pas toujours comprises<ref name=Prigent-1998/>.}} Malgré tout, elle conserve parfois une approche féminine<ref name="palomo168"/> et raffinée<ref name=fogg405/>. Pourtant, nombre de ses vêtements sont asexués<ref name=HypeBeast/>{{,}}<ref>{{harvsp|O'Hara Callan|2009|p=146 à 147|id=dico2009}}</ref>. Mais l'aspect seul de ses créations novatrices et à contre-courant n'est rien sans son usage maitrisé des textiles, de la texture et de certains matériaux<ref name=fogg403/>. {{Citation|J'aimerai trouver ce que personne n'a jamais trouvé<ref name="palomo168"/>}} dit Rei Kawakubo, ajoutant que {{Citation|moi j'ai toujours tendu mes efforts vers quelque chose qui n'existait pas<ref name=Prigent-1998/>}}, car {{"|ce que je veux, c'est faire à chaque fois des vêtements […] que je n'ai jamais vus auparavant{{sfn|Brunel|2015|p=87|id=cb5}}}} : la recherche, l'expérimentation, l'invention sont les fils conducteurs de ses collections et elle remet perpétuellement et annuellement en question la mode<ref name=fogg403/> ; l'imperfection, l'éphémère, l'incomplet, le désordre ou l'asymétrie, sont les composants de ses créations<ref name="palomo169"/>, ainsi que parfois l'esthétique ''boro'' consistant à montrer des vêtements largement usés<ref name=fogg500/>. {{Citation|Je n'ai pas de définition de la beauté. je n'ai pas d'idée bien arrêtée sur ce qu'est la beauté, et mon opinion sur le sujet change constamment<ref name="palomo167"/>.}} Pourtant, sous l'apparence de vouloir déroger aux règles, certains volumes, certaines formes ou structures traditionnelles sont présentes dans les créations de Rei Kawakubo ; ceux-ci restent largement détournés ou réinterprétés, modifiant ainsi profondément la silhouette, l'attitude et la démarche{{sfn|Lemahieu|2018|p=431|id=D8}}.


[[File:Comme des Garcons at the Met (62466).jpg|vignette|redresse|alt=Cinq créations exposées dans un musée.|Comme des Garçons, exposition au MET en 2017.]]
Rei Kawakubo est parfois comparée à [[Azzedine Alaïa|Alaïa]], que ce soit anecdotiquement à cause de sa petite taille, son rapport au côté artisanal de la création, mais surtout par le fait d'avoir réussi à s'imposer dans la mode loin des grands [[Groupe d'entreprises|groupes]] et en dehors des contraintes de ce domaine<ref name="VHI-2013"/> : {{citation|En ce qui concerne la mode, je n'ai jamais imaginé suivre le moindre système ni me conformer à une quelconque règle, que ce soit à mes débuts ou à présent<ref name="VHI-2013"/>.}} Elle est également mise en parallèle avec [[Hussein Chalayan]], tous deux possédant une approche intellectualisée de la mode, avec [[Martin Margiela]] qui aborde lui aussi la création de vêtements « déconstructionnés{{Note|La mode déconstructive apparait au cours des années 1980. Inspirée de la [[Déconstruction (analyse de texte)|déconstruction]] suivant la théorie de [[Jacques Derrida]], la mode décontructive s'appuie principalement sur une négation des principes établis en détournant les conventions, une propension à ce que le vêtement soit inachevé et fasse la démonstration de ce quoi il est constitué et qui n'est habituellement pas montré, comme les coutures, les doublures, ou la structure par exemple. Mais également que le vêtement soit fait d'un assemblage de divers matériaux qui peuvent parfois avoir été récupérés et que celui-ci puisse être dégradé par le temps jusqu'à partir en morceaux. Plusieurs créateurs sont influencés par cette tendance, tels [[Ann Demeulemeester]], Alexander McQueen, Martin Margiela, Hussein Chalayan, Issey Miyake, ou [[Xuly Bët|Lamine Badian Kouyaté]]<ref>{{Dr}} Malcom Barnard ''in'' : {{harvsp|Fogg|2013|p=498 à 501|loc=La mode déconstructive|id=fogg2013}}</ref>. Pourtant, Margiela a toujours refusé d'utiliser le terme de « déconstruction » pour définir sa mode. Il précise qu'en transformant les vêtements, {{Citation|je n'ai pas l'impression de les détruire, mais de les ramener à la vie d'une autre manière}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|auteur1=Harriet Worsley|titre=100 idées qui ont transformé la mode|titre original={{Lang|en|100 ideas that changed fashion}}|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]]|année=2011|mois=10|pages totales=215|passage=188 à 189|isbn=978-2-02-104413-3|titre chapitre=La mode pianissimo des créateurs belges : déconstruction à Anvers}}</ref>.|group=n}} », ou encore [[Alexander McQueen]] pour le message philosophique ou politique parfois intégré à ses défilés<ref name="palomo166"/>.
Rei Kawakubo est parfois comparée à [[Azzedine Alaïa|Alaïa]], que ce soit anecdotiquement à cause de sa petite taille, son rapport au côté artisanal de la création, mais surtout par le fait d'avoir réussi à s'imposer dans la mode loin des grands [[Groupe d'entreprises|groupes]] et en dehors des contraintes de ce domaine<ref name="VHI-2013"/> : {{citation|En ce qui concerne la mode, je n'ai jamais imaginé suivre le moindre système ni me conformer à une quelconque règle, que ce soit à mes débuts ou à présent<ref name="VHI-2013"/>.}} Elle est également mise en parallèle avec [[Hussein Chalayan]], tous deux possédant une approche intellectualisée de la mode, avec [[Martin Margiela]] qui aborde lui aussi la création de vêtements « déconstructionnés{{Note|La mode déconstructive apparait au cours des années 1980. Inspirée de la [[Déconstruction (analyse de texte)|déconstruction]] suivant la théorie de [[Jacques Derrida]], la mode décontructive s'appuie principalement sur une négation des principes établis en détournant les conventions, une propension à ce que le vêtement soit inachevé et fasse la démonstration de ce quoi il est constitué et qui n'est habituellement pas montré, comme les coutures, les doublures, ou la structure par exemple. Mais également que le vêtement soit fait d'un assemblage de divers matériaux qui peuvent parfois avoir été récupérés et que celui-ci puisse être dégradé par le temps jusqu'à partir en morceaux. Plusieurs créateurs sont influencés par cette tendance, tels [[Ann Demeulemeester]], Alexander McQueen, Martin Margiela, Hussein Chalayan, Issey Miyake, ou [[Xuly Bët|Lamine Badian Kouyaté]]<ref>{{Dr}} Malcom Barnard ''in'' : {{harvsp|Fogg|2013|p=498 à 501|loc=La mode déconstructive|id=fogg2013}}</ref>. Pourtant, Margiela a toujours refusé d'utiliser le terme de « déconstruction » pour définir sa mode. Il précise qu'en transformant les vêtements, {{Citation|je n'ai pas l'impression de les détruire, mais de les ramener à la vie d'une autre manière}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|auteur1=Harriet Worsley|titre=100 idées qui ont transformé la mode|titre original={{Lang|en|100 ideas that changed fashion}}|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]]|année=2011|mois=10|pages totales=215|passage=188 à 189|isbn=978-2-02-104413-3|titre chapitre=La mode pianissimo des créateurs belges : déconstruction à Anvers}}</ref>.|group=n}} », ou encore [[Alexander McQueen]] pour le message philosophique ou politique parfois intégré à ses défilés<ref name="palomo166"/>.


