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{{voir homonymes|AMD|DMA}}
{{Voir homonymes|AMD|DMA}}
L''''analyse mécanique dynamique''' ('''AMD'''), ou '''spectrométrie mécanique dynamique''', est une méthode de mesure de la [[viscoélasticité]]. Cette méthode d'[[analyse thermique]] permet l'étude et la [[Caractérisation d'un matériau|caractérisation]] des propriétés mécaniques de [[matériau]]x [[Rhéologie des solides#Viscoélasticité|viscoélastiques]], tels les [[polymère]]s.
L''''analyse mécanique dynamique''' ('''AMD''') ou '''spectrométrie mécanique dynamique''' ({{en anglais|dynamic mechanical analysis}}, DMA) est une méthode de mesure de la [[viscoélasticité]]. Cette méthode d'[[analyse thermique]] permet l'étude et la [[Caractérisation d'un matériau|caractérisation]] des propriétés mécaniques de [[matériau]]x [[Rhéologie des solides#Viscoélasticité|viscoélastiques]], tels les [[polymère]]s.


Un [[Instrument de mesure|instrument]] d'AMD (ou de DMA, de ''{{Lang|en|texte=Dynamic mechanical analysis}}'' en anglais) permet de déterminer les [[grandeur physique|grandeurs physiques]] [[wikt:intrinsèque|intrinsèques]] suivantes :
Un [[Instrument de mesure|instrument]] d'AMD permet de déterminer les [[grandeur physique|grandeurs physiques]] [[wikt:intrinsèque|intrinsèques]] suivantes :
* les [[Module élastique|modules]] [[nombre complexe|complexes]] d'[[Thomas Young|Young]] (noté ''E''*) et de [[Charles de Coulomb|Coulomb]] (''G''*), et la [[viscosité]] complexe ([[Êta|η]]*) ;
* les [[Module d'élasticité|modules]] [[nombre complexe|complexes]] de [[Thomas Young|Young]] (noté {{mvar|E}}*) et de [[Charles-Augustin Coulomb|Coulomb]] ({{mvar|G}}*), et la [[viscosité]] complexe ([[Êta|{{mvar}}]]*) ;
* le facteur d'[[amortissement physique|amortissement]] aussi appelé facteur de perte, {{nobr|[[Fonction trigonométrique|tangente]] [[delta]]}} ({{nobr|tan δ}}) ;
* le facteur d'[[amortissement physique|amortissement]] aussi appelé facteur de perte, {{nobr|[[Fonction trigonométrique|tangente]] [[delta]]}} ({{nobr|tan {{mvar|δ}}}}) ;
* la [[température de transition vitreuse]] (T{{ind|v}}) qui dépend de la fréquence. La DMA est plus [[Qualité métrologique des appareils de mesure#Sensibilité|sensible]] que d'autres techniques d'analyse thermique pour la détermination de T{{ind|v}} et la détection de [[Transition de phase d'un polymère|transitions]] dans les [[Matériau composite|composites]].
* la [[température de transition vitreuse]] ({{mvar|T}}{{ind|v}}) qui dépend de la fréquence. La DMA est plus [[Qualité métrologique des appareils de mesure#Sensibilité|sensible]] que d'autres techniques d'analyse thermique pour la détermination de {{mvar|T}}{{ind|v}} et la détection de [[Transition de phase d'un polymère|transitions]] dans les [[Matériau composite|composites]].
En [[essai mécanique|analyse mécanique]] [[système dynamique|dynamique]], un [[Échantillon (matière)|échantillon]] est soumis à une contrainte ou à une déformation [[oscillation|oscillatoire]] (sinusoïdale). La grandeur complémentaire est [[Mesure physique|mesurée]]. Les expériences de viscoélasticité sont réalisées dans le domaine du comportement ''linéaire''. En régime dynamique, les propriétés mécaniques d'un matériau dépendent de la déformation, de la [[fréquence]] d'excitation et de la [[température]] ; ces paramètres sont contrôlés par l'[[Liste des instruments et équipements scientifiques|instrument]] de DMA.
En [[essai mécanique|analyse mécanique]] [[système dynamique|dynamique]], un [[Échantillon (matière)|échantillon]] est soumis à une contrainte ou à une déformation [[oscillation|oscillatoire]] (sinusoïdale). La grandeur complémentaire est [[Mesure physique|mesurée]]. Les expériences de viscoélasticité sont réalisées dans le domaine du [[Loi de comportement|comportement]] ''linéaire''. En régime dynamique, les propriétés mécaniques d'un matériau dépendent de la déformation, de la [[fréquence]] d'excitation et de la [[température]] ; ces paramètres sont contrôlés par l'instrument de DMA.


Le ''type'' de sollicitation, tel la [[Essai de traction|traction]]-compression, le cisaillement ou la [[Flexion (matériau)|flexion]]<ref>Par exemple, excitations en traction-compression, compression ondulée, traction ondulée, pour la mesure du module ''E'' ; en cisaillement plan (de type double entrefer, simple entrefer ou double entrefer selon la {{nobr|norme ISO 4664}}), pour la mesure du module ''G'' ; en cisaillement annulaire (pour l'analyse de matériaux pâteux ou liquides), pompage annulaire (pour l'analyse de liquides de faible viscosité), pour la mesure de la viscosité <math>\eta\,</math> ; en flexion {{nobr|3 points}} sur échantillon libre, flexion {{nobr|3 points}} sur échantillon encastré, pour la mesure de ''E'' ; en [[torsion]] (sur certains spectromètres mécaniques dynamiques) pour la mesure de ''G''.</ref>, dépend du porte-échantillon choisi et des dimensions de l'échantillon. Le montage est disposé dans une [[Chambre d'essais|enceinte thermorégulée]]. Un logiciel de calcul approprié est utilisé.
Le ''type'' de sollicitation, tel la [[Essai de traction|traction]]-compression, le [[Contrainte de cisaillement|cisaillement]] ou la [[Flexion (matériau)|flexion]]<ref group="Note">Par exemple, excitations en traction-compression, compression ondulée, traction ondulée, pour la mesure du module {{mvar|E}} ; en cisaillement plan (de type double entrefer, simple entrefer ou double entrefer selon la {{nobr|norme ISO 4664}}), pour la mesure du module {{mvar|G}} ; en cisaillement annulaire (pour l'analyse de matériaux pâteux ou liquides), pompage annulaire (pour l'analyse de liquides de faible viscosité), pour la mesure de la viscosité {{mvar|η}} ; en flexion {{nobr|3 points}} sur échantillon libre, flexion {{nobr|3 points}} sur échantillon encastré, pour la mesure de {{mvar|E}} ; en [[torsion]] (sur certains spectromètres mécaniques dynamiques) pour la mesure de {{mvar|G}}.</ref>, dépend du porte-échantillon choisi et des dimensions de l'échantillon. Le montage est disposé dans une [[Chambre d'essai|enceinte thermorégulée]]. Un logiciel de calcul approprié est utilisé.


Contrairement aux [[métal|métaux]] et aux matériaux structuraux rigides, les polymères [[thermoplastique]]s et les [[élastomère]]s présentent des [[Module élastique|modules élastiques]] et des facteurs de perte qui varient fortement avec la température et la fréquence. Par ailleurs, ces propriétés dynamiques dépendent beaucoup de leur composition et du procédé de fabrication<ref name="not3">{{en}} Ungar E.E., ''{{lang|en|Damping of Panels}}'', {{p.}}434-455 ''in'' ''{{lang|en|Noise and Vibration Control}}'', éd. {{nobr|L.L. Beranek}}, [[McGraw-Hill]], {{nobr|New York}}, 1971, {{ISBN|978-0-07-004841-6}}</ref>. La technique DMA permet donc de caractériser finement un échantillon de matériau viscoélastique. Elle représente un outil d'évaluation bien adapté aux polymères et s'intègre à l'ensemble des méthodes d'analyse thermique ([[calorimétrie différentielle à balayage|DSC]], [[Analyse thermogravimétrique|TGA]], [[analyse thermomécanique|TMA]], [[dilatation thermique|thermodilatométrie]]{{etc.}}).
Contrairement aux [[métal|métaux]] et aux matériaux structuraux rigides, les polymères [[thermoplastique]]s et les [[élastomère]]s présentent des [[Module d'élasticité|modules d'élasticité]] et des facteurs de perte qui varient fortement avec la température et la fréquence. Par ailleurs, ces propriétés dynamiques dépendent beaucoup de leur composition et du procédé de fabrication<ref name="not3">{{en}} Ungar E.E., ''{{lang|en|Damping of panels}}'', {{p.|434-455}}, dans {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Istvań L. Veŕ|responsabilité1=éditeur|auteur2=Leo L. Beranek|responsabilité2=éditeur|titre=Noise and vibration control|lieu=New York|éditeur=[[McGraw-Hill Education|McGraw-Hill]]|année=1971|pages totales=650|isbn=978-0-07-004841-6|oclc=196700}}.</ref>. La technique DMA permet donc de caractériser finement un échantillon de matériau viscoélastique. Elle représente un outil d'évaluation bien adapté aux polymères et s'intègre à l'ensemble des méthodes d'analyse thermique ([[calorimétrie différentielle à balayage|DSC]], [[Analyse thermogravimétrique|TGA]], [[analyse thermomécanique|TMA]], [[dilatation thermique|thermodilatométrie]]{{etc.}}).


Les applications de la DMA sont nombreuses et concernent différents secteurs d'activité : [[acoustique]] (produits insonorisants) ; [[industrie]]s [[textile]], [[Usine à papier|papetière]], [[agroalimentaire]] ; transports ([[Pneumatique (véhicule)|pneumatiques]], [[Siège (meuble)|sièges]], [[adhésif]]s, composites{{etc.}}) ; [[recherche et développement|R&D]]{{etc.}}
Les applications de la DMA sont nombreuses et concernent différents secteurs d'activité : [[acoustique]] (produits insonorisants) ; [[industrie]]s [[textile]], [[Usine à papier|papetière]], [[agroalimentaire]] ; transports ([[Pneumatique (véhicule)|pneumatiques]], [[Siège (meuble)|sièges]], [[adhésif]]s, composites{{etc.}}) ; [[recherche et développement|R&D]]{{etc.}}


== Principe général ==
== Principe général ==
Le terme général DMA (ou DMTA) est relatif aux appareils à [[vibration]] libre et à ceux à vibration forcée. Dans le premier cas, l'échantillon est placé en oscillation ; puis après suppression de la contrainte, l'[[amplitude]] décroît à travers l'amortissement<ref name="not4">{{en}} White J.R. et De S.K., ''{{Lang|en|texte=Rubber Technologist's Handbook}}'', {{p.}}295-326, Rapra Technology Ltd, UK, 2001, {{ISBN|1-85957-440-8}}</ref>.
Le terme général DMA (ou DMTA) est relatif aux appareils à [[vibration]] libre et à ceux à vibration forcée. Dans le premier cas, l'échantillon est placé en oscillation ; puis après suppression de la contrainte, l'[[amplitude]] décroît à travers l'amortissement<ref name="not4">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Sadhan K. De|responsabilité1=éditeur|auteur2=Jim R. White|responsabilité2=éditeur|titre=Rubber technologist's handbook|lieu=Shawbury|éditeur=Rapra Technology Ltd|année=2001|pages totales=576|passage=295-326|isbn=978-1-85957-440-9|oclc=778916372}}.</ref>.


Un analyseur DMA utilise le type de '''vibration forcée hors [[résonance]]'''. Il applique un déplacement oscillatoire (d'amplitude ''D''<sub>0</sub>) à un échantillon du matériau à analyser. La [[Force (physique)|force]] dynamique (d'amplitude ''F''<sub>0</sub>) résultante transmise par celui-ci est mesurée. Ceci est l'application de la notion de ''contrainte <math>\leftrightarrow</math> déformation'' rencontrée en [[sciences des matériaux]].
Un analyseur DMA utilise le type de ''vibration forcée hors [[résonance]]''. Il applique un déplacement oscillatoire (d'amplitude ''D''<sub>0</sub>) à un échantillon du matériau à analyser. La [[Force (physique)|force]] dynamique (d'amplitude ''F''<sub>0</sub>) résultante transmise par celui-ci est mesurée. Ceci est l'application de la notion de ''contrainte <math>\leftrightarrow</math> déformation'' rencontrée en [[sciences des matériaux]].


Les principes en viscoélasticité [[Système mécanique linéaire|linéaire]] ne sont applicables qu'à de très faibles niveaux de contraintes et de déformations, ce qui conduit en général à une préservation de la structure au repos. Par définition, un matériau (homogène, isotrope et amorphe) montre un comportement viscoélastique linéaire, ou satisfait au [[Rhéologie des solides#Principe de Boltzmann|principe de superposition de Boltzmann]], si la déformation s'exprime comme une fonction linéaire de la contrainte, à une température et à une fréquence données.
Les principes en viscoélasticité [[Système mécanique linéaire|linéaire]] ne sont applicables qu'à de très faibles niveaux de contraintes et de déformations, ce qui conduit en général à une préservation de la structure au repos. Par définition, un matériau (homogène, isotrope et amorphe) montre un comportement viscoélastique linéaire, ou satisfait au [[Rhéologie des solides#Principe de Boltzmann|principe de superposition de Boltzmann]], si la déformation s'exprime comme une fonction linéaire de la contrainte, à une température et à une fréquence données.
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Les mesures sont réalisées sur des rampes (mode « cinétique ») ou sur des paliers (mode stabilisé) de température.
Les mesures sont réalisées sur des rampes (mode « cinétique ») ou sur des paliers (mode stabilisé) de température.
[[Image:DMA_curves.png|vignette|300px|Déphasage δ/ω entre contrainte et déformation d'un matériau viscoélastique soumis à une oscillation sinusoïdale.]]
[[Fichier:DMA curves.png|vignette|300px|Déphasage {{mvar|δ}}/{{mvar|ω}} entre contrainte et déformation d'un matériau viscoélastique soumis à une oscillation sinusoïdale.]]
Le [[déphasage]] entre les [[signal électrique|signaux]] d'entrée [[Fonction trigonométrique|sinusoïdaux]] d'excitation et les signaux de sortie (eux aussi sinusoïdaux et de même fréquence dans le domaine [[Réponse linéaire|linéaire]], mais d'amplitude différente) est donné par l'{{nobr|[[angle de phase]] δ}}. Le déphasage est lié aux [[Liste de grandeurs viscoélastiques|propriétés viscoélastiques]] du matériau. L'{{nobr|angle δ}} est calculé à partir du [[Traitement du signal|traitement de ces signaux]] selon une [[transformée de Fourier rapide]] (notée FFT).
Le [[déphasage]] entre les [[signal électrique|signaux]] d'entrée [[Fonction trigonométrique|sinusoïdaux]] d'excitation et les signaux de sortie (eux aussi sinusoïdaux et de même fréquence dans le domaine [[Réponse linéaire|linéaire]], mais d'amplitude différente) est donné par l'{{nobr|{{Page h'|angle de phase}} ''δ''}}. Le déphasage est lié aux [[Liste de grandeurs viscoélastiques|propriétés viscoélastiques]] du matériau. L'{{nobr|angle ''δ''}} est calculé à partir du [[Traitement du signal|traitement de ces signaux]] selon une [[transformée de Fourier rapide]] (notée FFT).


Lors d'une mesure mécanique dynamique, une contrainte sinusoïdale est appliquée à une fréquence ''f''. Le signal de contrainte peut s'écrire :
Lors d'une mesure mécanique dynamique, une contrainte sinusoïdale est appliquée à une fréquence ''f''. Le signal de contrainte peut s'écrire :
: <math>\sigma (t)= \sigma_0 \cdot \sin \,(\omega t)</math>
: <math>\sigma (t)= \sigma_0 \sin \,(\omega t)</math>
avec :
avec :
: <math>\sigma_0\,</math>, l'amplitude du [[Phénomène périodique|cycle]] de contrainte ;
: <math>\sigma_0</math>, l'amplitude du [[Phénomène périodique|cycle]] de contrainte ;
: <math>\omega = 2 \cdot \pi \cdot f</math>, la [[vitesse angulaire|pulsation]] en [[radian|rad]]/[[seconde (temps)|s]] et ''t'', le [[Le temps en physique|temps]].
: <math>\omega = 2 \pi f</math>, la [[vitesse angulaire|pulsation]] en [[radian|rad]]/[[seconde (temps)|s]] et ''t'', le [[Temps (physique)|temps]].
Le signal de réponse en déformation d'un matériau viscoélastique est déphasé (car ce dernier [[Dissipation|dissipe]] une partie de l'énergie en se déformant), soit :
Le signal de réponse en déformation d'un matériau viscoélastique est déphasé (car ce dernier [[Dissipation|dissipe]] une partie de l'énergie en se déformant), soit :
: <math>\varepsilon (t)= \varepsilon_0 \cdot \sin\,(\omega t + \delta)</math>
: <math>\varepsilon (t)= \varepsilon_0 \sin\,(\omega t + \delta)</math>
avec :
avec :
: <math>\varepsilon_0\,</math>, l'amplitude du cycle de déformation.
: <math>\varepsilon_0</math>, l'amplitude du cycle de déformation.
Le facteur de perte du matériau est égal à la tangente de l'{{nobr|angle δ}}.
Le facteur de perte du matériau est égal à la tangente de l'{{nobr|angle ''δ''}}.


La température de [[transition vitreuse]] T{{ind|v}} est déterminée à partir des valeurs du facteur de perte.
La température de [[transition vitreuse]] ''T''{{ind|v}} est déterminée à partir des valeurs du facteur de perte.


Connaissant la géométrie de l'[[éprouvette]], la [[Raideur (mécanique)|raideur]] dynamique et l'angle de [[Phase (onde)|phase]], il est possible de calculer certaines propriétés viscoélastiques ({{ex}} un [[module élastique]]).
Connaissant la géométrie de l'[[Éprouvette (matériau)|éprouvette]], la [[Raideur (mécanique)|raideur]] dynamique et l'angle de [[Phase (onde)|phase]], il est possible de calculer certaines propriétés viscoélastiques ({{ex}} un [[module d'élasticité]]).


Une description de ces propriétés est donnée à la partie 8.
Une description de ces propriétés est donnée à la partie 8.


L'évolution des caractéristiques intrinsèques sera étudiée en réalisant typiquement un balayage thermique et/ou fréquentiel. Un essai complet comprenant un double balayage en fréquence et en température peut durer plusieurs heures pour certains appareils. Le [[principe d'équivalence temps-température]] peut être utilisé pour [[Corrélation (statistiques)|corréler]] les propriétés du matériau pour toutes les températures et fréquences mesurées<ref name="not13">{{en}} Nashif A.D., Jones D.I.G. et Henderson J.P., ''{{lang|en|Vibration Damping}}'', {{p.}}303, 90-92, [[John Wiley & Sons]], {{nobr|New York}}, 1985, {{ISBN|0-471-86772-1}}</ref>.
L'évolution des caractéristiques intrinsèques sera étudiée en réalisant typiquement un balayage thermique et/ou fréquentiel. Un essai complet comprenant un double balayage en fréquence et en température peut durer plusieurs heures pour certains appareils. Le [[principe d'équivalence temps-température]] peut être utilisé pour [[Corrélation (statistiques)|corréler]] les propriétés du matériau pour toutes les températures et fréquences mesurées<ref name="not13">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Ahid D. Nashif|auteur2=David I.G. Jones|auteur3=John P. Henderson|titre=Vibration damping|lieu=New York|éditeur=[[John Wiley & Sons]]|année=1985|pages totales=453|passage=303, 90-92|isbn=978-0-471-86772-2|oclc=11045202|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=oEI1HAxHg4AC&printsec=frontcover}}.</ref>.


== Comportement viscoélastique des polymères ==
== Comportement viscoélastique des polymères ==
L'analyseur DMA permet une analyse fine des propriétés viscoélastiques des matériaux polymères.
L'analyseur DMA permet une analyse fine des propriétés viscoélastiques des matériaux polymères.


Le comportement de ces derniers peut être étudié en réalisant par exemple un essai en régime quasi-[[Mécanique statique|statique]] de [[fluage]] (en anglais ''{{lang|en|creep}}'').
Le [[Loi de comportement|comportement]] de ces derniers peut être étudié en réalisant par exemple un essai en régime quasi-[[Mécanique statique|statique]] de [[fluage]] (en anglais ''{{lang|en|creep}}'').


=== Viscoélasticité en fluage ===
=== Viscoélasticité en fluage ===
[[Image:Comport_mat.png|vignette|300px|Comparaison adimensionnelle des [[courbe]]s de fluage et de recouvrance en suivant l'évolution de la [[complaisance (matériau)|complaisance]] en traction ''D''(''t'') ou en cisaillement ''J''(''t'') en fonction du temps<ref>Représentation schématique : les différents types de réponse. Avec l'aimable autorisation de la société {{nobr|Malvern Instruments}}.</ref>.]]
[[Fichier:Comport mat.png|vignette|300px|Comparaison adimensionnelle des [[courbe]]s de fluage et de recouvrance en suivant l'évolution de la [[complaisance (matériau)|complaisance]] en traction {{mvar|D}}({{mvar|t}}) ou en cisaillement {{mvar|J}}({{mvar|t}}) en fonction du temps<ref>Représentation schématique : les différents types de réponse, {{lien|Malvern Instruments}}.</ref>.]]
L'essai de [[fluage]] ou de retard consiste à appliquer brutalement sur un matériau une contrainte (''{{lang|en|stress}}'') maintenue ensuite constante sur une durée suffisamment longue. La déformation (''{{lang|en|strain}}'') résultante, fonction du temps, est enregistrée :
L'essai de [[fluage]] ou de retard consiste à appliquer brutalement sur un matériau une contrainte (''{{lang|en|stress}}'') maintenue ensuite constante sur une durée suffisamment longue. La déformation (''{{lang|en|strain}}'') résultante, fonction du temps, est enregistrée :
* un [[État solide|solide]] parfaitement '''élastique''' ([[Robert Hooke|hookéen]]) se déforme instantanément ; la déformation élastique est [[Réversibilité thermodynamique|réversible]] et indépendante du temps<ref name="not1">En mécanique, l'aptitude d'un corps à recouvrer instantanément ses dimensions initiales après cessation de la sollicitation correspond à l'''élasticité''.</ref> ;
* un [[État solide|solide]] parfaitement ''élastique'' ([[Robert Hooke|hookéen]]) se déforme instantanément ; la déformation élastique est [[Réversibilité thermodynamique|réversible]] et indépendante du temps<ref name="note1" group="Note">En mécanique, l'aptitude d'un corps à recouvrer instantanément ses dimensions initiales après cessation de la sollicitation correspond à l'''élasticité''.</ref> ;
* un [[Fluide (matière)|fluide]] parfaitement '''[[viscosité|visqueux]]''' ([[Fluide newtonien|newtonien]]<ref>L'[[eau]], la majorité des [[solvant]]s, les [[b:fr:Tribologie - Lubrifiants liquides|huiles]] de faibles [[viscosité]]s (par exemple) se comportent comme des fluides newtoniens ; ces derniers sont très peu nombreux.</ref>) se déforme progressivement et linéairement en fonction du temps ; la déformation visqueuse est irréversible ;
* un [[Fluide (matière)|fluide]] parfaitement ''[[viscosité|visqueux]]'' ([[Fluide newtonien|newtonien]]<ref group="Note">L'[[eau]], la majorité des [[solvant]]s, les [[b:fr:Tribologie/Lubrifiants/Lubrifiants liquides|huiles]] de faibles [[viscosité]]s (par exemple) se comportent comme des fluides newtoniens ; ces derniers sont très peu nombreux.</ref>) se déforme progressivement et linéairement en fonction du temps ; la déformation visqueuse est irréversible ;
* un matériau [[Macromolécule|macromoléculaire]] exhibe des propriétés mécaniques situées entre ces deux cas idéaux<ref name="not5">Deterre R. et Froyer G., ''Introduction aux matériaux polymères'', {{p.}}83, 80, 47, 52, {{nobr|Tec & Doc Lavoisier}}, Paris, 1997, {{ISBN|2-7430-0171-2}}</ref>, c'est pourquoi il est nommé '''viscoélastique'''<ref>En particulier, un matériau viscoélastique met un certain temps pour revenir à l'état de repos après suppression de la sollicitation.</ref> ; il possède une composante élastique et une composante visqueuse.
* un matériau [[Macromolécule|macromoléculaire]] exhibe des propriétés mécaniques situées entre ces deux cas idéaux<ref name="not5">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Rémi|nom1=Deterre|auteur2=Gérard Froyer|titre=Introduction aux matériaux polymères|lieu=Paris|éditeur=Lavoisier - Technique & Documentation|année=1997|pages totales=215|passage=83, 80, 47, 52|isbn=978-2-7430-0171-1|oclc=36810311}}.</ref>, c'est pourquoi il est nommé « viscoélastique »<ref group="Note">En particulier, un matériau viscoélastique met un certain temps pour revenir à l'état de repos après suppression de la sollicitation.</ref> ; il possède une composante élastique et une composante visqueuse.


