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Le '''motonautisme''' est une famille de [[sport]]s de compétition consistant en des courses de [[bateau]]x propulsés par des [[Moteur à combustion interne|moteurs]].
Le '''motonautisme''' est une famille de [[sport]]s de compétition consistant en des courses de [[bateau]]x propulsés par des [[Moteur à combustion interne|moteurs]].


Les principales disciplines du motonautisme sont la [[motonautisme de vitesse inshore|vitesse inshore]], l'endurance et la vitesse offshore. Plus confidentielles, on citera également les courses de rallye et les courses de type dragster, sur des distances ultracourtes. Ces différentes disciplines sont couvertes par plusieurs fédérations internationales telles l'[[Union internationale motonautique]] (UIM), reconnue par le [[Comité international olympique|CIO]], ou l'International Jet Sports Boating Association et l'American Power Boat Association.
Les principales disciplines du motonautisme sont la [[motonautisme de vitesse inshore|vitesse inshore]], l'endurance et la [[motonautisme de vitesse offshore|vitesse offshore]]. Plus confidentielles, on citera également les courses de rallye et les courses de type dragster, sur des distances ultracourtes. Ces différentes disciplines sont couvertes par plusieurs fédérations internationales telles l'[[Union internationale motonautique]] (UIM), reconnue par le [[Comité international olympique|CIO]], ou l'International Jet Sports Boating Association et l'American Power Boat Association. En Amérique du nord, une partie importante des courses au Canada et aux États-Unis est sous la gouverne de la Ligue des régates d'hydroplane (HRL) et des [[Régates de Valleyfield]] dont le siège est situé à Salaberry-de-Valleyfield au Québec.


== Histoire ==
== Histoire ==
La première course de bateaux à moteur se tient en France sur le bassin d’[[Asnières-sur-Seine|Asnières]]-[[Courbevoie]] en [[1898]]. Une course entre [[Calais]] et [[Douvres]] en Angleterre est ensuite organisée en [[1903]].
La première course de bateaux à moteur se tient en France sur le bassin d’[[Asnières-sur-Seine|Asnières]]-[[Courbevoie]] en [[1898]]. Une course entre [[Calais]] et [[Douvres]] en Angleterre est ensuite organisée en [[1903]].


Plusieurs meetings internationaux ont lieu au début du {{s-|XX}} à [[Monaco]], sur un parcours relativement abrité, mais avec la fiabilité croissante des mécaniques, un défi autrement plus ambitieux est lancé en mai 1905: Rien moins que la traversée de la Méditerranée entre Alger et Toulon soit 500 [[Mille marin|nautiques]] (environ 900 km) . Cette épreuve est médiatisée et parrainée par le quotidien populaire à sensation [[Le Matin (France)|le Matin]].
Plusieurs meetings internationaux ont lieu au début du {{s-|XX}} à [[Monaco]], sur un parcours relativement abrité, mais avec la fiabilité croissante des mécaniques, un défi autrement ambitieux est lancé en {{date-|mai 1905}} : rien moins que la traversée de la [[Méditerranée]] entre [[Alger]] et [[Toulon]] soit cinq cents [[Mille marin|nautiques]] (environ {{unité|900 km}}). Cette épreuve est médiatisée et parrainée par le quotidien populaire à sensation [[Le Matin (France)|le Matin]].


Il y a sept concurrents au départ, escortés par autant de torpilleurs de la Marine Nationale, plus le croiseur ''Kléber''....sage précaution, le temps clément sur la première étape Alger-Baléares se détériore très vite lors de la seconde, avec des vagues courtes et dures levées par la [[tramontane]] (une caractéristique de la Méditerranée).
Il y a sept concurrents au départ, escortés par autant de torpilleurs de la [[Marine nationale (France)|Marine nationale française]], plus le croiseur ''Kléber'', le temps clément sur la première étape Alger-Baléares se détériore très vite lors de la seconde, avec des vagues courtes et dures levées par la [[tramontane]] (une caractéristique de la Méditerranée).


Le dernier concurrent à abandonner...est une concurrente, l'intrépide Mme [[Camille du Gast]], une riche héritière parisienne, pionnière des sports mécaniques, repêchée de justesse par les matelots du ''Kléber''. Son canot automobile de 13 m, pris en remorque finira par couler. Le jury de l'épreuve lui attribuera la victoire après deux mois de réflexion. On peut y voir l'acte de naissance de la course motonautique au large ou "Off-shore"<ref>{{en}}[http://blog.imagesmusicales.be/camille-du-gast-the-valkyrie-of-motorsports/ Camille du Gast, the Valkyrie of Motorsports], blog.imagesmusicales.be</ref>.
Le dernier concurrent à abandonner est une concurrente : {{Mme}} [[Camille du Gast]], une riche héritière parisienne, pionnière des sports mécaniques, repêchée de justesse par les matelots du ''Kléber''. Son canot automobile de {{unité|13 m}}, pris en remorque finira par couler. Le jury de l'épreuve lui attribuera la victoire après deux mois de réflexion. On peut y voir l'acte de naissance de la course motonautique au large ou « {{langue|en|Off-shore}} »<ref>{{en}}[http://blog.imagesmusicales.be/camille-du-gast-the-valkyrie-of-motorsports/ Camille du Gast, the Valkyrie of Motorsports], blog.imagesmusicales.be</ref>.


Le motonautisme fut sport de démonstration lors des [[Jeux olympiques de 1900]] puis fut inscrit au programme olympique pour l'édition [[Jeux olympiques d'été de 1908|1908]]. Trois titres furent décernés à [[Londres]], deux couronnèrent des Britanniques et le dernier un Français, dans la catégorie open.
Le motonautisme fut sport de démonstration lors des [[Jeux olympiques de 1900]] puis fut inscrit au programme olympique pour l'édition [[Jeux olympiques d'été de 1908|1908]]. Trois titres furent décernés à [[Londres]], deux couronnèrent des Britanniques et le dernier un Français, dans la catégorie open.
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En [[1917]], le premier [[moteur hors-bord]] est mis au point. Il favorise le développement du motonautisme.
En [[1917]], le premier [[moteur hors-bord]] est mis au point. Il favorise le développement du motonautisme.


Sous l'impulsion de l'Irlandais John Ward, l'Union internationale motonautique (UIM) est créée à [[Bruxelles]] en [[1922]]. Elle tient à jour l'homologation des records de vitesse depuis [[1928]] et met en place des championnats du monde en [[1938]].
Sous l'impulsion de l'Irlandais John Ward, l'Union internationale motonautique (UIM) est créée, à [[Bruxelles]], en [[1922]]. Elle tient à jour l'homologation des records de vitesse depuis [[1928]] et met en place des championnats du monde en [[1938]].


Toutefois, après la première Guerre Mondiale, l'évolution du sport motonautique diffère nettement suivant les différents pays et en particulier entre l'Europe et les États-Unis.
Toutefois, après la [[Première Guerre mondiale]], l'évolution du sport motonautique diffère nettement suivant les différents pays et en particulier entre l'Europe et les États-Unis.


Un trait d'union commun aux deux rives de l'Atlantique sera cependant la très dangereuse quête du [[Record de vitesse aquatique|record absolu de vitesse sur l'eau]] qui causera la mort de beaucoup d'aspirants recordmen.
Un trait d'union commun aux deux rives de l'Atlantique sera cependant la très dangereuse quête du [[Record de vitesse aquatique|record absolu de vitesse sur l'eau]] qui causera la mort de beaucoup d'aspirants recordmen.
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{{Article détaillé|record de vitesse aquatique}}
{{Article détaillé|record de vitesse aquatique}}


Après la guerre de 14-18 les moteurs d'avion en surplus se retrouvent nombreux sur le marché, notamment les V8 [[Hispano-Suiza]] (surnommés ''Hisso'' aux États-Unis où ils sont fabriqués sous licence par la firme [[Curtiss-Wright Corporation|Curtiss-Wright]]) qui propulsaient les avions [[Société de production des aéroplanes Deperdussin|SPAD]] de [[Georges Guynemer|Guynemer]] et de [[Edward Vernon Rickenbacker|Rickenbacker]] et surtout les [[Liberty L-12|moteurs V12 Liberty]], produits en masse aux USA par la firme Allison dans le cadre d'un programme d'État, et finalement peu utilisés pour cause d'armistice. Délivrant plus de 400 ch sans préparation ni gonflage ces moteurs vont être abondamment utilisés pour propulser des "racers" motonautiques lancés à la conquête du record mondial de vitesse sur l'eau.
Après la [[Première Guerre mondiale|guerre de 14-18]], les moteurs d'avion en surplus se retrouvent nombreux sur le marché, notamment les V8 [[Hispano-Suiza]] (surnommés ''Hisso'' aux États-Unis où ils sont fabriqués sous licence par la firme [[Curtiss-Wright Corporation|Curtiss-Wright]]) qui propulsaient les avions [[Société de production des aéroplanes Deperdussin|SPAD]] de [[Georges Guynemer|Guynemer]] et de [[Edward Vernon Rickenbacker|Rickenbacker]] et surtout les [[Liberty L-12|moteurs V12 Liberty]], produits en masse aux États-Unis par la firme Allison dans le cadre d'un programme d'État, et finalement peu utilisés pour cause d'armistice. Délivrant plus de {{unité|400 ch}} sans préparation ni gonflage ces moteurs vont être abondamment utilisés pour propulser des « racers » motonautiques lancés à la conquête du record mondial de vitesse sur l'eau.