=== Reconnaissance ===
=== Reconnaissance ===
[[File:Comme des Garcons dress Florence Italy 2007.jpg|vignette|droite|redresse|alt=Robe exposée dans un musée.|Robe Comme des Garçons en 2007 dans un musée à [[Florence]].]]
[[Olivier Saillard]], directeur du [[musée Galliera]] précise que {{citation|pour tous les couturiers, elle est un peu le maître. Sur le plan créatif, c'est elle qui est le plus regardée<ref>{{Lien web |auteur=[[Xavier de Jarcy]] |url=http://www.telerama.fr/monde/fraiches-collections,66312.php|titre=Fraîches collections |série=|jour=5|mois=3|année=2011|site=telerama.fr|éditeur=|consulté le=9 décembre 2012}}</ref>.}}{{Note|Bali Barret de la maison [[Hermès International|Hermès]] dit de Rei Kawabuko : {{citation|je la vois comme un maitre, une chercheuse non conventionnelle au talent immense}}<ref name="lexpress-2013">{{article |prénom1=Katell |nom1=Pouliquen |titre=Carré d'as chez Hermès|périodique=L'Express Styles|lien périodique=L'Express |numéro=3212 |date= 23 1 2013|pages=42 |issn=0014-5270 |consulté le=14 avril 2013 }}</ref>. [[Thom Browne]] fait remarquer que {{Citation|son travail est un défi aux conventions, ses vêtements, un plaidoyer pour la liberté<ref>{{Article |auteur1=Gabrielle de Montmorin |titre=Thom Browne & ses 5 coups de cœur |périodique=[[Madame Figaro]] |jour=3 |mois=10 |année=2014 |pages=42 |issn=0246-5205 |consulté le=26 octobre 2014 }}</ref>.}} |group=n}}. En mélangeant art et mode<ref>{{Article|auteur=Sandrine Merle |url=http://archives.lesechos.fr/archives/2012/SerieLimitee/00105-023-SLI.htm |titre=Peinture & Chiffons |jour= 17|mois=2 |année=2012 |périodique=[[Groupe Les Échos|Les Échos, supplément Série Limitée]] |consulté le= 9 novembre 2013}} {{Citation bloc|Certains créateurs vont jusqu'à fusionner l'art et la mode avec des vêtements conceptuels. Parmi eux, Rei Kawakubo : la fondatrice de Comme des garçons propose des pièces déconstruites, évolutives ou déséquilibrées.}}</ref>, elle a révolutionné la mode{{sfn|Brunel|2015|p=86|id=cb5}}. Elle a acquis au cours des années une réputation d'{{citation|intellectuelle et de cérébrale}} de la mode<ref name="VHI-2013"/>. Pourtant, dans un [[discours]] pouvant s'apparenter à une forme de défense, elle refuse ce rapport entre mode et art, précisant que {{Citation|la mode n'est pas un art. L’œuvre d'art n'a qu'un seul acquéreur, alors que le vêtement appartient à une série, et s'inscrit dans un phénomène social<ref name="palomo166"/>.}} Rejetant les étiquettes ou [[stéréotypes]], parfois décriée, toujours innovante et surprenante, Rei Kawakubo reste difficile à classer<ref>{{harvsp|Kerlau|2013|p=426|id=YK2013}}</ref>{{,}}<ref name=lepoint-2001>{{Lien web|auteur= |url= http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2007-01-23/les-garcons-du-faubourg/920/0/70297 |titre=Les garçons du Faubourg |jour=15 |mois=5 |année= 2001|site=lepoint.fr |éditeur=[[Le Point]]|consulté le=14 septembre 2014 }} {{Citation bloc|Une profession de foi toujours réitérée par celle qui, depuis vingt ans, ne cesse de bousculer les habitudes vestimentaires au mépris d’une mode qu’elle finit, toujours, par influencer. Portée aux nues par les uns, décriée par les autres, Rei Kawakubo dure.}}</ref>. {{Citation|Rei Kawakubo incarne l'une des grandes forces de la mode des dernières décennies du {{s-|XX}} jusqu'à ce jour. Elle est trop originale pour pouvoir être à jamais classée<ref>[[Suzy Menkes]], 9 juin 2009, citée ''in'' : {{harvsp|Kerlau|2013|p=438|id=YK2013}}</ref>}}.
[[Olivier Saillard]], directeur du [[musée Galliera]] précise que {{Citation|pour tous les couturiers, elle est un peu le maître. Sur le plan créatif, c'est elle qui est le plus regardée<ref>{{Lien web|auteur=[[Xavier de Jarcy]] |url=http://www.telerama.fr/monde/fraiches-collections,66312.php|titre=Fraîches collections |date=5 3 2011|site=telerama.fr|consulté le=25 1 2022}}</ref>.}}{{Note|Bali Barret de la maison [[Hermès International|Hermès]] dit de Rei Kawabuko : {{Citation|je la vois comme un maitre, une chercheuse non conventionnelle au talent immense}}<ref name="lexpress-2013">{{Article|prénom1=Katell|nom1=Pouliquen |titre=Carré d'as chez Hermès|périodique=L'Express Styles|lien périodique=L'Express|numéro=3212 |date= 23 1 2013|pages=42|issn=0014-5270|consulté le=14 avril 2013}}</ref>. [[Thom Browne]] fait remarquer que {{Citation|son travail est un défi aux conventions, ses vêtements, un plaidoyer pour la liberté<ref>{{Article|auteur1=Gabrielle de Montmorin |titre=Thom Browne & ses 5 coups de cœur |périodique=[[Madame Figaro]] |date=3 10 2014|pages=42|issn=0246-5205|consulté le=26 octobre 2014}}</ref>.}}|group=n}}. En mélangeant art et mode<ref>{{Article|auteur=Sandrine Merle|url=http://archives.lesechos.fr/archives/2012/SerieLimitee/00105-023-SLI.htm |titre=Peinture & Chiffons|date= 17 2 2012|périodique=[[Groupe Les Échos|Les Échos, supplément Série Limitée]] |consulté le=28 janvier 2022}} {{Citation|Certains créateurs vont jusqu'à fusionner l'art et la mode avec des vêtements conceptuels. Parmi eux, Rei Kawakubo : la fondatrice de Comme des garçons propose des pièces déconstruites, évolutives ou déséquilibrées.}}</ref>, elle a révolutionné la mode{{sfn|Brunel|2015|p=86|id=cb5}}. Elle a acquis au cours des années une réputation d'{{citation|intellectuelle et de cérébrale}} de la mode<ref name="VHI-2013"/>. Pourtant, dans un [[discours]] pouvant s'apparenter à une forme de défense, elle refuse ce rapport entre mode et art, précisant que {{Citation|la mode n'est pas un art. L’œuvre d'art n'a qu'un seul acquéreur, alors que le vêtement appartient à une série, et s'inscrit dans un phénomène social<ref name="palomo166"/>.}} Rejetant les étiquettes ou [[stéréotypes]], parfois décriée, toujours innovante et surprenante, Rei Kawakubo reste difficile à classer<ref>{{harvsp|Kerlau|2013|p=426|id=YK2013}}</ref>{{,}}<ref name=lepoint-2001>{{Lien web|auteur=Anne-Cécile Sanchez |url= https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http%3A%2F%2Fwww.lepoint.fr%2Factualites-societe%2F2007-01-23%2Fles-garcons-du-faubourg%2F920%2F0%2F70297#federation=archive.wikiwix.com|titre=Les garçons du Faubourg |date=15 5 2001|site=[[Le Point]]|consulté le=25 1 2022}} {{Citation|Une profession de foi toujours réitérée par celle qui, depuis vingt ans, ne cesse de bousculer les habitudes vestimentaires au mépris d’une mode qu’elle finit, toujours, par influencer. Portée aux nues par les uns, décriée par les autres, Rei Kawakubo dure.}}</ref>. {{Citation|Rei Kawakubo incarne l'une des grandes forces de la mode des dernières décennies du {{s-|XX}} jusqu'à ce jour. Elle est trop originale pour pouvoir être à jamais classée<ref>[[Suzy Menkes]], {{date-|9 juin 2009}}, citée ''in'' : {{harvsp|Kerlau|2013|p=438|id=YK2013}}</ref>}}.