L'étude de la [[rhéologie]] des polymères met le plus souvent en évidence des combinaisons complexes d'effets élastiques et visqueux, c'est-à-dire un comportement viscoélastique plus ou moins marqué<ref name="not7">Extrait du fascicule de Cours ''Propriétés des macromolécules'', [[Université Bordeaux I|UB1]], 1980</ref>. Selon l'échelle de temps de l'essai, la composante élastique ou la composante visqueuse du matériau domine<ref name="not2">Fontanille M. et Gnanou Y., ''Chimie et physico-chimie des polymères'', {{p.}}400-436, [[Éditions Dunod|Dunod]], Paris, 2002, {{ISBN|2-10-003982-2}} - {{2e}}{{éd.}} : Dunod, 2010, 560{{nb p.}} {{ISBN|978-2-10-054761-6}}</ref>. En effet, pour une durée de sollicitation très courte, un polymère [[matière amorphe|amorphe]] linéaire adopte un comportement [[verre|vitreux]] (élastique). À l'inverse, pour une durée d'application de la contrainte très longue, il a un comportement visqueux avec possibilité d'écoulement<ref name="not5" />. Voir aussi ''[[Silly Putty]]''.
L'étude de la [[rhéologie]] des polymères met le plus souvent en évidence des combinaisons complexes d'effets élastiques et visqueux, c'est-à-dire un comportement viscoélastique plus ou moins marqué<ref name="not7">Extrait du fascicule de cours ''Propriétés des macromolécules'', [[Université Bordeaux-I|UB1]], 1980.</ref>. Selon l'échelle de temps de l'essai, la composante élastique ou la composante visqueuse du matériau domine<ref name="not2">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Michel|nom1=Fontanille|prénom2=Yves|nom2=Gnanou|préface=Jean-Marie Lehn|titre=Chimie et physico-chimie des polymères|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Dunod|Dunod]]|collection=Sciences sup. Chimie|année=2002|numéro d'édition=1|pages totales=586|passage=400-436|isbn=978-2-10-003982-1|oclc=52296400}} - {{3e}}{{éd.}} : Dunod, 2013, 562{{nb p.}} {{ISBN|978-2-10-058915-9}}.</ref>. En effet, pour une durée de sollicitation très courte, un polymère [[matière amorphe|amorphe]] linéaire adopte un comportement [[verre|vitreux]] (élastique). À l'inverse, pour une durée d'application de la contrainte très longue, il a un comportement visqueux avec possibilité d'écoulement<ref name="not5" />. Voir aussi [[Silly Putty]].


''La viscoélasticité correspond au comportement réel de la majorité des matériaux.''
''La viscoélasticité correspond au comportement réel de la majorité des matériaux.''


Le comportement viscoélastique ''linéaire'' des [[matière plastique|plastiques]] ne peut être observé qu'aux faibles déformations et qu'aux temps courts<ref name="not10">{{en}} Crawford R.J., ''{{lang|en|Plastics Engineering}}'', {{3e}}{{éd.}}, {{chap.}}I & II, Butterworth-Heinemann, 1998, {{ISBN|0-7506-3764-1}}</ref>.
Le comportement viscoélastique ''linéaire'' des [[matière plastique|plastiques]] ne peut être observé qu'aux faibles déformations et qu'aux temps courts<ref name="not10">{{Ouvrage|langue=en|prénom1=R. J.|nom1=Crawford|titre=Plastics engineering|lieu=Amsterdam, Boston|éditeur=Butterworth-Heinemann|année=1998|numéro d'édition=3|pages totales=505|isbn=978-0-08-052410-8|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=nxYuCCGQ7Z0C&printsec=frontcover|titre chapitre=1 et 2}}.</ref>.


Le fluage a pour origine le [[phénomène]] de [[glissement]] des chaînes macromoléculaires les unes par rapport aux autres.
Le fluage a pour origine le [[phénomène]] de [[glissement]] des chaînes macromoléculaires les unes par rapport aux autres.


Les propriétés de fluage, de [[relaxation de contrainte]] et de recouvrance sont les effets de l'application d'une contrainte ou d'une déformation sur le long terme<ref name="not4" />. Les mesures dynamiques (DMA) sont réalisées dans un domaine de fréquence de sollicitation qui s'étend typiquement de {{unité|0.01 à 100|[[Hertz|Hz]]}}.
Les propriétés de fluage, de [[relaxation de contrainte]] et de recouvrance sont les effets de l'application d'une contrainte ou d'une déformation sur le long terme<ref name="not4" />. Les mesures dynamiques (DMA) sont réalisées dans un domaine de fréquence de sollicitation qui s'étend typiquement de {{unité|0,01 à 100 [[Hertz|Hz]]}}.


=== Types de réponse ===
=== Types de réponse ===
Le tableau suivant expose brièvement quelques caractéristiques mécaniques relatives aux trois types de réponse mentionnés plus haut ; le matériau viscoélastique décrit est indistinctement [[Mécanique des milieux continus|solide]] ou [[Mécanique des fluides|fluide]].
Le tableau suivant expose brièvement quelques caractéristiques mécaniques relatives aux trois types de réponse [[#Viscoélasticité en fluage|mentionnés plus haut]] ; le matériau viscoélastique décrit est indistinctement [[Mécanique des milieux continus|solide]] ou [[Mécanique des fluides|fluide]].


[[Alphabet grec|Symbolisme]] utilisé : <math>\sigma\,</math>, <math>\varepsilon\,</math>, <math>\xi\,</math>, <math>\eta\,</math>, ''E''<nowiki>'</nowiki>, ''E''<nowiki>''</nowiki>, ''E''<sub>''c''</sub> et ''E''<sub>''d''</sub> représentent respectivement la contrainte, la déformation, la constante d'élasticité du [[Ressort (mécanique élémentaire)|ressort idéal]], le coefficient de viscosité de l'[[amortisseur]] idéal, le module de conservation (partie réelle de ''E''*), le module de perte (partie imaginaire de ''E''*), les énergies conservée et [[Dissipation|dissipée]] par unité de volume durant un cycle de déformation sinusoïdale.
[[Alphabet grec|Symbolisme]] utilisé : <math>\sigma</math>, <math>\varepsilon</math>, <math>\xi</math>, <math>\eta</math>, ''E''<nowiki>'</nowiki>, ''E''<nowiki>''</nowiki>, ''E''{{ind|c}} et ''E''{{ind|d}} représentent respectivement la contrainte, la déformation, la constante d'élasticité du [[Ressort (mécanique élémentaire)|ressort idéal]], le coefficient de viscosité de l'[[amortisseur]] idéal, le module de conservation (partie réelle de ''E''*), le module de perte (partie imaginaire de ''E''*), les énergies conservée et [[Dissipation|dissipée]] par unité de volume durant un cycle de déformation sinusoïdale.


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|+ Comparaison de la réponse mécanique de trois matériaux sous sollicitation statique ou dynamique.
|+ Comparaison de la réponse mécanique de trois matériaux sous sollicitation statique ou dynamique.
|----- bgcolor=#E8E8FF height=21 align="center"
|----- bgcolor=#E8E8FF height=21 align="center"
! [[Paramètre]]
! Paramètre
! Solide élastique parfait
! Solide élastique parfait
! Matériau viscoélastique
! Matériau viscoélastique
! Liquide visqueux newtonien
! Liquide visqueux newtonien
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|<center>Modèle analogique</center>||<center>[[Ressort (mécanique élémentaire)|Ressort]]</center>||<center>[[Liste de modèles rhéologiques|Association de modèles élémentaires]]</center> ||<center>Amortisseur</center>
| align="center" |Modèle analogique|| align="center" |[[Ressort (mécanique élémentaire)|Ressort]]|| align="center" |[[Liste de modèles rhéologiques|Association de modèles élémentaires]] || align="center" |Amortisseur
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|<center>[[Loi de comportement]] (en régime linéaire)</center>||<center>[[Loi de Hooke]] ([[1678]])<br />contrainte proportionnelle à la déformation : <math>\sigma(t) = \xi \, \varepsilon(t)</math></center>||<center>[[Équation]] du type :<br /><math>\sigma(t) = \varepsilon(t) \, f(t)</math></center>||<center>[[Fluide newtonien|Loi de Newton]] ([[1687]])<br />contrainte proportionnelle à la [[vitesse de déformation]] :<br /><math>\sigma(t) = \eta \, \dot{\varepsilon}(t)</math></center>
| align="center" |[[Loi de comportement]] (en régime linéaire)|| align="center" |[[Loi de Hooke]] ([[1678]])<br />contrainte proportionnelle à la déformation : <math>\sigma(t) = \xi \, \varepsilon(t)</math>|| align="center" |[[Équation]] du type :<br /><math>\sigma(t) = \varepsilon(t) \, f(t)</math>|| align="center" |[[Fluide newtonien|Loi de Newton]] ([[1687]])<br />contrainte proportionnelle à la [[vitesse de déformation]] :<br /><math>\sigma(t) = \eta \, \dot{\varepsilon}(t)</math>
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|<center>Réponse en déformation sous contrainte ''constante'' (essai de [[fluage]])</center>||<center>Instantanée et déformation indépendante du temps</center>||<center>Fonction croissante du temps</center> ||<center>Retardée et fonction linéaire croissante du temps</center>
| align="center" |Réponse en déformation sous contrainte ''constante'' (essai de [[fluage]])|| align="center" |Instantanée et déformation indépendante du temps|| align="center" |Fonction croissante du temps || align="center" |Retardée et fonction linéaire croissante du temps
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|<center>Réponse en contrainte sous déformation ''constante'' (essai de [[relaxation de contrainte]])</center>||<center>Pas de relaxation</center>||<center>Fonction décroissante du temps</center> ||<center>Relaxation instantanée</center>
| align="center" |Réponse en contrainte sous déformation ''constante'' (essai de [[relaxation de contrainte]])|| align="center" |Pas de relaxation|| align="center" |Fonction décroissante du temps || align="center" |Relaxation instantanée
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|<center>[[Angle de phase]] δ entre σ et ε (en dynamique)</center>||<center>0° (signaux de contrainte et de déformation en phase)</center>||<center>0° < δ < 90°</center> ||<center>90° (signaux en quadrature), retard de la réponse maximal</center>
| align="center" |{{page h'|Angle de phase}} ''δ'' entre ''σ'' et ''ε'' (en dynamique)|| align="center" |0° (signaux de contrainte et de déformation en phase)|| align="center" |0° < ''δ'' < 90° || align="center" |90° (signaux en quadrature), retard de la réponse maximal
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|<center>Énergie mécanique durant un cycle de déformation sinusoïdale</center>||<center>Conservée puis restituée (absence de [[frottement]]s internes)</center>||<center>Proportion selon : <math>{E_{d} \over E_{c}} = 2 \pi \tan\,\delta</math></center> ||<center>[[Dissipation|Dissipée]] par frottement interne ; [[hystérésis]] maximale</center>
| align="center" |Énergie mécanique durant un cycle de déformation sinusoïdale|| align="center" |Conservée puis restituée (absence de [[frottement]]s internes)|| align="center" |Proportion selon : <math>{E_\mathrm d \over E_\mathrm c} = 2 \pi \tan\,\delta</math> || align="center" |[[Dissipation|Dissipée]] par frottement interne ; [[hystérésis]] maximale
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|<center>Propriétés typiques</center>||<center>''Déformation'' indépendante du temps ; déformation et réversibilité instantanées ; rigidité</center>||<center>Réversibilité et relaxation combinées ; rigidité caractérisée par ''E''<nowiki>'</nowiki> et facteur d'amortissement = ''E''<nowiki>''</nowiki> / ''E''<nowiki>'</nowiki><ref>Symbolisme utilisé pour un essai en flexion, par exemple ; pour un essai en cisaillement, le symbole « ''G'' » est utilisé.</ref></center> ||<center>''Déformation continue, irrécupérable, écoulement'' ; relaxation ; amortissement</center>
| align="center" |Propriétés typiques|| align="center" |''Déformation'' indépendante du temps ; déformation et réversibilité instantanées ; rigidité|| align="center" |Réversibilité et relaxation combinées ; rigidité caractérisée par ''E''<nowiki>'</nowiki> et facteur d'amortissement = {{nobr|''E''<nowiki>''</nowiki> / ''E''<nowiki>'</nowiki>}}<ref group="Note">Symbolisme utilisé pour un essai en flexion, par exemple ; pour un essai en cisaillement, le symbole « ''G'' » est utilisé.</ref> || align="center" |''Déformation continue, irrécupérable, écoulement'' ; relaxation ; amortissement
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L'équation en viscoélasticité linéaire indique simplement que, pour un [[essai de traction]] uniaxiale par exemple, pour une valeur fixée de la durée de sollicitation t, la contrainte sera directement proportionnelle à la déformation<ref name="not10" />.
L'équation en viscoélasticité linéaire indique simplement que, pour un [[essai de traction]] uniaxiale par exemple, pour une valeur fixée de la durée de sollicitation ''t'', la contrainte sera directement proportionnelle à la déformation<ref name="not10" />.
[[Image:Mechan behav materials.gif|vignette|300px|Comportement en contrainte-déformation de matériaux élastiques et viscoélastiques pour deux valeurs de la durée de sollicitation, ''t''.]]
[[Fichier:Mechan behav materials.gif|vignette|300px|Comportement en contrainte-déformation de matériaux élastiques et viscoélastiques pour deux valeurs de la durée de sollicitation, {{mvar|t}}.]]
Dans le domaine linéaire, les propriétés viscoélastiques sont indépendantes de la déformation. À partir d'un niveau de déformation critique, le comportement d'un matériau non [[fragilité|fragile]] devient non linéaire<ref name="not6">{{en}} Arends, Charles B., ''{{lang|en|Polymer toughening}}'', {{p.}}33, 7, 8, 25, [[Marcel Dekker]], {{nobr|New York}}, 1996, {{ISBN|0-8247-9474-5}}</ref> ; notamment, son module de conservation ''M''<nowiki>'</nowiki> (par exemple ''E''<nowiki>'</nowiki> ou ''G''<nowiki>'</nowiki>) peut diminuer si la déformation augmente.
Dans le domaine linéaire, les propriétés viscoélastiques sont indépendantes de la déformation. À partir d'un niveau de déformation critique, le comportement d'un matériau non [[fragilité|fragile]] devient non linéaire<ref name="not6">{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Charles B.|nom1=Arends|titre=Polymer toughening|lieu=New York|éditeur=[[Marcel Dekker]]|collection=Plastics engineering|numéro dans collection=30|année=1996|pages totales=415|passage=33, 7, 8, 25|isbn=978-0-8247-9474-3|oclc=33359798|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=ZO10NyQ9T6kC&printsec=frontcover}}.</ref> ; notamment, son module de conservation ''M''<nowiki>'</nowiki> (par exemple ''E''<nowiki>'</nowiki> ou ''G''<nowiki>'</nowiki>) peut diminuer si la déformation augmente.


Lors d'une [[déformation plastique]], un matériau subit une déformation permanente et une [[Dégradation d'un polymère|dégradation]] qui peut aboutir à sa [[rupture (matériau)|rupture]]<ref name="not2" />.
Lors d'une [[déformation plastique]], un matériau subit une déformation permanente et une [[Dégradation d'un polymère|dégradation]] qui peut aboutir à sa [[rupture (matériau)|rupture]]<ref name="not2" />.
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Remarque : si l'étude faisait intervenir deux valeurs constantes de température au lieu de deux valeurs constantes de temps comme précédemment, le tracé de chaque famille de courbes serait qualitativement similaire : il existe une équivalence entre la température et la durée d'application de la contrainte<ref name="not7" />.
Remarque : si l'étude faisait intervenir deux valeurs constantes de température au lieu de deux valeurs constantes de temps comme précédemment, le tracé de chaque famille de courbes serait qualitativement similaire : il existe une équivalence entre la température et la durée d'application de la contrainte<ref name="not7" />.


La rigidité (''{{lang|en|stiffness}}'' en anglais) d'un matériau est exprimée en termes de [[module élastique]].
La rigidité (''{{lang|en|stiffness}}'' en anglais) d'un matériau est exprimée en termes de [[module d'élasticité]].


Le module d'un ressort idéal ne dépend pas de la fréquence, donc son module statique est égal à son module dynamique.
Le module d'un ressort idéal ne dépend pas de la fréquence, donc son module statique est égal à son module dynamique.


Les modules ''E'' et ''G'', l'amortissement et le [[coefficient de Poisson]] d'un matériau viscoélastique sont fonction à la fois de la température et de la fréquence (vitesse) de mesure<ref name="not6" />. En général, plus le matériau est dissipatif, plus la variation de rigidité et d'amortissement est importante. La [[Représentation graphique d'une fonction mathématique|représentation graphique]] du {{§}}9.2.2 illustre bien ces phénomènes dans la ''zone de [[Transition de phase dans les polymères|transition]]''.
Les modules ''E'' et ''G'', l'amortissement et le [[coefficient de Poisson]] d'un matériau viscoélastique sont fonction à la fois de la température et de la fréquence (vitesse) de mesure<ref name="not6" />. En général, plus le matériau est dissipatif, plus la variation de rigidité et d'amortissement est importante. La [[Représentation graphique d'une fonction mathématique|représentation graphique]] du {{§}}9.2.2 illustre bien ces phénomènes dans la ''zone de [[Transition de phase d'un polymère|transition]]''.


À l'état vitreux (T < T{{ind|v}}), tous les polymères, [[Taux de cristallinité|semi-cristallins]] ou amorphes, sont rigides, généralement fragiles et ont un caractère élastique dominant<ref name="not7" />.
À l'état vitreux (''T'' < ''T''{{ind|v}}), tous les polymères, [[Polymère semi-cristallin|semi-cristallins]] ou amorphes, sont rigides, généralement fragiles et ont un caractère élastique dominant<ref name="not7" />.


Les polymères amorphes ou semi-cristallins présentent un caractère viscoélastique ayant pour origine un réarrangement des chaînes dans les zones amorphes, lorsqu'une contrainte est appliquée.
Les polymères amorphes ou [[Taux de cristallinité|semi-cristallins]] présentent un caractère viscoélastique ayant pour origine un réarrangement des chaînes dans les zones amorphes, lorsqu'une contrainte est appliquée.


Le comportement élastique ou viscoélastique d'un polymère est lié à sa structure amorphe. Au sein de cette structure de faible cohésion, les interactions entre les chaînes sont très faibles<ref name="not7" />.
Le comportement élastique ou viscoélastique d'un polymère est lié à sa structure amorphe. Au sein de cette structure de faible cohésion, les interactions entre les chaînes sont très faibles<ref name="not7" />.
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== Description succincte ==
== Description succincte ==
[[Image:Viscoanalyzer.jpg|vignette|300px|Colonne de mesure d'un Viscoanalyseur. Le capteur de force (ou d'effort) est superposé entre le porte-échantillon et le socle du bâti<ref>Échelle : la hauteur de l'éprouvette de traction-compression est de {{unité/2|25|mm}}. Viscoanalyseur est une marque déposée de Metravib.</ref>.]]
[[Fichier:Viscoanalyzer.jpg|vignette|300px|Colonne de mesure d'un Viscoanalyseur. Le capteur de force (ou d'effort) est superposé entre le porte-échantillon et le socle du bâti<ref group="Note">Échelle : la hauteur de l'éprouvette de traction-compression est de {{unité|25 mm}}. Un Viscoanalyseur est un appareil de Metravib Instruments.</ref>.]]
La mécanique de mesure d'un appareil de DMA comprend :
La mécanique de mesure d'un appareil de DMA comprend :
* un générateur [[électrodynamique]] de signaux sinusoïdaux à fréquence et amplitude programmables ;
* un générateur [[électrodynamique]] de signaux sinusoïdaux à fréquence et amplitude programmables ;
* un [[amplificateur électronique|amplificateur]] de [[puissance (physique)|puissance]] linéaire ;
* un [[amplificateur électronique|amplificateur]] de [[puissance (physique)|puissance]] linéaire ;
* un [[pot vibrant|pot d'excitation électrodynamique]] (comprenant notamment un circuit [[magnétisme|magnétique]] et des [[bobine (électricité)|bobines]] d'excitation) à palier à air ;
* un [[pot vibrant|pot d'excitation électrodynamique]] (comprenant notamment un circuit [[magnétisme|magnétique]] et des [[bobine (électricité)|bobines]] d'excitation) à palier à air ;
* un [[capteur de déplacement]] dynamique ([[Qualité métrologique des appareils de mesure#Sensibilité|résolution]] en [[nanomètre]]s) [[capacitif]] qui mesure l'amplitude de la sollicitation et/ou un [[accéléromètre]] [[piézoélectricité|piézoélectrique]] [[intégrale (mathématiques)|intégré]] deux fois, pour la mesure de déplacements à des fréquences supérieures à environ {{unité/2|125|Hz}}<ref name="not14">La [[bande passante]] des capteurs de type piézoélectrique ne descend généralement pas sous le hertz. En conséquence, les autres types de capteur prennent (automatiquement) le relai pour réaliser les analyses en mode « BF » (basse fréquence).</ref> ;
* un [[capteur de déplacement]] dynamique ([[Qualité métrologique des appareils de mesure#Sensibilité|résolution]] en [[nanomètre]]s) [[capacitif]] qui mesure l'amplitude de la sollicitation et/ou un [[accéléromètre]] [[piézoélectricité|piézoélectrique]] [[intégration (mathématiques)|intégré]] deux fois, pour la mesure de déplacements à des fréquences supérieures à environ {{unité|125 Hz}}<ref name="note2" group="Note">La [[bande passante]] des capteurs de type piézoélectrique ne descend généralement pas sous le hertz. En conséquence, les autres types de capteur prennent (automatiquement) le relai pour réaliser les analyses en mode « BF » (basse fréquence).</ref> ;
* une structure comprenant le porte-échantillon (indéformable) et l'échantillon (généralement de petite taille<ref>Un échantillon mince atteindra plus rapidement l'équilibre thermique qu'un échantillon épais.</ref>) à analyser ;
* une structure comprenant le porte-échantillon (indéformable) et l'échantillon (généralement de petite taille<ref group="Note">Un échantillon mince atteindra plus rapidement l'équilibre thermique qu'un échantillon épais.</ref>) à analyser ;
* un [[capteur de force]] dynamique capacitif et/ou piézoélectrique<ref name="not14" />.
* un [[capteur de force]] dynamique capacitif et/ou piézoélectrique<ref name="note2" group="Note" />.
Les signaux délivrés par les capteurs subissent un [[traitement du signal|traitement]] de façon à extraire les valeurs des grandeurs mécaniques.
Les signaux délivrés par les capteurs subissent un [[traitement du signal|traitement]] de façon à extraire les valeurs des grandeurs mécaniques.