Aux États-Unis la course à la puissance est exacerbée par un facteur a priori totalement incongru: La [[prohibition]] antialcoolique (Loi [[Volstead Act|Volstead)]]. Les constructeurs de bateaux comme [[Chris-craft]], Gar Wood ou [[Hacker-Craft]] développent des [[Bootlegger|''rum-runners,'']] canots automobiles surmotorisés évoluant sur les [[Grands Lacs (Amérique du Nord)|Grands Lacs]], entre le Canada et Chicago, où les contrebandiers et la pègre font la loi. Dans ce contexte largement médiatisé par les journalistes, l'intérêt du public est attiré vers le motonautisme et les courses de bateaux ultra-rapides sont en partie nées de la contrebande (comme dans les années 1940 et 1950 les courses automobiles de [[stock-car]] naîtront du transport illégal d'alcool fabriqué à la ferme, ou ''Moonshine'').
Aux États-Unis, la course à la puissance est exacerbée par un facteur a priori totalement incongru: La [[prohibition]] antialcoolique (Loi [[Volstead Act|Volstead)]]. Les constructeurs de bateaux comme [[Chris-Craft]], Gar Wood ou [[Hacker-Craft]] développent des [[Bootlegger|''rum-runners,'']] canots automobiles surmotorisés évoluant sur les [[Grands Lacs (Amérique du Nord)|Grands Lacs]], entre le Canada et Chicago, où les contrebandiers et la pègre font la loi. Dans ce contexte largement médiatisé par les journalistes, l'intérêt du public est attiré vers le motonautisme et les courses de bateaux ultra-rapides sont en partie nées de la contrebande (comme dans les années 1940 et 1950 les courses automobiles de [[stock-car]] naîtront du transport illégal d'alcool fabriqué à la ferme, ou ''Moonshine'').


En Italie l'engouement existe aussi mais pour d'autres raisons : les plus grandes victoires de la marine italienne ont été obtenues non par des gros navires, mais par de petites embarcations lance-torpilles ultra rapides et propulsées par des moteurs [[Isotta Fraschini Motori|Isotta-Fraschini]] techniquement très avancés, les [[MAS (bateau)|MAS]], au cours d'actions surprise contre la flotte austro-hongroise. Le principal promoteur de ces actions a été l'amiral [[Costanzo Ciano]] (dont le fils [[Galeazzo Ciano|Galeazzo]] épousera la fille aînée de [[Benito Mussolini|Mussolini)]]. Ces actions d'éclat ont été abondamment utilisées par la propagande, savamment orchestrée par un maître en la matière, [[Gabriele D'Annunzio|Gabriele d'Annunzio]], qui avait embarqué sur une MAS lors du raid de Bakar (et récupérera l'embarcation pour s'en servir comme yacht sur le [[lac de Garde]]). Les sports mécaniques (course automobile, motocycliste, motonautique ou encore les records aériens) ont une aura de modernité que la [[propagande]] du régime mussolinien va exploiter à fond durant les vingt années du [[Fascisme (Italie)|fascisme]].
En Italie, l'engouement existe aussi mais pour d'autres raisons : les plus grandes victoires de la marine italienne ont été obtenues non par des gros navires, mais par de petites embarcations lance-torpilles ultra rapides et propulsées par des moteurs [[Isotta Fraschini Motori|Isotta-Fraschini]] techniquement très avancés, les [[MAS (bateau)|MAS]], au cours d'actions surprise contre la flotte austro-hongroise. Le principal promoteur de ces actions a été l'amiral [[Costanzo Ciano]] (dont le fils [[Galeazzo Ciano|Galeazzo]] épousera la fille aînée de [[Benito Mussolini|Mussolini)]]. Ces actions d'éclat ont été abondamment utilisées par la propagande, savamment orchestrée par un maître en la matière, [[Gabriele D'Annunzio|Gabriele d'Annunzio]], qui avait embarqué sur une MAS lors du raid de Bakar (et récupérera l'embarcation pour s'en servir comme yacht sur le [[lac de Garde]]). Les sports mécaniques (course automobile, motocycliste, motonautique ou encore les records aériens) ont une aura de modernité que la [[propagande]] du régime mussolinien va exploiter à fond durant les vingt années du [[Fascisme (Italie)|fascisme]].


En Angleterre, qui a créé, dès 1904, un trophée sportif motonautique entre nations (comme la [[Coupe de l'America]] pour la voile), la coupe Harmsworth<ref>{{Article|langue=en|titre=Harmsworth Cup|périodique=Wikipedia|date=2018-01-09|lire en ligne=https://en.wikipedia.org/w/index.php?title=Harmsworth_Cup&oldid=819474287|consulté le=2018-01-29}}</ref>, le nautisme est populaire et la conquête du record de vitesse (où les Américains dominent nettement entre les deux guerres mondiales grâce à un circuit de compétitions structuré qui est gage d'innovations et grâce aussi à un champion d'exception, Garfield-Gar-Wood <ref>{{Article|langue=en|titre=Garfield Wood|périodique=Wikipedia|date=2017-12-30|lire en ligne=https://en.wikipedia.org/w/index.php?title=Garfield_Wood&oldid=817762944|consulté le=2018-01-29}}</ref>) est quasiment une cause nationale en vertu de la vocation maritime du Royaume-Uni, alors grande puissance maritime et coloniale.
En Angleterre, qui a créé, dès 1904, un trophée sportif motonautique entre nations (comme la [[Coupe de l'America]] pour la voile), la {{lien|langue=en|trad=Harmsworth Cup|fr=coupe Harmsworth}}, le nautisme est populaire et la conquête du record de vitesse (où les Américains dominent nettement entre les deux guerres mondiales grâce à un circuit de compétitions structuré qui est gage d'innovations et grâce aussi à un champion d'exception, {{lien|langue=en|trad=Garfield Wood|fr=Garfield Wood}}) est quasiment une cause nationale en vertu de la vocation maritime du Royaume-Uni, alors grande puissance maritime et coloniale.


L'industrie britannique utilise le vecteur de la course et des records motonautiques pour promouvoir ses produits: Les canots de course sont propulsés par des moteurs d'avion [[Rolls-Royce (entreprise)|Rolls-Royce]] (comme le fameux V12 ''[[Rolls-Royce R|Rolls-Royce "R"]]'' -pour "Racing" = compétition, éprouvé également dans le cadre de la [[coupe Schneider]] ou sur de monstrueuses automobiles de record terrestre, qui préfigure le [[Rolls-Royce Merlin|moteur ''Merlin'']]'','' utilisé sur les avions de chasse de la [[bataille d'Angleterre]] ) ou les très exotiques moteurs [[Napier Sabre|Napier]] ''Lion, Sabre'' et ''Vulture,'' surpuissants mais très délicats à mettre au point.
L'industrie britannique utilise le vecteur de la course et des records motonautiques pour promouvoir ses produits : Les canots de course sont propulsés par des moteurs d'avion [[Rolls-Royce (entreprise)|Rolls-Royce]] (comme le fameux V12 ''[[Rolls-Royce R]]'' {{incise|« R » pour « Racing » (« compétition »)}} éprouvé également dans le cadre de la [[coupe Schneider]] ou sur de monstrueuses automobiles de record terrestre, qui préfigure le [[Rolls-Royce Merlin|moteur ''Merlin'']], utilisé sur les avions de chasse de la [[bataille d'Angleterre]]) ou les très exotiques moteurs [[Napier Sabre|Napier]] ''Lion'', ''Sabre'' et ''Vulture'', surpuissants mais très délicats à mettre au point.


