« Soufflet à bouche » : différence entre les versions
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Le '''soufflet à bouche''' est le plus élémentaire des [[soufflet (outil)|soufflet]]s : un tube de bois ou de métal dans lequel on souffle pour attiser le feu. |
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Étant donné son ancienneté et son universalité, le soufflet à bouche a été désigné par de multiples termes, selon sa situation géographique et ses variations matérielles : ''canabuse''<ref>Haust Jean. ''Étymologies wallonnes et françaises''. In : Revue belge de philologie et d'histoire. Tome 1 fasc. 3, 1922. pp. 445-462. [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rbph_0035-0818_1922_num_1_3_6185 Consulter en ligne].</ref> ou ''[[sarbacane]]'', ou ''soufflette'' (en wallon, ''soflète'', ''sofla'', ''sofflette''<ref>Bibliothèque de la Faculté de philosophie et lettres de l'Université de Liège. Les Belles Lettres, 1962.</ref>), ou ''diable'', ou ''souflet à canon'', ou ''[[bouffadou]]'' (Occitanie)<ref name="Arminjon">[[Catherine Arminjon]], Nicole Blondel. ''Objets civils domestiques : principes d'analyse scientifique, vocabulaire'' ; Ministère de la Culture, Inventaire Général des Monuments et des Richesses Artistiques de la France, 1984.</ref>, ou ''chalumeau'', cette liste n’étant pas exhaustive. |
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D'autre-part le soufflet à bouche peut-être associé à une catégorie d'outils scientifiques qu'on appelle ''tube de soufflage'' ou ''chalumeau'' (en anglais ''blowpipe'') : cet instrument, en projetant une flamme stable contre la surface d'un [[minéral]], permet de [[Test de flamme|révéler la présence]] de certains métaux au-delà de la [[gangue]] de terre et d'oxydes qui les recouvre. Redécouvert par [[Jöns Jakob Berzelius|Berzelius]], l'ingénieur suédois [[Anton von Swab|Swab]] en popularisa l'usage parmi les géologues et les chimistes à partir de 1740 : ainsi, [[Antoine Lavoisier]]<ref>Lavoisier, ''Mémoire sur un moyen d'augmenter considérablement l'action du feu et de la chaleur dans les opérations chimiques'', 1862 (1782).</ref>, [[Edward Daniel Clarke]], [[Robert Hare]], [[Axel Fredrik Cronstedt]] et [[Goldsworthy Gurney]] découvriront par expérimentation le rôle de l'oxygène et de l'hydrogène comme [[comburant]]s pour augmenter l'action du feu dans les opérations de transformation chimiques, notamment dans l'analyse des minéraux<ref>Carl Friedrich Plattner. The Use of the Blowpipe in the Qualitative and Quantitative Examination of Minerals, Ores, Furnace Products and Other Metallic Combinations. Taylor, Walton & Maberly, 1850.</ref>{{etc}} |
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== Description == |
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Le soufflet à bouche est constitué d'un long [[tube]] en fer ou en bois d'un mètre environ, ou quelquefois par un [[canon|canon de fusil]] sans culasse. On soufflait à une extrémité, dont la forme était éventuellement aménagée, comme pour une [[trompette]], pour recevoir les lèvres. L'autre extrémité était plongé dans les braise de l'âtre. Le soufflet pouvait se terminer par une pointe, une fourche ou une spatule et combiner la fonction de soufflet avec celle de fourche d'âtre, de pelle ou de pincettes. C'est donc à ce type, amélioré par sa combinaison avec la fourchette à feu qu'appartenaient les « grappins » [[Mâcon|maconnais]]<ref>Suzanne Tardieu. ''La vie domestique dans le Mâconnais rural préindustriel''. Institut d'ethnologie, 1964.</ref> |
Le soufflet à bouche est constitué d'un long [[tube (forme)|tube]] en fer ou en bois d'un mètre environ, ou quelquefois par un [[canon (arme à feu)|canon de fusil]] sans culasse. On soufflait à une extrémité, dont la forme était éventuellement aménagée, comme pour une [[trompette]], pour recevoir les lèvres. L'autre extrémité était plongé dans les braise de l'âtre. Le soufflet pouvait se terminer par une pointe, une fourche ou une spatule et combiner la fonction de soufflet avec celle de fourche d'âtre, de pelle ou de pincettes. C'est donc à ce type, amélioré par sa combinaison avec la fourchette à feu qu'appartenaient les « grappins » [[Mâcon|maconnais]]<ref>Suzanne Tardieu. ''La vie domestique dans le Mâconnais rural préindustriel''. Institut d'ethnologie, 1964.</ref>{{,}}<ref name="Arminjon"/>. |