Le bâti mécanique est très rigide, avec une [[masse]] pouvant approcher {{unité/2|200|kg}}, garantissant la [[Qualité métrologique des appareils de mesure#Exactitude de mesure|précision]] requise en analyse mécanique.
Le bâti mécanique est très rigide, avec une [[masse]] pouvant approcher {{unité|200 kg}}, garantissant la [[Qualité métrologique des appareils de mesure#Exactitude de mesure|précision]] requise en analyse mécanique.


L'échantillon (solide, pâteux ou liquide) et le porte-échantillon sont placés dans une enceinte [[thermostat]]ée munie d'un [[thermocouple]] (capteur à faible inertie)<ref>La [[sonde de température]] est placée près de l'échantillon.</ref>. L'enceinte thermique peut être couplée à une source [[cryogénie|cryogénique]] (utilisation d'[[azote liquide]]) pour des essais en dessous de la [[Atmosphère normalisée|température ambiante]].
L'échantillon (solide, pâteux ou liquide) et le porte-échantillon sont placés dans une enceinte [[thermostat]]ée munie d'un [[thermocouple]] (capteur à faible inertie)<ref group="Note">La [[sonde de température]] est placée près de l'échantillon.</ref>. L'enceinte thermique peut être couplée à une source [[cryogénie|cryogénique]] (utilisation d'[[azote liquide]]) pour des essais en dessous de la [[Atmosphère normalisée|température ambiante]].


Tous les multiples paramètres d'un essai sont gérés par un logiciel. Le pilotage d'un test est automatique.
Tous les multiples paramètres d'un essai sont gérés par un logiciel. Le pilotage d'un test est automatique.
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== Ordres de grandeur ==
== Ordres de grandeur ==
L'étude des propriétés viscoélastiques linéaires des matériaux nécessite l'utilisation d'appareils capables d'imposer des forces ou des déplacements ''très faibles'', et de mesurer ces grandeurs avec précision. Les valeurs suivantes sont données à titre indicatif ; elles peuvent varier selon l'appareil et/ou l'application mise en œuvre :
L'étude des propriétés viscoélastiques linéaires des matériaux nécessite l'utilisation d'appareils capables d'imposer des forces ou des déplacements ''très faibles'', et de mesurer ces grandeurs avec précision. Les valeurs suivantes sont données à titre indicatif ; elles peuvent varier selon l'appareil et/ou l'application mise en œuvre :
* fréquence : [[courant continu]] et de {{unité/2|1|mHz}} à {{unité/2|1|kHz}} ;
* fréquence : [[courant continu]] et de {{unité|1 mHz}} à {{unité|1 kHz}} ;
* amplitude du déplacement dynamique de {{unité/2|1|µm}} à {{unité/2|6000|µm}} ;
* amplitude du déplacement dynamique de {{unité|1 µm}} à {{unité|6000 µm}} ;
* amplitude de la force dynamique de {{unité/2|0.01|N}} à {{unité/2|150|N}} ou plus (selon modèle) ;
* amplitude de la force dynamique de {{unité|0.01 N}} à {{unité|150 N}} ou plus (selon modèle) ;
* déplacement statique jusqu'à {{unité/2|6000|µm}} ;
* déplacement statique jusqu'à {{unité|6000 µm}} ;
* force statique jusqu'à {{unité/2|100|N}} ou plus ;
* force statique jusqu'à {{unité|100 N}} ou plus ;
* raideur de l'échantillon jusqu'à {{unité|10{{exp|7}}|N/m}} ;
* raideur de l'échantillon jusqu'à {{unité|e7 N/m}} ;
* plage de variation de rigidité jusqu'à {{unité|7|[[Décade (physique)|décades]]}} (variation d'un facteur dix millions) en continu ;
* plage de variation de rigidité jusqu'à {{unité|7 [[Décade (physique)|décades]]}} (variation d'un facteur dix millions) en continu ;
* température de l'essai de {{tmp|-150|+450|°C}} [[régulation|régulée]] à ±{{tmp|0.3|°C}} (ou mieux) par rapport à la consigne ;
* température de l'essai de {{tmp|-150|+450|°C}} [[régulation|régulée]] à ±{{tmp|0.3|°C}} (ou mieux) par rapport à la consigne ;
* vitesse de variation de la température (en mode non stabilisé) de ±{{tmp|0.1|°C}} à ±{{tmp|10|°C}}/min.
* vitesse de variation de la température (en mode non stabilisé) de ±{{tmp|0.1|°C}} à ±{{nb|10 °C/min}}.
L'analyseur mécanique dynamique couvre des domaines d'étude relativement larges. L'analyse continue d'un matériau sur un vaste domaine de température est donc possible même s'il change d'état en cours de mesure, et présente un domaine de variation de module de plusieurs décades.
L'analyseur mécanique dynamique couvre des domaines d'étude relativement larges. L'analyse continue d'un matériau sur un vaste domaine de température est donc possible même s'il change d'état en cours de mesure, et présente un domaine de variation de module de plusieurs décades.


== Types de déformation ==
== Types de déformation ==
[[Image:DMA-Strain types.png|vignette|300px|Types de déformation et exemples de géométries schématisées<ref>Représentation schématique en 3D : les parties mobiles reliées au [[pot vibrant]], les échantillons et les parties reliées au capteur de force sont représentés respectivement en rouge, cyan et gris de lin.</ref> : traction-compression avec plateaux parallèles, flexion trois points avec appuis, cisaillement plan avec double entrefer<ref>Un double entrefer permet l'équilibrage de l'excitateur.</ref> et pompage annulaire.]]
[[Fichier:DMA-Strain types.png|vignette|300px|Types de déformation et exemples de géométries schématisées<ref group="Note">Représentation schématique en 3D : les parties mobiles reliées au [[pot vibrant]], les échantillons et les parties reliées au capteur de force sont représentés respectivement en rouge, cyan et gris de lin.</ref> : traction-compression avec plateaux parallèles, flexion trois points avec appuis, cisaillement plan avec double entrefer<ref group="Note">Un double entrefer permet l'équilibrage de l'excitateur.</ref> et pompage annulaire.]]
Ils sont imposés par la [[géométrie]] des porte-échantillons. Le choix d'un type de déformation dépend notamment de la nature (solide, pâte ou liquide) et de l'état (état vitreux, [[transition vitreuse]], état [[wikt:caoutchouteux|caoutchouteux]], durcissement, fluidification, [[fusion (physique)|fusion]]{{etc.}}) du matériau attendus lors de l'essai. Globalement, trois cas peuvent se présenter à l'[[expérience|expérimentateur]], selon la valeur du module :
Ils sont imposés par la [[géométrie]] des porte-échantillons. Le choix d'un type de déformation dépend notamment de la nature (solide, pâte ou liquide) et de l'état (état vitreux, [[transition vitreuse]], état [[wikt:caoutchouteux|caoutchouteux]], durcissement, fluidification, [[fusion (physique)|fusion]]{{etc.}}) du matériau attendus lors de l'essai. Globalement, trois cas peuvent se présenter à l'[[expérience|expérimentateur]], selon la valeur du module :
* les matériaux à haut [[Déformation élastique|module d'Young]] (''E'' > ~{{unité|10|G[[Pascal (unité)|Pa]]}}) comme certains matériaux composites ou les [[céramique]]s sont analysés en traction-compression ou en [[flexion (matériau)|flexion]] (''bending'') ;
* les matériaux à haut [[Déformation élastique|module de Young]] (''E'' > ~{{unité|10 G[[pascal (unité)|Pa]]}}) comme certains matériaux composites ou les [[céramique]]s sont analysés en traction-compression ou en [[flexion (matériau)|flexion]] (''{{Langue|en|texte=bending}}'') ;
* les matériaux solides de module inférieur peuvent être caractérisés en traction-compression ou en cisaillement ;
* les matériaux solides de module inférieur peuvent être caractérisés en traction-compression ou en cisaillement ;
* les matériaux pâteux sont généralement analysés en cisaillement. Les liquides ({{ex}} huiles, peintures, adhésifs, vernis) ne sont testés qu'en cisaillement ; pour ce dernier cas, le porte-échantillon est constitué d'un [[Piston (mécanique)|piston]] plongé dans un godet contenant l'échantillon ; le piston excite le liquide viscoélastique par un mouvement de pompage annulaire.
* les matériaux pâteux sont généralement analysés en cisaillement. Les liquides ({{ex}} huiles, peintures, adhésifs, vernis) ne sont testés qu'en cisaillement ; pour ce dernier cas, le porte-échantillon est constitué d'un [[Piston (mécanique)|piston]] plongé dans un godet contenant l'échantillon ; le piston excite le liquide viscoélastique par un mouvement de pompage annulaire.
Note : lors d'un essai de flexion, un matériau est soumis à un ensemble de forces combinant la traction, la compression et le cisaillement<ref>Bourgeois R., Chauvel H. et Kessler J., ''Mémotech Génie des matériaux'', {{p.}}61-65, éd. Casteilla, Paris, 2001, {{ISBN|2-7135-2246-3}}</ref>.
Note : lors d'un essai de flexion, un matériau est soumis à un ensemble de forces combinant la traction, la compression et le cisaillement<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jacques|nom1=Kessler|prénom2=René|nom2=Bourgeois|prénom3=Henri|nom3=Chauvel|titre=Mémotech|sous-titre=génie des matériaux|lieu=Paris|éditeur=Éducalivre|année=2001|pages totales=528|passage=61-65|isbn=978-2-7135-2246-8|oclc=300135131}}.</ref>.


Il existe des porte-échantillons adaptés à chaque type de déformation ou à la spécificité du matériau.
Il existe des porte-échantillons adaptés à chaque type de déformation ou à la spécificité du matériau.
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== Sollicitation en traction-compression uniaxiale ==
== Sollicitation en traction-compression uniaxiale ==
La vibration en traction conduit à une contrainte uniforme dans toute l'épaisseur de l'éprouvette<ref name="not12">D'après la norme [[Organisation internationale de normalisation|ISO]] 6721-1, mentionnée en fin d'article.</ref>.
La vibration en traction conduit à une contrainte uniforme dans toute l'épaisseur de l'éprouvette<ref name="not12">Norme [[Organisation internationale de normalisation|ISO]] 6721-1 ([[#Normes|mentionnée en fin d'article]]).</ref>.


Avant de lancer ce type d'essai, au moins trois exigences pratiques doivent être remplies, comme indiqué ci-dessous.
Avant de lancer ce type d'essai, au moins trois exigences pratiques doivent être remplies, comme indiqué ci-dessous.


=== Exigence dimensionnelle ===
=== Exigence dimensionnelle ===
[[Image:TC specimen.gif|vignette|200px|Éprouvette de traction-compression. Une forme élancée est par ailleurs nécessaire pour l'analyse de matériaux à fort module.]]
[[Fichier:TC specimen.gif|vignette|Éprouvette de traction-compression. Une forme élancée est par ailleurs nécessaire pour l'analyse de matériaux à fort module.]]
Soit une éprouvette [[parallélépipède|parallélépipédique]] de hauteur ''h'' (hauteur de l'entrefer), de largeur ''l'' et d'épaisseur ''e''. Soit ''S''<sub>''e''</sub> la section transversale excitée et ''S''<sub>''l''</sub> la surface latérale non contrainte de l'éprouvette. Pour le parallélépipéde schématisé :
Soit une éprouvette [[parallélépipède|parallélépipédique]] de hauteur ''h'' (hauteur de l'entrefer), de largeur ''l'' et d'épaisseur ''e''. Soit ''S''{{ind|e}} la section transversale excitée et ''S''{{ind|l}} la surface latérale non contrainte de l'éprouvette. Pour le parallélépipède schématisé :
:''S''<sub>''e''</sub> = ''e'' · ''l''
:''S''{{ind|e}} = ''e'' ''l''
:''S''<sub>''l''</sub> = 2 · ''h'' ( ''l'' + ''e'' ).
:''S''{{ind|l}} = 2 ''h'' ( ''l'' + ''e'' ).
Soit un facteur correctif, ''F''<sub>''c''</sub>, dépendant de la géométrie de l'échantillon :
Soit un facteur correctif, ''F''{{ind|c}}, dépendant de la géométrie de l'échantillon :
: <math>F_c = \frac1 {1+2 \left( \dfrac{S_e}{S_l} \right)^2}</math>.
: <math>F_\mathrm c = \frac1 {1+2 \left( \dfrac{S_\mathrm e}{S_\mathrm l} \right)^2}</math>
La valeur de ce paramètre [[Grandeur sans dimension|adimensionnel]] important doit être la plus proche possible {{nobr|de 1}}, ou en tout cas supérieure {{nobr|à 0,97}} afin de solliciter l'échantillon en traction-compression presque pure. Cela impose la condition suivante :
La valeur de ce paramètre [[Grandeur sans dimension|adimensionnel]] important doit être la plus proche possible {{nobr|de 1}}, ou en tout cas supérieure {{nobr|à 0,97}} afin de solliciter l'échantillon en traction-compression presque pure. Cela impose la condition suivante :
:''S''<sub>''l''</sub> > 8 · ''S''<sub>''e''</sub>.
:''S''{{ind|l}} > 8 ''S''{{ind|e}}.
Si ''e'' = ''l'', la condition devient :
Si ''e'' = ''l'', la condition devient :
:''h'' > 2 · ''e''.
:''h'' > 2 ''e''.
Si l'éprouvette est un [[cylindre]] de hauteur ''h'' et de diamètre ø, la condition devient :
Si l'éprouvette est un [[cylindre]] de hauteur ''h'' et de diamètre ø, la condition devient :
:''h'' > 2 · ø.
:''h'' > 2 ø.
D'où la nécessité de dimensionner l'éprouvette qui devra avoir une forme élancée (type « [[allumette]] »). En pratique, la hauteur ''h'' est d'au plus quelques centimètres, valeur limitée par la hauteur de l'[[Chambre d'essais|enceinte thermostatée]].
D'où la nécessité de dimensionner l'éprouvette qui devra avoir une forme élancée (type « [[allumette]] »). En pratique, la hauteur ''h'' est d'au plus quelques centimètres, valeur limitée par la hauteur de l'[[Chambre d'essai|enceinte thermostatée]].


=== Exigence de raideur dynamique ===
=== Exigence de raideur dynamique ===
==== Notion de raideur ====
==== Notion de raideur ====
===== Définition =====
===== Définition =====
Dans un but de simplification de certaines équations, on suppose que la raideur de la colonne de mesure d'un appareil, ''k''<sub>''col''</sub>, soit, par exemple, au moins cent fois supérieure à la raideur mesurée (dite aussi apparente) de l'échantillon, ''k''<sub>''m''</sub>. Ainsi, on admet que la raideur « réelle » de l'échantillon, ''k'', soit connue avec suffisamment d'exactitude. Dans le cas contraire (échantillon à raideur élevée), des corrections de raideur et de phase sont calculées et apportées, en tenant compte de la complaisance de l'appareil<ref name="not8">{{en}} Ferry, John D., ''{{lang|en|Viscoelastic properties of polymers}}'', {{3e}}{{éd.}}, {{p.}}110, 136, 47, {{nobr|John Wiley & Sons}}, {{nobr|New York}}, 1980, {{ISBN|0-471-04894-1}}</ref>.
Dans un but de simplification de certaines équations, on suppose que la raideur de la colonne de mesure d'un appareil, ''k''{{ind|col}}, soit, par exemple, au moins cent fois supérieure à la raideur mesurée (dite aussi apparente) de l'échantillon, ''k''{{ind|m}}. Ainsi, on admet que la raideur « réelle » de l'échantillon, ''k'', soit connue avec suffisamment d'exactitude. Dans le cas contraire (échantillon à raideur élevée), des corrections de raideur et de phase sont calculées et apportées, en tenant compte de la complaisance de l'appareil<ref name="not8">{{Ouvrage|langue=en|auteur1={{Lien|fr=John D. Ferry|trad=John D. Ferry|langue=en}}|titre=Viscoelastic properties of polymers|lieu=New York|éditeur=[[John Wiley & Sons]]|année=1980|numéro d'édition=3|pages totales=641|passage=110, 136, 47|isbn=978-0-471-04894-7|oclc=5942663|lire en ligne=http://www.worldcat.org/title/viscoelastic-properties-of-polymers/oclc/5942663/viewport}}.</ref>.


La rigidité dérive directement de la loi de Hooke en relation avec le rapport d'une force à un déplacement. À partir des signaux de force ''F''(ω) et de déplacement ''D''(ω) délivrés par les capteurs, le [[Module d'un nombre complexe|module]] (au sens mathématique) de la raideur complexe |''k''*| est calculé, ainsi que l'{{nobr|angle de phase δ(ω)}}.
La rigidité dérive directement de la loi de Hooke en relation avec le rapport d'une force à un déplacement. À partir des signaux de force ''F''(''ω'') et de déplacement ''D''(''ω'') délivrés par les capteurs, le [[Module d'un nombre complexe|module]] (au sens mathématique) de la raideur complexe |''k''*| est calculé, ainsi que l'{{nobr|angle de phase ''δ''(''ω'')}}.
: <math>k^* = k' + i k''\,</math>
: <math>k^* = k' + i k''</math>
avec :
avec :
: <math>i = \sqrt{-1}</math> ;
: <math>i^{2} = -1</math> ;
: <math>k'\,</math> et <math>k''\,</math>, les parties réelle et imaginaire de <math>k^*\,</math>, respectivement ;
: <math>k'</math> et <math>k''</math>, les parties réelle et imaginaire de <math>k^*</math>, respectivement ;
: <math>k' = |k^*| \cos\,\delta</math> ;
: <math>k' = |k^*| \cos\,\delta</math> ;
: <math>k'' = |k^*| \sin\,\delta</math>.
: <math>k'' = |k^*| \sin\,\delta</math>.
<center><math>k (\omega \text{, } T) = |k^*| = {F_0 \over D_0}</math> (en [[Newton (unité)|N]]/[[mètre|m]])</center>
<center><math>k (\omega,T) = |k^*| = {F_0 \over D_0}</math> (en [[newton (unité)|N]]/[[mètre|m]])</center>


===== Influence de la géométrie =====
===== Influence de la géométrie =====
[[Image:samples geom.gif|vignette|Schéma de principe d'un essai de compression.]]
[[Fichier:samples geom.gif|vignette|Schéma de principe d'un essai de compression.]]
La raideur dépend en particulier de la géométrie de l'échantillon et n'est donc pas une grandeur intrinsèque au matériau. Pour illustrer cet énoncé, considérons l'essai simple schématisé. Les symboles ''k''<sub>''x''</sub>, ''F'' et ''D''<sub>''x''</sub> représentent respectivement la raideur axiale du parallélépipède {{n°}}1 ou 2, la force constante appliquée et le déplacement résultant (grandeurs statiques pour ce cas). Le déplacement est égal à la hauteur initiale moins la hauteur finale. Une éprouvette épaisse est plus rigide qu'une éprouvette mince.
La raideur dépend en particulier de la géométrie de l'échantillon et n'est donc pas une grandeur intrinsèque au matériau. Pour illustrer cet énoncé, on considère l'essai simple schématisé. Les symboles ''k''<sub>''x''</sub>, ''F'' et ''D''<sub>''x''</sub> représentent respectivement la raideur axiale du parallélépipède {{n°|1}} ou 2, la force constante appliquée et le déplacement résultant (grandeurs statiques pour ce cas). Le déplacement est égal à la hauteur initiale moins la hauteur finale. Une éprouvette épaisse est plus rigide qu'une éprouvette mince.


Le fait d'utiliser un module (égal au rapport d'une contrainte à une déformation) permet de s'affranchir des dimensions de la pièce et donc de caractériser le matériau en lui-même.
Le fait d'utiliser un module (égal au rapport d'une contrainte à une déformation) permet de s'affranchir des dimensions de la pièce et donc de caractériser le matériau en lui-même.
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''Durant tout l'essai'', la valeur de ''k'' devra se situer dans le domaine de raideur mesurable de l'appareil, qui est fonction de la fréquence.
''Durant tout l'essai'', la valeur de ''k'' devra se situer dans le domaine de raideur mesurable de l'appareil, qui est fonction de la fréquence.


Exemple : si on prévoit une variation de raideur ''k'' de l'éprouvette en cours d'essai de 10{{exp|7}} à {{unité|10{{exp|4}}|N/m}}, le domaine fréquentiel associé impose une fréquence maximale de mesure de {{unité/2|150|Hz}}, pour un appareil donné.
Exemple : si on prévoit une variation de raideur ''k'' de l'éprouvette en cours d'essai de 10{{exp|7}} à {{unité|10{{exp|4}}|N/m}}, le domaine fréquentiel associé impose une fréquence maximale de mesure de {{unité|150 Hz}}, pour un appareil donné.


Solution : il est possible d'optimiser la raideur en faisant intervenir <math>F_{f}</math>, le [[Facteur de forme (mécanique)|facteur de forme]] de l'éprouvette. Pour un type de déformation en traction-compression, il a pour expression :
Solution : il est possible d'optimiser la raideur en faisant intervenir ''F''{{ind|f}}, le [[Facteur de forme (mécanique)|facteur de forme]] de l'éprouvette. Pour un type de déformation en traction-compression, il a pour expression :
: <math>F_{f} = {h \over S_{e}}</math> (en m<sup>-1</sup>).
: <math>F_{\mathrm f} = {h \over S_{\mathrm e}}</math> (en m<sup>–1</sup>).
Ainsi, une modification de la hauteur (par exemple) de l'éprouvette permettra de se déplacer dans le domaine [raideur-fréquence].
Ainsi, une modification de la hauteur (par exemple) de l'éprouvette permettra de se déplacer dans le domaine [raideur-fréquence].


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=== Exigence de linéarité ===
=== Exigence de linéarité ===
[[Image:DMA_déform_dyn.png|vignette|300px|Réponse d'un matériau [[polymère]] soumis à un balayage de déformation dynamique à température ambiante pour deux fréquences de sollicitation.]]
[[Fichier:DMA déform dyn.png|vignette|300px|Réponse d'un matériau [[polymère]] soumis à un balayage de déformation dynamique à température ambiante pour deux fréquences de sollicitation.]]
À la place du déplacement ''D''<sub>0</sub>, il est plus pratique de définir un taux de déformation dynamique (valeur crête) qui a pour expression :
À la place du déplacement ''D''<sub>0</sub>, il est plus pratique de définir un taux de déformation dynamique (valeur crête) qui a pour expression :
: <math>\Delta \text{def} = {D_0 \over h}</math> (sans unité ou exprimé en [[%]]).
: <math>\Delta_\text{déf} = {D_0 \over h}</math> (sans unité ou exprimé en [[Pour cent|%]]).
Pour rester dans le domaine de [[linéarité]] du matériau (loi de Hooke vérifiée) et de l'appareil, ce taux ne doit pas dépasser une valeur critique. À l'opposé, un taux de déformation dynamique choisi trop faible peut être responsable de signaux « [[Rapport signal sur bruit|bruités]] » diminuant la précision de la mesure.
Pour rester dans le domaine de [[linéarité]] du matériau (loi de Hooke vérifiée) et de l'appareil, ce taux ne doit pas dépasser une valeur critique. À l'opposé, un taux de déformation dynamique choisi trop faible peut être responsable de signaux « [[Rapport signal sur bruit|bruités]] » diminuant la précision de la mesure.