Rei Kawakubo {{incise|et sa marque}} reste, depuis plusieurs décennies, une influence majeure pour ses pairs<ref name="palomo166">{{harvsp|Palomo-Lovinski |2011|p= 166|id=NPL2011}}</ref>{{,}}<ref name=HypeBeast/>{{,}}<ref name=Prigent-1998/>{{,}}<ref name="palomo169"/>{{,}}<ref>{{harvsp|O'Hara Callan|2009|p=147|id=dico2009}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |auteur=Florence Evin |url= https://www.lemonde.fr/vous/article/2008/10/01/l-eloge-de-l-ombre-de-rei-kawakubo_1101738_3238.html |titre=L'éloge de l'ombre de Rei Kawakubo |jour=1 |mois=10 |année=2008 |site=[[Le Monde]]|consulté le=11 septembre 2014 }} {{Citation bloc|un petit comité (280 invités), trié sur le volet, assistait au défilé de Rei Kawakubo, pour sa marque Comme des garçons. La collection de la créatrice japonaise, adulée par ses pairs, depuis sa venue à Paris en 1981, était très attendue.}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Kerlau|2013|p=436|id=YK2013}}</ref>{{,}}<ref name=Charlot/>, défiant année après année les codes et conventions de la mode occidentale<ref name=fogg405/>{{,}}<ref name=lepoint-2001/>{{,}}<ref>{{harvsp|O'Hara Callan|2009|p=146|id=dico2009}}</ref>. Plusieurs stylistes lui vouent une {{"|admiration}}, tels [[Marc Jacobs]], [[Martin Margiela]], [[Helmut Lang]] ou [[Phoebe Philo]]<ref name=Charlot>{{Article|auteur1=Charlotte Brunel |titre=Paolo raconte Kawakubo |périodique=L'Express Styles|numéro=supplément à ''L'Express'' n° 3435 |date=3 mai 2017 |pages=40 à 41|consulté le=23 janvier 2022}}</ref>{{,}}{{sfn|Brunel|2015|p=86|id=cb5}}. Son héritage, comme celui d'autres créateurs japonais, se ressent dans la mode occidentale, par l'usage des superpositions, la dominance des matières au delà de la couleur, les créations asymétriques et également {{Cita|une certaine amplitude des vêtements}}{{sfn|Lemahieu|2018|p=431|id=D8}}.
Rei Kawakubo {{incise|ainsi que sa marque}} restent, depuis plusieurs décennies, une influence majeure pour ses pairs<ref name="palomo166">{{harvsp|Palomo-Lovinski |2011|p= 166|id=NPL2011}}</ref>{{,}}<ref name=HypeBeast/>{{,}}<ref name=Prigent-1998/>{{,}}<ref name="palomo169"/>{{,}}<ref>{{harvsp|O'Hara Callan|2009|p=147|id=dico2009}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|auteur=Florence Evin |url= https://www.lemonde.fr/vous/article/2008/10/01/l-eloge-de-l-ombre-de-rei-kawakubo_1101738_3238.html |titre=L'éloge de l'ombre de Rei Kawakubo |date=1 10 2008 |site=[[Le Monde]]|consulté le=25 1 2022}} {{Citation|un petit comité (280 invités), trié sur le volet, assistait au défilé de Rei Kawakubo, pour sa marque Comme des garçons. La collection de la créatrice japonaise, adulée par ses pairs, depuis sa venue à Paris en 1981, était très attendue.}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Kerlau|2013|p=436|id=YK2013}}</ref>{{,}}<ref name=Charlot/>, défiant année après année les codes et conventions de la mode occidentale<ref name=fogg405/>{{,}}<ref name=lepoint-2001/>{{,}}<ref>{{harvsp|O'Hara Callan|2009|p=146|id=dico2009}}</ref>. Plusieurs stylistes lui vouent une {{Citation|admiration}} sans limite, tels [[Marc Jacobs]], [[Martin Margiela]], [[Helmut Lang]] ou [[Phoebe Philo]]{{sfn|Brunel|2015|p=86|id=cb5}}{{,}}<ref name=Charlot>{{Article|auteur1=Charlotte Brunel |titre=Paolo raconte Kawakubo |périodique=L'Express Styles|numéro=supplément à ''L'Express'' n° 3435|date=3 mai 2017 |pages=40 à 41|consulté le=23 1 2022}}</ref>. Son héritage, comme celui d'autres créateurs japonais, se ressent dans la mode occidentale, par l'usage des superpositions, la dominance des matières au delà de la couleur, les créations asymétriques et également {{Citation|une certaine amplitude des vêtements}}{{sfn|Lemahieu|2018|p=431|id=D8}}.


Comme le souligne [[Loïc Prigent]], une styliste déroutante mais respectée<ref name=Prigent-1998>{{Lien web|auteur=[[Loïc Prigent]] |url= http://next.liberation.fr/mode/1998/01/22/la-cap-horniere-de-l-ourlet_225633 |titre=La cap-hornière de l'ourlet|date= 22 janvier 1998|site=next.liberation.fr|série=Mode|éditeur= ''[[Libération (journal)|Libération]]''}} {{Citation bloc|En fait de pointu, Rei Kawakubo l'est tellement qu'elle n'est même plus au bord de la falaise, cela fait longtemps qu'elle en est tombée et qu'elle nage dans des eaux inconnues. Au large du cap Horn de l'ourlet. Chacun de ses défilés est un morceau de bravoure.}}</ref>. Ce respect dont elle dispose de nos jours est à l'opposé du rejet de ses débuts<ref name=PR>{{harvsp|Design Museum - Reed|2013|p=40|id=DM2013}}</ref>. Sous son égide et celle de son mari Adrian Joffe<ref name=HypeBeast/>, Comme des Garçons s'est approprié {{Citation|une place unique}}<ref name="JM">{{harvsp|Metcalf|2013|p=403|id=JM2013}}</ref>, impactant la mode féminine de la fin du {{s-|XX}} et engendrant nombre de changements stylistiques{{sfn|Menkes|Steele|2013|p=169 à 170|id=svm}}.
Comme le souligne [[Loïc Prigent]], une styliste déroutante mais respectée<ref name=Prigent-1998>{{Lien web|auteur=[[Loïc Prigent]] |url=https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http%3A%2F%2Fnext.liberation.fr%2Fmode%2F1998%2F01%2F22%2Fla-cap-horniere-de-l-ourlet_225633#federation=archive.wikiwix.com|titre=La cap-hornière de l'ourlet|date= 22 janvier 1998|site=next.liberation.fr|série=Mode|éditeur= ''[[Libération (journal)|Libération]]''|consulté le=28 janvier 2022}} {{Citation|En fait de pointu, Rei Kawakubo l'est tellement qu'elle n'est même plus au bord de la falaise, cela fait longtemps qu'elle en est tombée et qu'elle nage dans des eaux inconnues. Au large du cap Horn de l'ourlet. Chacun de ses défilés est un morceau de bravoure.}}</ref>. Ce respect dont elle dispose de nos jours est à l'opposé du rejet de ses débuts<ref name=PR>{{harvsp|Design Museum - Reed|2013|p=40|id=DM2013}}</ref>. Sous son égide et celle de son mari Adrian Joffe<ref name=HypeBeast/>, Comme des Garçons s'est approprié {{Citation|une place unique}}<ref name="JM">{{harvsp|Metcalf|2013|p=403|id=JM2013}}</ref>, impactant la mode féminine de la fin du {{s-|XX}} et engendrant nombre de changements stylistiques{{sfn|Menkes|Steele|2013|p=169 à 170|id=svm}}.


=== Adrian Joffe ===
=== Adrian Joffe ===
Adrian Joffe est né en Afrique du Sud. Débutant comme directeur commercial en 197, il devient président de Comme des Garçons et des [[concept store]]s Dover Street Market. Adrian Joffe est marié depuis 1993 avec Rei Kawakubo ; elle se marie par ailleurs habillée en blanc et noir, à Paris. Il permet à sa femme, durant sa carrière, d’étendre ses affaires<ref>{{Lien web|langue=en |url=https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http%3A%2F%2Fwww.businessoffashion.com%2Fadrian-joffe#federation=archive.wikiwix.com |titre=Adrian Joffe |année= |site=[[The Business of Fashion]]|consulté le=23 1 2022 }}</ref>. Il précise que son rôle reste d'{{"|essayer d'aider Rei Kawakubo à incarner sa vision […] moi, je suis là pour interpréter et transformer ces créations en stratégies commerciales. Chez Comme des Garçons, il ne peut y avoir de business sans inventivité<ref>{{Article|auteur1=Karine Porret |titre=Les stratèges de la mode| sous-titre=Adrian Joffe |périodique=L'Express diX |numéro=supplément à ''L'Express'' n° 3453 |date=6 septembre 2017 |pages=132|consulté le=23 janvier 2022}}</ref>.}} Il explique que : {{"|Rei garde un contrôle total sur tout, de l'idée initiale au résultat final, en particulier pour tout ce qui est visuel. Et pour le côté commercial des choses, elle me laisse beaucoup de cela<ref name=HypeBeast/>.}}
Adrian Joffe est né en [[Afrique du Sud]]. Débutant comme directeur commercial en 1987, il devient président de Comme des Garçons et des [[concept store]]s Dover Street Market. Il lui permet ainsi d’étendre le développement de la marque et de l'entreprise Comme des garçons<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Adrian Joffe |url=https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http%3A%2F%2Fwww.businessoffashion.com%2Fadrian-joffe#federation=archive.wikiwix.com |site=[[The Business of Fashion]] |année= |consulté le=23 1 2022}}</ref>. Rei Kawakubo et Adrian Joffe se sont mariés, à Paris, en 1993 ; elle est habillée pour l'occasion en blanc et noir. C'est également Joffe qui sert de traducteur lors des rares interviews de la créatrice{{sfn|Montmorin|2015|p=26|id=GdM}}. Il précise que son rôle reste d'{{"|essayer d'aider Rei Kawakubo à incarner sa vision. […] Moi, je suis là pour interpréter et transformer ces créations en stratégies commerciales. Chez Comme des Garçons, il ne peut y avoir de business sans inventivité<ref>{{Article|auteur1=Karine Porret |titre=Les stratèges de la mode| sous-titre=Adrian Joffe |périodique=L'Express diX |numéro=supplément à ''L'Express'' n° 3453 |date=6 septembre 2017 |pages=132|consulté le=23 janvier 2022}}</ref>.}} Il explique que : {{"|Rei garde un contrôle total sur tout, de l'idée initiale au résultat final, en particulier pour tout ce qui est visuel. Et pour le côté commercial des choses, elle me laisse cela<ref name=HypeBeast/>.}}