Les coques sont souvent réalisées dans des chantiers qui ont la double vocation d'avionneurs (les années 1920 à 1940 sont l'âge d'or de l'[[Hydravion à coque|hydraviation]]) et de constructeurs de vedettes rapides pour les domaines militaires et civils: [[Saunders-Roe|Saunders Roe]] à [[Cowes]], Vosper-Thornycroft...etc. Les pilotes sont des amateurs fortunés, comme [[Malcolm Campbell]], [[Henry Segrave|Henry Seagrave]] ou encore [[John Cobb]], prêts à risquer leur vie pour la gloire médiatique, mais aussi par patriotisme.
Les coques sont souvent réalisées dans des chantiers qui ont la double vocation d'avionneurs (les années 1920 à 1940 sont l'âge d'or de l'[[Hydravion à coque|hydraviation]]) et de constructeurs de vedettes rapides pour les domaines militaires et civils : [[Saunders-Roe|Saunders Roe]] à [[Cowes]], Vosper-Thornycroft, etc. Les pilotes sont des amateurs fortunés, comme [[Malcolm Campbell]], [[Henry Segrave|Henry Seagrave]] ou encore [[John Cobb]], prêts à risquer leur vie pour la gloire médiatique, mais aussi par patriotisme.


Les défis anglais dans le cadre du trophée Harmsworth, ou les assauts montés contre le record absolu de vitesse sont le fait d'équipes structurées autour de coureurs, financés par un club de mécènes et bénéficiant du soutien technique de l'industrie mécanique, navale et aéronautique, qui y trouve un banc d'essai intéressant pour des applications civiles...et militaires.
Les défis anglais dans le cadre du trophée Harmsworth, ou les assauts montés contre le record absolu de vitesse sont le fait d'équipes structurées autour de coureurs, financés par un club de mécènes et bénéficiant du soutien technique de l'industrie mécanique, navale et aéronautique, qui y trouve un banc d'essai intéressant pour des applications civiles et militaires.


On peut citer [[Henry Segrave|Henry Seagrave]] et ses Miss England : Le I, monomoteur (Napier Lion 12 cylindres en W)<ref>{{Article|langue=en|titre=Miss England I|périodique=Wikipedia|date=2015-10-31|lire en ligne=https://en.wikipedia.org/w/index.php?title=Miss_England_I&oldid=688417451|consulté le=2018-02-09}}</ref> trop peu puissant, avec 146 km/h en 1929, pour le record absolu.
On peut citer [[Henry Segrave|Henry Seagrave]] et ses {{lien|langue=en|trad=Miss England I|fr=Miss England}} : le I, monomoteur (Napier Lion {{nobr|12 cylindres}} en W) trop peu puissant, avec {{unité|146 km/h}} en 1929, pour le record absolu.


Le II, propulsé par deux moteurs Rolls Ryce "R", attelés sur une hélice unique aura une carrière aussi glorieuse que dramatique, chavirant sur le [[Lac Windermere (Angleterre)|lac Windermere]] alors même que le record venait d'être battu (159 km/h), tuant Henry Seagrave et blessant grièvement son mécanicien. Repêché, amélioré, et remis en service avec [[Kaye Don]] aux commandes, il sera en 1930 / 1931 le protagoniste d'un ''mano a mano'' épique avec Gar Wood, lui reprenant deux fois le titre avec un record à 177 km/h sur [[Lac de Garde|le lac de Garde]]. À cette occasion, le volant tordu lors de l'accident mortel de Seagrave sera remis à [[Gabriele D'Annunzio|D'Annunzio]] qui le consacrera "relique de la religion du courage" et l'exposera dans sa villa-musée du [[Vittoriale degli italiani|Vittoriale]].
Le II, propulsé par deux moteurs Rolls Ryce R, attelés sur une hélice unique aura une carrière aussi glorieuse que dramatique, chavirant sur le [[Lac Windermere (Angleterre)|lac Windermere]] alors même que le record venait d'être battu ({{unité|159 km/h}}), tuant Henry Seagrave et blessant grièvement son mécanicien. Repêché, amélioré, et remis en service avec [[Kaye Don]] aux commandes, il sera en 1930 / 1931 le protagoniste d'un ''mano a mano'' épique avec Gar Wood, lui reprenant deux fois le titre avec un record à {{unité|177 km/h}} sur le [[lac de Garde]]. À cette occasion, le volant tordu lors de l'accident mortel de Seagrave sera remis à [[Gabriele D'Annunzio|D'Annunzio]] qui le consacrera « relique de la religion du courage » et l'exposera dans sa villa-musée du [[Vittoriale degli italiani|Vittoriale]].


Le commanditaire, lord Wakefield, financera un troisième Miss England (2 moteurs Rolls Royce "R" cette fois équipés de [[Turbocompresseur|turbo-compresseurs]] sophistiqués et attelés sur deux arbres d'hélice distincts) avec une carène à redan, façon hydravion, qui, toujours avec Kaye Don aux commandes, reprendra le record à 193 km/h en juillet 1932 sur le [[Loch Lomond]], pour le reperdre peu après, lorsque Gar Wood dégainera son "arme absolue", Le superlatif ''Miss America X'',à quatre moteurs, capable de plus de 200 km/h<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Hearst|nom1=Magazines|titre=Popular Mechanics|éditeur=Hearst Magazines|date=1932-09|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=XOIDAAAAMBAJ&pg=PA362&dq=popular+mechanics+September+1932+airplanes&hl=en&ei=aKARTZejMYbFnAeW2qyiDg&sa=X&oi=book_result&ct=result&redir_esc=y#v=onepage&q=popular%20mechanics%20September%201932%20airplanes&f=true|consulté le=2018-02-09}}</ref>.
Le commanditaire, lord Wakefield, financera un troisième Miss England (deux moteurs Rolls Royce R cette fois équipés de [[Turbocompresseur|turbo-compresseurs]] sophistiqués et attelés sur deux arbres d'hélice distincts) avec une carène à redan, façon hydravion, qui, toujours avec Kaye Don aux commandes, reprendra le record à {{unité|193 km/h}} en {{date-|juillet 1932}} sur le [[Loch Lomond]], pour le reperdre peu après, lorsque Gar Wood dégainera son « arme absolue », Le superlatif ''Miss America X'',à quatre moteurs, capable de plus de {{unité|200 km/h}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Hearst|nom1=Magazines|titre=Popular Mechanics|éditeur=Hearst Magazines|date=1932-09|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=XOIDAAAAMBAJ&pg=PA362|consulté le=2018-02-09}}.</ref>.


D'autres pilotes britanniques notoires contesteront la suprématie du champion américain:
D'autres pilotes britanniques notoires contesteront la suprématie du champion américain:


Hubert Scott Paine et son révolutionnaire Miss Britain III en aluminium<ref>{{Article|langue=en|titre=Miss Britain III|périodique=Wikipedia|date=2018-02-02|lire en ligne=https://en.wikipedia.org/w/index.php?title=Miss_Britain_III&oldid=823594604|consulté le=2018-02-09}}</ref> sera à un cheveu de le battre lors de courses sur circuit en 1932, mais son canot monomoteur (un R.R. "R" poussé à 2500 ch) capable de 177 km/h était trop "juste" pour le record absolu. Il est aujourd'hui exposé au [[Maritime Greenwich|musée maritime de Greenwich]].
Hubert Scott Paine et son révolutionnaire {{lien|langue=en|trad=Miss Britain III|fr=Miss Britain III}} en aluminium sera à un cheveu de le battre lors de courses sur circuit en 1932, mais son canot monomoteur (un R.R. R poussé à {{unité|2500 ch}}) capable de {{unité|177 km/h}} était trop « juste » pour le record absolu. Il est aujourd'hui exposé au [[Maritime Greenwich|musée maritime de Greenwich]].


Autre protagoniste britannique célèbre, [[Malcolm Campbell|Sir Malcolm Campbell]], avec ses ''Bluebird K3, puis K4,'' des canots de course peints en bleu et décorés de l'[[L'Oiseau bleu|oiseau magique]] de [[Maurice Maeterlinck|Maeterlinck]] reprit le record pour le Royaume-Uni en l'améliorant à quatre reprises après la retraite sportive de GarWood (record porté à 228 km/h sur le lac de Coniston, battu en 1950 par le SloMoShun de l'américain Stanley Sayres).
Autre protagoniste britannique célèbre, [[Malcolm Campbell|Sir Malcolm Campbell]], avec ses ''Bluebird K3, puis K4'', des canots de course peints en bleu et décorés de l'[[L'Oiseau bleu|oiseau magique]] de [[Maurice Maeterlinck|Maeterlinck]] reprit le record pour le Royaume-Uni en l'améliorant à quatre reprises après la retraite sportive de GarWood (record porté à {{unité|228 km/h}} sur le lac de Coniston, battu en 1950 par le SloMoShun de l'américain Stanley Sayres).