Exemple : l'essai du {{§}}9.2 applique la consigne <math>\Delta \text{def}\,</math> {{nobr|{{=}} 2{{x10|−4}}}} ; cela correspond à un déplacement dynamique (valeur crête) ''D''<sub>0</sub> égal à {{unité/2|5|µm}} pour {{nobr|''h'' {{=}} {{unité/2|25|mm}}}}.
Exemple : l'essai du {{§}}9.2 applique la consigne <math>\Delta_\text{déf}</math> {{nobr|{{=}} 2{{x10|−4}}}} ; cela correspond à un déplacement dynamique (valeur crête) ''D''<sub>0</sub> égal à {{unité|5 µm}} pour {{nobr|''h'' {{=}} {{unité|25 mm}}}}.


Un autre essai (voir figure) met en évidence le comportement linéaire et non linéaire d'un composé sous sollicitation dynamique.
Un autre essai (voir figure) met en évidence le comportement linéaire et non linéaire d'un composé sous sollicitation dynamique.
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{{Article connexe|Limite d'élasticité}}
{{Article connexe|Limite d'élasticité}}


Remarque : considérant la composition du matériau, la présence de certaines [[Substance chimique|substances]] ([[Charge (substance)|charges]], [[additif]]s…) en quantité importante peut diminuer le domaine de linéarité des polymères ; on parle à la limite de viscoélasticité non linéaire. À l'opposé, le comportement d'un élastomère « pur » (sans charges ni additifs, non [[Réticulation|réticulé]]) est dit viscoélastique linéaire.
Remarque : considérant la composition du matériau, la présence de certaines [[Substance chimique|substances]] ([[Charge (substance)|charges]], [[additif]]s{{etc.}}) en quantité importante peut diminuer le domaine de linéarité des polymères ; on parle à la limite de viscoélasticité non linéaire. À l'opposé, le comportement d'un élastomère « pur » (sans charges ni additifs, non [[Réticulation|réticulé]]) est dit viscoélastique linéaire.


=== Description de l'éprouvette de traction-compression ===
=== Description de l'éprouvette de traction-compression ===
Certaines précautions doivent être observées pour obtenir un bon mesurage :
Certaines précautions doivent être observées pour obtenir un bon mesurage :
* préparation : étant à l'état solide pour l'essai en traction-compression, l'éprouvette peut être préparée par [[découpage]], [[moulage]] ou [[fraisage]] ;
* préparation : étant à l'état solide pour l'essai en traction-compression, l'éprouvette peut être préparée par [[découpage]], [[moulage]] ou [[fraisage]] ;
* forme : parallélépipède, cylindre, film<ref>Pour l'analyse d'un film en traction-compression, application d'une précontrainte ou prédéformation statique maintenue constante pendant toute la durée de l'essai, dans le cas d'une éprouvette pouvant [[fluage|fluer]] sous son propre [[poids]].</ref>, [[fibre]]{{etc.}} ; les surfaces doivent être planes et tous les {{nobr|angles à 90°}} (l'éprouvette doit être la plus symétrique possible) ;
* forme : parallélépipède, cylindre, film<ref group="Note">Pour l'analyse d'un film en traction-compression, application d'une précontrainte ou prédéformation statique maintenue constante pendant toute la durée de l'essai, dans le cas d'une éprouvette pouvant [[fluage|fluer]] sous son propre [[poids]].</ref>, [[fibre]]{{etc.}} ; les surfaces doivent être planes et tous les {{nobr|angles à 90°}} (l'éprouvette doit être la plus symétrique possible) ;
* aspect : doit être exempt de défauts ;
* aspect : doit être exempt de défauts ;
* mesure des dimensions : leur détermination est importante pour connaître avec exactitude la valeur des modules ;
* mesure des dimensions : leur détermination est importante pour connaître avec exactitude la valeur des modules ;
* ''fixation'' : par ses faces extrêmes sur le porte-échantillon (composé de deux pièces), par [[colle|collage]] ou pincement<ref>La fixation par pincement est moins performante à hautes fréquences (risque de glissement).</ref>.
* ''fixation'' : par ses faces extrêmes sur le porte-échantillon (composé de deux pièces), par [[colle|collage]] ou pincement<ref group="Note">La fixation par pincement est moins performante à hautes fréquences (risque de glissement).</ref>.


== Principaux facteurs en mécanique ==
== Principaux facteurs en mécanique ==
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** composition,
** composition,
** structure, [[wikt:homogène|homogénéité]], isotropie, linéarité ;
** structure, [[wikt:homogène|homogénéité]], isotropie, linéarité ;
* externes : température, temps, [[Vieillissement d'un matériau|vieillissement]], atmosphère, taux d'[[humidité]]<ref>De nombreux polymères sont [[hydrophile]]s. Exemple : certains [[polyamide]]s (tels le PA 6) sont plastifiés par l'eau.</ref>, histoires thermique et mécanique, contraintes externes (fréquence d'excitation, taux de déformation dynamique (choisi faible pour obtenir une réponse linéaire), contrainte ou précontrainte statique, [[pression]]){{etc.}}
* externes : température, temps, [[Vieillissement d'un matériau|vieillissement]], atmosphère, taux d'[[humidité]]<ref group="Note">De nombreux polymères sont [[hydrophile]]s. Exemple : certains [[polyamide]]s (tels le {{nobr|PA 6}}) sont plastifiés par l'eau.</ref>, histoires thermique et mécanique, contraintes externes (fréquence d'excitation, taux de déformation dynamique (choisi faible pour obtenir une réponse linéaire), contrainte ou précontrainte statique, [[pression]]){{etc.}}
Ainsi, les résultats d'une mesure mécanique dynamique dépendent beaucoup des conditions de test et ne sont donc pas facilement comparables à d'autres méthodes<ref name="not4" />.
Ainsi, les résultats d'une mesure mécanique dynamique dépendent beaucoup des conditions de test et ne sont donc pas facilement comparables à d'autres méthodes<ref name="not4" />.


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Les propriétés des matériaux viscoélastiques dépendent du temps, de la température et de la [[vitesse de déformation]] (''{{lang|en|strain rate}}'')<ref name="not10" />.
Les propriétés des matériaux viscoélastiques dépendent du temps, de la température et de la [[vitesse de déformation]] (''{{lang|en|strain rate}}'')<ref name="not10" />.


Les diverses propriétés correspondant aux types de déformation en traction, en flexion ou en cisaillement (''shear'') sont représentées par des symboles portant l'[[Indice (typographie)|indice]] {{nobr|''t'', ''f'' ou ''s''}}, respectivement ; par exemple ''M''<sub>''f''</sub> est un module en flexion<ref name="not12" />.
Les diverses propriétés correspondant aux types de déformation en traction, en flexion ou en cisaillement (''{{Langue|en|texte=shear}}'') sont représentées par des symboles portant l'[[Indice (typographie)|indice]] « t », « f » ou « s », respectivement ; par exemple ''M''{{ind|f}} est un module en flexion<ref name="not12" />.


Pour l'essai de traction-compression uniaxiale, la mesure de la raideur dynamique et le calcul de l'angle de phase permettent, connaissant uniquement les dimensions de l'éprouvette, de calculer les propriétés viscoélastiques<ref>L'indice ''t'' est omis pour une meilleure lisibilité.</ref> {{nobr|δ, tan δ, E', E<nowiki>''</nowiki> et E}}. Leur description ainsi que celle de la [[température de transition vitreuse]] (T{{ind|v}}) sont données ci-dessous.
Pour l'essai de traction-compression uniaxiale, la mesure de la raideur dynamique et le calcul de l'angle de phase permettent, connaissant uniquement les dimensions de l'éprouvette, de calculer les propriétés viscoélastiques<ref group="Note">L'indice descriptif « t » est omis pour une meilleure lisibilité.</ref> {{nobr|''δ'', tan ''δ'', ''E''<nowiki>'</nowiki>, ''E''<nowiki>''</nowiki> et ''E''}}. Leur description ainsi que celle de la [[température de transition vitreuse]] (''T''{{ind|v}}) sont données ci-dessous.


=== Module de conservation ''E''<nowiki>'</nowiki> ===
=== Module de conservation {{mvar|E}}' ===
Le module de conservation ''en traction'' est calculé selon :
Le module de conservation ''en traction'' est calculé selon :
<center><math>E' (\omega \text{, } T) = k' \cdot F_f \cdot F_c = k \cdot F_f \cdot F_c \cdot \cos\,\delta</math> (en [[Pascal (unité)|Pa]]).</center>
<center><math>E' (\omega,T) = k' F_\mathrm f F_\mathrm c = k F_\mathrm f F_\mathrm c \cos\,\delta</math> (en [[pascal (unité)|Pa]]).</center>


Le symbole <math>\delta (\omega \text{, } T)\,</math> représente l'angle de phase ''en traction'' (exprimé en pratique en [[Degré (angle)|degrés]]) du matériau viscoélastique. Cet angle correspond au ''déphasage'' entre les signaux de déplacement et de force. Il est indépendant de la forme de l'échantillon. L'angle de phase (ou de perte) est le reflet de l'énergie dissipée (perdue) par le [[frottement]] des chaînes macromoléculaires.
Le symbole <math>\delta(\omega,T)</math> représente l'angle de phase ''en traction'' (exprimé en pratique en [[Degré (angle)|degrés]]) du matériau viscoélastique. Cet angle correspond au ''déphasage'' entre les signaux de déplacement et de force. Il est indépendant de la forme de l'échantillon. L'angle de phase (ou de perte) est le reflet de l'énergie dissipée (perdue) par le [[frottement]] des chaînes macromoléculaires.


Le module de conservation ''E''<nowiki>'</nowiki> représente la rigidité et la composante '''élastique''' du matériau. Il exprime la capacité du corps à stocker l'[[énergie mécanique]] de la sollicitation et à la restituer intégralement sous forme de déformation élastique (notion de réversibilité).
Le module de conservation ''E''<nowiki>'</nowiki> représente la rigidité et la composante ''élastique'' du matériau. Il exprime la capacité du corps à stocker l'[[énergie mécanique]] de la sollicitation et à la restituer intégralement sous forme de déformation élastique (notion de réversibilité).


Si le matériau se comporte comme un solide élastique, les modules ''E''<nowiki>'</nowiki> et ''E'' sont équivalents.
Si le matériau se comporte comme un solide élastique, les modules ''E''<nowiki>'</nowiki> et ''E'' sont équivalents.


{{Article connexe|Module d'Young}}
{{Article connexe|Module de Young}}


=== Module de perte ''E''<nowiki>''</nowiki> ===
=== Module de perte {{mvar|E}}<nowiki>''</nowiki> ===
Il représente la composante '''visqueuse''' du matériau. La viscosité traduit sa capacité à dissiper l'énergie mécanique (irréversiblement perdue sous forme de [[Transfert thermique|chaleur]]). Ce phénomène est associé à la [[friction]] des chaînes de molécules et à leur [[Écoulement laminaire|écoulement]]. Le module de perte ''en traction'' a pour expression :
Il représente la composante ''visqueuse'' du matériau. La viscosité traduit sa capacité à dissiper l'énergie mécanique (irréversiblement perdue sous forme de [[Transfert thermique|chaleur]]). Ce phénomène est associé à la [[friction]] des chaînes de molécules et à leur [[Écoulement laminaire|écoulement]]. Le module de perte ''en traction'' a pour expression :
<center><math>E'' (\omega \text{, } T) = k'' \cdot F_f \cdot F_c = k \cdot F_f \cdot F_c \cdot \sin\,\delta</math> (en Pa).</center>
<center><math>E'' (\omega,T) = k'' F_\mathrm f F_\mathrm c = k F_\mathrm f F_\mathrm c \sin\,\delta</math> (en Pa).</center>


=== Module d'Young complexe ''E''* ===
=== Module de Young complexe {{mvar|E}}* ===
==== Modèle rhéologique ====
==== Modèle rhéologique ====
[[Image:K-V model.gif|vignette|200px|[[Modèle de Kelvin-Voigt]].]]
[[Fichier:K-V model.gif|vignette|200px|Modèle de Kelvin-Voigt.]]
Par analogie avec la [[Analogie électro-mécanique|mécanique]], un système, comprenant un ressort idéal (de constante d'élasticité <math>\xi\,</math>) et un amortisseur idéal (de coefficient de viscosité <math>\eta\,</math>) disposés en parallèle, peut être utilisé pour modéliser le comportement viscoélastique d'un matériau. Ce [[Systèmes oscillants à un degré de liberté|système élémentaire]] est le modèle de ''[[William Thomson (Lord Kelvin)|Kelvin]]-[[Woldemar Voigt|Voigt]]''. Sa réponse à l'excitation <math>\varepsilon (t) = \varepsilon_0 \cdot exp (i \omega t)</math> est régie par l'[[équation différentielle]] :
Par analogie avec la [[Analogie électro-mécanique|mécanique]], un système, comprenant un ressort idéal (de constante d'élasticité <math>\xi</math>) et un amortisseur idéal (de coefficient de viscosité <math>\eta</math>) disposés en parallèle, peut être utilisé pour modéliser le comportement viscoélastique d'un matériau. Ce [[système oscillant à un degré de liberté|système élémentaire]] est le [[modèle de Kelvin-Voigt]]. Sa réponse à l'excitation <math>\varepsilon (t) = \varepsilon_0 exp (i \omega t)</math> est régie par l'[[équation différentielle]] :
: <math>\sigma (t) = \xi \varepsilon + \eta \dot{\varepsilon}</math>.
: <math>\sigma (t) = \xi \varepsilon + \eta \dot{\varepsilon}</math>.


Le ressort représente la composante énergique ou élastique de la réponse du modèle, tandis que l'amortisseur (constitué d'un piston se mouvant dans un cylindre rempli d'un liquide visqueux) représente la composante visqueuse de la réponse.
Le ressort représente la composante énergique ou élastique de la réponse du modèle, tandis que l'amortisseur (constitué d'un piston se mouvant dans un cylindre rempli d'un liquide visqueux) représente la composante visqueuse de la réponse.


Les constantes caractéristiques <math>\xi\,</math> et <math>\eta\,</math> font respectivement référence au '''module élastique''' et à la '''viscosité''' du matériau. L'équation peut être appliquée à la [[contrainte de cisaillement]], <math>\tau \,</math>, ou à la contrainte [[normale à une surface|normale]], σ.
Les constantes caractéristiques <math>\xi</math> et <math>\eta</math> font respectivement référence au ''module d'élasticité'' et à la ''viscosité'' du matériau. L'équation peut être appliquée à la [[contrainte de cisaillement]], <math>\tau</math>, ou à la contrainte [[normale à une surface|normale]], ''σ''.


Un tel modèle présente un temps caractéristique relié aux constantes selon :
Un tel modèle présente un temps caractéristique relié aux constantes selon :
: <math>t_R = \frac {\eta}{\xi}</math> (en [[seconde (temps)|s]]).
: <math>t_\mathrm R = \frac {\eta}{\xi}</math> (en [[seconde (temps)|s]]).
Il est désigné par ''[[Constante de temps|temps de réponse]]'' ou ''temps de retard'' ou ''temps de relaxation'' du modèle.
Il est désigné par ''[[Constante de temps|temps de réponse]]'' ou ''temps de retard'' ou ''temps de relaxation'' du modèle.


Le temps de relaxation d'un polymère est lié à la [[masse molaire]], à la [[Grandeurs caractéristiques d'un polymère#Indice de polymolécularité|distribution des masses molaires]] et à la [[Chaîne latérale|ramification]].
Le temps de relaxation d'un polymère est lié à la [[masse molaire]], à la [[Grandeurs caractéristiques d'un polymère|distribution des masses molaires]] et à la [[Chaîne latérale|ramification]].


Le module dynamique peut être exprimé sous forme complexe selon :
Le module dynamique peut être exprimé sous forme complexe selon :
: <math>E^*(\omega) = \xi + i \eta \omega \,</math>.
: <math>E^*(\omega) = \xi + i \eta \omega</math>.
Les composantes réelle et imaginaire de ce module sont respectivement :
Les composantes réelle et imaginaire de ce module sont respectivement :
: <math>E' = \xi \,</math>
: <math>E' = \xi</math>
: <math>E'' (\omega) = \eta \omega \,</math>.
: <math>E'' (\omega) = \eta \omega</math>.
Le [[modèle de Kelvin-Voigt]] ne [[prédiction|prédit]] pas de manière satisfaisante la [[relaxation de contrainte]].
Le modèle de Kelvin-Voigt ne prédit pas de manière satisfaisante la [[relaxation de contrainte]].


Le [[modèle de Maxwell]] comprend quant à lui un ressort et un amortisseur disposés en série.
Le [[modèle de Maxwell]] comprend quant à lui un ressort et un amortisseur disposés en série.
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==== Théorie ====
==== Théorie ====
[[Image:Complex modulus.gif|vignette|200px|Représentation de diverses propriétés mécaniques dynamiques dans le [[Plan d'Argand|plan complexe]], dans une expérience utilisant des déformations sinusoïdales.]]
[[Fichier:Complex modulus - French version.svg|vignette|200px|Représentation de diverses propriétés mécaniques dynamiques dans le [[plan complexe]], dans une expérience utilisant des déformations sinusoïdales.]]
En fait, les deux constantes de proportionnalité <math>\eta\,</math> et <math>\xi\,</math> précédemment décrites varient avec la fréquence, ce qui limite l'efficacité d'un modèle aussi simple. Une approche plus générale consiste à représenter le module complexe selon :
En fait, les deux constantes de proportionnalité <math>\eta</math> et <math>\xi</math> précédemment décrites varient avec la fréquence, ce qui limite l'efficacité d'un modèle aussi simple. Une approche plus générale consiste à représenter le module complexe selon :
<center><math>E^* = E' + i E''\,</math></center>
<center><math>E^* = E' + i E''</math></center>
où ''E''* est la [[Calcul vectoriel en géométrie euclidienne|somme vectorielle]] d'une composante élastique (en phase avec la contrainte) ''E''<nowiki>'</nowiki> et d'une composante amortissante visqueuse (en quadrature de phase) ''E''<nowiki>''</nowiki><ref name="not4" />.
où ''E''* est la [[Calcul vectoriel en géométrie euclidienne|somme vectorielle]] d'une composante élastique (en phase avec la contrainte) ''E''<nowiki>'</nowiki> et d'une composante amortissante visqueuse (en quadrature de phase) ''E''<nowiki>''</nowiki><ref name="not4" />.


Le module d'élasticité dynamique ''E''* est une grandeur complexe car un amortissement est présent, en effet :
Le module d'élasticité dynamique ''E''* est une grandeur complexe car un amortissement est présent, en effet :
<center><math>E^* = E' \cdot (1 + i \tan\,\delta)</math>.</center>
<center><math>E^* = E' (1 + i \tan\,\delta)</math>.</center>
Le module ''E''* représente la relation entre la contrainte et la déformation dynamiques, selon :
Le module ''E''* représente la relation entre la contrainte et la déformation dynamiques, selon :
: <math>E^* = {\sigma_0 \over \varepsilon_0} \cdot exp (i \delta)</math>
: <math>E^* = {\sigma_0 \over \varepsilon_0} exp (i \delta)</math>
: <math>E' = |E^*| \cos\,\delta = \frac {\sigma_0} {\varepsilon_0} \cos\,\delta </math>
: <math>E' = |E^*| \cos\,\delta = \frac {\sigma_0} {\varepsilon_0} \cos\,\delta </math>
: <math>E'' = |E^*| \sin\,\delta = \frac {\sigma_0} {\varepsilon_0} \sin\,\delta </math>.
: <math>E'' = |E^*| \sin\,\delta = \frac {\sigma_0} {\varepsilon_0} \sin\,\delta </math>.


==== Grandeur |''M''| du module complexe ''M''* ====
==== Grandeur |{{mvar|M}}| du module complexe {{mvar|M}}* ====
La [[amplitude|grandeur]] [[nombre réel|réelle]] |''M''| est égale au [[Module d'un nombre complexe|module]] (au sens mathématique) du nombre complexe ''M''* (soit ''E''* ou ''G''*)<ref>En référence à la norme ISO 6721-1, la notation de la grandeur du module complexe ''M''* est |''M''|.</ref> :
La [[amplitude|grandeur]] [[nombre réel|réelle]] |''M''| est égale au [[Module d'un nombre complexe|module]] (au sens mathématique) du nombre complexe ''M''* (soit ''E''* ou ''G''*)<ref>En référence à la norme ISO 6721-1, la notation de la grandeur du module complexe ''M''* est |''M''|.</ref> :
<center><math>|M| (\omega \text{, } T) = \sqrt{M'^2 + M''^2} = \frac {\sigma_0} {\varepsilon_0}</math> (en Pa).</center>
<center><math>|M| (\omega,T) = \sqrt{M'^2 + M''^2} = \frac {\sigma_0} {\varepsilon_0}</math> (en Pa).</center>

=== Remarques sur les propriétés structurales ===
=== Remarques sur les propriétés structurales ===
* le module (ou la rigidité) traduit la ''résistance'' d'un échantillon de matériau à un type de déformation mécanique (dans la limite des faibles déformations) ;
* le module (ou la rigidité) traduit la ''résistance'' d'un échantillon de matériau à un type de déformation mécanique (dans la limite des faibles déformations) ;
* en pratique, les modules sont généralement exprimés en MPa ou en GPa ;
* en pratique, les modules sont généralement exprimés en {{nb|MPa}} ou en {{nb|GPa}} ;
* pour le comportement viscoélastique linéaire, l'inverse du module complexe ''M''* est la complaisance complexe ''C''* ;
* pour le comportement viscoélastique linéaire, l'inverse du module complexe ''M''* est la complaisance complexe ''C''* ;
* au cours d'une déformation plastique, le module de conservation d'un polymère diminue (en général) si l'amplitude de la déformation augmente ;
* au cours d'une déformation plastique, le module de conservation d'un polymère diminue (en général) si l'amplitude de la déformation augmente ;
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* le module ''E''<nowiki>'</nowiki> ou ''G''<nowiki>'</nowiki> augmente toujours avec la fréquence d'excitation<ref name="not13" />. L'augmentation peut être importante si le matériau se trouve dans la zone viscoélastique (voir la figure {{§}}10). L'influence de la fréquence sur ''E''<nowiki>'</nowiki> ou ''G''<nowiki>'</nowiki> est moindre que celle de la température : plusieurs [[Décade (physique)|décades]] de fréquence entraînent la même variation que quelques degrés de température. Cet important phénomène de viscoélasticité est mis en évidence en caractérisation de matériaux viscoélastiques<ref name="not13" />.
* le module ''E''<nowiki>'</nowiki> ou ''G''<nowiki>'</nowiki> augmente toujours avec la fréquence d'excitation<ref name="not13" />. L'augmentation peut être importante si le matériau se trouve dans la zone viscoélastique (voir la figure {{§}}10). L'influence de la fréquence sur ''E''<nowiki>'</nowiki> ou ''G''<nowiki>'</nowiki> est moindre que celle de la température : plusieurs [[Décade (physique)|décades]] de fréquence entraînent la même variation que quelques degrés de température. Cet important phénomène de viscoélasticité est mis en évidence en caractérisation de matériaux viscoélastiques<ref name="not13" />.
''L'effet de la température sur les propriétés viscoélastiques d'un polymère est inverse à celui de la fréquence''. Une augmentation de température d'une certaine valeur conduit aux mêmes changements de ses propriétés qu'une diminution appropriée de fréquence (et inversement)<ref name="not3" />. Si la propriété envisagée est un module de conservation ''M''<nowiki>'</nowiki>, la relation s'écrit, pour un échantillon homogène, isotrope et [[Matière amorphe|amorphe]] :
''L'effet de la température sur les propriétés viscoélastiques d'un polymère est inverse à celui de la fréquence''. Une augmentation de température d'une certaine valeur conduit aux mêmes changements de ses propriétés qu'une diminution appropriée de fréquence (et inversement)<ref name="not3" />. Si la propriété envisagée est un module de conservation ''M''<nowiki>'</nowiki>, la relation s'écrit, pour un échantillon homogène, isotrope et [[Matière amorphe|amorphe]] :
<center><math>M' (f, \ T) = M' (a \cdot f, \ T_o)\,</math></center>
<center><math>M' (f, \ T) = M' (a f, \ T_o)</math></center>
où ''a''(''T'', ''T''<sub>0</sub>) est le ''facteur de glissement''.
où ''a''(''T'', ''T''<sub>0</sub>) est le ''facteur de glissement''.