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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==== Sources bibliographiques ====
==== Sources bibliographiques ====
<!-- ordre chronologique -->
<!-- ordre chronologique -->
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=Linda Watson |titre=Vogue - La mode du siècle |sous-titre=Le style de chaque décennie, 100 ans de créateurs |titre original=Vogue Twentieth Century Fashion - 100 years of style by decade and designer |lieu=Paris |éditeur=Éditions Hors Collection |année=2000 |pages totales=255 |passage=118 |isbn=2-258-05491-5 |titre chapitre=Comme des Garçons |id=LW2000|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=Linda Watson |titre=Vogue - La mode du siècle |sous-titre=Le style de chaque décennie, 100 ans de créateurs |titre original=Vogue Twentieth Century Fashion - 100 years of style by decade and designer |lieu=Paris |éditeur=Éditions [[Hors collection|Hors Collection]] |année=2000 |pages totales=255 |passage=118 |isbn=2-258-05491-5 |titre chapitre=Comme des Garçons |id=LW2000|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Georgina O'Hara Callan |traducteur=Lydie Échasseriaud |titre=Dictionnaire de la mode |titre original={{Lang|en|The Encyclopaedia of Fashion}} |lieu=Paris |éditeur=[[Thames & Hudson]] |collection=L'univers de l'art |année=2009 |année première édition=1986 |réimpression=2011 |pages totales=303 |passage=146 à 147 |isbn=978-2-87811-327-3 |présentation en ligne=http://blog.looknbe.com/2011/10/le-dictionnaire-de-la-mode-by-georgina-o%E2%80%99hara-callan/ |titre chapitre=Kawakubo, Rei |id=dico2009|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Georgina O'Hara Callan |traducteur=Lydie Échasseriaud |titre=Dictionnaire de la mode |titre original={{Lang|en|The Encyclopaedia of Fashion}} |lieu=Paris |éditeur=[[Thames & Hudson]] |collection=L'univers de l'art|année=2009 |année première édition=1986 |réimpression=2011 |pages totales=303 |passage=146 à 147 |isbn=978-2-87811-327-3 |présentation en ligne=http://blog.looknbe.com/2011/10/le-dictionnaire-de-la-mode-by-georgina-o%E2%80%99hara-callan/ |titre chapitre=Kawakubo, Rei |id=dico2009|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |prénom1=Noël |nom1=Palomo-Lovinski |traducteur=Lise-Éliane Pomier |titre=Les plus grands créateurs de mode |sous-titre=de Coco Chanel à Jean Paul Gaultier |lieu=Paris |éditeur=[[Eyrolles]] |année=2011 |pages totales=192 |passage=166 à 169 |isbn=978-2-212-55178-5 |titre chapitre=Rei Kawakubo |id=NPL2011|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |prénom1=Noël |nom1=Palomo-Lovinski |traducteur=Lise-Éliane Pomier |titre=Les plus grands créateurs de mode |sous-titre=de Coco Chanel à Jean Paul Gaultier |lieu=Paris |éditeur=[[Eyrolles]] |année=2011 |pages totales=192 |passage=166 à 169 |isbn=978-2-212-55178-5 |titre chapitre=Rei Kawakubo |id=NPL2011|plume=oui}}
* {{Ouvrage|prénom1=Yann |nom1=Kerlau |titre=Les secrets de la mode |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Perrin]] |année=2013 |mois=2 |pages totales=438 |passage=421 à 440 |isbn=978-2-262-03923-3 |présentation en ligne=http://www.editions-perrin.fr/fiche.php?F_ean13=9782262039233 |titre chapitre=Noire tempête : Rei Kawakubo |id=YK2013|plume=oui}}
* {{Ouvrage|prénom1=Yann |nom1=Kerlau |titre=Les secrets de la mode |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Perrin]] |année=2013 |mois=2 |pages totales=438 |passage=421 à 440 |isbn=978-2-262-03923-3 |présentation en ligne=http://www.editions-perrin.fr/fiche.php?F_ean13=9782262039233 |titre chapitre=Noire tempête : Rei Kawakubo |id=YK2013|plume=oui}}
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* {{ouvrage|langue=mul |prénom2=Suzy |nom2=Menkes|prénom1=Valerie |nom1=Steel|lien auteur1=Valerie Steele|lien auteur2= Suzy Menkes|titre=Fashion Designer A-Z|éditeur=Taschen |lien éditeur=Taschen|année=2013 |pages totales=654 |titre chapitre=Comme des Garçons |isbn=978-3836543026 |présentation en ligne=http://www.lexpress.fr/styles/mode/une-encyclopedie-sous-forme-de-bible-de-la-mode_1191086.html|passage=168 à 177|plume=oui|id=svm }}
* {{ouvrage|langue=mul |prénom2=Suzy |nom2=Menkes|prénom1=Valerie |nom1=Steel|lien auteur1=Valerie Steele|lien auteur2= Suzy Menkes|titre=Fashion Designer A-Z|éditeur=Taschen |lien éditeur=Taschen|année=2013 |pages totales=654 |titre chapitre=Comme des Garçons |isbn=978-3836543026 |présentation en ligne=http://www.lexpress.fr/styles/mode/une-encyclopedie-sous-forme-de-bible-de-la-mode_1191086.html|passage=168 à 177|plume=oui|id=svm }}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Jonathan |nom1=Metcalf |directeur1=oui |et al.=oui |titre=Fashion |sous-titre=la mode à travers l'histoire |titre original=Fashion. The Ultimate Book of Costume and Style |lieu=Londres |éditeur=[[Dorling Kindersley|DK]] |année=2013 |mois=10 |pages totales=480 |passage=402 à 403 |isbn=978-2-8104-0426-1 |titre chapitre=Rei Kawakubo |id=JM2013|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Jonathan |nom1=Metcalf |directeur1=oui |et al.=oui |titre=Fashion |sous-titre=la mode à travers l'histoire |titre original=Fashion. The Ultimate Book of Costume and Style |lieu=Londres |éditeur=[[Dorling Kindersley|DK]] |année=2013 |mois=10 |pages totales=480 |passage=402 à 403 |isbn=978-2-8104-0426-1 |titre chapitre=Rei Kawakubo |id=JM2013|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=Marnie Fogg |directeur1=oui |et al.=oui |traducteur=Denis-Armand Canal ''et al.'' |préface=[[Valerie Steele]] |titre=Tout sur la mode |sous-titre=Panorama des chefs-d’œuvre et des techniques |lieu=Paris |éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]] |collection=Histoire de l'art |année=2013 |mois=10 |année première édition=2013 [[Thames & Hudson]] |pages totales=576 |passage=402 à 501 |isbn=978-2-08-130907-4 |titre chapitre=Le stylisme japonais moderne / L'ensemble asymétrique Comme des garçons / La mode déconstructive |id=fogg2013|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=[[Marnie Fogg]] |directeur1=oui |et al.=oui |traducteur=Denis-Armand Canal ''et al.'' |préface=[[Valerie Steele]] |titre=Tout sur la mode |sous-titre=Panorama des chefs-d’œuvre et des techniques |lieu=Paris |éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]] |collection=Histoire de l'art |année=2013 |mois=10 |année première édition=2013 [[Thames & Hudson]] |pages totales=576 |passage=402 à 501 |isbn=978-2-08-130907-4 |titre chapitre=Le stylisme japonais moderne / L'ensemble asymétrique Comme des garçons / La mode déconstructive |id=fogg2013|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=en |nom1=Design Museum |lien auteur1=Design Museum |prénom2=Paula |nom2=Reed |titre=Fifty fashon looks that changed the 1980s |lieu=Londres |éditeur=[[Hachette Livre|Conran Octopus]] |collection=Fifty Fashion Looks |année=2013 |pages totales=107 |passage=40 à 41 |isbn=978-1-84091-626-3 |présentation en ligne=http://fashion.telegraph.co.uk/news-features/TMG10520939/Fifty-fashion-looks-that-changed-the-1980s-review.html |titre chapitre=Rei Kawakubo : Catwalk radical |id=DM2013|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=en|nom1=Design Museum|lien auteur1=Design Museum |prénom2=Paula |nom2=Reed |titre=Fifty fashon looks that changed the 1980s|lieu=Londres|éditeur=[[Hachette Livre|Conran Octopus]] |collection=Fifty Fashion Looks |année=2013 |pages totales=107 |passage=40 à 41|isbn=978-1-84091-626-3 |présentation en ligne=http://fashion.telegraph.co.uk/news-features/TMG10520939/Fifty-fashion-looks-that-changed-the-1980s-review.html |titre chapitre=Rei Kawakubo : Catwalk radical |id=DM2013|plume=oui}}
* {{Ouvrage|auteur1=[[Olivier Saillard]]|directeur1=oui|auteur2=Kaya Tsujita|et al.=oui|auteur institutionnel=[[Musée de l’histoire de l’immigration|Musée de l'Histoire et des Cultures de l'immigration]]|titre=Fashion Mix|sous-titre=Mode d'ici. Créateurs d'ailleurs|lieu=Paris|éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]]|année=2014|pages totales=176|passage=115 à 120|isbn=978-2-08-134309-2|présentation en ligne=http://www.histoire-immigration.fr/2014/6/fashion-mix|titre chapitre=L'école japonaise à Paris|id=MHCI2014|plume=oui}}
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==== Sources de presse ====
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<!-- ordre chronologique -->
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* {{Article|auteur1=Charlotte Brunel |titre=Rei(volution) Kawakubo |périodique=L'Express Styles|numéro= supplément à ''L'Express'' n° 3357|date=4 au 10 novembre 2015 |pages=84 à 89|consulté le=23 janvier 2022 |id=cb5|plume=oui}}
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== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Deyan Sudjic|titre=Rei Kawakubo et Comme des Garçons|éditeur=Rizzoli|année=1990|mois=10|pages totales=160|isbn=978-0-8478-1196-0}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Deyan Sudjic|titre=Rei Kawakubo et Comme des Garçons|éditeur=Rizzoli|année=1990|mois=10|pages totales=160|isbn=978-0-8478-1196-0}}
* {{Ouvrage|langue=mul|langue originale=en|auteur1=Terry Jones|titre=Rei Kawakubo|lieu=Köln/Paris|éditeur=[[Taschen]]|année=2012|mois=11|pages totales=120|isbn=978-3-8365-3891-6|présentation en ligne=http://i-d.vice.com/en_gb/read/think-pieces/1968/Terry-Jones-reflects-on-the-one-and-only-Rei-Kawakubo}}
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* ''[[Fashion !]]'' qui accorde une large part à Rei Kawakubo.
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* Interview : {{Lien web|langue=en|auteur= Ronnie Cooke Newhouse|url= http://www.interviewmagazine.com/fashion/rei-kawakubo/#_ |titre=Rei Kawakubo |série=Fashion |année= |site=interviewmagazine.com |éditeur=[[Interview (magazine)|Interview]]|consulté le=9 septembre 2014 }}
* {{Lien web|langue=en | url=https://www.vogue.com/article/rei-kawakubo-interview-comme-des-garcons-2017-met-museum-costume-exhibit | titre=On the Eve of the Comme des Garçons Retrospective, the Notoriously Reclusive Rei Kawakubo Speaks Out | site=[[Vogue (magazine)|Vogue]] | date=13 4 2017 |consulté le=24 1 2022| auteur=Lynn Yaeger}}