Après la Seconde Guerre mondiale, son fils [[Donald Campbell (sportif)|Donald]] devait continuer la tradition familiale, en le payant de sa vie, aux commandes du [[Bluebird K7]] propulsé par un réacteur d'avion de chasse.
Après la Seconde Guerre mondiale, son fils [[Donald Campbell (sportif)|Donald]] devait continuer la tradition familiale, en le payant de sa vie, aux commandes du [[Bluebird K7]] propulsé par un réacteur d'avion de chasse.
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L'ingénieur vénitien Attilio Bisio, dont le chantier SVAN a construit de rutilants bateaux-taxi pour la ville de Venise, puis des vedettes lance-torpilles [[MAS (bateau)|MAS]] durant la Grande guerre en exploitant le potentiel des moteurs [[Isotta Fraschini]], se lance dans une tentative parrainée par Gabriele d'Annunzio.
L'ingénieur vénitien Attilio Bisio, dont le chantier SVAN a construit de rutilants bateaux-taxi pour la ville de Venise, puis des vedettes lance-torpilles [[MAS (bateau)|MAS]] durant la Grande guerre en exploitant le potentiel des moteurs [[Isotta Fraschini]], se lance dans une tentative parrainée par Gabriele d'Annunzio.


Le racer baptisé symboliquement ''Spalato'' (le nom italien de la ville croate de [[Split]], revendiquée à cor et à cri par les nationalistes italiens) est d'un bon niveau (crédité d'un chrono de 127 km/h en 1924) mais insuffisant pour battre le record.
Le racer baptisé symboliquement ''Spalato'' (le nom italien de la ville croate de [[Split]], revendiquée à cor et à cri par les nationalistes italiens) est d'un bon niveau (crédité d'un chrono de {{unité|127 km/h}} en 1924) mais insuffisant pour battre le record.


Par la suite, la rivalité anglo-américaine et l'incapacité de l'industrie italienne de produire des moteurs équivalents à ceux de la concurrence (Une lacune que l'aviation militaire italienne paiera durement une fois la Seconde Guerre Mondiale déclarée) écarteront les Italiens du tableau des records.
Par la suite, la rivalité anglo-américaine et l'incapacité de l'industrie italienne de produire des moteurs équivalents à ceux de la concurrence (une lacune que l'aviation militaire italienne paiera durement une fois la Seconde Guerre Mondiale déclarée) écarteront les Italiens du tableau des records.


Cependant l'enthousiasme est bien là : à l'instigation de d'Annunzio, des épreuves "Unlimited" sont organisées sur le lac de Garde (la ''"coppa dell' Oltranza"'', littéralement coupe de l'outrance)<ref>{{Lien web|langue=en|nom1=Italia|prénom1=ThreePointHydroplanes|titre=Coppa dell'Oltranza {{!}} Three Point Hydroplanes - Italia|url=https://www.threepointhydroplanes.it/coppa-dell-oltranza_r11_it.htm|site=www.threepointhydroplanes.it|consulté le=2018-02-10}}</ref>.
Cependant l'enthousiasme est bien là : à l'instigation de d'Annunzio, des épreuves « {{langue|en|Unlimited}} » sont organisées sur le lac de Garde (la ''coppa dell' Oltranza'', littéralement « coupe de l'outrance »)<ref>{{Lien web|langue=en|nom1=Italia|prénom1=ThreePointHydroplanes|titre=Coppa dell'Oltranza {{!}} Three Point Hydroplanes - Italia|url=https://www.threepointhydroplanes.it/coppa-dell-oltranza_r11_it.htm|site=www.threepointhydroplanes.it|consulté le=2018-02-10}}.</ref>.


Une course motonautique annuelle sur le [[Pô]], entre [[Pavie]] et [[Venise]] attire les concurrents, foules et les médias (très encadrés à l'époque fasciste), c'est une sorte de rallye-raid sur un fleuve rapide et fantasque, comportant de nombreux pièges naturels (courants, troncs d'arbres immergés, bancs de sable..). On y voit souvent figurer, et gagner, des [[Hydroglisseur|hydroglisseurs]], mus par une hélice aérienne qui a l'avantage de ne rien risquer dans un choc avec un obstacle submergé.
Une course motonautique annuelle sur le [[Pô]], entre [[Pavie]] et [[Venise]] attire les concurrents, foules et les médias (très encadrés à l'époque fasciste), c'est une sorte de rallye-raid sur un fleuve rapide et fantasque, comportant de nombreux pièges naturels (courants, troncs d'arbres immergés, bancs de sable, etc). On y voit souvent figurer, et gagner, des [[Hydroglisseur|hydroglisseurs]], mus par une hélice aérienne qui a l'avantage de ne rien risquer dans un choc avec un obstacle submergé.


À cette époque le record a d'ailleurs été brièvement détenu par un engin de ce type, construit par [[Farman (automobile)|Farman]], qui a atteint 140 km/h sur la Seine, aux mains d'un pilote américain.
À cette époque le record a d'ailleurs été brièvement détenu par un engin de ce type, construit par [[Farman (automobile)|Farman]], qui a atteint {{unité|140 km/h}} sur la Seine, aux mains d'un pilote américain.


Signe des temps, les personnalités du régime s'y affichent et Vito Mussolini<ref>{{Lien web|nom1=CinecittaLuce|titre=La gara di motonautica Pavia-Venezia|url=https://www.youtube.com/watch?v=qthWdD2YEVQ|date=2012-06-15|consulté le=2018-02-10}}</ref>(neveu du dictateur et directeur du journal [[Il Popolo d'Italia|Popolo d'Italia]]) y pilote un hydroglisseur engagé par la milice fasciste (la MSVN)<ref>{{Lien web|nom1=CinecittaLuce|titre=Gara motonautica internazionale Pavia-Venezia|url=https://www.youtube.com/watch?v=xZox_GOldUs|date=2012-06-15|consulté le=2018-02-10}}</ref>.
Signe des temps, les personnalités du régime s'y affichent et Vito Mussolini<ref>{{Lien web|format=vid|langue=it|auteur institutionnel=[[Istituto Luce]]|titre=La gara di motonautica Pavia-Venezia|url=https://www.youtube.com/watch?v=qthWdD2YEVQ|date=2012-06-15|consulté le=2018-02-10}}.</ref>(neveu du dictateur et directeur du journal [[Il Popolo d'Italia|Popolo d'Italia]]) y pilote un hydroglisseur engagé par la milice fasciste (la MSVN)<ref>{{Lien web|langue=it|auteur institutionnel=[[Istituto Luce]]|titre=Gara motonautica internazionale Pavia-Venezia|url=https://www.youtube.com/watch?v=xZox_GOldUs|date=2012-06-15|format=vid|consulté le=2018-02-10}}.</ref>.


Le "campionissimo" du motonautisme italien de l'Entre-deux-guerres est le comte Teofilo Rossi di Montelera, richissime héritier de la firme d'apéritifs [[Martini & Rossi]].
Le « campionissimo » du motonautisme italien de l'Entre-deux-guerres est le comte Teofilo Rossi di Montelera, richissime héritier de la firme d'apéritifs [[Martini & Rossi]].


En 1938 il réussit un coup d'éclat dans en remportant la très prestigieuse Gold Cup de APBA (Cf infra) à Detroit, aux USA, battant les Américains à domicile, une victoire abondamment médiatisée par les [[Istituto Luce|actualités officielles "luce"]] <ref>{{Lien web|nom1=CinecittaLuce|titre=Nel campionato mondiale motonautico il Conte Theo Rossi di Montelera conquista la Coppa d'Oro.|url=https://www.youtube.com/watch?v=NQ5eMmu5K7M|date=2012-06-15|consulté le=2018-02-10}}</ref>avec son racer, très symboliquement baptisé [[Amba Alagi|''Alagi'']] (du nom d'une bataille livrée aux Éthiopiens par les troupes coloniales italiennes).
En 1938, il réussit un coup d'éclat en remportant la très prestigieuse Gold Cup de APBA (''cf.'' infra), à [[Détroit (Michigan)|Détroit]], aux États-Unis, battant les Américains à domicile, une victoire abondamment médiatisée par les [[Istituto Luce|actualités officielles ''luce'']] <ref>{{Lien web|format=vid|langue=it|auteur institutionnel=[[Istituto Luce]]|titre=Nel campionato mondiale motonautico il Conte Theo Rossi di Montelera conquista la Coppa d'Oro.|url=https://www.youtube.com/watch?v=NQ5eMmu5K7M|date=2012-06-15|consulté le=2018-02-10}}.</ref>avec son racer, très symboliquement baptisé [[Amba Alagi|''Alagi'']] (du nom d'une bataille livrée aux Éthiopiens par les troupes coloniales italiennes).