Ce phénomène découle du [[principe d'équivalence temps-température]] qui est utilisé pour transposer ''réversiblement'' les propriétés d'un matériau du domaine thermique au domaine fréquentiel<ref name="not13" />. Le logiciel de l'appareil utilise ainsi ce principe pour le calcul de [[Principe d'équivalence temps-température|courbes maîtresses]], afin d'estimer les propriétés viscoélastiques du matériau au-delà de la plage de fréquence de l'appareil.
Ce phénomène découle du [[principe d'équivalence temps-température]] qui est utilisé pour transposer ''réversiblement'' les propriétés d'un matériau du domaine thermique au domaine fréquentiel<ref name="not13" />. Le logiciel de l'appareil utilise ainsi ce principe pour le calcul de [[Principe d'équivalence temps-température|courbes maîtresses]], afin d'estimer les propriétés viscoélastiques du matériau au-delà de la plage de fréquence de l'appareil.


=== Facteur d'amortissement ou de perte tan δ ===
=== Facteur d'amortissement ou de perte tan {{mvar|δ}} ===
==== Définition ====
==== Définition ====
Le facteur d'amortissement est une mesure du rapport de l'énergie dissipée par amortissement à l'[[énergie élastique]] conservée puis restituée durant un cycle de déformation sinusoïdale<ref name="not2" />.
Le facteur d'amortissement est une mesure du rapport de l'énergie dissipée par amortissement à l'[[énergie élastique]] conservée puis restituée durant un cycle de déformation sinusoïdale<ref name="not2" />.


Le facteur de perte (''{{lang|en|loss factor}}'') ''en traction'' est égal à :
Le facteur de perte (''{{lang|en|loss factor}}'') ''en traction'' est égal à :
<center><math>\eta (\omega \text{, } T) = \tan\,\delta = {E'' \over E'} = {E_{d} \over {2 \pi E_{c}}}</math> (sans unité ou exprimé en %).</center>
<center><math>\eta (\omega,T) = \tan\,\delta = {E'' \over E'} = {E_\mathrm d \over {2 \pi E_\mathrm c}}</math> (sans unité ou exprimé en %).</center>


Il mesure l'amortissement (aussi appelé « friction interne<ref name="not6" /> ») durant la déformation dynamique, soit la capacité du corps viscoélastique à dissiper l'énergie mécanique en chaleur. Plus l'angle de phase est élevé, plus l'amortissement des vibrations (''{{lang|en|vibration damping}}'') est important.
Il mesure l'amortissement (aussi appelé « friction interne<ref name="not6" /> ») durant la déformation dynamique, soit la capacité du corps viscoélastique à dissiper l'énergie mécanique en chaleur. Plus l'angle de phase est élevé, plus l'amortissement des vibrations (''{{lang|en|vibration damping}}'') est important.
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* contrairement à la rigidité, le facteur d'amortissement est indépendant de la forme de l'échantillon ;
* contrairement à la rigidité, le facteur d'amortissement est indépendant de la forme de l'échantillon ;
* à la différence de la rigidité (ou du module d'élasticité), l'amortissement ne peut en général être déduit de simples mesures statiques<ref name="not3" /> ;
* à la différence de la rigidité (ou du module d'élasticité), l'amortissement ne peut en général être déduit de simples mesures statiques<ref name="not3" /> ;
* un autre '''mode d'oscillation''', utilisé par une autre méthode de test, et basé sur des fréquences ''proches'' de la résonance, peut faire intervenir un [[taux d'amortissement]] (''{{lang|en|damping ratio}}''). Le facteur d'amortissement est égal à deux fois le taux d'amortissement, soit : <math>\eta = 2 \cdot \zeta</math> ;
* un autre ''mode d'oscillation'', utilisé par une autre méthode de test, et basé sur des fréquences ''proches'' de la résonance, peut faire intervenir un [[taux d'amortissement]] (''{{lang|en|damping ratio}}''). Le facteur d'amortissement est égal à deux fois le taux d'amortissement, soit : <math>\eta = 2 \zeta</math> ;
* la [[Résilience (physique)|résilience]] est une propriété approximativement reliée au facteur de perte<ref name="not4" />.
* la [[Résilience (physique)|résilience]] est une propriété approximativement reliée au facteur de perte<ref name="not4" />.


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Les matériaux [[caoutchouc (matériau)|caoutchouteux]] sont bien connus pour leur faculté d'amortissement de vibrations, participant à la réduction du [[bruit]].
Les matériaux [[caoutchouc (matériau)|caoutchouteux]] sont bien connus pour leur faculté d'amortissement de vibrations, participant à la réduction du [[bruit]].


Exemple : pour un caoutchouc de haute masse molaire partiellement [[vulcanisation|vulcanisé]], on relève à {{unité/2|40|Hz}} : T{{ind|v}} = {{tmp|60|°C}}, <math>\eta\,</math> = 1 (valeur élevée) à {{tmp|60|°C}}, et ''E''<nowiki>'</nowiki> = {{unité/2|200|MPa}} (à {{tmp|60|°C}}).
Exemple : pour un caoutchouc de haute masse molaire partiellement [[vulcanisation|vulcanisé]], on relève à {{unité|40 Hz}} : ''T''{{ind|v}} = {{tmp|60|°C}}, <math>\eta</math> = 1 (valeur élevée) à {{tmp|60|°C}}, et ''E''<nowiki>'</nowiki> = {{unité|200 MPa}} (à {{tmp|60|°C}}).


À l'opposé, le facteur d'amortissement des métaux est très faible : au plus 10{{exp|−3}} pour l'[[acier]].
À l'opposé, le facteur d'amortissement des métaux est très faible : au plus {{nb|e-3}} pour l'[[acier]].


{| border="1" cellspacing="0" cellpadding="2"
{| border="1" cellspacing="0" cellpadding="2"
|+ Classement approximatif de quelques matériaux courants selon leur facteur de perte à la température ambiante et dans le domaine des [[son (physique)|audiofréquences]].
|+ Classement approximatif de quelques matériaux courants selon leur facteur de perte à la température ambiante et dans le domaine des [[Spectre sonore|fréquences audibles]].
|----- bgcolor=#E8E8FF height=21 align="center"
|----- bgcolor=#E8E8FF height=21 align="center"
! Facteur de perte <math>\eta \,</math>
! Facteur de perte <math>\eta</math>
! Matériau
! Matériau
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|<center>10{{exp|0}} et plus</center>||<center>Polymère ou élastomère approprié ({{ex}} [[polyisobutylène|caoutchouc butyle]])<ref>Le facteur de perte et le module d'un polymère peuvent être ajustés au gré du [[chimiste]] ou du [[formulation|formulateur]] pour répondre à une application donnée, en lui incorporant des ingrédients divers : durcisseur, charge, plastifiant{{etc.}}</ref></center>
| align="center" |10{{exp|0}} et plus|| align="center" |Polymère ou élastomère approprié ({{ex}} [[polyisobutylène|caoutchouc butyle]])<ref group="Note">Le facteur de perte et le module d'un polymère peuvent être ajustés au gré du [[chimiste]] ou du [[formulation|formulateur]] pour répondre à une application donnée, en lui incorporant des ingrédients divers : durcisseur, charge, plastifiant{{etc.}}</ref>
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|<center>10{{exp|−1}}</center>||<center>[[Élastomère|Caoutchouc naturel]], [[Polychlorure de vinyle|PVC]] avec [[plastifiant]], [[sable]] sec, [[asphalte (matériau)|asphalte]], [[liège (matériau)|liège]],<br />
| align="center" |{{nb|e-1}}|| align="center" |[[Élastomère|Caoutchouc naturel]], [[Polychlorure de vinyle|PVC]] avec [[plastifiant]], [[sable]] sec, [[asphalte]], [[liège (matériau)|liège]],<br />
matériau composite de [[Sandwich (homonymie)#Structure tricouche|structure sandwich]] ({{ex}} tricouche métal/polymère/métal)</center>
matériau composite de [[Sandwich (homonymie)#Structure tricouche|structure sandwich]] ({{ex}} tricouche métal/polymère/métal)
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|<center>10{{exp|−2}}</center>||<center>''[[Polyméthacrylate de méthyle|{{lang|en|Plexiglas}}]]'', [[bois]], [[béton]], [[feutre (textile)|feutre]], [[plâtre]], [[brique (matériau)|brique]]</center>
| align="center" |{{nb|e-2}}|| align="center" |[[Polyméthacrylate de méthyle|{{lang|en|Plexiglas}}]], [[bois]], [[béton]], [[feutre (textile)|feutre]], [[plâtre]], [[brique (matériau)|brique]]
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|<center>10{{exp|−3}}</center>||<center>Acier, [[fer]], [[plomb]], [[cuivre]], [[verre]]</center>
| align="center" |{{nb|e-3}}|| align="center" |Acier, [[fer]], [[plomb]], [[cuivre]], [[verre]]
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|<center>10{{exp|−4}}</center>||<center>[[Aluminium]], [[magnésium]]</center>
| align="center" |{{nb|e-4}}|| align="center" |[[Aluminium]], [[magnésium]]
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Il existe de nombreuses méthodes pour évaluer la performance des matériaux amortissants<ref>La DMA et la [[méthode d'Oberst]] sont très utilisées dans l'industrie automobile.</ref>.
Il existe de nombreuses méthodes pour évaluer la performance des matériaux amortissants<ref group="Note">La DMA et la [[méthode de Oberst]] sont très utilisées dans l'industrie automobile.</ref>.


=== Déformation en cisaillement ===
=== Déformation en cisaillement ===
Les propriétés relatives à une contrainte [[normale à une surface]] ont été décrites. De façon analogue, les propriétés ''en cisaillement'' d'un matériau viscoélastique peuvent être considérées. Les relations de base entre ces propriétés s'écrivent<ref>L'indice ''s'' est omis pour une meilleure lisibilité.</ref> :
Les propriétés relatives à une contrainte [[normale à une surface]] ont été décrites. De façon analogue, les propriétés ''en cisaillement'' d'un matériau viscoélastique peuvent être considérées. Les relations de base entre ces propriétés s'écrivent<ref group="Note">L'indice descriptif « s » est omis pour une meilleure lisibilité.</ref> :
: <math>G^* = G' + i G'' = {\tau^* \over \gamma^*}</math>
: <math>G^* = G' + i G'' = {\tau^* \over \gamma^*}</math>
: <math>\tan\,\delta = {G'' \over G'}</math>
: <math>\tan\,\delta = {G'' \over G'}</math>
: <math>\eta^* = \eta' - i\eta'' = {G^* \over i\omega} = {1\over \omega}(G'' - iG')</math>
: <math>\eta^* = \eta' - i\eta'' = {G^* \over i\omega} = {1\over \omega}(G'' - iG')</math>
avec :
avec :
: <math>G'\,</math> et <math>G''\,</math>, les modules respectifs de conservation et de perte en cisaillement ;
: <math>G'</math> et <math>G''</math>, les modules respectifs de conservation et de perte en cisaillement ;
: <math>\tau^*\,</math> et <math>\gamma^*\,</math>, respectivement la contrainte et la déformation complexes en cisaillement ;
: <math>\tau^*</math> et <math>\gamma^*</math>, respectivement la contrainte et la déformation complexes en cisaillement ;
: <math>\eta^*\,</math>, la viscosité complexe, fréquemment utilisée pour décrire les liquides viscoélastiques ;
: <math>\eta^*</math>, la viscosité complexe, fréquemment utilisée pour décrire les liquides viscoélastiques ;
: <math>\eta' (\omega \text{, } T)\,</math>, la [[viscosité dynamique]]<ref name="not2" /> exprimée en Pa·s<ref>La lettre [[Alphabet grec|grecque]] <math>\eta\,</math> peut désigner la viscosité (en [[rhéologie]]) ou le facteur de perte (en [[acoustique]]).</ref>, proportionnelle à <math>G''\,</math>.
: <math>\eta' (\omega,T)</math>, la [[viscosité dynamique]]<ref name="not2" /> exprimée en {{nb|Pa s}}<ref group="Note">La lettre [[Alphabet grec|grecque]] ''[[Êta|η]]'' peut désigner la viscosité (en [[rhéologie]]) ou le facteur de perte (en [[acoustique]]).</ref>, proportionnelle à <math>G''</math>.
Le comportement des plastiques et des élastomères homogènes et isotropes est tel que<ref name="not3" /> :
Le comportement des plastiques et des élastomères homogènes et isotropes est tel que<ref name="not3" /> :
* le module de cisaillement ''G'' est quasiment égal au tiers du module en traction ''E'' ;
* le module de cisaillement ''G'' est quasiment égal au tiers du module en traction ''E'' ;
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Le facteur de perte en flexion est donné par l'équation :
Le facteur de perte en flexion est donné par l'équation :
: <math>\tan\,\delta_f = {E_f'' \over E_f'}</math>
: <math>\tan\,\delta_\mathrm f = {E_\mathrm f'' \over E_\mathrm f'}</math>
avec :
avec :
: <math>\delta_f\,</math>, l'angle de phase en flexion ;
: <math>\delta_\mathrm f</math>, l'angle de phase en flexion ;
: <math>E_f'\,</math> et <math>E_f''\,</math>, les modules de conservation et de perte en flexion, respectivement.
: <math>E_\mathrm f'</math> et <math>E_\mathrm f''</math>, les modules de conservation et de perte en flexion, respectivement.


Exemple d'application : un échantillon de matériau composite est soumis à une flexion ; il sera possible d'étudier la variation du module d'élasticité en fonction de l'orientation des fibres ou des plis par rapport aux appuis<ref name="not11">Cattiaux J., ''Moyens de contrôle par analyse thermique des composites à haute performance'', {{p.}}27-33, ''Composites'' '''5''', septembre-octobre 1983</ref>.
Exemple d'application : un échantillon de matériau composite est soumis à une flexion ; il sera possible d'étudier la variation du module d'élasticité en fonction de l'orientation des fibres ou des plis par rapport aux appuis<ref name="not11">Cattiaux J., ''Moyens de contrôle par analyse thermique des composites à haute performance'', {{p.|27-33}}, dans ''Composites'', 5, septembre-octobre 1983.</ref>.


=== Température de transition vitreuse T{{ind|v}} ===
=== Température de transition vitreuse {{mvar|T}}{{ind|v}} ===
L'analyseur DMA est l'appareil le plus sensible pour sa détermination.
L'analyseur DMA est l'appareil le plus sensible pour sa détermination.


De façon générale, le signal d'amortissement permet de définir très clairement la température de transition vitreuse<ref name="not11" />.
De façon générale, le signal d'amortissement permet de définir très clairement la température de transition vitreuse<ref name="not11" />.


La valeur de T{{ind|v}} est déterminée en traçant la courbe à isofréquence <math>\tan\,\delta</math>=f(''T''). La température à laquelle la valeur du facteur de perte est maximale est appelée température de transition vitreuse, T{{ind|v}}.
La valeur de ''T''{{ind|v}} est déterminée en traçant la courbe à isofréquence <math>\tan\,\delta</math>=f(''T''). La température à laquelle la valeur du facteur de perte est maximale est appelée température de transition vitreuse, ''T''{{ind|v}}.


Remarques :
Remarques :
* la valeur de la température de transition vitreuse d'un polymère augmente avec la fréquence de la sollicitation mécanique ;
* la valeur de la température de transition vitreuse d'un polymère augmente avec la fréquence de la sollicitation mécanique ;
* le comportement viscoélastique d'un polymère, lié à sa [[Phase (matière)|phase]] amorphe, se révèle dans la ''zone de transition'', au voisinage de sa T{{ind|v}} ;
* le comportement viscoélastique d'un polymère, lié à sa [[phase (thermodynamique)|phase]] amorphe, se révèle dans la ''zone de transition'', au voisinage de sa ''T''{{ind|v}} ;
* la valeur de T{{ind|v}} dépend de multiples facteurs physico-chimiques ;
* la valeur de ''T''{{ind|v}} dépend de multiples facteurs physico-chimiques ;
* de très nombreuses propriétés [[physique]]s subissent une variation à T{{ind|v}} ;
* de très nombreuses propriétés [[physique]]s subissent une variation à ''T''{{ind|v}} ;
* ainsi, de nombreuses techniques, dont la DSC, permettent sa mesure. L'analyse thermique DSC est complémentaire de l'analyse thermomécanique.
* ainsi, de nombreuses techniques, dont la [[calorimétrie différentielle à balayage]] (DSC), permettent sa mesure. L'analyse thermique DSC est complémentaire de l'analyse thermomécanique.
La connaissance de T{{ind|v}} présente, dans la pratique, un intérêt considérable car elle conditionne le domaine d'utilisation du matériau.
La connaissance de ''T''{{ind|v}} présente, dans la pratique, un intérêt considérable car elle conditionne le domaine d'utilisation du matériau.


La température de transition vitreuse est la température maximale d'utilisation pour les thermoplastiques rigides et amorphes (leur T{{ind|v}} est supérieure à {{tmp|100|°C}} ; leur température de mise en œuvre est voisine de leur T{{ind|v}}) mais elle est la température minimale d'utilisation des élastomères (leur T{{ind|v}} est inférieure à {{tmp|-40|°C}})<ref name="not5" />.
La température de transition vitreuse est la température maximale d'utilisation pour les thermoplastiques rigides et amorphes (leur ''T''{{ind|v}} est supérieure à {{tmp|100|°C}} ; leur température de mise en œuvre est voisine de leur ''T''{{ind|v}}) mais elle est la température minimale d'utilisation des élastomères (leur ''T''{{ind|v}} est inférieure à {{tmp|-40|°C}})<ref name="not5" />.


== Influence de la température sur les propriétés mécaniques d'un matériau viscoélastique ==
== Influence de la température sur les propriétés mécaniques d'un matériau viscoélastique ==
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Il peut typiquement se situer dans quatre zones distinctes du comportement mécanique dynamique :
Il peut typiquement se situer dans quatre zones distinctes du comportement mécanique dynamique :
* ''zone vitreuse ou cristalline'' : à basse température, il présente, comme tous les polymères, les propriétés d'un [[verre]]. Les mouvements des chaînes macromoléculaires sont très réduits. Le module prend sa valeur maximale sur le plateau vitreux ({{ex}} ''E''<nowiki>'</nowiki> ~{{unité/2|3|GPa}} à {{unité/2|1|Hz}}) et diminue lentement avec la température. Le polymère est rigide et généralement cassant<ref name="not6" /> (en effet, la nature inhérente des polymères est telle qu'un haut module est associé à une faible [[ductilité]]<ref name="not10" />). Il présente un '''caractère élastique'''<ref name="not1" /> dominant. La valeur du facteur de perte est très faible : inférieure {{nobr|à 0,03}} ;
* ''zone vitreuse ou cristalline'' : à basse température, il présente, comme tous les polymères, les propriétés d'un [[verre]]. Les mouvements des chaînes macromoléculaires sont très réduits. Le module prend sa valeur maximale sur le plateau vitreux ({{ex}} ''E''<nowiki>'</nowiki> ~{{unité|3 GPa}} à {{unité|1 Hz}}) et diminue lentement avec la température. Le polymère est rigide et généralement cassant<ref name="not6" /> (en effet, la nature inhérente des polymères est telle qu'un haut module est associé à une faible [[ductilité]]<ref name="not10" />). Il présente un ''caractère élastique''<ref name="note1" group="Note" /> dominant. La valeur du facteur de perte est très faible : inférieure {{nobr|à 0,03}} ;
* ''zone de transition vitreuse ou zone viscoélastique'' : si la température augmente, des déformations locales de chaînes macromoléculaires situées dans les domaines amorphes apparaissent, les chaînes principales ayant acquis un [[degré de liberté (mécanique)|degré de liberté]] supplémentaire ; les chaînes suivent maintenant la sollicitation mécanique imposée. Le polymère se ramollit au-dessus de T{{ind|v}}. Il est possible d'observer une chute de ''E''<nowiki>'</nowiki>, donc de la rigidité, de ''trois décades''. Le polymère a un fort caractère '''viscoélastique'''. Le facteur de perte augmente rapidement avec la température, et atteint sa valeur maximale, qui peut avoisiner deux. De même, le module de perte (''E''<nowiki>''</nowiki> ou ''G''<nowiki>''</nowiki>) connaît sa valeur maximale. La largeur minimale de cette région est d'une dizaine de degrés ;
* ''zone de transition vitreuse ou zone viscoélastique'' : si la température augmente, des déformations locales de chaînes macromoléculaires situées dans les domaines amorphes apparaissent, les chaînes principales ayant acquis un [[degré de liberté (mécanique)|degré de liberté]] supplémentaire ; les chaînes suivent maintenant la sollicitation mécanique imposée. Le polymère se ramollit au-dessus de ''T''{{ind|v}}. Il est possible d'observer une chute de ''E''<nowiki>'</nowiki>, donc de la rigidité, de ''trois décades''. Le polymère a un fort caractère ''viscoélastique''. Le facteur de perte augmente rapidement avec la température, et atteint sa valeur maximale, qui peut avoisiner deux. De même, le module de perte (''E''<nowiki>''</nowiki> ou ''G''<nowiki>''</nowiki>) connaît sa valeur maximale. La largeur minimale de cette région est d'une dizaine de degrés ;
* ''zone caoutchouteuse'' : la mobilité moléculaire augmente. Le module est faible sur le plateau caoutchouteux ({{ex}} ''E''<nowiki>'</nowiki> ~{{unité/2|1|MPa}} à {{unité/2|1|Hz}}). La présence de ce plateau est due à la formation d'enchevêtrements (points de réticulation occasionnels<ref name="not2" />) entre les chaînes de la pelote polymère qui tiennent lieu de pontages. Le polymère souple présente la haute '''élasticité caoutchouteuse'''<ref>Un élastomère est hautement déformable : il se caractérise par la faculté de supporter de grandes déformations (jusqu'à environ {{formatnum:1000}} %) avant rupture.</ref>, d'origine [[Entropie (thermodynamique)|entropique]] (à ne pas confondre avec l'élasticité dans un polymère rigide, d'origine [[enthalpie|enthalpique]]). Le facteur de perte est compris entre 0,1 et 0,3 ;
* ''zone caoutchouteuse'' : la mobilité moléculaire augmente. Le module est faible sur le plateau caoutchouteux ({{ex}} ''E''<nowiki>'</nowiki> ~{{unité|1 MPa}} à {{unité|1 Hz}}). La présence de ce plateau est due à la formation d'enchevêtrements (points de réticulation occasionnels<ref name="not2" />) entre les chaînes de la pelote polymère qui tiennent lieu de pontages. Le polymère souple présente la haute ''élasticité caoutchouteuse''<ref group="Note">Un élastomère est hautement déformable : il se caractérise par la faculté de supporter de grandes déformations (jusqu'à environ {{formatnum:1000}} %) avant rupture.</ref>, d'origine [[Entropie (thermodynamique)|entropique]] (à ne pas confondre avec l'élasticité dans un polymère rigide, d'origine [[enthalpie|enthalpique]]). Le facteur de perte est compris entre 0,1 et 0,3 ;
* ''zone fluide ou d'écoulement caoutchouteux'' : si la température augmente encore, passage de l'état solide à l'état fluide. Cette région instable voit le module chuter et le facteur de perte augmenter à nouveau. Cette quatrième zone n'existe pas pour les polymères réticulés.
* ''zone fluide ou d'écoulement caoutchouteux'' : si la température augmente encore, passage de l'état solide à l'état fluide. Cette région instable voit le module chuter et le facteur de perte augmenter à nouveau. Cette quatrième zone n'existe pas pour les polymères réticulés.
Les élastomères sont utilisés le plus souvent sur le plateau caoutchouteux (car dans cette zone, le module et l'amortissement varient peu avec la température) et sont en général employés réticulés (la réticulation augmente le module d'élasticité).
Les élastomères sont utilisés le plus souvent sur le plateau caoutchouteux (car dans cette zone, le module et l'amortissement varient peu avec la température) et sont en général employés réticulés (la réticulation augmente le module d'élasticité).
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=== Cas industriel : élastomère vulcanisé ===
=== Cas industriel : élastomère vulcanisé ===
==== Description du matériau ====
==== Description du matériau ====
Le produit testé est un [[Mastic (matériau)|mastic]] de collage destiné à l'[[Construction automobile|industrie automobile]]. Ce [[Formulation|mélange]] complexe est composé de plusieurs [[Grade (matériau)|grades]] de [[polybutadiène]]s<ref>La formule contient un grade solide (tel un [[Buna (caoutchouc)|''Buna CB'']]) et des grades liquides visqueux de polybutadiène.</ref> (sigle [[Liste des codes des polymères|BR]]) et d'une dizaine d'ingrédients. Après dépose sur véhicule, il subit notamment une première cuisson d'une durée voisine de {{unité/2|30|min}} à une température moyenne de {{tmp|180|°C}}. Cet apport de chaleur déclenche en présence des réactifs une vulcanisation<ref>[[Charles Goodyear]] a découvert la vulcanisation du caoutchouc en [[1839 en science|1839]].</ref> partielle des {{nobr|élastomères BR}}. Le mélange initial, pâteux à cru, devient un solide [[dureté (matériau)|dur]] après cuisson et retour à la température ambiante.
Le produit testé est un [[Mastic (matériau)|mastic]] de collage destiné à l'[[Construction automobile|industrie automobile]]. Ce [[Formulation|mélange]] complexe est composé de plusieurs [[Grade (matériau)|grades]] de [[polybutadiène]]s<ref group="Note">La formule contient un grade solide (tel un [[Buna (caoutchouc)|Buna CB]]) et des grades liquides visqueux de polybutadiène.</ref> (sigle [[Liste de codes de polymères|BR]]) et d'une dizaine d'ingrédients. Après dépose sur véhicule, il subit notamment une première cuisson d'une durée voisine de {{unité|30 min}} à une température moyenne de {{tmp|180|°C}}. Cet apport de chaleur déclenche en présence des réactifs une [[vulcanisation]] partielle des {{nobr|élastomères BR}}. Le mélange initial, pâteux à cru, devient un solide [[dureté (matériau)|dur]] après cuisson et retour à la température ambiante.