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Rei Kawakubo
Biographie
Naissance
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Tokyo (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
川久保玲Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Période d'activité
Autres informations
Distinctions
Royal Designers for Industry honoraire (d) ()
Officier de l'ordre national du Mérite
Chevalier des Arts et des LettresVoir et modifier les données sur Wikidata

Rei Kawakubo (川久保 玲, Kawakubo Rei?), née le à Tokyo, est une styliste japonaise, fondatrice de la marque Comme des Garçons et une personnalité influente et respectée du domaine de la mode. Elle est une des représentantes de l'Antimode des années 1980. Elle conçoit des créations avec une approche intellectuelle, loin des critères traditionnels de la beauté. Elle remet perpétuellement en question les principes établis. Ses vêtements androgynes aux montages étranges sont souvent plein de volumes et réfutent toute élégance ou féminité telle qu'elle est établie en Occident. Rei Kawakubo reste une grande technicienne, maitrisant textiles, matériaux et coupe, largement reconnue par ses pairs et par les médias, même si une grande perplexité reste de mise pour ces derniers. Ses collections, qualifiées au départ de look « Hiroshima Chic », et utilisant majoritairement des noirs, gris, puis rouges ou blancs, sont la référence du mouvement de la mode déconstructive. Ses collections présentées durant l'année 1981, 1997, puis 2012, ont plus particulièrement marqué l'histoire de la mode. Elle est mariée à Adrian Joffe, devenu directeur général de la marque Comme des Garçons.

Biographie[modifier | modifier le code]

Débuts[modifier | modifier le code]

Rei Kawakubo nait en 1942. Son père est universitaire[1]. En 1964, Rei Kawakubo sort diplômée de la prestigieuse Université Keiō, après avoir suivi des études de philosophie, littérature et beaux-arts[2],[3]. Elle travaille au département publicité de l'entreprise Asahi Kasei[4], puis, déçue par ce métier[1], commence une activité de styliste indépendante[5] sans jamais avoir reçu de formation pour la mode[3]. Très tôt, ses créations sont influencées par le Wabi-sabi, le « beau dans l'imparfait » ainsi que par les traditions vestimentaires japonaises[2],[6].

Elle fonde la marque Comme des Garçons — allusion aux paroles de Tous les garçons et les filles de Françoise Hardy[5] même si l'anecdote n'a jamais été confirmée[7] — dans les années 1970[n 1]. Elle présente sa première collection féminine et ouvre un point de vente à Tokyo. La vitrine ne montre rien, les vêtements sont au fond de la boutique et il n'y a pas de miroir[7]. Sa première collection masculine, Comme des Garçons Man, arrive quelques années après[2]. Rei Kawakubo est précurseur dans l'usage majoritaire — voire exclusif au début — du noir[n 2], couleur du deuil et du soir rarement présente dans les collections des stylistes ou couturiers durant cette époque[10]. Son usage se répand dans les rues de Tokyo[11], le succès est là[9]. Le noir va la suivre tout au long de sa carrière : toujours vêtue avec cette teinte, elle apparait en noir sur les photos, lors des interviews[11] et celui-ci dominera ses créations durant de nombreuses années. Lorsque des couleurs se voient utilisées, c'est avant tout en monochromie[12].

Premiers défilés de Paris[modifier | modifier le code]

Cinq créations exposées dans un musée.
Comme des Garçons, exposition au MET en 2017.

Dans les années 1970 à 1980, avec Kenzo Takada, Issey Miyake ou Hanae Mori, une vague de stylistes japonais, remuant la mode occidentale, s'installe à Paris. Kenzo, précurseur, puis Miyake, ont ouvert les portes[13] et plusieurs obtiennent une large reconnaissance[14],[15],[16]. Ils seront plus d'une dizaine à défiler dans la capitale dans les années 1980[17],[n 3]. Avec Issey Miyake et Yohji Yamamoto, Rei Kawakubo va former dans les années à venir un trio représentant un mélange entre l'Orient et l'Occident, à la fois contemporain et inspiré d'un classicisme propre à la culture japonaise[19]. La styliste ne résiste pas à l'appel de Paris[20],[n 4]. Elle y montre des vêtements « défaits, déconstruits, dépiécés[22] ». Sa mode reste donc loin des « jeunes créateurs » français qui triomphaient à l'époque avec une mode flamboyante et colorée à base de silhouettes sexy et glamour[11],[7].