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{{Citation bloc|Le plus simple des soufflets est la sarbacane qui est encore en usage dans certains pays. C'est un long tube tel qu'un vieux canon de fusil sans culasse. On applique les lèvres sur une extrémité et l'on pousse le vent sur les charbons en ignition. Ce tube dirige le souffle et l'empêche de se disperser de tous côtés. Cet instrument sert encore à lancer de petites boules des pois exemple avec lesquels des personnes adroites réussissent à ajuster de petits oiseaux et à les atteindre<ref>Dictionnaire technologique ou nouveau dictionnaire universel des arts et métiers et de l’économie industrielle et commerciale : S-T. Lacrosse et Cie, 1839. [https://books.google.com/books?id=ZvnLmMb1VLcC&pg=PR6#v=onepage&q&f=false Consulter en ligne].</ref>.}} |
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L'origine de l'objet est très ancienne. Certaines représentations égyptiennes le montrent : on voit en effet sur un fourneau dans l'une des tombes de [[Cheikh Abd el-Gournah|Gournah]] à Thèbes « un vase au travers duquel paraît suinter un liquide et un personnage debout auprès du fourneau est occupé à activer le feu au moyen d'un soufflet à bouche ou chalumeau<ref>Mémoires de la |
L'origine de l'objet est très ancienne. Certaines représentations égyptiennes le montrent : on voit en effet sur un fourneau dans l'une des tombes de [[Cheikh Abd el-Gournah|Gournah]] à Thèbes « un vase au travers duquel paraît suinter un liquide et un personnage debout auprès du fourneau est occupé à activer le feu au moyen d'un soufflet à bouche ou chalumeau<ref>Mémoires de la Société Nationale des Antiquaires de France, Volume 22 Société Nationale des Antiquaires de France. Soc., 1855. [https://books.google.com/books?id=AGNJAAAAcAAJ&pg=PA177&dq=%22soufflet+%C3%A0+bouche%22&sa=X&ei=QlLoT-nIB8rb4QTkrpWJAQ&redir_esc=y#v=onepage&q=%22soufflet%20%C3%A0%20bouche%22 Consulter en ligne].</ref> ». Les Égyptiens se servaient du roseau pour faire des flûtes, des flèches, des treillages, des tubes à l'usage des soufflets de forge<ref>Loret, Victor. ''La flore pharaonique d'après les documents hiéroglyphiques et les spécimens découverts dans les tombes'', 1859-1946. Paris, E. Leroux, [http://www26.us.archive.org/stream/florepharaonique00lore/florepharaonique00lore_djvu.txt. Consulter en ligne].</ref>. La technique aurait pu être aussi utilisée à l'âge du bronze, dans les Bouches-du-Rhône, pour les travaux de métallurgie<ref>Thibault Lachenal. Tuyère, buse de soufflet ou de chalumeau ? Élément céramique lié à la métallurgie du Bronze ancien découvert à Velaux (Bouches-du-Rhône). [http://trjca.mmsh.univ-aix.fr/alachenal.htm Consulter en ligne].</ref>. |
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* [[Bouffadou]] |
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* [[Soufflet (outil)]] |
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* [[Tisonnier]] |
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* [[Canne de verrier]] |
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== Notes et références == |
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Le soufflet à bouche est le plus élémentaire des soufflets : un tube de bois ou de métal dans lequel on souffle pour attiser le feu.
Terminologie[modifier | modifier le code]
Étant donné son ancienneté et son universalité, le soufflet à bouche a été désigné par de multiples termes, selon sa situation géographique et ses variations matérielles : canabuse[1] ou sarbacane, ou soufflette (en wallon, soflète, sofla, sofflette[2]), ou diable, ou souflet à canon, ou bouffadou (Occitanie)[3], ou chalumeau, cette liste n’étant pas exhaustive.