La firme Martini & Rossi conservera jusqu'aux années 1990 une tradition de [[Sponsor|sponsoring]] dans les épreuves motonautiques (notamment offshore) en souvenir de ce très réel champion, que seul le manque de matériel national compétitif a empêché de s'illustrer dans la course au record.
La firme Martini & Rossi conservera jusqu'aux années 1990 une tradition de [[Sponsor|sponsoring]] dans les épreuves motonautiques (notamment offshore) en souvenir de ce très réel champion, que seul le manque de matériel national compétitif a empêché de s'illustrer dans la course au record.


Côté américain, les courses sur circuit sont organisées par une fédération nationale, l'APBRA, avec différentes catégories de cylindrée, culminant avec la classe "''Unlimited''" (Sans restriction). Les bateaux de la catégorie ''Unlimited'', utilisés pour des courses sur circuit sont des compétiteurs naturels pour le record absolu de vitesse nautique.
Côté américain, les courses sur circuit sont organisées par une fédération nationale, l'APBRA, avec différentes catégories de cylindrée, culminant avec la classe « ''Unlimited'' » (Sans restriction). Les bateaux de la catégorie ''Unlimited'', utilisés pour des courses sur circuit sont des compétiteurs naturels pour le record absolu de vitesse nautique.


Le contexte d'un championnat organisé (L'APBA Gold Cup) et de l'émulation qui va avec, en fait un véritable laboratoire d'innovations, tant pour les dessins de coques et d'hélices que pour la préparation des moteurs.
Le contexte d'un championnat organisé (L'APBA Gold Cup) et de l'émulation qui va avec, en fait un véritable laboratoire d'innovations, tant pour les dessins de coques et d'hélices que pour la préparation des moteurs.


L'industriel et inventeur Garfield Wood, qui a fait fortune en exploitant des inventions comme la benne basculante ou le camion-poubelle broyeur, est la figure de proue du motonautisme américain des années 1920 et 1930<ref>{{Lien web|langue=en|titre=A Brief History of the Gold Cup|url=http://thunderboats.ning.com/page/a-brief-history-of-the-gold-cup|site=thunderboats.ning.com|consulté le=2018-02-08}}</ref>.
L'industriel et inventeur Garfield Wood, qui a fait fortune en exploitant des inventions comme la benne basculante ou le camion-poubelle broyeur, est la figure de proue du motonautisme américain des années 1920 et 1930<ref>{{Lien web|langue=en|titre=A Brief History of the Gold Cup|url=http://thunderboats.ning.com/page/a-brief-history-of-the-gold-cup|site=thunderboats.ning.com|consulté le=2018-02-08}}.</ref>.


Pilote talentueux, constructeur de bateaux (dont certains sont vendus à des [[Bootlegger|bootleggers]]), mécanicien-préparateur inventif et minutieux "Gar" Wood remporte sa première de ses cinq Gold Cup en 1917 et entre les courses, monte régulièrement des tentatives contre le record de vitesse aquatique ou des défis anglo-américains dans le cadre du trophée Harmsworth. Son approche dans la conquête du record est du type "force brute": de la puissance, toujours plus de puissance.
Pilote talentueux, constructeur de bateaux (dont certains sont vendus à des [[Bootlegger|bootleggers]]), mécanicien-préparateur inventif et minutieux « Gar » Wood remporte sa première de ses cinq Gold Cup en 1917 et entre les courses, monte régulièrement des tentatives contre le record de vitesse aquatique ou des défis anglo-américains dans le cadre du trophée Harmsworth. Son approche dans la conquête du record est du type « force brute » : de la puissance, toujours plus de puissance.


Le Miss America II de 1920 (record à 120,49 km/h) est déjà équipé de 4 [[Liberty L-12|moteurs V12 Liberty]] de 400 CV chacun et son dernier "racer" baptisé Miss america X (1933) (toujours en montage quadri-moteur, mais avec des mécaniques [[Automobiles Packard|Packard]] plus évoluées) est un "monstre" impressionnant : 13 M de long sur trois de large. La vitesse ne l'est pas moins avec un record à 200,94 km/h, substantielle progression sur seulement 13 années, ponctuées de duels avec les engins de record britanniques, où le trophée changera de mains pas moins de dix fois.
Le Miss America II de 1920 (record à {{unité|120,49 km/h}}) est déjà équipé de quatre [[Liberty L-12|moteurs V12 Liberty]] de {{unité|400 ch}} chacun et son dernier « racer » baptisé Miss america X (1933) (toujours en montage quadri-moteur, mais avec des mécaniques [[Automobiles Packard|Packard]] plus évoluées) mesure treize mètres de long sur trois de large. Sa vitesse atteint un record à {{unité|200,94 km/h}}, substantielle progression sur seulement treize années, ponctuées de duels avec les engins de record britanniques, où le trophée changera de mains pas moins de dix fois.


Corollaire de cette explosion de performances, les accidents, parfois mortels, se multiplient, il faut dire que l'équipement personnel de sécurité des pilotes se résume à très peu de chose, une casquette de yachtman, bientôt remplacée par un bonnet et des lunettes d'aviateur, et un gilet de sauvetage léger passé par-dessus un bleu de mécanicien.
Corollaire de cette explosion de performances, les accidents, parfois mortels, se multiplient, il faut dire que l'équipement personnel de sécurité des pilotes se résume à très peu de chose, une casquette de yachtman, bientôt remplacée par un bonnet et des lunettes d'aviateur, et un gilet de sauvetage léger passé par-dessus un bleu de mécanicien.
Ligne 114 : Ligne 114 :
Dans les courses sur circuit, GarWood évite de trop utiliser le gouvernail vu le risque de chavirer. Courageux mais pas téméraire, il vire autour des bouées en différenciant le régime des deux arbres d'hélice.
Dans les courses sur circuit, GarWood évite de trop utiliser le gouvernail vu le risque de chavirer. Courageux mais pas téméraire, il vire autour des bouées en différenciant le régime des deux arbres d'hélice.


Cependant Gar Wood ne s'interdit pas l'usage des raffinements nés du creuset de l'APBA gold cup: Les coques "archimédiques", à déplacement, de 1904 ont très vite cédé la place à des embarcations capables de [[Déjaugeage|déjauger]] et de "planer" à la surface de l'eau, puis, assez vite, les coques ont intégré des [[Redent|redans]], utilisés en [[Hydravion à coque|hydraviation]] pour favoriser le décollement des filets d'eau sur la carène et diminuer le freinage.
Cependant Gar Wood ne s'interdit pas l'usage des raffinements nés du creuset de l'APBA gold cup: Les coques « archimédiques », à déplacement, de 1904 ont très vite cédé la place à des embarcations capables de [[Déjaugeage|déjauger]] et de « planer » à la surface de l'eau, puis, assez vite, les coques ont intégré des [[Redent|redans]], utilisés en [[Hydravion à coque|hydraviation]] pour favoriser le décollement des filets d'eau sur la carène et diminuer le freinage.


Le racer ''El Lagarto'' (le lézard en espagnol) (Cf photo) appartenant à un des plus coriaces concurrents de Gar Wood, le [[californie]]n George Reis, qui s'entraine sur le [[Lac George (New York)|lac George]] est à cet égard un exemple intéressant: Né comme une coque classique de sport manufacturée par [[Hacker-Craft|Hacker craft]] (autre grand fournisseur des contrebandiers d'alcool de [[Chicago]]) et une motorisation raisonnable de "seulement" 150 ch, son pilote le fera modifier avec un gros V12 Packard, mais surtout en ajoutant de plus en plus de redans sous la carène et un système d'écopes réinjectant l'air aux endroits stratégiques pour améliorer la glisse de la coque.
Le racer ''El Lagarto'' (« le lézard », en espagnol) appartenant à un des plus coriaces concurrents de Gar Wood, le [[californie]]n George Reis, qui s'entraine sur le [[Lac George (New York)|lac George]] est à cet égard un exemple intéressant: Né comme une coque classique de sport manufacturée par [[Hacker-Craft|Hacker craft]] (autre grand fournisseur des contrebandiers d'alcool de [[Chicago]]) et une motorisation raisonnable de « seulement » {{unité|150 ch}}, son pilote le fera modifier avec un gros V12 Packard, mais surtout en ajoutant de plus en plus de redans sous la carène et un système d'écopes réinjectant l'air aux endroits stratégiques pour améliorer la glisse de la coque.