En marge de la Semaine du prêt-à-porter[23], elle présente Lace son premier défilé, au même moment que Yohji Yamamoto son mentor[24],[n 5]. Ne pas être dans le calendrier officiel fait que ce défilé passe relativement inaperçu[9] dans l'immédiat.

Mais, la rumeur progresse jour après jour ,et le défilé se voit qualifié de « véritable choc[1] » et de « provocation[26] » ; celui-ci fait sensation[23],[27] et efface tous les principes occidentaux sur la féminité alors en vigueur, comme tous les « canons esthétiques »[28],[29],[30]. Pour les observateurs qui y ont assisté, parfois dubitatifs, ce premier défilé audacieux devient « cet électrochoc nippon laisse sans voix[20] » ; mais dans les médias, il reste absent des colonnes. Outre Alaïa, Montana ou Mugler, peu de stylistes donnent leur avis, certains pariant même sur son absence d'avenir dans la mode[31]. Pourtant, c'est bien une tempête que Rei Kawakubo a déclenchée[31],[n 6].

Déconcertant, personne ne s'attendait à un tel changement radical[10] et peu de défilés ont autant bouleversé le domaine de la mode[n 7],[6]. Celui-ci marque la fin de l'influence séculaire des créateurs parisiens sur les tendances mondiales[10], ainsi que l'abandon du bon goût et de l'élégance, passage obligé de la couture[20].

Une boutique Comme des Garçons ouvre dans la capitale française dès 1982[33],[n 8]. Par la suite, Rei Kawakubo étend ses activités vers le mobilier[5],[34], dessinant, entre autres, durant une décennie, les sièges de ses boutiques[35].

Son second défilé, intitulé « Destroy », a lieu en 1982[n 9]. Mais cette fois, la marque apparait dans le calendrier officiel[9]. Comme le premier, le retentissement, la polémique même, est important, mais tous les médias sont alors au rendez-vous. L'élégance et la normalité sont une fois de plus mises à mal à travers des vêtements troués, des couleurs tristes, noires, des créations inachevées et des silhouettes difformes, s'éloignant une fois encore des préceptes du prêt-à-porter[36],[37] : les mannequins défilent avec des peintures de guerre sur le visage, la musique est faite de tambours[7] ; Rei Kawakubo veut démontrer ce qu'est la beauté dans une pauvreté vestimentaire[29] et l'imperfection[n 10]. Malgré la large répercussion dans les médias[n 11] qui surnomme cette collection « New Wave of Beauty », des critiques se font entendre[29],[37]. Son style d'alors, noir ou gris foncé[5],[34], reçoit un temps le surnom d'« Hiroshima Chic »[5], de « post-atomic »[40] ou de « mode clochard » pour les plus critiques. Pourtant Rei Kawakubo ne change rien à sa ligne créative[37]. Elle devient la figure de proue du mouvement Anti-fashion ou « no fashion » des années 1980[41],[n 12] et source d'inspiration de la tendance minimaliste des années à venir.

Par la suite[modifier | modifier le code]

Deux tenues exposées dans un musée, sur mannequins.
Comme des Garçons, exposition au MET en 2017.

Le centre Pompidou présente les créations de la styliste lors de l'exposition « Mode et photo » en 1986[5]. Sept ans plus tard, le Kyoto Costume Institute intégre des créations de Rei Kawakubo dans ses collections[5]. La même année, elle est récompensée par le Fashion Group International (en)[29].

Junya Watanabe est le protégé de Rei Kawakubo. Il débute chez Comme des Garçons pour dessiner les produits « Tricot » de la marque[33]. La créatrice lui laisse peu à peu, comme aux autres stylistes qui œuvrent pour sa marque[10] tels Tao Kurihara, Jun Takahashi ou Fumito Ganryu plus tard, une grande part d'indépendance jusqu'à l'obtention d'une ligne à son nom[3],[43],[44]. « Je leur ai donné la liberté de créer leur propre marque sous l'ombrelle de la société. C'est une manière de faire grandir CDG, un peu à la manière d'une guilde[45]. » Ce développement incessant de nouvelles lignes aboutit à la création de dix-neuf labels différents, tous sous l'égide de Comme des Garçons et de Rei Kawakubo[46] : « Je crée mon entreprise, pas seulement des vêtements. Les nouvelles idées porteuses de business, les stratégies de vente non conventionnelles et le développement des talents de la maison sont aussi des créations de Comme des Garçons. »[41].

Durant trois ans, Rei Kawakubo supervise la publication de Six (pour Sixth Sense, sixième sens), revue créée et financée par Comme des Garçons[47]. Alors que certains ne pensaient trouver qu'un outil de promotion, la publication est majoritairement ouverte à d'autres créateurs, mais également au design, à la danse, à l'architecture, aux arts plastiques ou à la littérature[47] ; ce magazine bisannuel fait alors appel à des grands noms de la photographie et ne comporte aucun texte[48],[49].

Dans les années 1990, les teintes utilisées s'éclaircissent[50] et le rouge entre notoirement dans ses collections[51]. Après le lancement de plusieurs parfums[n 13], la styliste aborde ce nouveau siècle avec une série de collaborations diverses : avec Vivienne Westwood pour des produits vendus uniquement au Japon[40] ou une ligne de sacs en collaboration avec Louis Vuitton afin de fêter les trente ans de la présence de la marque de maroquinerie au Japon[52]. Elle dessine une collection capsule pour H&M[5],[29] soulevant quelques critiques sur la démarche[41], puis pour Hermès avec deux collections minimalistes de onze carrés[53]. L'expérience avec Louis Vuitton est réitérée quelques années plus tard[54]. Rei Kawakubo fait, tout au long de sa carrière, d'autres collaborations pour Repetto ou Speedo pour exemples[3]. En 2001, Elle ouvre, avec son mari, un premier concept store à Londres, dans le quartier de Mayfair, intitulé Dover Street Market (en). Celui-ci est suivi d'un deuxième cinq ans plus tard au Japon, à Ginza, mélangeant sculptures, objets insolites ou vêtements d'autres créateurs. Puis, en 2013, un troisième à New York sur Lexington Avenue[55], ainsi que d'autres dans diverses villes du monde.

Dans les années 2000, même si chaque collection est scrutée attentivement, les créations de Rei Kawakubo perdent de leur notoriété : elles se voient de moins en moins portées par les personnalités influentes. Son contrôle absolu de Comme des Garçon et son manque de communication finissent par lasser[56]. Cette opacité est renforcée, lors des très rares interviews que donne Rei Kawakubo, par les réponses toutes aussi confuses qu'elle apporte[2] : certaines sont simplement ponctuées de « oui » ou de « non »[7] ; est reproché également son comportement souvent arrogant[51]. Peu de photos (aucune depuis 2005), peu de paroles, sont les lignes directrices de sa discrétion[10],[29]. Jamais elle ne vient saluer à la fin des défilés comme la tradition l'exige[57]. Plus artiste que styliste, elle semble créer une collection afin de pouvoir seulement financer la suivante et réussir à surprendre[41],[56].

Défilés notables[modifier | modifier le code]

Créations exposées dans un musée sur mannequins.
Comme des Garçons, exposition au MET en 2017. Collection Lumps & Bumps 1997.
Une robe blanche exposée dans un musée sur mannequin.
Robe blanche Comme des Garçons, exposition au MET en 2017.