==== Exploitation des données ====
==== Exploitation des données ====
[[Image:DMA_rubber.png|vignette|400px|Évaluation d'un produit [[élastomère]] après stabilisation sur des paliers de température.]]
[[Fichier:DMA rubber.png|vignette|400px|Évaluation d'un produit [[élastomère]] après stabilisation sur des paliers de température.]]
Le produit final (cuit) est analysé en traction-compression à taux de déformation imposé, avec un balayage en température de {{tmp|-40|+80|°C}} par palier de {{tmp|5|°C}}, pour deux fréquences. Le taux de déformation a été choisi de façon à se placer dans la zone [[Déformation élastique|élastique]] (linéaire) du matériau.
Le produit final (cuit) est analysé en traction-compression à taux de déformation imposé, avec un balayage en température de {{tmp|-40|+80|°C}} par palier de {{tmp|5|°C}}, pour deux fréquences. Le taux de déformation a été choisi de façon à se placer dans la zone [[Déformation élastique|élastique]] (linéaire) du matériau.


Il est typique de représenter les résultats d'un essai en traçant deux courbes à isofréquence : un module ''M''<nowiki>'</nowiki> (par exemple ''E''<nowiki>'</nowiki> ou ''G''<nowiki>'</nowiki>, selon le type de déformation) {{nobr|{{=}} f(''T'')}} et {{nobr|tan δ {{=}} f(''T'')}} (voir figure). L'essai met en évidence un comportement mécanique très dépendant de la température.<br />
Il est typique de représenter les résultats d'un essai en traçant deux courbes à isofréquence : un module ''M''<nowiki>'</nowiki> (par exemple ''E''<nowiki>'</nowiki> ou ''G''<nowiki>'</nowiki>, selon le type de déformation) {{nobr|{{=}} f(''T'')}} et {{nobr|tan ''δ'' {{=}} f(''T'')}} (voir figure). L'essai met en évidence un comportement mécanique très dépendant de la température.<br />
On relève à {{unité/2|1|Hz}} : T{{ind|v}} = {{tmp|15|°C}} et ''E''<nowiki>'</nowiki> ~{{unité/2|250|MPa}} à {{tmp|23|°C}} ; à {{unité/2|60|Hz}} : {{nobr|T{{ind|v}} {{=}} {{tmp|27|°C}}}} et {{nobr|''E''<nowiki>'</nowiki> ~{{unité/2|900|MPa}}}} à {{tmp|23|°C}}.
On relève à {{unité|1 Hz}} : ''T''{{ind|v}} = {{tmp|15|°C}} et ''E''<nowiki>'</nowiki> ~{{unité|250 MPa}} à {{tmp|23|°C}} ; à {{unité|60 Hz}} : {{nobr|''T''{{ind|v}} {{=}} {{tmp|27|°C}}}} et {{nobr|''E''<nowiki>'</nowiki> ~{{unité|900 MPa}}}} à {{tmp|23|°C}}.


Les grandeurs ''E''<nowiki>'</nowiki> et T{{ind|v}} augmentent avec la fréquence de sollicitation.
Les grandeurs ''E''<nowiki>'</nowiki> et ''T''{{ind|v}} augmentent avec la fréquence de sollicitation.


Le module du plateau caoutchouteux, la longueur de ce plateau (sur l'échelle des températures) et T{{ind|v}} augmentent avec la masse molaire d'un polymère amorphe et avec son taux de réticulation<ref name="not5" /> ; ce dernier dépend (par exemple) du cycle de cuisson utilisé.
Le module du plateau caoutchouteux, la longueur de ce plateau (sur l'échelle des températures) et ''T''{{ind|v}} augmentent avec la masse molaire d'un polymère amorphe et avec son taux de réticulation<ref name="not5" /> ; ce dernier dépend (par exemple) du cycle de cuisson utilisé.


Les valeurs de module et d'amortissement dans la région caoutchouteuse dépendent de la composition du matériau : polymère, système de réticulation, charge de renforcement, plastifiant, additifs divers{{etc.}}
Les valeurs de module et d'amortissement dans la région caoutchouteuse dépendent de la composition du matériau : polymère, système de réticulation, charge de renforcement, plastifiant, additifs divers{{etc.}}


== Influence de la fréquence ==
== Influence de la fréquence ==
[[Image:DMA_freq_epoxy.png|vignette|400px|Analyse multi-fréquence d'un produit polymère sur des paliers de température.]]
[[Fichier:DMA freq epoxy.png|vignette|400px|Analyse multi-fréquence d'un produit polymère sur des paliers de température.]]
La fréquence d'excitation est le deuxième facteur environnemental important après la température : son influence peut donc être notable. L'effet de la fréquence sur deux propriétés mécaniques typiques d'un matériau viscoélastique est montré dans le graphique suivant, pour différentes températures.
La fréquence d'excitation est le deuxième facteur environnemental important après la température : son influence peut donc être notable. L'effet de la fréquence sur deux propriétés mécaniques typiques d'un matériau viscoélastique est montré dans le graphique suivant, pour différentes températures.


Le produit final utilisé pour cet essai est un adhésif époxyde préalablement réticulé à {{tmp|180|°C}} pendant {{unité/2|30|min}}.
Le produit final utilisé pour cet essai est un adhésif époxyde préalablement réticulé à {{tmp|180|°C}} pendant {{unité|30 min}}.


Un double balayage en fréquence et en température a été réalisé au moyen d'un analyseur DMA. L'étude du graphique en fonction de la température (du même type que le précédent graphique) a révélé, par exemple :
Un double balayage en fréquence et en température a été réalisé au moyen d'un analyseur DMA. L'étude du graphique en fonction de la température (du même type que le précédent graphique) a révélé, par exemple :
* la zone de transition vitreuse du matériau s'étend de {{tmp|100|°C}} à {{tmp|160|°C}} pour les fréquences de {{unité/2|1|Hz}} à {{unité/2|1|kHz}} ;
* la zone de transition vitreuse du matériau s'étend de {{tmp|100|°C}} à {{tmp|160|°C}} pour les fréquences de {{unité|1 Hz}} à {{unité|1 kHz}} ;
* la température de transition vitreuse est égale à {{tmp|129|°C}} à {{unité/2|8.4|Hz}}, et {{tmp|142|°C}} à {{unité/2|345|Hz}}.
* la température de transition vitreuse est égale à {{tmp|129|°C}} à {{unité|8,4 Hz}}, et {{tmp|142|°C}} à {{unité|345 Hz}}.
Concernant le graphique ci-contre : les cinq températures ont été choisies pour illustrer l'effet de la fréquence sur les deux propriétés dans les zones vitreuse, de transition et caoutchouteuse.
Concernant le graphique ci-contre : les cinq températures ont été choisies pour illustrer l'effet de la fréquence sur les deux propriétés dans les zones vitreuse, de transition et caoutchouteuse.


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Le facteur d'amortissement atteint sa valeur maximale dans la zone de transition.
Le facteur d'amortissement atteint sa valeur maximale dans la zone de transition.


Les matériaux polymères à faible hystérésis (donc à forte résilience) possèdent un module dynamique très légèrement supérieur au module statique. Les matériaux très dissipatifs (donc à forte hystérésis), tels les élastomères, peuvent présenter un module dynamique plusieurs fois supérieur à la valeur du module statique<ref>{{lang|en|Elastomer Chemicals Department}}, ''Le langage du caoutchouc'', {{p.}}19, [[DuPont|Du Pont de Nemours International SA]], Genève, 1963</ref>.
Les matériaux polymères à faible hystérésis (donc à forte résilience) possèdent un module dynamique très légèrement supérieur au module statique. Les matériaux très dissipatifs (donc à forte hystérésis), tels les élastomères, peuvent présenter un module dynamique plusieurs fois supérieur à la valeur du module statique<ref>{{lang|en|Elastomer Chemicals Department}}, ''Le langage du caoutchouc'', {{p.|19}}, [[DuPont|Du Pont de Nemours International]], Genève, 1963.</ref>.
Une augmentation de fréquence a pour corollaire une rigidification d'un matériau. Pour illuster ce phénomène, considérons par exemple deux [[corde (physique)|cordes]] de [[guitare]] de longueur différente. La corde la plus courte, plus tendue donc '''{{Coloré|#008000|plus rigide}}''', produira après pincement un [[son (physique)|son]] plus [[aigu (musique)|aigu]], c'est-à-dire de '''{{Coloré|#008000|fréquence plus élevée}}'''. Voir aussi [[Diapason]].
Une augmentation de fréquence a pour corollaire une rigidification d'un matériau. Pour illuster ce phénomène, on considère par exemple deux [[corde (physique)|cordes]] de [[guitare]] de longueur différente ; la corde la plus courte, plus tendue donc plus rigide, produira après pincement un [[son (physique)|son]] plus [[aigu (musique)|aigu]], c'est-à-dire de fréquence plus élevée. Voir aussi [[Diapason]].


== Applications ==
== Applications ==
Elles sont nombreuses, soulignant la grande polyvalence de l'appareil : (liste non exhaustive)
Elles sont nombreuses, soulignant la grande polyvalence de l'appareil : (liste non exhaustive)
* réalisation d'essais mécaniques dynamiques avec des sollicitations en traction-compression (accès au [[module d'Young]] <math>E^*_t</math>), en cisaillement (accès au [[module de cisaillement]] <math>G^*_s</math> des matériaux solides, ou à la [[viscosité dynamique]] <math>\eta'\,</math> des matériaux liquides ou pâteux) ou en flexion (accès au module <math>E^*_f</math>) ;
* réalisation d'essais mécaniques dynamiques avec des sollicitations en traction-compression (accès au [[module de Young]] <math>E^*_\mathrm t</math>), en cisaillement (accès au [[module de cisaillement]] <math>G^*_\mathrm s</math> des matériaux solides, ou à la [[viscosité dynamique]] <math>\eta'</math> des matériaux liquides ou pâteux) ou en flexion (accès au module <math>E^*_\mathrm f</math>) ;
* caractérisation thermomécanique de matériaux liquides ou pâteux et de solides de module d'Young très faible à très élevé : élastomères, polymères [[thermoplastique]]s et [[thermodurcissable]]s, [[fibre]]s, [[Matériau composite|matériaux composites]]{{etc.}} ;
* caractérisation thermomécanique de matériaux liquides ou pâteux et de solides de module de Young très faible à très élevé : élastomères, polymères [[thermoplastique]]s et [[thermodurcissable]]s, [[fibre]]s, [[Matériau composite|matériaux composites]]{{etc.}} ;
* étude simultanée de la température et de la fréquence pour l'obtention de [[Principe d'équivalence temps-température|courbes maîtresses]] ;
* étude simultanée de la température et de la fréquence pour l'obtention de [[Principe d'équivalence temps-température|courbes maîtresses]] ;
* application du [[principe d'équivalence temps-température]] en viscoélasticité linéaire et de l'équation de {{lang|en|Williams-Landel-Ferry}} (WLF) ;
* application du [[principe d'équivalence temps-température]] en viscoélasticité linéaire et de l'équation de {{lang|en|Williams-Landel-Ferry}} (WLF) ;
* essais [[Rhéologie|rhéologiques]] (détermination par exemple du temps de gel d'une [[résine (constituant)|résine]] thermodurcissable) ;
* essais [[Rhéologie|rhéologiques]] (détermination par exemple du temps de gel d'une [[résine (constituant)|résine]] thermodurcissable) ;
* essais simultanés de DMA/TMA pour la mesure supplémentaire de la [[dilatation thermique]] ;
* essais simultanés de DMA/TMA pour la mesure supplémentaire de la [[dilatation thermique]] ;
* essais statiques : [[fluage]] et [[relaxation de contrainte]] pour accéder par exemple aux temps longs de relaxation (>{{unité/2|10|s}}) des polymères<ref name="not2" /> ; technique TMA ;
* essais statiques : [[fluage]] et [[relaxation de contrainte]] pour accéder par exemple aux temps longs de relaxation (>{{unité|10 s}}) des polymères<ref name="not2" /> ; technique TMA ;
* prédiction (approximative) à long terme du comportement mécanique d'un matériau solide sous charge.
* prédiction (approximative) à long terme du comportement mécanique d'un matériau solide sous charge.


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* rapidité satisfaisante<ref name="not11" /> ;
* rapidité satisfaisante<ref name="not11" /> ;
* excellente [[reproductibilité]] ;
* excellente [[reproductibilité]] ;
* détermination précise de la zone de [[transition vitreuse]], même pour des composés très [[Réticulation|réticulés]] ou très [[Charge (substance)|chargés]] (intérêt pour les matériaux thermodurcissables et les composites). Par ailleurs, une [[analyse thermomécanique]] ''dynamique'' (TMAD) apporte dans ce cas plus d'informations qu'une analyse par [[Calorimétrie différentielle à balayage|DSC]]<ref>Chauchard J., Chabert B., Lachenal G. et Soulier J.-P., ''Application de l'analyse thermomécanique'' dynamique ''à la caractérisation de la transition vitreuse de matrices organiques'', colloque sur les matrices organiques dans les matériaux composites à Pau, {{nobr|13-14 décembre 1984}}, Laboratoire d'Études des Matériaux Plastiques et des {{nobr|Biomatériaux II}}, [[Université Claude-Bernard Lyon 1|UCBL]], Villeurbanne</ref> ;
* détermination précise de la zone de [[transition vitreuse]], même pour des composés très [[Réticulation|réticulés]] ou très [[Charge (substance)|chargés]] (intérêt pour les matériaux thermodurcissables et les composites). Par ailleurs, une [[analyse thermomécanique]] ''dynamique'' (TMAD) apporte dans ce cas plus d'informations qu'une analyse par [[Calorimétrie différentielle à balayage|DSC]]<ref>Chauchard J., Chabert B., Lachenal G. et Soulier J.-P., ''Application de l'analyse thermomécanique'' dynamique ''à la caractérisation de la transition vitreuse de matrices organiques'', colloque sur les matrices organiques dans les matériaux composites à Pau, {{nobr|13-14 décembre 1984}}, Laboratoire d'Études des Matériaux Plastiques et des {{nobr|Biomatériaux II}}, [[Université Claude-Bernard-Lyon-I|UCBL]], Villeurbanne.</ref> ;
* résolution possible des faibles transitions secondaires (transitions <math>\beta\,</math> et <math>\gamma\,</math>) sur la courbe de <math>\tan\,\delta \,</math>. De nombreux polymères présentent ces [[Transition de phase dans les polymères|transitions]] sous-vitreuses (observées à {{nobr|T < T{{ind|v}}}}) qui sont généralement dues à des mouvements de groupes latéraux ou de certains segments de chaînes ;
* résolution possible des faibles transitions secondaires (transitions <math>\beta</math> et <math>\gamma</math>) sur la courbe de <math>\tan\,\delta</math>. De nombreux polymères présentent ces [[Transition de phase d'un polymère|transitions]] sous-vitreuses (observées à {{nobr|''T'' < ''T''{{ind|v}}}}) qui sont généralement dues à des mouvements de groupes latéraux ou de certains segments de chaînes ;
* grande [[wikt:versatile|versatilité]], les grandeurs mesurables dépendent souvent de nombreux paramètres internes et externes ;
* grande [[wikt:versatile|versatilité]], les grandeurs mesurables dépendent souvent de nombreux paramètres internes et externes ;
* multiples applications.
* multiples applications.
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== Notes et références ==
== Notes et références ==
=== Notes ===
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=== Références ===
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=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* {{Lien web|lang=en|format=pdf|nom=Macioce|prénom=Paul|url=http://www.roush.com/wp-content/uploads/2015/09/Insight.pdf|titre=Viscoelastic Damping 101|éditeur=Roush Industries|consulté le=28 février 2016}} (informations générales complémentaires en physique vibratoire).
* [http://metravib.acoemgroup.fr/dma Metravib], fabricant d'analyseurs mécaniques dynamiques
* [http://www.rheolution.com/fr/ Rheolution Inc.], autre fabricant
* {{en}} {{pdf}} Macioce Paul, [http://www.roush.com/LinkClick.aspx?fileticket=Rxlaxz0uSR4%3d&tabid=212&mid=920 ''{{lang|en|Viscoelastic Damping}} 101''], {{lang|en|Roush Industries, Inc.}}, 3{{nb p.}} (informations générales complémentaires en physique vibratoire)


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Dernière version du 6 décembre 2023 à 19:55

L'analyse mécanique dynamique (AMD) ou spectrométrie mécanique dynamique (en anglais : dynamic mechanical analysis, DMA) est une méthode de mesure de la viscoélasticité. Cette méthode d'analyse thermique permet l'étude et la caractérisation des propriétés mécaniques de matériaux viscoélastiques, tels les polymères.

Un instrument d'AMD permet de déterminer les grandeurs physiques intrinsèques suivantes :

En analyse mécanique dynamique, un échantillon est soumis à une contrainte ou à une déformation oscillatoire (sinusoïdale). La grandeur complémentaire est mesurée. Les expériences de viscoélasticité sont réalisées dans le domaine du comportement linéaire. En régime dynamique, les propriétés mécaniques d'un matériau dépendent de la déformation, de la fréquence d'excitation et de la température ; ces paramètres sont contrôlés par l'instrument de DMA.

Le type de sollicitation, tel la traction-compression, le cisaillement ou la flexion[Note 1], dépend du porte-échantillon choisi et des dimensions de l'échantillon. Le montage est disposé dans une enceinte thermorégulée. Un logiciel de calcul approprié est utilisé.

Contrairement aux métaux et aux matériaux structuraux rigides, les polymères thermoplastiques et les élastomères présentent des modules d'élasticité et des facteurs de perte qui varient fortement avec la température et la fréquence. Par ailleurs, ces propriétés dynamiques dépendent beaucoup de leur composition et du procédé de fabrication[1]. La technique DMA permet donc de caractériser finement un échantillon de matériau viscoélastique. Elle représente un outil d'évaluation bien adapté aux polymères et s'intègre à l'ensemble des méthodes d'analyse thermique (DSC, TGA, TMA, thermodilatométrieetc.).

Les applications de la DMA sont nombreuses et concernent différents secteurs d'activité : acoustique (produits insonorisants) ; industries textile, papetière, agroalimentaire ; transports (pneumatiques, sièges, adhésifs, composites, etc.) ; R&Detc.

Principe général[modifier | modifier le code]

Le terme général DMA (ou DMTA) est relatif aux appareils à vibration libre et à ceux à vibration forcée. Dans le premier cas, l'échantillon est placé en oscillation ; puis après suppression de la contrainte, l'amplitude décroît à travers l'amortissement[2].

Un analyseur DMA utilise le type de vibration forcée hors résonance. Il applique un déplacement oscillatoire (d'amplitude D0) à un échantillon du matériau à analyser. La force dynamique (d'amplitude F0) résultante transmise par celui-ci est mesurée. Ceci est l'application de la notion de contrainte déformation rencontrée en sciences des matériaux.

Les principes en viscoélasticité linéaire ne sont applicables qu'à de très faibles niveaux de contraintes et de déformations, ce qui conduit en général à une préservation de la structure au repos. Par définition, un matériau (homogène, isotrope et amorphe) montre un comportement viscoélastique linéaire, ou satisfait au principe de superposition de Boltzmann, si la déformation s'exprime comme une fonction linéaire de la contrainte, à une température et à une fréquence données.

La méthode de vibration forcée hors résonance utilisant un signal sinusoïdal en cisaillement ou en compression est généralement préférée pour l'obtention de données en ingénierie[2].

Équipé de capteurs, l'analyseur viscoélastique dynamique (DMA) mesure principalement deux grandeurs dynamiques : le déplacement et la force.

Le logiciel de pilotage propose deux possibilités, déplacement (proportionnel à un taux de déformation, voir § 6.3) imposé ou l'inverse, à force imposée de mesurer le déplacement résultant.

Les mesures sont réalisées sur des rampes (mode « cinétique ») ou sur des paliers (mode stabilisé) de température.

Déphasage δ/ω entre contrainte et déformation d'un matériau viscoélastique soumis à une oscillation sinusoïdale.

Le déphasage entre les signaux d'entrée sinusoïdaux d'excitation et les signaux de sortie (eux aussi sinusoïdaux et de même fréquence dans le domaine linéaire, mais d'amplitude différente) est donné par l'angle de phase δ. Le déphasage est lié aux propriétés viscoélastiques du matériau. L'angle δ est calculé à partir du traitement de ces signaux selon une transformée de Fourier rapide (notée FFT).

Lors d'une mesure mécanique dynamique, une contrainte sinusoïdale est appliquée à une fréquence f. Le signal de contrainte peut s'écrire :

avec :

, l'amplitude du cycle de contrainte ;
, la pulsation en rad/s et t, le temps.

Le signal de réponse en déformation d'un matériau viscoélastique est déphasé (car ce dernier dissipe une partie de l'énergie en se déformant), soit :

avec :

, l'amplitude du cycle de déformation.

Le facteur de perte du matériau est égal à la tangente de l'angle δ.