Ce faisant, la coque d{{'}}''El Lagarto'' devient de plus en plus rapide, mais aussi de plus en plus volage, décollant de l'eau avec de grands bonds et des éclaboussures d'écume, ce qui le fera baptiser par la presse sportive "''The Leaping Lizzard of Lake George''" (le lézard bondissant du lac George)<ref>{{Lien web|langue=en|titre=El Lagarto - The Leaping Lizard of Lake George|url=http://thunderboats.ning.com/page/el-lagarto-the-leaping-lizard-of-lake-george|site=thunderboats.ning.com|consulté le=2018-02-08}}</ref>.
Ce faisant, la coque d{{'}}''El Lagarto'' devient de plus en plus rapide, mais aussi de plus en plus volage, décollant de l'eau avec de grands bonds et des éclaboussures d'écume, ce qui le fera baptiser par la presse sportive « ''The Leaping Lizzard of Lake George'' » (le lézard bondissant du lac George)<ref>{{Lien web|langue=en|titre=El Lagarto - The Leaping Lizard of Lake George|url=http://thunderboats.ning.com/page/el-lagarto-the-leaping-lizard-of-lake-george|site=thunderboats.ning.com|consulté le=2018-02-08}}.</ref>.


Après la retraite sportive de Gar Wood d'autres dessins apparaîtront comme les coques trois points qui ne touchent plus l'eau que par deux patins à l'avant et l'hélice à l'arrière, comme l'emblématique ''Slo-Mo-Shun IV'' (jeu de mot phonétique sur Slow-motion, mouvement au ralenti) des années 1950, records successifs à 258, puis 287 km/h, puis les configurations dites ''Picklefork'' (littéralement « fourchette à cornichons ») avec deux patins avant proéminents en avant du fuselage principal qui ne touche quasi plus l'eau, l'arrière étant porté par l'hélice qui travaille en [[Supercavitation|super-cavitation]], pratiquement hors de l'eau.
Après la retraite sportive de Gar Wood d'autres dessins apparaîtront comme les coques trois points qui ne touchent plus l'eau que par deux patins à l'avant et l'hélice à l'arrière, comme l'emblématique ''Slo-Mo-Shun IV'' (jeu de mots phonétique sur Slow-motion, mouvement au ralenti) des années 1950, records successifs à 258, puis {{unité|287 km/h}}, puis les configurations dites ''Picklefork'' (littéralement « fourchette à cornichons ») avec deux patins avant proéminents en avant du fuselage principal qui ne touche quasi plus l'eau, l'arrière étant porté par l'hélice qui travaille en [[Supercavitation|super-cavitation]], pratiquement hors de l'eau.


Slo-Mo-Shun IV sera le dernier « racer » polyvalent en courses sur circuit et en record absolu de vitesse. Le record ne sera plus battu ensuite que par des machines totalement spécialisées, bientôt propulsées par des turboréacteurs (jet boats).
Slo-Mo-Shun IV sera le dernier « racer » polyvalent en courses sur circuit et en record absolu de vitesse. Le record ne sera plus battu ensuite que par des machines totalement spécialisées, bientôt propulsées par des turboréacteurs (jet boats).


Chant du cygne des classiques hydroplanes conventionnels, le superbe ''Laura III'', de l'Italien Mario Verga, qui utilisait deux moteurs de compétition automobile [[Alfa Romeo 159 (F1)|Alfa-Romeo 159]] (les mêmes que sur les [[Formule 1]] de [[Juan Manuel Fangio|Fangio]] et [[Giuseppe Farina|Nino Farina]]) se catapulta en octobre 1954 dans une tentative sur le [[lac d'Iseo]], tuant son pilote <ref>{{Lien web|titre=The Glorious Obsession Of Mario Verga|url=http://www.lesliefield.com/personalities/mario_verga_glorious_obsession_of_mario_verga.htm|site=www.lesliefield.com|consulté le=2018-02-23}}</ref>.
Chant du cygne des classiques hydroplanes conventionnels, le superbe ''Laura III'', de l'Italien Mario Verga, qui utilisait deux moteurs de compétition automobile [[Alfa Romeo 159 (F1)|Alfa-Romeo 159]] (les mêmes que sur les [[Formule 1]] de [[Juan Manuel Fangio|Fangio]] et [[Giuseppe Farina|Nino Farina]]) se catapulta en octobre 1954 dans une tentative sur le [[lac d'Iseo]], tuant son pilote <ref>{{Lien web|titre=The Glorious Obsession Of Mario Verga|url=http://www.lesliefield.com/personalities/mario_verga_glorious_obsession_of_mario_verga.htm|site=www.lesliefield.com|consulté le=2018-02-23}}.</ref>.


L'amélioration du record appartenait désormais aux "jet boats" comme le ''Crusader'' de [[John Cobb]], et surtout le très efficace et très médiatisé [[Bluebird K7]] de [[Donald Campbell (sportif)|Donald Campbell]] (tous deux finalement détruits avec décès du pilote lors de tentatives de record, respectivement sur le [[Loch Ness]] et sur le [[Coniston Water|lac Coniston)]].
L'amélioration du record appartenait désormais aux {{langue|en|jet boats}} comme le ''Crusader'' de [[John Cobb]], et surtout le très efficace et très médiatisé [[Bluebird K7]] de [[Donald Campbell (sportif)|Donald Campbell]] (tous deux finalement détruits avec décès du pilote lors de tentatives de record, respectivement sur le [[Loch Ness]] et sur le [[Coniston Water|lac Coniston)]].


Constamment amélioré et remotorisé, le ''Bluebird K7'' avait franchi la barre symbolique des 300 miles/heure (483 km/h) fin novembre 1966 sur le lac de Coniston lorsqu'il décolla et tua son pilote à quelques centaines de mètres de la fin du parcours chronométré. Campbell, en liaison radio avec son équipe et les cameramen de la BBC, commenta pour ainsi dire sa propre mort en direct. Son bateau, repêché trente ans plus tard a été reconstitué pièce à pièce et restauré par une équipe de passionnés locaux.
Constamment amélioré et remotorisé, le ''Bluebird K7'' avait franchi la barre symbolique des {{unité|300 mi/h}} ({{unité|483 km/h}}) fin {{date-|novembre 1966}} sur le lac de Coniston lorsqu'il décolla et tua son pilote à quelques centaines de mètres de la fin du parcours chronométré. Campbell, en liaison radio avec son équipe et les cadreurs de la BBC, commenta pour ainsi dire sa propre mort en direct. Son bateau, repêché trente ans plus tard a été reconstitué pièce à pièce et restauré par une équipe de passionnés locaux.


De l'autre côté de l'Atlantique aussi, plusieurs "jet boats" furent construits, notamment le malchanceux ''Tempo [[Alcoa]]'' <ref>{{Lien web|langue=anglais|titre=tempo alcoa speedboat|url=http://www.lesliefield.com/images/tempo_alcoa.jpg|site=|date=|consulté le=}}</ref>, du musicien et champion motonautique canadien [[Guy Lombardo]], construit en aluminium et bénéficiant du soutien technique des grands avionneurs [[États-Unis|américains]]. Après avoir connu un premier accident lors d'essais à haute vitesse dont le constructeur, Les Staudacher, se tira miraculeusement avec des blessures légères, le ''Tempo Alcoa,'' probablement fragilisé'','' se désintégrera lors d'essais ultérieurs avec un pilotage radiocommandé.
De l'autre côté de l'Atlantique aussi, plusieurs "jet boats" furent construits, notamment le malchanceux ''Tempo [[Alcoa]]'' <ref>{{Lien web|langue=anglais|titre=tempo alcoa speedboat|url=http://www.lesliefield.com/images/tempo_alcoa.jpg|site=|date=|consulté le=}}.</ref>, du musicien et champion motonautique canadien [[Guy Lombardo]], construit en aluminium et bénéficiant du soutien technique des grands avionneurs [[États-Unis|américains]]. Après avoir connu un premier accident lors d'essais à haute vitesse dont le constructeur, Les Staudacher, se tira miraculeusement avec des blessures légères, le ''Tempo Alcoa,'' probablement fragilisé'','' se désintégrera lors d'essais ultérieurs avec un pilotage radiocommandé.