Ses défilés, pourtant très courus par les médias et acheteurs, sont toujours abscons, les vêtements ou le message présentés étant difficiles à cerner[2]. Ceux-ci laissent perplexes, interloqués ou agacés la plupart des journalistes[28],[30],[58], et tous ne sont pas enthousiastes[n 14]. Un proche de Rei Kawakubo souligne pour l'anecdote : « l'émotion de ses défilés est si forte que certaines rédactrices se mettent à trembler. j'ai même vu Grace Coddington en pleurs »[60]. Au delà des vêtements, l'évènement dérange dans sa scénographie : « les mannequins défilent les cheveux hirsutes et apparaissent presque sales, non apprêtés, sans maquillage[28]. » Des journalistes s'y rendent sans réellement savoir pourquoi ils y vont et ce qu'ils vont y trouver[56]. « À la sortie, certains rient, d'autres s'interrogent, d'autres encore hurlent au génie » comme le résume Libération[51]. Année après année, les présentations se déroulent de façon intimiste car, comme le souligne le New York Times, « multiplier les chiffres de fréquentation de ses défilés ne fait qu'augmenter le nombre de personnes qui ne comprennent pas »[61].

Malgré tout, chaque collection s'impose dans l'histoire de la mode et marque nombre de créateurs[2], certaines de façon plus notable comme — outre les défilés de 1981 et 1982 — celle de 1992 avec ses robes froissées ressemblant à du papier[5],[29], puis en 1995 la controversée collection « Sommeil » avec des pyjamas ressemblant aux uniformes d'Auschwitz[51],[62],[63].

La suivante, Lumps & Bumps en 1997 est faite de silhouettes désordonnées aux formes proéminentes et asymétriques.

Les collections 2004 avec leurs volumineuses jupes[40], puis la suivante Broken Bride remettant en cause la suprématie de la robe de mariée[64], sont également remarquées. La collection printemps-été 2005, décrite par Rei Kawakubo comme « Harley-Davidson aime Margot Fonteyn », laisse un sentiment dubitatif aux observateurs ; elle montre un mélange de tutus et de blousons rigides en cuir[30],[65].

La collection printemps-été 2012, White Drama, où le blanc domine[29],[66], est considérée comme « l'une des plus achevées de la créatrice[64] ». En opposition, la suivante est extrêmement colorée[67].

Le Vogue américain décrit la présentation automne-hiver 2017 comme « une lente procession de jeunes femmes, les bras souvent liés au corps, leur donnant des allures de mannequins de couturières, sont emmaillotées dans des couches bulbeuses et ondulantes, rendues dans ce qui pourrait être un matériau isolant ou du papier d'aluminium ou une substance rappelant un sac en papier brun[30]. » Anna Cleveland[n 15] clôture ce qui tient plus de la performance artistique que du défilé de mode[30].

Style[modifier | modifier le code]

Robe exposée sur un mannequin.
Comme des Garçons, robe en rouge, blanc, bleu. Collection prêt-à-porter printemps-été 2006.

Ses vêtements vont à l'opposé des principes établis de l'esthétisme et de la beauté, travaillant « sur de nouvelles formes de beauté, même si elles ne sont pas toujours comprises[51]. » Malgré tout, elle conserve parfois une approche féminine[24] et raffinée[5]. Pourtant, nombre de ses vêtements sont asexués[10],[68]. Mais l'aspect seul de ses créations novatrices et à contre-courant n'est rien sans son usage maitrisé des textiles, de la texture et de certains matériaux[19]. « J'aimerai trouver ce que personne n'a jamais trouvé[24] » dit Rei Kawakubo, ajoutant que « moi j'ai toujours tendu mes efforts vers quelque chose qui n'existait pas[51] », car « ce que je veux, c'est faire à chaque fois des vêtements […] que je n'ai jamais vus auparavant[69] » : la recherche, l'expérimentation, l'invention sont les fils conducteurs de ses collections et elle remet perpétuellement et annuellement en question la mode[19] ; l'imperfection, l'éphémère, l'incomplet, le désordre ou l'asymétrie, sont les composants de ses créations[58], ainsi que parfois l'esthétique boro consistant à montrer des vêtements largement usés[38]. « Je n'ai pas de définition de la beauté. je n'ai pas d'idée bien arrêtée sur ce qu'est la beauté, et mon opinion sur le sujet change constamment[33]. » Pourtant, sous l'apparence de vouloir déroger aux règles, certains volumes, certaines formes ou structures traditionnelles sont présentes dans les créations de Rei Kawakubo ; ceux-ci restent largement détournés ou réinterprétés, modifiant ainsi profondément la silhouette, l'attitude et la démarche[12].

Rei Kawakubo est parfois comparée à Alaïa, que ce soit anecdotiquement à cause de sa petite taille, son rapport au côté artisanal de la création, mais surtout par le fait d'avoir réussi à s'imposer dans la mode loin des grands groupes et en dehors des contraintes de ce domaine[22] : « En ce qui concerne la mode, je n'ai jamais imaginé suivre le moindre système ni me conformer à une quelconque règle, que ce soit à mes débuts ou à présent[22]. » Elle est également mise en parallèle avec Hussein Chalayan, tous deux possédant une approche intellectualisée de la mode, avec Martin Margiela qui aborde lui aussi la création de vêtements « déconstructionnés[n 16] », ou encore Alexander McQueen pour le message philosophique ou politique parfois intégré à ses défilés[2].

Reconnaissance[modifier | modifier le code]

Robe exposée dans un musée.
Robe Comme des Garçons en 2007 dans un musée à Florence.

Olivier Saillard, directeur du musée Galliera précise que « pour tous les couturiers, elle est un peu le maître. Sur le plan créatif, c'est elle qui est le plus regardée[72]. »[n 17]. En mélangeant art et mode[74], elle a révolutionné la mode[46]. Elle a acquis au cours des années une réputation d'« intellectuelle et de cérébrale » de la mode[22]. Pourtant, dans un discours pouvant s'apparenter à une forme de défense, elle refuse ce rapport entre mode et art, précisant que « la mode n'est pas un art. L’œuvre d'art n'a qu'un seul acquéreur, alors que le vêtement appartient à une série, et s'inscrit dans un phénomène social[2]. » Rejetant les étiquettes ou stéréotypes, parfois décriée, toujours innovante et surprenante, Rei Kawakubo reste difficile à classer[75],[76]. « Rei Kawakubo incarne l'une des grandes forces de la mode des dernières décennies du XXe siècle jusqu'à ce jour. Elle est trop originale pour pouvoir être à jamais classée[77] ».

Rei Kawakubo — ainsi que sa marque — restent, depuis plusieurs décennies, une influence majeure pour ses pairs[2],[10],[51],[58],[78],[79],[80],[81], défiant année après année les codes et conventions de la mode occidentale[5],[76],[82]. Plusieurs stylistes lui vouent une « admiration » sans limite, tels Marc Jacobs, Martin Margiela, Helmut Lang ou Phoebe Philo[46],[81]. Son héritage, comme celui d'autres créateurs japonais, se ressent dans la mode occidentale, par l'usage des superpositions, la dominance des matières au delà de la couleur, les créations asymétriques et également « une certaine amplitude des vêtements »[12].

Comme le souligne Loïc Prigent, une styliste déroutante mais respectée[51]. Ce respect dont elle dispose de nos jours est à l'opposé du rejet de ses débuts[83]. Sous son égide et celle de son mari Adrian Joffe[10], Comme des Garçons s'est approprié « une place unique »[29], impactant la mode féminine de la fin du XXe siècle et engendrant nombre de changements stylistiques[84].

Adrian Joffe[modifier | modifier le code]

Adrian Joffe est né en Afrique du Sud. Débutant comme directeur commercial en 1987, il devient président de Comme des Garçons et des concept stores Dover Street Market. Il lui permet ainsi d’étendre le développement de la marque et de l'entreprise Comme des garçons[85]. Rei Kawakubo et Adrian Joffe se sont mariés, à Paris, en 1993  ; elle est habillée pour l'occasion en blanc et noir. C'est également Joffe qui sert de traducteur lors des rares interviews de la créatrice[7]. Il précise que son rôle reste d'« essayer d'aider Rei Kawakubo à incarner sa vision. […] Moi, je suis là pour interpréter et transformer ces créations en stratégies commerciales. Chez Comme des Garçons, il ne peut y avoir de business sans inventivité[86]. » Il explique que : « Rei garde un contrôle total sur tout, de l'idée initiale au résultat final, en particulier pour tout ce qui est visuel. Et pour le côté commercial des choses, elle me laisse cela[10]. »