La température de transition vitreuse Tv est déterminée à partir des valeurs du facteur de perte.

Connaissant la géométrie de l'éprouvette, la raideur dynamique et l'angle de phase, il est possible de calculer certaines propriétés viscoélastiques (ex. : un module d'élasticité).

Une description de ces propriétés est donnée à la partie 8.

L'évolution des caractéristiques intrinsèques sera étudiée en réalisant typiquement un balayage thermique et/ou fréquentiel. Un essai complet comprenant un double balayage en fréquence et en température peut durer plusieurs heures pour certains appareils. Le principe d'équivalence temps-température peut être utilisé pour corréler les propriétés du matériau pour toutes les températures et fréquences mesurées[3].

Comportement viscoélastique des polymères[modifier | modifier le code]

L'analyseur DMA permet une analyse fine des propriétés viscoélastiques des matériaux polymères.

Le comportement de ces derniers peut être étudié en réalisant par exemple un essai en régime quasi-statique de fluage (en anglais creep).

Viscoélasticité en fluage[modifier | modifier le code]

Comparaison adimensionnelle des courbes de fluage et de recouvrance en suivant l'évolution de la complaisance en traction D(t) ou en cisaillement J(t) en fonction du temps[4].

L'essai de fluage ou de retard consiste à appliquer brutalement sur un matériau une contrainte (stress) maintenue ensuite constante sur une durée suffisamment longue. La déformation (strain) résultante, fonction du temps, est enregistrée :

  • un solide parfaitement élastique (hookéen) se déforme instantanément ; la déformation élastique est réversible et indépendante du temps[Note 2] ;
  • un fluide parfaitement visqueux (newtonien[Note 3]) se déforme progressivement et linéairement en fonction du temps ; la déformation visqueuse est irréversible ;
  • un matériau macromoléculaire exhibe des propriétés mécaniques situées entre ces deux cas idéaux[5], c'est pourquoi il est nommé « viscoélastique »[Note 4] ; il possède une composante élastique et une composante visqueuse.

L'étude de la rhéologie des polymères met le plus souvent en évidence des combinaisons complexes d'effets élastiques et visqueux, c'est-à-dire un comportement viscoélastique plus ou moins marqué[6]. Selon l'échelle de temps de l'essai, la composante élastique ou la composante visqueuse du matériau domine[7]. En effet, pour une durée de sollicitation très courte, un polymère amorphe linéaire adopte un comportement vitreux (élastique). À l'inverse, pour une durée d'application de la contrainte très longue, il a un comportement visqueux avec possibilité d'écoulement[5]. Voir aussi Silly Putty.

La viscoélasticité correspond au comportement réel de la majorité des matériaux.

Le comportement viscoélastique linéaire des plastiques ne peut être observé qu'aux faibles déformations et qu'aux temps courts[8].

Le fluage a pour origine le phénomène de glissement des chaînes macromoléculaires les unes par rapport aux autres.

Les propriétés de fluage, de relaxation de contrainte et de recouvrance sont les effets de l'application d'une contrainte ou d'une déformation sur le long terme[2]. Les mesures dynamiques (DMA) sont réalisées dans un domaine de fréquence de sollicitation qui s'étend typiquement de 0,01 à 100 Hz.

Types de réponse[modifier | modifier le code]

Le tableau suivant expose brièvement quelques caractéristiques mécaniques relatives aux trois types de réponse mentionnés plus haut ; le matériau viscoélastique décrit est indistinctement solide ou fluide.

Symbolisme utilisé : , , , , E', E'', Ec et Ed représentent respectivement la contrainte, la déformation, la constante d'élasticité du ressort idéal, le coefficient de viscosité de l'amortisseur idéal, le module de conservation (partie réelle de E*), le module de perte (partie imaginaire de E*), les énergies conservée et dissipée par unité de volume durant un cycle de déformation sinusoïdale.

Comparaison de la réponse mécanique de trois matériaux sous sollicitation statique ou dynamique.
Paramètre Solide élastique parfait Matériau viscoélastique Liquide visqueux newtonien
Modèle analogique Ressort Association de modèles élémentaires Amortisseur
Loi de comportement (en régime linéaire) Loi de Hooke (1678)
contrainte proportionnelle à la déformation :
Équation du type :
Loi de Newton (1687)
contrainte proportionnelle à la vitesse de déformation :
Réponse en déformation sous contrainte constante (essai de fluage) Instantanée et déformation indépendante du temps Fonction croissante du temps Retardée et fonction linéaire croissante du temps
Réponse en contrainte sous déformation constante (essai de relaxation de contrainte) Pas de relaxation Fonction décroissante du temps Relaxation instantanée
Angle de phase δ entre σ et ε (en dynamique) 0° (signaux de contrainte et de déformation en phase) 0° < δ < 90° 90° (signaux en quadrature), retard de la réponse maximal
Énergie mécanique durant un cycle de déformation sinusoïdale Conservée puis restituée (absence de frottements internes) Proportion selon : Dissipée par frottement interne ; hystérésis maximale
Propriétés typiques Déformation indépendante du temps ; déformation et réversibilité instantanées ; rigidité Réversibilité et relaxation combinées ; rigidité caractérisée par E' et facteur d'amortissement = E'' / E'[Note 5] Déformation continue, irrécupérable, écoulement ; relaxation ; amortissement

L'équation en viscoélasticité linéaire indique simplement que, pour un essai de traction uniaxiale par exemple, pour une valeur fixée de la durée de sollicitation t, la contrainte sera directement proportionnelle à la déformation[8].

Comportement en contrainte-déformation de matériaux élastiques et viscoélastiques pour deux valeurs de la durée de sollicitation, t.

Dans le domaine linéaire, les propriétés viscoélastiques sont indépendantes de la déformation. À partir d'un niveau de déformation critique, le comportement d'un matériau non fragile devient non linéaire[9] ; notamment, son module de conservation M' (par exemple E' ou G') peut diminuer si la déformation augmente.

Lors d'une déformation plastique, un matériau subit une déformation permanente et une dégradation qui peut aboutir à sa rupture[7].

Le graphe schématique suivant compare trois types de réponse (à température, T, fixée) et montre que la réponse est dépendante du temps (ou de la fréquence de déformation, en DMA) en viscoélasticité.

Remarque : si l'étude faisait intervenir deux valeurs constantes de température au lieu de deux valeurs constantes de temps comme précédemment, le tracé de chaque famille de courbes serait qualitativement similaire : il existe une équivalence entre la température et la durée d'application de la contrainte[6].

La rigidité (stiffness en anglais) d'un matériau est exprimée en termes de module d'élasticité.

Le module d'un ressort idéal ne dépend pas de la fréquence, donc son module statique est égal à son module dynamique.

Les modules E et G, l'amortissement et le coefficient de Poisson d'un matériau viscoélastique sont fonction à la fois de la température et de la fréquence (vitesse) de mesure[9]. En général, plus le matériau est dissipatif, plus la variation de rigidité et d'amortissement est importante. La représentation graphique du § 9.2.2 illustre bien ces phénomènes dans la zone de transition.

À l'état vitreux (T < Tv), tous les polymères, semi-cristallins ou amorphes, sont rigides, généralement fragiles et ont un caractère élastique dominant[6].

Les polymères amorphes ou semi-cristallins présentent un caractère viscoélastique ayant pour origine un réarrangement des chaînes dans les zones amorphes, lorsqu'une contrainte est appliquée.

Le comportement élastique ou viscoélastique d'un polymère est lié à sa structure amorphe. Au sein de cette structure de faible cohésion, les interactions entre les chaînes sont très faibles[6].

Deux structures bien connues sont très peu dissipatives : une cloche et une balle de golf. À l'opposé se trouve un silentbloc, utilisé pour sa faculté de dissipation d'énergie.

Description succincte[modifier | modifier le code]

Colonne de mesure d'un Viscoanalyseur. Le capteur de force (ou d'effort) est superposé entre le porte-échantillon et le socle du bâti[Note 6].

La mécanique de mesure d'un appareil de DMA comprend :

Les signaux délivrés par les capteurs subissent un traitement de façon à extraire les valeurs des grandeurs mécaniques.

Le bâti mécanique est très rigide, avec une masse pouvant approcher 200 kg, garantissant la précision requise en analyse mécanique.

L'échantillon (solide, pâteux ou liquide) et le porte-échantillon sont placés dans une enceinte thermostatée munie d'un thermocouple (capteur à faible inertie)[Note 9]. L'enceinte thermique peut être couplée à une source cryogénique (utilisation d'azote liquide) pour des essais en dessous de la température ambiante.

Tous les multiples paramètres d'un essai sont gérés par un logiciel. Le pilotage d'un test est automatique.

Ordres de grandeur[modifier | modifier le code]

L'étude des propriétés viscoélastiques linéaires des matériaux nécessite l'utilisation d'appareils capables d'imposer des forces ou des déplacements très faibles, et de mesurer ces grandeurs avec précision. Les valeurs suivantes sont données à titre indicatif ; elles peuvent varier selon l'appareil et/ou l'application mise en œuvre :

  • fréquence : courant continu et de 1 mHz à 1 kHz ;
  • amplitude du déplacement dynamique de 1 µm à 6 000 µm ;
  • amplitude de la force dynamique de 0,01 N à 150 N ou plus (selon modèle) ;
  • déplacement statique jusqu'à 6 000 µm ;
  • force statique jusqu'à 100 N ou plus ;
  • raideur de l'échantillon jusqu'à 107 N/m ;
  • plage de variation de rigidité jusqu'à 7 décades (variation d'un facteur dix millions) en continu ;
  • température de l'essai de −150 à +450 °C régulée à ±0,3 °C (ou mieux) par rapport à la consigne ;
  • vitesse de variation de la température (en mode non stabilisé) de ±0,1 °C à ±10 °C/min.

L'analyseur mécanique dynamique couvre des domaines d'étude relativement larges. L'analyse continue d'un matériau sur un vaste domaine de température est donc possible même s'il change d'état en cours de mesure, et présente un domaine de variation de module de plusieurs décades.

Types de déformation[modifier | modifier le code]

Types de déformation et exemples de géométries schématisées[Note 10] : traction-compression avec plateaux parallèles, flexion trois points avec appuis, cisaillement plan avec double entrefer[Note 11] et pompage annulaire.

Ils sont imposés par la géométrie des porte-échantillons. Le choix d'un type de déformation dépend notamment de la nature (solide, pâte ou liquide) et de l'état (état vitreux, transition vitreuse, état caoutchouteux, durcissement, fluidification, fusionetc.) du matériau attendus lors de l'essai. Globalement, trois cas peuvent se présenter à l'expérimentateur, selon la valeur du module :

  • les matériaux à haut module de Young (E > ~10 GPa) comme certains matériaux composites ou les céramiques sont analysés en traction-compression ou en flexion (bending) ;
  • les matériaux solides de module inférieur peuvent être caractérisés en traction-compression ou en cisaillement ;
  • les matériaux pâteux sont généralement analysés en cisaillement. Les liquides (ex. : huiles, peintures, adhésifs, vernis) ne sont testés qu'en cisaillement ; pour ce dernier cas, le porte-échantillon est constitué d'un piston plongé dans un godet contenant l'échantillon ; le piston excite le liquide viscoélastique par un mouvement de pompage annulaire.

Note : lors d'un essai de flexion, un matériau est soumis à un ensemble de forces combinant la traction, la compression et le cisaillement[10].

Il existe des porte-échantillons adaptés à chaque type de déformation ou à la spécificité du matériau.

Remarque : un rhéomètre de type cône-plan (par exemple) permet de caractériser les propriétés dynamiques d'un polymère typiquement à l'état « fondu » (état fluide ou déformable). Il est complémentaire d'un appareil de DMA.

Sollicitation en traction-compression uniaxiale[modifier | modifier le code]

La vibration en traction conduit à une contrainte uniforme dans toute l'épaisseur de l'éprouvette[11].

Avant de lancer ce type d'essai, au moins trois exigences pratiques doivent être remplies, comme indiqué ci-dessous.

Exigence dimensionnelle[modifier | modifier le code]

Éprouvette de traction-compression. Une forme élancée est par ailleurs nécessaire pour l'analyse de matériaux à fort module.

Soit une éprouvette parallélépipédique de hauteur h (hauteur de l'entrefer), de largeur l et d'épaisseur e. Soit Se la section transversale excitée et Sl la surface latérale non contrainte de l'éprouvette. Pour le parallélépipède schématisé :

Se = el
Sl = 2 h ( l + e ).

Soit un facteur correctif, Fc, dépendant de la géométrie de l'échantillon :

La valeur de ce paramètre adimensionnel important doit être la plus proche possible de 1, ou en tout cas supérieure à 0,97 afin de solliciter l'échantillon en traction-compression presque pure. Cela impose la condition suivante :

Sl > 8 Se.

Si e = l, la condition devient :

h > 2 e.

Si l'éprouvette est un cylindre de hauteur h et de diamètre ø, la condition devient :

h > 2 ø.

D'où la nécessité de dimensionner l'éprouvette qui devra avoir une forme élancée (type « allumette »). En pratique, la hauteur h est d'au plus quelques centimètres, valeur limitée par la hauteur de l'enceinte thermostatée.

Exigence de raideur dynamique[modifier | modifier le code]

Notion de raideur[modifier | modifier le code]

Définition[modifier | modifier le code]

Dans un but de simplification de certaines équations, on suppose que la raideur de la colonne de mesure d'un appareil, kcol, soit, par exemple, au moins cent fois supérieure à la raideur mesurée (dite aussi apparente) de l'échantillon, km. Ainsi, on admet que la raideur « réelle » de l'échantillon, k, soit connue avec suffisamment d'exactitude. Dans le cas contraire (échantillon à raideur élevée), des corrections de raideur et de phase sont calculées et apportées, en tenant compte de la complaisance de l'appareil[12].

La rigidité dérive directement de la loi de Hooke en relation avec le rapport d'une force à un déplacement. À partir des signaux de force F(ω) et de déplacement D(ω) délivrés par les capteurs, le module (au sens mathématique) de la raideur complexe |k*| est calculé, ainsi que l'angle de phase δ(ω).

avec :

 ;
et , les parties réelle et imaginaire de , respectivement ;
 ;
.
(en N/m)
Influence de la géométrie[modifier | modifier le code]
Schéma de principe d'un essai de compression.

La raideur dépend en particulier de la géométrie de l'échantillon et n'est donc pas une grandeur intrinsèque au matériau. Pour illustrer cet énoncé, on considère l'essai simple schématisé. Les symboles kx, F et Dx représentent respectivement la raideur axiale du parallélépipède no 1 ou 2, la force constante appliquée et le déplacement résultant (grandeurs statiques pour ce cas). Le déplacement est égal à la hauteur initiale moins la hauteur finale. Une éprouvette épaisse est plus rigide qu'une éprouvette mince.

Le fait d'utiliser un module (égal au rapport d'une contrainte à une déformation) permet de s'affranchir des dimensions de la pièce et donc de caractériser le matériau en lui-même.

Optimisation de la raideur[modifier | modifier le code]

Durant tout l'essai, la valeur de k devra se situer dans le domaine de raideur mesurable de l'appareil, qui est fonction de la fréquence.

Exemple : si on prévoit une variation de raideur k de l'éprouvette en cours d'essai de 107 à 104 N/m, le domaine fréquentiel associé impose une fréquence maximale de mesure de 150 Hz, pour un appareil donné.

Solution : il est possible d'optimiser la raideur en faisant intervenir Ff, le facteur de forme de l'éprouvette. Pour un type de déformation en traction-compression, il a pour expression :

(en m–1).

Ainsi, une modification de la hauteur (par exemple) de l'éprouvette permettra de se déplacer dans le domaine [raideur-fréquence].

Voir le § 9.1 au sujet de la variation de rigidité (proportionnelle au module E') au cours d'un essai.

Exigence de linéarité[modifier | modifier le code]

Réponse d'un matériau polymère soumis à un balayage de déformation dynamique à température ambiante pour deux fréquences de sollicitation.

À la place du déplacement D0, il est plus pratique de définir un taux de déformation dynamique (valeur crête) qui a pour expression :

(sans unité ou exprimé en %).

Pour rester dans le domaine de linéarité du matériau (loi de Hooke vérifiée) et de l'appareil, ce taux ne doit pas dépasser une valeur critique. À l'opposé, un taux de déformation dynamique choisi trop faible peut être responsable de signaux « bruités » diminuant la précision de la mesure.

Exemple : l'essai du § 9.2 applique la consigne = 2 × 10−4 ; cela correspond à un déplacement dynamique (valeur crête) D0 égal à 5 µm pour h = 25 mm.

Un autre essai (voir figure) met en évidence le comportement linéaire et non linéaire d'un composé sous sollicitation dynamique.

Remarque : considérant la composition du matériau, la présence de certaines substances (charges, additifsetc.) en quantité importante peut diminuer le domaine de linéarité des polymères ; on parle à la limite de viscoélasticité non linéaire. À l'opposé, le comportement d'un élastomère « pur » (sans charges ni additifs, non réticulé) est dit viscoélastique linéaire.

Description de l'éprouvette de traction-compression[modifier | modifier le code]

Certaines précautions doivent être observées pour obtenir un bon mesurage :

  • préparation : étant à l'état solide pour l'essai en traction-compression, l'éprouvette peut être préparée par découpage, moulage ou fraisage ;
  • forme : parallélépipède, cylindre, film[Note 12], fibreetc. ; les surfaces doivent être planes et tous les angles à 90° (l'éprouvette doit être la plus symétrique possible) ;
  • aspect : doit être exempt de défauts ;
  • mesure des dimensions : leur détermination est importante pour connaître avec exactitude la valeur des modules ;
  • fixation : par ses faces extrêmes sur le porte-échantillon (composé de deux pièces), par collage ou pincement[Note 13].

Principaux facteurs en mécanique[modifier | modifier le code]

Les propriétés mécaniques d'un matériau dépendent de multiples facteurs physico-chimiques :

  • internes, relatifs au matériau :
  • externes : température, temps, vieillissement, atmosphère, taux d'humidité[Note 14], histoires thermique et mécanique, contraintes externes (fréquence d'excitation, taux de déformation dynamique (choisi faible pour obtenir une réponse linéaire), contrainte ou précontrainte statique, pression), etc.

Ainsi, les résultats d'une mesure mécanique dynamique dépendent beaucoup des conditions de test et ne sont donc pas facilement comparables à d'autres méthodes[2].

Quelques propriétés mécaniques étudiées en DMA[modifier | modifier le code]

Les propriétés des matériaux viscoélastiques dépendent du temps, de la température et de la vitesse de déformation (strain rate)[8].

Les diverses propriétés correspondant aux types de déformation en traction, en flexion ou en cisaillement (shear) sont représentées par des symboles portant l'indice « t », « f » ou « s », respectivement ; par exemple Mf est un module en flexion[11].

Pour l'essai de traction-compression uniaxiale, la mesure de la raideur dynamique et le calcul de l'angle de phase permettent, connaissant uniquement les dimensions de l'éprouvette, de calculer les propriétés viscoélastiques[Note 15] δ, tan δ, E', E'' et E. Leur description ainsi que celle de la température de transition vitreuse (Tv) sont données ci-dessous.

Module de conservation E'[modifier | modifier le code]

Le module de conservation en traction est calculé selon :

(en Pa).

Le symbole représente l'angle de phase en traction (exprimé en pratique en degrés) du matériau viscoélastique. Cet angle correspond au déphasage entre les signaux de déplacement et de force. Il est indépendant de la forme de l'échantillon. L'angle de phase (ou de perte) est le reflet de l'énergie dissipée (perdue) par le frottement des chaînes macromoléculaires.

Le module de conservation E' représente la rigidité et la composante élastique du matériau. Il exprime la capacité du corps à stocker l'énergie mécanique de la sollicitation et à la restituer intégralement sous forme de déformation élastique (notion de réversibilité).

Si le matériau se comporte comme un solide élastique, les modules E' et E sont équivalents.

Module de perte E''[modifier | modifier le code]

Il représente la composante visqueuse du matériau. La viscosité traduit sa capacité à dissiper l'énergie mécanique (irréversiblement perdue sous forme de chaleur). Ce phénomène est associé à la friction des chaînes de molécules et à leur écoulement. Le module de perte en traction a pour expression :

(en Pa).

Module de Young complexe E*[modifier | modifier le code]

Modèle rhéologique[modifier | modifier le code]

Modèle de Kelvin-Voigt.

Par analogie avec la mécanique, un système, comprenant un ressort idéal (de constante d'élasticité ) et un amortisseur idéal (de coefficient de viscosité ) disposés en parallèle, peut être utilisé pour modéliser le comportement viscoélastique d'un matériau. Ce système élémentaire est le modèle de Kelvin-Voigt. Sa réponse à l'excitation est régie par l'équation différentielle :

.

Le ressort représente la composante énergique ou élastique de la réponse du modèle, tandis que l'amortisseur (constitué d'un piston se mouvant dans un cylindre rempli d'un liquide visqueux) représente la composante visqueuse de la réponse.

Les constantes caractéristiques et font respectivement référence au module d'élasticité et à la viscosité du matériau. L'équation peut être appliquée à la contrainte de cisaillement, , ou à la contrainte normale, σ.

Un tel modèle présente un temps caractéristique relié aux constantes selon :

(en s).

Il est désigné par temps de réponse ou temps de retard ou temps de relaxation du modèle.

Le temps de relaxation d'un polymère est lié à la masse molaire, à la distribution des masses molaires et à la ramification.

Le module dynamique peut être exprimé sous forme complexe selon :

.

Les composantes réelle et imaginaire de ce module sont respectivement :

.

Le modèle de Kelvin-Voigt ne prédit pas de manière satisfaisante la relaxation de contrainte.

Le modèle de Maxwell comprend quant à lui un ressort et un amortisseur disposés en série.

Les matériaux ont des comportements bien plus complexes que ces deux modèles. Il existe d'autres modèles viscoélastiques plus performants, mais de complexité mathématique supérieure[8].

Théorie[modifier | modifier le code]

Représentation de diverses propriétés mécaniques dynamiques dans le plan complexe, dans une expérience utilisant des déformations sinusoïdales.

En fait, les deux constantes de proportionnalité et précédemment décrites varient avec la fréquence, ce qui limite l'efficacité d'un modèle aussi simple. Une approche plus générale consiste à représenter le module complexe selon :

E* est la somme vectorielle d'une composante élastique (en phase avec la contrainte) E' et d'une composante amortissante visqueuse (en quadrature de phase) E''[2].

Le module d'élasticité dynamique E* est une grandeur complexe car un amortissement est présent, en effet :

.

Le module E* représente la relation entre la contrainte et la déformation dynamiques, selon :

.

Grandeur |M| du module complexe M*[modifier | modifier le code]

La grandeur réelle |M| est égale au module (au sens mathématique) du nombre complexe M* (soit E* ou G*)[13] :

(en Pa).

Remarques sur les propriétés structurales[modifier | modifier le code]

  • le module (ou la rigidité) traduit la résistance d'un échantillon de matériau à un type de déformation mécanique (dans la limite des faibles déformations) ;
  • en pratique, les modules sont généralement exprimés en MPa ou en GPa ;
  • pour le comportement viscoélastique linéaire, l'inverse du module complexe M* est la complaisance complexe C* ;
  • au cours d'une déformation plastique, le module de conservation d'un polymère diminue (en général) si l'amplitude de la déformation augmente ;
  • hors cas de réticulation, de gélification ou d'évaporation en cours de test, le module E' ou G' diminue si la température augmente. La diminution peut être très importante dans la zone viscoélastique (voir § 9.1) ;
  • le module E' ou G' augmente toujours avec la fréquence d'excitation[3]. L'augmentation peut être importante si le matériau se trouve dans la zone viscoélastique (voir la figure § 10). L'influence de la fréquence sur E' ou G' est moindre que celle de la température : plusieurs décades de fréquence entraînent la même variation que quelques degrés de température. Cet important phénomène de viscoélasticité est mis en évidence en caractérisation de matériaux viscoélastiques[3].