Autre "Jet Boat" nord-américain célèbre , le ''Hustler'' de Lee Taylor qui battra le record de Campbell avec un "chrono" de 459 km/h en 1967, non sans avoir connu au préalable une "sortie de piste" à 200 km/h, lors d'essais sur le [[Lac Havasu]], au cours de laquelle Taylor fut grièvement blessé et son bateau copieusement endommagé.
Autre {{langue|en|jet boat}} nord-américain célèbre ; le ''Hustler'' de Lee Taylor, qui battra le record de Campbell avec un « chrono » de {{unité|459 km/h}} en 1967, non sans avoir connu au préalable une « sortie de piste » à {{unité|200 km/h}}, lors d'essais sur le [[Lac Havasu]], au cours de laquelle Taylor fut grièvement blessé et son bateau copieusement endommagé.


Le danger atteignant des sommets avec ces engins qui ne demandent qu'à s'envoler et à retomber sur une eau rendue dure comme du béton à ces vitesses, les tentatives iront en s'espaçant à partir des années 1960, et le très audacieux australien [[Ken Warby]] qui a établi en 1978 un ébouriffant record à 511 km/h avec un engin de sa conception propulsé par un réacteur d'avion de chasse<ref>{{Lien web|langue=en|titre=Sport Australia Hall of Fame - Member Profile|url=https://www.sahof.org.au/hall-of-fame/member-profile/?memberID=452|site=www.sahof.org.au|consulté le=2018-02-08}}</ref> n'a pas été battu depuis cette date.
Le danger atteignant des sommets avec ces engins qui ne demandent qu'à s'envoler et à retomber sur une eau rendue dure comme du béton à ces vitesses, les tentatives iront en s'espaçant à partir des années 1960, et le très audacieux australien [[Ken Warby]] qui a établi, en 1978, un record à {{unité|511 km/h}} avec un engin de sa conception propulsé par un réacteur d'avion de chasse<ref>{{Lien web|langue=en|titre=Sport Australia Hall of Fame - Member Profile|url=https://www.sahof.org.au/hall-of-fame/member-profile/?memberID=452|site=www.sahof.org.au|consulté le=2018-02-08}}.</ref> n'a pas été battu depuis cette date.


Lee Taylor, l'ancien recordman, avait tenté de reprendre son record avec ''Discovery II'', un engin propulsé par...un moteur fusée à carburant liquide ([[peroxyde d'hydrogène]] concentré, comme sur le [[Messerschmitt Me 163|Messerschmitt Komet]] de la 2° G.M.) qui se désintégra littéralement en novembre 1980 sur le [[lac Tahoe]] (Californie) en tuant son pilote.
Lee Taylor, l'ancien recordman, avait tenté de reprendre son record avec ''Discovery II'', un engin propulsé par...un moteur fusée à carburant liquide ([[peroxyde d'hydrogène]] concentré, comme sur le [[Messerschmitt Me 163|Messerschmitt Komet]] de la 2° G.M.) qui se désintégra littéralement en {{date-|novembre 1980}} sur le [[lac Tahoe]] (Californie) en tuant son pilote.


== Compétition ==
== Compétition ==
=== Vitesse « ''inshore Formula 1'' » ===
=== Vitesse « ''inshore Formula 1'' » ===
[[Fichier:Sicherheitscockpit.jpg|thumb|Vitesse inshore]]
[[Fichier:Sicherheitscockpit.jpg|vignette|Vitesse inshore.]]
Se déroulant sur des lacs ou des rivières, les épreuves de Catamaran F1 constituent le haut-niveau du [[motonautisme de vitesse inshore]], à l'image des [[Formule 1]] en sport automobile. Le championnat du monde de F1 motonautique UIM a été créé en [[1981]].
Se déroulant sur des lacs ou des rivières, les épreuves de Catamaran F1 constituent le haut-niveau du [[motonautisme de vitesse inshore]], à l'image des [[Formule 1]] en sport automobile. Le championnat du monde de F1 motonautique UIM a été créé en [[1981]].


=== Vitesse « ''offshore PowerBoat P1'' » ===
=== Vitesse « ''offshore PowerBoat P1'' » ===
[[Fichier:Class1 Oostende.jpg|thumb|Vitesse offshore]]
[[Fichier:Class1 Oostende.jpg|vignette|Vitesse offshore.]]
La catégorie des [[PowerBoat P1]] forme l'élite de cette discipline. Le championnat 2006 comptait six Grand Prix : [[Malte]], [[Italie]], [[Allemagne]], [[Méditerranée]] (Italie), [[Grande-Bretagne]] et [[Portugal]].
La catégorie des [[PowerBoat P1]] forme l'élite de cette discipline. Le championnat 2006 comptait six Grand Prix : [[Malte]], [[Italie]], [[Allemagne]], [[Méditerranée]] (Italie), [[Grande-Bretagne]] et [[Portugal]].


=== Drag boat racing ===
=== Drag boat racing ===
Les courses se tiennent sur un quart de mile, soit {{unité|402|mètres}}. Les vitesses atteintes sont de {{unité|400|km/h}}. La fédération couvrant ces épreuves essentiellement américaines est l'International Hot Boat Association.
Les courses se tiennent sur un quart de mile, soit {{nobr|402 mètres}}. Les vitesses atteintes sont de {{unité|400|km/h}}. La fédération couvrant ces épreuves essentiellement américaines est l'International Hot Boat Association.


De nombreuses courses de ce genre se tiennent dans le monde, notamment aux États-Unis.
De nombreuses courses de ce genre se tiennent dans le monde, notamment aux États-Unis.


=== Endurance ===
=== Endurance ===
Parmi les épreuves d'[[Endurance (sport mécanique)|endurance]], il convient de citer les [[24 heures motonautiques de Rouen]] qui se déroulent début mai, la ville de Rouen est la capitale du Motonautisme. Les 24 Heures de Rouen compte pour le Championnat du Monde Endurance, ainsi que les [[6 heures motonautiques de Paris]] aujourd'hui disparues.
Parmi les épreuves d'[[Endurance (sport mécanique)|endurance]], il convient de citer les [[24 heures motonautiques de Rouen]] qui se déroulent début mai, la ville de Rouen est la capitale du Motonautisme. Les {{nobr|24 Heures}} de Rouen compte pour le Championnat du Monde Endurance, ainsi que les [[6 heures motonautiques de Paris]] aujourd'hui disparues.


=== Rallye motonautique ===
=== Rallye motonautique ===
Parmi les épreuves de ce type, citons la Route des Gabares, qui se court sur des bateaux pneumatiques.
Parmi les épreuves de ce type, citons la Route des Gabares, qui se court sur des bateaux pneumatiques.


Au milieu des années 1980, l'organisateur du rallye Paris - Dakar, [[Thierry Sabine]], avait organisé un rallye pour hors-bords sur le fleuve Niger, entre [[Niamey]] et [[Bamako]]. Il n'a connu que très peu d'éditions, faute de sponsors et de médiatisation.
Au milieu des années 1980, l'organisateur du [[Rallye Dakar|rallye Paris - Dakar]], [[Thierry Sabine]], avait organisé un rallye pour hors-bords sur le fleuve Niger, entre [[Niamey]] et [[Bamako]]. Il n'a connu que très peu d'éditions, faute de sponsors et de médiatisation.


== Constructeurs de canot automobile ==
== Constructeurs de canot automobile ==
Ligne 168 : Ligne 168 :
== Pratique par pays ==
== Pratique par pays ==
=== Japon ===
=== Japon ===
Le sport motonautique au japon revet des aspects très déroutants pour l'observateur occidental habitué à la confrontation des pilotes et à l'amélioration mécanique permanente des machines au sein du cadre réglementaire d'une [[jauge de course]].
Le sport motonautique au [[Japon]] revêt des aspects très déroutants pour l'observateur occidental habitué à la confrontation des pilotes et à l'amélioration mécanique permanente des machines au sein du cadre réglementaire d'une [[jauge de course]].