D'autre-part le soufflet à bouche peut-être associé à une catégorie d'outils scientifiques qu'on appelle tube de soufflage ou chalumeau (en anglais blowpipe) : cet instrument, en projetant une flamme stable contre la surface d'un minéral, permet de révéler la présence de certains métaux au-delà de la gangue de terre et d'oxydes qui les recouvre. Redécouvert par Berzelius, l'ingénieur suédois Swab en popularisa l'usage parmi les géologues et les chimistes à partir de 1740 : ainsi, Antoine Lavoisier[4], Edward Daniel Clarke, Robert Hare, Axel Fredrik Cronstedt et Goldsworthy Gurney découvriront par expérimentation le rôle de l'oxygène et de l'hydrogène comme comburants pour augmenter l'action du feu dans les opérations de transformation chimiques, notamment dans l'analyse des minéraux[5], etc.
Description[modifier | modifier le code]
Le soufflet à bouche est constitué d'un long tube en fer ou en bois d'un mètre environ, ou quelquefois par un canon de fusil sans culasse. On soufflait à une extrémité, dont la forme était éventuellement aménagée, comme pour une trompette, pour recevoir les lèvres. L'autre extrémité était plongé dans les braise de l'âtre. Le soufflet pouvait se terminer par une pointe, une fourche ou une spatule et combiner la fonction de soufflet avec celle de fourche d'âtre, de pelle ou de pincettes. C'est donc à ce type, amélioré par sa combinaison avec la fourchette à feu qu'appartenaient les « grappins » maconnais[6],[3].
« Le plus simple des soufflets est la sarbacane qui est encore en usage dans certains pays. C'est un long tube tel qu'un vieux canon de fusil sans culasse. On applique les lèvres sur une extrémité et l'on pousse le vent sur les charbons en ignition. Ce tube dirige le souffle et l'empêche de se disperser de tous côtés. Cet instrument sert encore à lancer de petites boules des pois exemple avec lesquels des personnes adroites réussissent à ajuster de petits oiseaux et à les atteindre[7]. »
L'origine de l'objet est très ancienne. Certaines représentations égyptiennes le montrent : on voit en effet sur un fourneau dans l'une des tombes de Gournah à Thèbes « un vase au travers duquel paraît suinter un liquide et un personnage debout auprès du fourneau est occupé à activer le feu au moyen d'un soufflet à bouche ou chalumeau[8] ». Les Égyptiens se servaient du roseau pour faire des flûtes, des flèches, des treillages, des tubes à l'usage des soufflets de forge[9]. La technique aurait pu être aussi utilisée à l'âge du bronze, dans les Bouches-du-Rhône, pour les travaux de métallurgie[10].
Voir aussi[modifier | modifier le code]
Articles connexes[modifier | modifier le code]
Notes et références[modifier | modifier le code]
- Haust Jean. Étymologies wallonnes et françaises. In : Revue belge de philologie et d'histoire. Tome 1 fasc. 3, 1922. pp. 445-462. Consulter en ligne.
- Bibliothèque de la Faculté de philosophie et lettres de l'Université de Liège. Les Belles Lettres, 1962.
- Catherine Arminjon, Nicole Blondel. Objets civils domestiques : principes d'analyse scientifique, vocabulaire ; Ministère de la Culture, Inventaire Général des Monuments et des Richesses Artistiques de la France, 1984.
- Lavoisier, Mémoire sur un moyen d'augmenter considérablement l'action du feu et de la chaleur dans les opérations chimiques, 1862 (1782).
- Carl Friedrich Plattner. The Use of the Blowpipe in the Qualitative and Quantitative Examination of Minerals, Ores, Furnace Products and Other Metallic Combinations. Taylor, Walton & Maberly, 1850.
- Suzanne Tardieu. La vie domestique dans le Mâconnais rural préindustriel. Institut d'ethnologie, 1964.
- Dictionnaire technologique ou nouveau dictionnaire universel des arts et métiers et de l’économie industrielle et commerciale : S-T. Lacrosse et Cie, 1839. Consulter en ligne.
- Mémoires de la Société Nationale des Antiquaires de France, Volume 22 Société Nationale des Antiquaires de France. Soc., 1855. Consulter en ligne.
- Loret, Victor. La flore pharaonique d'après les documents hiéroglyphiques et les spécimens découverts dans les tombes, 1859-1946. Paris, E. Leroux, Consulter en ligne.
- Thibault Lachenal. Tuyère, buse de soufflet ou de chalumeau ? Élément céramique lié à la métallurgie du Bronze ancien découvert à Velaux (Bouches-du-Rhône). Consulter en ligne.