L'effet de la température sur les propriétés viscoélastiques d'un polymère est inverse à celui de la fréquence. Une augmentation de température d'une certaine valeur conduit aux mêmes changements de ses propriétés qu'une diminution appropriée de fréquence (et inversement)[1]. Si la propriété envisagée est un module de conservation M', la relation s'écrit, pour un échantillon homogène, isotrope et amorphe :

a(T, T0) est le facteur de glissement.

Ce phénomène découle du principe d'équivalence temps-température qui est utilisé pour transposer réversiblement les propriétés d'un matériau du domaine thermique au domaine fréquentiel[3]. Le logiciel de l'appareil utilise ainsi ce principe pour le calcul de courbes maîtresses, afin d'estimer les propriétés viscoélastiques du matériau au-delà de la plage de fréquence de l'appareil.

Facteur d'amortissement ou de perte tan δ[modifier | modifier le code]

Définition[modifier | modifier le code]

Le facteur d'amortissement est une mesure du rapport de l'énergie dissipée par amortissement à l'énergie élastique conservée puis restituée durant un cycle de déformation sinusoïdale[7].

Le facteur de perte (loss factor) en traction est égal à :

(sans unité ou exprimé en %).

Il mesure l'amortissement (aussi appelé « friction interne[9] ») durant la déformation dynamique, soit la capacité du corps viscoélastique à dissiper l'énergie mécanique en chaleur. Plus l'angle de phase est élevé, plus l'amortissement des vibrations (vibration damping) est important.

Remarques :

  • la connaissance du facteur de perte revêt un intérêt pratique considérable[12] ;
  • contrairement à la rigidité, le facteur d'amortissement est indépendant de la forme de l'échantillon ;
  • à la différence de la rigidité (ou du module d'élasticité), l'amortissement ne peut en général être déduit de simples mesures statiques[1] ;
  • un autre mode d'oscillation, utilisé par une autre méthode de test, et basé sur des fréquences proches de la résonance, peut faire intervenir un taux d'amortissement (damping ratio). Le facteur d'amortissement est égal à deux fois le taux d'amortissement, soit :  ;
  • la résilience est une propriété approximativement reliée au facteur de perte[2].

Échelle d'amortissement[modifier | modifier le code]

Les matériaux caoutchouteux sont bien connus pour leur faculté d'amortissement de vibrations, participant à la réduction du bruit.

Exemple : pour un caoutchouc de haute masse molaire partiellement vulcanisé, on relève à 40 Hz : Tv = 60 °C, = 1 (valeur élevée) à 60 °C, et E' = 200 MPa60 °C).

À l'opposé, le facteur d'amortissement des métaux est très faible : au plus 10−3 pour l'acier.

Classement approximatif de quelques matériaux courants selon leur facteur de perte à la température ambiante et dans le domaine des fréquences audibles.
Facteur de perte Matériau
100 et plus Polymère ou élastomère approprié (ex. : caoutchouc butyle)[Note 16]
10−1 Caoutchouc naturel, PVC avec plastifiant, sable sec, asphalte, liège,

matériau composite de structure sandwich (ex. : tricouche métal/polymère/métal)

10−2 Plexiglas, bois, béton, feutre, plâtre, brique
10−3 Acier, fer, plomb, cuivre, verre
10−4 Aluminium, magnésium

Il existe de nombreuses méthodes pour évaluer la performance des matériaux amortissants[Note 17].

Déformation en cisaillement[modifier | modifier le code]

Les propriétés relatives à une contrainte normale à une surface ont été décrites. De façon analogue, les propriétés en cisaillement d'un matériau viscoélastique peuvent être considérées. Les relations de base entre ces propriétés s'écrivent[Note 18] :

avec :

et , les modules respectifs de conservation et de perte en cisaillement ;
et , respectivement la contrainte et la déformation complexes en cisaillement ;
, la viscosité complexe, fréquemment utilisée pour décrire les liquides viscoélastiques ;
, la viscosité dynamique[7] exprimée en Pa s[Note 19], proportionnelle à .

Le comportement des plastiques et des élastomères homogènes et isotropes est tel que[1] :

  • le module de cisaillement G est quasiment égal au tiers du module en traction E ;
  • le facteur de perte en cisaillement est quasiment égal au facteur de perte en traction.

Voir aussi Taux de cisaillement.

Déformation en flexion[modifier | modifier le code]

À la différence de l'essai de traction, les mesures en flexion sont influencées préférentiellement par les propriétés des couches superficielles de l'éprouvette[11].

Les valeurs des propriétés produites par l'essai de traction et celles produites par l'essai de flexion sont comparables seulement en viscoélasticité linéaire, et pour des éprouvettes de structure homogène[11].

Le facteur de perte en flexion est donné par l'équation :

avec :

, l'angle de phase en flexion ;
et , les modules de conservation et de perte en flexion, respectivement.

Exemple d'application : un échantillon de matériau composite est soumis à une flexion ; il sera possible d'étudier la variation du module d'élasticité en fonction de l'orientation des fibres ou des plis par rapport aux appuis[14].

Température de transition vitreuse Tv[modifier | modifier le code]

L'analyseur DMA est l'appareil le plus sensible pour sa détermination.

De façon générale, le signal d'amortissement permet de définir très clairement la température de transition vitreuse[14].

La valeur de Tv est déterminée en traçant la courbe à isofréquence =f(T). La température à laquelle la valeur du facteur de perte est maximale est appelée température de transition vitreuse, Tv.

Remarques :

  • la valeur de la température de transition vitreuse d'un polymère augmente avec la fréquence de la sollicitation mécanique ;
  • le comportement viscoélastique d'un polymère, lié à sa phase amorphe, se révèle dans la zone de transition, au voisinage de sa Tv ;
  • la valeur de Tv dépend de multiples facteurs physico-chimiques ;
  • de très nombreuses propriétés physiques subissent une variation à Tv ;
  • ainsi, de nombreuses techniques, dont la calorimétrie différentielle à balayage (DSC), permettent sa mesure. L'analyse thermique DSC est complémentaire de l'analyse thermomécanique.

La connaissance de Tv présente, dans la pratique, un intérêt considérable car elle conditionne le domaine d'utilisation du matériau.

La température de transition vitreuse est la température maximale d'utilisation pour les thermoplastiques rigides et amorphes (leur Tv est supérieure à 100 °C ; leur température de mise en œuvre est voisine de leur Tv) mais elle est la température minimale d'utilisation des élastomères (leur Tv est inférieure à −40 °C)[5].

Influence de la température sur les propriétés mécaniques d'un matériau viscoélastique[modifier | modifier le code]

Le comportement mécanique des polymères, lié à leurs propriétés physico-chimiques, varie le plus souvent de façon importante avec la température, notamment dans les zones de transition vitreuse et fluide. La connaissance des caractéristiques rhéologiques en fonction de la température est donc essentielle.

Les composés de la famille des silicones sont parmi les plus thermostables.

Élastomère brut[modifier | modifier le code]

Un polymère linéaire amorphe non orienté (représenté par un élastomère brut, « pur », non vulcanisé) a un comportement viscoélastique prononcé.

Il peut typiquement se situer dans quatre zones distinctes du comportement mécanique dynamique :

  • zone vitreuse ou cristalline : à basse température, il présente, comme tous les polymères, les propriétés d'un verre. Les mouvements des chaînes macromoléculaires sont très réduits. Le module prend sa valeur maximale sur le plateau vitreux (ex. : E' ~3 GPa à 1 Hz) et diminue lentement avec la température. Le polymère est rigide et généralement cassant[9] (en effet, la nature inhérente des polymères est telle qu'un haut module est associé à une faible ductilité[8]). Il présente un caractère élastique[Note 2] dominant. La valeur du facteur de perte est très faible : inférieure à 0,03 ;
  • zone de transition vitreuse ou zone viscoélastique : si la température augmente, des déformations locales de chaînes macromoléculaires situées dans les domaines amorphes apparaissent, les chaînes principales ayant acquis un degré de liberté supplémentaire ; les chaînes suivent maintenant la sollicitation mécanique imposée. Le polymère se ramollit au-dessus de Tv. Il est possible d'observer une chute de E', donc de la rigidité, de trois décades. Le polymère a un fort caractère viscoélastique. Le facteur de perte augmente rapidement avec la température, et atteint sa valeur maximale, qui peut avoisiner deux. De même, le module de perte (E'' ou G'') connaît sa valeur maximale. La largeur minimale de cette région est d'une dizaine de degrés ;
  • zone caoutchouteuse : la mobilité moléculaire augmente. Le module est faible sur le plateau caoutchouteux (ex. : E' ~1 MPa à 1 Hz). La présence de ce plateau est due à la formation d'enchevêtrements (points de réticulation occasionnels[7]) entre les chaînes de la pelote polymère qui tiennent lieu de pontages. Le polymère souple présente la haute élasticité caoutchouteuse[Note 20], d'origine entropique (à ne pas confondre avec l'élasticité dans un polymère rigide, d'origine enthalpique). Le facteur de perte est compris entre 0,1 et 0,3 ;
  • zone fluide ou d'écoulement caoutchouteux : si la température augmente encore, passage de l'état solide à l'état fluide. Cette région instable voit le module chuter et le facteur de perte augmenter à nouveau. Cette quatrième zone n'existe pas pour les polymères réticulés.

Les élastomères sont utilisés le plus souvent sur le plateau caoutchouteux (car dans cette zone, le module et l'amortissement varient peu avec la température) et sont en général employés réticulés (la réticulation augmente le module d'élasticité).

Cas industriel : élastomère vulcanisé[modifier | modifier le code]

Description du matériau[modifier | modifier le code]

Le produit testé est un mastic de collage destiné à l'industrie automobile. Ce mélange complexe est composé de plusieurs grades de polybutadiènes[Note 21] (sigle BR) et d'une dizaine d'ingrédients. Après dépose sur véhicule, il subit notamment une première cuisson d'une durée voisine de 30 min à une température moyenne de 180 °C. Cet apport de chaleur déclenche en présence des réactifs une vulcanisation partielle des élastomères BR. Le mélange initial, pâteux à cru, devient un solide dur après cuisson et retour à la température ambiante.

Exploitation des données[modifier | modifier le code]

Évaluation d'un produit élastomère après stabilisation sur des paliers de température.

Le produit final (cuit) est analysé en traction-compression à taux de déformation imposé, avec un balayage en température de −40 à +80 °C par palier de °C, pour deux fréquences. Le taux de déformation a été choisi de façon à se placer dans la zone élastique (linéaire) du matériau.

Il est typique de représenter les résultats d'un essai en traçant deux courbes à isofréquence : un module M' (par exemple E' ou G', selon le type de déformation) = f(T) et tan δ = f(T) (voir figure). L'essai met en évidence un comportement mécanique très dépendant de la température.
On relève à 1 Hz : Tv = 15 °C et E' ~250 MPa à 23 °C ; à 60 Hz : Tv = 27 °C et E' ~900 MPa à 23 °C.

Les grandeurs E' et Tv augmentent avec la fréquence de sollicitation.

Le module du plateau caoutchouteux, la longueur de ce plateau (sur l'échelle des températures) et Tv augmentent avec la masse molaire d'un polymère amorphe et avec son taux de réticulation[5] ; ce dernier dépend (par exemple) du cycle de cuisson utilisé.

Les valeurs de module et d'amortissement dans la région caoutchouteuse dépendent de la composition du matériau : polymère, système de réticulation, charge de renforcement, plastifiant, additifs divers, etc.

Influence de la fréquence[modifier | modifier le code]

Analyse multi-fréquence d'un produit polymère sur des paliers de température.

La fréquence d'excitation est le deuxième facteur environnemental important après la température : son influence peut donc être notable. L'effet de la fréquence sur deux propriétés mécaniques typiques d'un matériau viscoélastique est montré dans le graphique suivant, pour différentes températures.

Le produit final utilisé pour cet essai est un adhésif époxyde préalablement réticulé à 180 °C pendant 30 min.

Un double balayage en fréquence et en température a été réalisé au moyen d'un analyseur DMA. L'étude du graphique en fonction de la température (du même type que le précédent graphique) a révélé, par exemple :

  • la zone de transition vitreuse du matériau s'étend de 100 °C à 160 °C pour les fréquences de 1 Hz à 1 kHz ;
  • la température de transition vitreuse est égale à 129 °C à 8,4 Hz, et 142 °C à 345 Hz.

Concernant le graphique ci-contre : les cinq températures ont été choisies pour illustrer l'effet de la fréquence sur les deux propriétés dans les zones vitreuse, de transition et caoutchouteuse.

Pour une température fixée et hors phénomène de résonance, le module E' augmente de façon continue avec la fréquence. L'augmentation de module est la plus importante dans la zone de transition.

Le facteur d'amortissement atteint sa valeur maximale dans la zone de transition.

Les matériaux polymères à faible hystérésis (donc à forte résilience) possèdent un module dynamique très légèrement supérieur au module statique. Les matériaux très dissipatifs (donc à forte hystérésis), tels les élastomères, peuvent présenter un module dynamique plusieurs fois supérieur à la valeur du module statique[15]. Une augmentation de fréquence a pour corollaire une rigidification d'un matériau. Pour illuster ce phénomène, on considère par exemple deux cordes de guitare de longueur différente ; la corde la plus courte, plus tendue donc plus rigide, produira après pincement un son plus aigu, c'est-à-dire de fréquence plus élevée. Voir aussi Diapason.

Applications[modifier | modifier le code]

Elles sont nombreuses, soulignant la grande polyvalence de l'appareil : (liste non exhaustive)

  • réalisation d'essais mécaniques dynamiques avec des sollicitations en traction-compression (accès au module de Young ), en cisaillement (accès au module de cisaillement des matériaux solides, ou à la viscosité dynamique des matériaux liquides ou pâteux) ou en flexion (accès au module ) ;
  • caractérisation thermomécanique de matériaux liquides ou pâteux et de solides de module de Young très faible à très élevé : élastomères, polymères thermoplastiques et thermodurcissables, fibres, matériaux compositesetc. ;
  • étude simultanée de la température et de la fréquence pour l'obtention de courbes maîtresses ;
  • application du principe d'équivalence temps-température en viscoélasticité linéaire et de l'équation de Williams-Landel-Ferry (WLF) ;
  • essais rhéologiques (détermination par exemple du temps de gel d'une résine thermodurcissable) ;
  • essais simultanés de DMA/TMA pour la mesure supplémentaire de la dilatation thermique ;
  • essais statiques : fluage et relaxation de contrainte pour accéder par exemple aux temps longs de relaxation (>10 s) des polymères[7] ; technique TMA ;
  • prédiction (approximative) à long terme du comportement mécanique d'un matériau solide sous charge.

Avantages[modifier | modifier le code]

Ils sont importants par rapport aux autres méthodes d'analyse thermique disponibles (DSC, TGA, TMA, etc.) :

  • elle offre une méthode facile à mettre en œuvre et simple d'emploi[14] ;
  • rapidité satisfaisante[14] ;
  • excellente reproductibilité ;
  • détermination précise de la zone de transition vitreuse, même pour des composés très réticulés ou très chargés (intérêt pour les matériaux thermodurcissables et les composites). Par ailleurs, une analyse thermomécanique dynamique (TMAD) apporte dans ce cas plus d'informations qu'une analyse par DSC[16] ;
  • résolution possible des faibles transitions secondaires (transitions et ) sur la courbe de . De nombreux polymères présentent ces transitions sous-vitreuses (observées à T < Tv) qui sont généralement dues à des mouvements de groupes latéraux ou de certains segments de chaînes ;
  • grande versatilité, les grandeurs mesurables dépendent souvent de nombreux paramètres internes et externes ;
  • multiples applications.

L'analyse viscoélastique dynamique (DMA) tend à remplacer les techniques mécaniques conventionnelles de caractérisation[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Par exemple, excitations en traction-compression, compression ondulée, traction ondulée, pour la mesure du module E ; en cisaillement plan (de type double entrefer, simple entrefer ou double entrefer selon la norme ISO 4664), pour la mesure du module G ; en cisaillement annulaire (pour l'analyse de matériaux pâteux ou liquides), pompage annulaire (pour l'analyse de liquides de faible viscosité), pour la mesure de la viscosité η ; en flexion 3 points sur échantillon libre, flexion 3 points sur échantillon encastré, pour la mesure de E ; en torsion (sur certains spectromètres mécaniques dynamiques) pour la mesure de G.
  2. a et b En mécanique, l'aptitude d'un corps à recouvrer instantanément ses dimensions initiales après cessation de la sollicitation correspond à l'élasticité.
  3. L'eau, la majorité des solvants, les huiles de faibles viscosités (par exemple) se comportent comme des fluides newtoniens ; ces derniers sont très peu nombreux.
  4. En particulier, un matériau viscoélastique met un certain temps pour revenir à l'état de repos après suppression de la sollicitation.
  5. Symbolisme utilisé pour un essai en flexion, par exemple ; pour un essai en cisaillement, le symbole « G » est utilisé.
  6. Échelle : la hauteur de l'éprouvette de traction-compression est de 25 mm. Un Viscoanalyseur est un appareil de Metravib Instruments.
  7. a et b La bande passante des capteurs de type piézoélectrique ne descend généralement pas sous le hertz. En conséquence, les autres types de capteur prennent (automatiquement) le relai pour réaliser les analyses en mode « BF » (basse fréquence).
  8. Un échantillon mince atteindra plus rapidement l'équilibre thermique qu'un échantillon épais.
  9. La sonde de température est placée près de l'échantillon.
  10. Représentation schématique en 3D : les parties mobiles reliées au pot vibrant, les échantillons et les parties reliées au capteur de force sont représentés respectivement en rouge, cyan et gris de lin.
  11. Un double entrefer permet l'équilibrage de l'excitateur.
  12. Pour l'analyse d'un film en traction-compression, application d'une précontrainte ou prédéformation statique maintenue constante pendant toute la durée de l'essai, dans le cas d'une éprouvette pouvant fluer sous son propre poids.
  13. La fixation par pincement est moins performante à hautes fréquences (risque de glissement).
  14. De nombreux polymères sont hydrophiles. Exemple : certains polyamides (tels le PA 6) sont plastifiés par l'eau.
  15. L'indice descriptif « t » est omis pour une meilleure lisibilité.
  16. Le facteur de perte et le module d'un polymère peuvent être ajustés au gré du chimiste ou du formulateur pour répondre à une application donnée, en lui incorporant des ingrédients divers : durcisseur, charge, plastifiant, etc.
  17. La DMA et la méthode de Oberst sont très utilisées dans l'industrie automobile.
  18. L'indice descriptif « s » est omis pour une meilleure lisibilité.
  19. La lettre grecque η peut désigner la viscosité (en rhéologie) ou le facteur de perte (en acoustique).
  20. Un élastomère est hautement déformable : il se caractérise par la faculté de supporter de grandes déformations (jusqu'à environ 1 000 %) avant rupture.
  21. La formule contient un grade solide (tel un Buna CB) et des grades liquides visqueux de polybutadiène.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d (en) Ungar E.E., Damping of panels, p. 434-455, dans (en) Istvań L. Veŕ (éditeur) et Leo L. Beranek (éditeur), Noise and vibration control, New York, McGraw-Hill, , 650 p. (ISBN 978-0-07-004841-6, OCLC 196700).
  2. a b c d e et f (en) Sadhan K. De (éditeur) et Jim R. White (éditeur), Rubber technologist's handbook, Shawbury, Rapra Technology Ltd, , 576 p. (ISBN 978-1-85957-440-9, OCLC 778916372), p. 295-326.
  3. a b c et d (en) Ahid D. Nashif, David I.G. Jones et John P. Henderson, Vibration damping, New York, John Wiley & Sons, , 453 p. (ISBN 978-0-471-86772-2, OCLC 11045202, lire en ligne), p. 303, 90-92.
  4. Représentation schématique : les différents types de réponse, Malvern Instruments (en).
  5. a b c et d Rémi Deterre et Gérard Froyer, Introduction aux matériaux polymères, Paris, Lavoisier - Technique & Documentation, , 215 p. (ISBN 978-2-7430-0171-1, OCLC 36810311), p. 83, 80, 47, 52.
  6. a b c et d Extrait du fascicule de cours Propriétés des macromolécules, UB1, 1980.
  7. a b c d e et f Michel Fontanille et Yves Gnanou (préf. Jean-Marie Lehn), Chimie et physico-chimie des polymères, Paris, Dunod, coll. « Sciences sup. Chimie », , 1re éd., 586 p. (ISBN 978-2-10-003982-1, OCLC 52296400), p. 400-436 - 3e éd. : Dunod, 2013, 562 p. (ISBN 978-2-10-058915-9).
  8. a b c d et e (en) R. J. Crawford, Plastics engineering, Amsterdam, Boston, Butterworth-Heinemann, , 3e éd., 505 p. (ISBN 978-0-08-052410-8, lire en ligne), « 1 et 2 ».
  9. a b c et d (en) Charles B. Arends, Polymer toughening, New York, Marcel Dekker, coll. « Plastics engineering » (no 30), , 415 p. (ISBN 978-0-8247-9474-3, OCLC 33359798, lire en ligne), p. 33, 7, 8, 25.
  10. Jacques Kessler, René Bourgeois et Henri Chauvel, Mémotech : génie des matériaux, Paris, Éducalivre, , 528 p. (ISBN 978-2-7135-2246-8, OCLC 300135131), p. 61-65.
  11. a b c et d Norme ISO 6721-1 (mentionnée en fin d'article).
  12. a et b (en) John D. Ferry (en), Viscoelastic properties of polymers, New York, John Wiley & Sons, , 3e éd., 641 p. (ISBN 978-0-471-04894-7, OCLC 5942663, lire en ligne), p. 110, 136, 47.
  13. En référence à la norme ISO 6721-1, la notation de la grandeur du module complexe M* est |M|.
  14. a b c d et e Cattiaux J., Moyens de contrôle par analyse thermique des composites à haute performance, p. 27-33, dans Composites, 5, septembre-octobre 1983.
  15. Elastomer Chemicals Department, Le langage du caoutchouc, p. 19, Du Pont de Nemours International, Genève, 1963.
  16. Chauchard J., Chabert B., Lachenal G. et Soulier J.-P., Application de l'analyse thermomécanique dynamique à la caractérisation de la transition vitreuse de matrices organiques, colloque sur les matrices organiques dans les matériaux composites à Pau, 13-14 décembre 1984, Laboratoire d'Études des Matériaux Plastiques et des Biomatériaux II, UCBL, Villeurbanne.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Normes[modifier | modifier le code]

  • ISO 6721-1 : Plastiques - Détermination des propriétés mécaniques dynamiques - Partie 1 : Principes généraux
  • ISO 6721-4 : Partie 4 : Vibration en traction - Méthode hors résonance
  • ISO 6721-5 : Partie 5 : Vibration en flexion - Méthode hors résonance
  • ISO 6721-6 : Partie 6 : Vibration en cisaillement - Méthode hors résonance
  • ISO 4664-1 : Caoutchouc vulcanisé ou thermoplastique - Détermination des propriétés dynamiques - Partie 1 : Lignes directrices
  • ASTM D 4065 : Détermination des propriétés mécaniques dynamiques de plastiques
  • ASTM D 4473 : Détermination des propriétés mécaniques dynamiques de résines thermodurcissables
  • DIN 53513 : Détermination des propriétés viscoélastiques d'élastomères soumis à une vibration forcée hors résonance

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • (en) Paul Macioce, « Viscoelastic Damping 101 » [PDF], Roush Industries (consulté le ) (informations générales complémentaires en physique vibratoire).