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les premiers vêtements sous cette marque apparaissent en 1969 mais l'entreprise est fondée quatre ans plus tard[8].
  2. Kawakubo dit aimer le noir[8] et utiliser trois nuances de noir. Au Japon, les médias surnomment le « clan des corbeaux » (karasu zoku) les clients de Kawakubo ou Yamamoto[9].
  3. Une dizaine de créateurs japonais sur une soixantaine de présentations au total toutes nationalités confondues, dont principalement françaises. Ceux-ci sont très bien accueillis à Paris, renforçant l'image de capitale mondiale de la mode[18].
  4. L'idée de s'installer à Paris vient de Yamamoto qui y songe depuis des années. Kawakubo refuse, puis se décide enfin[21].
  5. Yamamoto et Kawakubo présentent la même semaine leur premier défilé en dehors du calendrier officiel ; mais contrairement à ce que laissent entendre certaines sources, ils défilent séparément[6]. S'ils sont proches dans le style ainsi qu'à titre personnel, les deux créateurs ne souhaitent pas exercer ensemble[9]. Le Jardin des Modes les surnomme « le bonze et la kamikaze »[25].
  6. Yohji Yamamoto : « Les amis japonais nous avaient prédit les pires difficultés. Ils pensaient que nos couleurs tristes allaient être rejetées par un public français habitué aux couleurs gaies et au chatoiement. Notre souci de simplification dans le vêtement avec Rei Kawakubo était une provocation presque adolescente, je ne pensais pas qu'elle produirait autant d'effet ni qu'elle pourrait faire école »[32].
  7. En complément, lire Défilés historiques en France sur Wikipédia.
  8. L'historique des magasins est lisible dans l'article de l'entreprise Comme des Garçons.
  9. Collection printemps-été 1983.
  10. Pour démontrer l'imperfection de tous les vêtements, elle dérègle une machine et produit industriellement un pull « dentelle » ; celui-ci devient artisanal et unique simplement par ses défauts plus proches de ce qu'aurait pu réaliser un homme plutôt qu'une machine[38].
  11. En France, elle reçoit entre autres un large soutien de Michel Cressole dans Libération et se voit critiquée par Janie Samet dans Le Figaro[39].
  12. L'Express Styles définit Rei Kawakubo, bien des décennies plus tard, comme : « activiste de l'antimode et de la déconstruction[42] ».
  13. Les parfums de la marque sont développés dans l'article Comme des Garçons.
  14. Paquita Paquin, écrivant alors pour Le Matin de Paris, raconte que « la grande jouissance à l'égard de la mode, ce sont les premiers défilés de Comme des Garçons et Yohji Yamamoto qui, en 1984, nous rendent absolument hilares […] Nous attendons ces moments avec avidité. c'est l'occasion de s'en payer une bonne tranche ! […] c'est la profession entière qui s'amuse en lisant la presse. Comme des Garçons dépasse l'entendement ! J'étais novice, il m'a fallu deux ou quatre saisons pour parvenir à assimiler une telle différence […] une si profonde remise en question du vêtement, dans sa structure, sa propreté, son repassage et ses accidents de parcours, capte immanquablement l'attention[59]. »
  15. Anna, fille du mannequin Pat Cleveland.
  16. La mode déconstructive apparait au cours des années 1980. Inspirée de la déconstruction suivant la théorie de Jacques Derrida, la mode décontructive s'appuie principalement sur une négation des principes établis en détournant les conventions, une propension à ce que le vêtement soit inachevé et fasse la démonstration de ce quoi il est constitué et qui n'est habituellement pas montré, comme les coutures, les doublures, ou la structure par exemple. Mais également que le vêtement soit fait d'un assemblage de divers matériaux qui peuvent parfois avoir été récupérés et que celui-ci puisse être dégradé par le temps jusqu'à partir en morceaux. Plusieurs créateurs sont influencés par cette tendance, tels Ann Demeulemeester, Alexander McQueen, Martin Margiela, Hussein Chalayan, Issey Miyake, ou Lamine Badian Kouyaté[70]. Pourtant, Margiela a toujours refusé d'utiliser le terme de « déconstruction » pour définir sa mode. Il précise qu'en transformant les vêtements, « je n'ai pas l'impression de les détruire, mais de les ramener à la vie d'une autre manière »[71].
  17. Bali Barret de la maison Hermès dit de Rei Kawabuko : « je la vois comme un maitre, une chercheuse non conventionnelle au talent immense »[42]. Thom Browne fait remarquer que « son travail est un défi aux conventions, ses vêtements, un plaidoyer pour la liberté[73]. »

Références[modifier | modifier le code]

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  2. a b c d e f g h et i Palomo-Lovinski 2011, p. 166
  3. a b c et d Menkes et Steele 2013, p. 170.
  4. Jones 2013, p. 332
  5. a b c d e f g h i j et k Fogg 2013, L'ensemble asymétrique, p. 405
  6. a b et c Blackman 2013, p. 337
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  8. a et b (en) Ronnie Cooke Newhouse, « Rei Kawakubo », Fashion, sur interviewmagazine.com, Interview, (consulté le )
  9. a b c d et e Kaya Tsujita 2014, L'école japonaise à Paris, p. 118
  10. a b c d e f g h et i Article et interview d'Adrian Joffe, in : (en) Edward Chiu, « Adrian Joffe: The Idea of Comme des Garçons », sur hypebeast.com, (consulté le )
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  13. Kaya Tsujita 2014, L'école japonaise à Paris, p. 115 et 116
  14. Fogg 2013, Le stylisme japonais moderne, p. 402
  15. (en) June Weir, « Fashion; The rising prestige of Tokyo », sur nytimes.com, The New York Times, (consulté le )
  16. Gérard Lefort, Olivier Séguret et Anne Boulay, « Prêt-à-porter printemps-été 1999. L'avant-garde-robe est japonaise. », sur next.liberation.fr, Libération, (consulté le ) « Au début des années 80, les Japonais conquerraient Paris en le prenant à rebours. En provenance directe d'un Orient moderne qui nous semblait aussi futuriste qu'étrange et inventif que lointain, ils comblaient les vides béants de la mode occidentale avec un pessimisme massif et une austérité radicale, imposant le noir à tous les étages du corps et donc de l'esprit. »
  17. (en) Bernardine Morris, « Tje japanese challenge to french fashion », sur nytimes.com, The New York Times, (consulté le )
  18. Kaya Tsujita 2014, L'école japonaise à Paris, p. 11ç et 120
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  27. Catherine Örmen (préf. Inès de La Fressange), Un siècle de mode, Paris, Éditions Larousse, coll. « Les documents de l'Histoire », , 128 p. (ISBN 978-2-03-587455-9, présentation en ligne), « Yohji Yamamoto, l'imagination au pouvoir », p. 114 « Yohji Yamamoto présente pour la première fois ses collections à Paris en 1981, en même temps qu'une autre de ses compatriotes, Rei Kawakubo, pour Comme des Garçons. Les deux créateurs font sensation. »
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  43. Kerlau 2013, p. 432 « Après Junya Watanabe, une autre styliste maison, Tao Kurihara, sera elle aussi autorisée à produire et à diffuser ses modèles à partir de 1998 [NDR : elle intègre l'entreprise et dessine des modèles à partir de 1998 mais possède sa propre ligne en son nom en 2005]. Une façon d'assurer la relève de la marque Comme des garçons […] »
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  52. (en) Suzy Menkes, « Comme des Garcons partners with Louis Vuitton » Accès payant, style, sur nytimes.com, The New York Times, (consulté le )
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  77. Suzy Menkes, , citée in : Kerlau 2013, p. 438
  78. O'Hara Callan 2009, p. 147
  79. Florence Evin, « L'éloge de l'ombre de Rei Kawakubo », sur Le Monde, (consulté le ) « un petit comité (280 invités), trié sur le volet, assistait au défilé de Rei Kawakubo, pour sa marque Comme des garçons. La collection de la créatrice japonaise, adulée par ses pairs, depuis sa venue à Paris en 1981, était très attendue. »
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  86. Karine Porret, « Les stratèges de la mode : Adrian Joffe », L'Express diX, no supplément à L'Express n° 3453,‎ , p. 132

Sources bibliographiques[modifier | modifier le code]

Sources de presse[modifier | modifier le code]

  • Charlotte Brunel, « Rei(volution) Kawakubo », L'Express Styles, no supplément à L'Express n° 3357,‎ 4 au 10 novembre 2015, p. 84 à 89. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Gabrielle de Montmorin, « Rei Kawakubo : La dissidente du « no fashion » », Capital, no 8 F,‎ décembre 2015 - janvier - février 2016, p. 26 à 27 (ISSN 1162-6704). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]