Au Japon il existe des épreuves motonautiques appelées kyotei -littéralement course de bateaux- disputées avec de minuscules [[Hors-bord|hors-bords]] qui sont le plus semblables possibles (ce qu'en course de voiliers on qualifierait de [[Monotype (voile)|monotypie]]) . Les courses, disputées dans des stades nautiques artificiels pourvus de tribunes sont extrêmement serrées, la décision se faisant sur les dépassements aux bouées de virage.
Au Japon, il existe des épreuves motonautiques appelées ''kyotei'' {{incise|littéralement « course de bateaux »}}, disputées avec de minuscules [[Hors-bord|hors-bords]] qui sont le plus semblables possibles (ce qu'en course de voiliers on qualifierait de [[Monotype (voile)|monotypie]]). Les courses, disputées dans des stades nautiques artificiels pourvus de tribunes sont extrêmement serrées, la décision se faisant sur les dépassements aux bouées de virage.


Les pilotes, qu'on pourrait assimiler à des [[jockeys]] (ils portent des couleurs distinctives) sont des professionnels bien payés et souvent des femmes<ref>{{Lien web|nom1=L'Effet Papillon|titre=Japon : Glissades nippones - L’Effet Papillon – CANAL+|url=https://www.youtube.com/watch?v=s1HLpT5PheQ|date=2017-10-31|consulté le=2018-02-08}}</ref>.
Les pilotes, qu'on pourrait assimiler à des [[jockeys]] (ils portent des couleurs distinctives) sont des professionnels bien payés et souvent des femmes<ref>{{Lien web|format=vid|éditeur=[[CANAL+]]|description=extrait de l'émission ''L'Effet Papillon''|titre=Japon : Glissades nippones|url=https://www.youtube.com/watch?v=s1HLpT5PheQ|date=2017-10-31|consulté le=2018-02-08}}.</ref>.


Comme il s'agit d'un des très rares sports japonais (avec les courses de chevaux et le [[keirin]], ou course cycliste sur vélodrome) où les [[Pari sportif|paris]] sont légaux, la Maffia japonaise (les tristement fameux [[Yakuza|yakuzas]]) a des intérêts dans l'organisation de ces courses, notamment pour y recycler de l'argent sale. Les très douteux politiciens anticommunistes (et anciens truands) [[Yoshio Kodama]] et [[Ryōichi Sasakawa|Ryoichi Sasakawa]] ont été souvent cités comme principaux "tireurs de ficelles" de ces paris sportifs<ref>{{Ouvrage|langue=français|auteur1=alec Dubro et david Kaplan (trad française francoise Deschodt)|titre=Yakuza, la maffia japonaise|passage=|lieu=paris|éditeur=Picquier poche (traduit de l'anglais, domaine américain)|date=|pages totales=|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.
Comme il s'agit d'un des très rares sports japonais (avec les courses de chevaux et le [[keirin]], ou course cycliste sur vélodrome) où les [[Pari sportif|paris]] sont légaux, la Maffia japonaise (les tristement fameux [[Yakuza|yakuzas]]) a des intérêts dans l'organisation de ces courses, notamment pour y recycler de l'argent sale. Les très douteux politiciens anticommunistes (et anciens truands) [[Yoshio Kodama]] et [[Ryōichi Sasakawa|Ryoichi Sasakawa]] ont été souvent cités comme principaux « tireurs de ficelles » de ces paris sportifs<ref>{{Ouvrage|langue=français|auteur1=alec Dubro et david Kaplan (trad française francoise Deschodt)|titre=Yakuza, la maffia japonaise|passage=|lieu=paris|éditeur=Picquier poche (traduit de l'anglais, domaine américain)|date=|pages totales=|isbn=|lire en ligne=}}.</ref>.


== Bibliographie ==
== Accidents ==
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=== Liens externes ===
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* [http://www.ffmotonautique.com/ Site officiel de la Fédération française motonautique (FFM)]
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Dernière version du 6 août 2023 à 11:50

Motonautisme
Picto
Principale instance Union internationale motonautique (UIM)
Image illustrative de l’article Motonautisme (sport)
Les 24 heures de Rouen.
Émile Thubron, champion olympique de motonautisme en 1908.
Le Hacker-Craft El Lagarto de 1933, peut-être le racer en bois le plus grand dans l'histoire du motonautisme.
Jean Dupuy, Champion d'Europe en 1934 à Bilbao.

Le motonautisme est une famille de sports de compétition consistant en des courses de bateaux propulsés par des moteurs.

Les principales disciplines du motonautisme sont la vitesse inshore, l'endurance et la vitesse offshore. Plus confidentielles, on citera également les courses de rallye et les courses de type dragster, sur des distances ultracourtes. Ces différentes disciplines sont couvertes par plusieurs fédérations internationales telles l'Union internationale motonautique (UIM), reconnue par le CIO, ou l'International Jet Sports Boating Association et l'American Power Boat Association. En Amérique du nord, une partie importante des courses au Canada et aux États-Unis est sous la gouverne de la Ligue des régates d'hydroplane (HRL) et des Régates de Valleyfield dont le siège est situé à Salaberry-de-Valleyfield au Québec.

Histoire[modifier | modifier le code]

La première course de bateaux à moteur se tient en France sur le bassin d’Asnières-Courbevoie en 1898. Une course entre Calais et Douvres en Angleterre est ensuite organisée en 1903.

Plusieurs meetings internationaux ont lieu au début du XXe siècle à Monaco, sur un parcours relativement abrité, mais avec la fiabilité croissante des mécaniques, un défi autrement ambitieux est lancé en  : rien moins que la traversée de la Méditerranée entre Alger et Toulon soit cinq cents nautiques (environ 900 km). Cette épreuve est médiatisée et parrainée par le quotidien populaire à sensation le Matin.

Il y a sept concurrents au départ, escortés par autant de torpilleurs de la Marine nationale française, plus le croiseur Kléber, le temps clément sur la première étape Alger-Baléares se détériore très vite lors de la seconde, avec des vagues courtes et dures levées par la tramontane (une caractéristique de la Méditerranée).

Le dernier concurrent à abandonner est une concurrente : Mme Camille du Gast, une riche héritière parisienne, pionnière des sports mécaniques, repêchée de justesse par les matelots du Kléber. Son canot automobile de 13 m, pris en remorque finira par couler. Le jury de l'épreuve lui attribuera la victoire après deux mois de réflexion. On peut y voir l'acte de naissance de la course motonautique au large ou « Off-shore »[1].

Le motonautisme fut sport de démonstration lors des Jeux olympiques de 1900 puis fut inscrit au programme olympique pour l'édition 1908. Trois titres furent décernés à Londres, deux couronnèrent des Britanniques et le dernier un Français, dans la catégorie open.

En 1917, le premier moteur hors-bord est mis au point. Il favorise le développement du motonautisme.

Sous l'impulsion de l'Irlandais John Ward, l'Union internationale motonautique (UIM) est créée, à Bruxelles, en 1922. Elle tient à jour l'homologation des records de vitesse depuis 1928 et met en place des championnats du monde en 1938.

Toutefois, après la Première Guerre mondiale, l'évolution du sport motonautique diffère nettement suivant les différents pays et en particulier entre l'Europe et les États-Unis.

Un trait d'union commun aux deux rives de l'Atlantique sera cependant la très dangereuse quête du record absolu de vitesse sur l'eau qui causera la mort de beaucoup d'aspirants recordmen.

Les catégories de compétition reflètent alors les différences entre les industries locales, tant au niveau des coques que des moteurs ainsi que le statut de ce sport (amateur ou professionnel, exposition médiatique, engouement populaire) le tout lié au niveau de vie et au développement industriel du pays concerné. Les progrès faits par les coques et les moteurs (notamment les moteurs d'avion) durant la guerre 14-18 vont se retrouver dans le domaine sportif.

Record mondial de vitesse sur l'eau[modifier | modifier le code]

Après la guerre de 14-18, les moteurs d'avion en surplus se retrouvent nombreux sur le marché, notamment les V8 Hispano-Suiza (surnommés Hisso aux États-Unis où ils sont fabriqués sous licence par la firme Curtiss-Wright) qui propulsaient les avions SPAD de Guynemer et de Rickenbacker et surtout les moteurs V12 Liberty, produits en masse aux États-Unis par la firme Allison dans le cadre d'un programme d'État, et finalement peu utilisés pour cause d'armistice. Délivrant plus de 400 ch sans préparation ni gonflage ces moteurs vont être abondamment utilisés pour propulser des « racers » motonautiques lancés à la conquête du record mondial de vitesse sur l'eau.

Aux États-Unis, la course à la puissance est exacerbée par un facteur a priori totalement incongru: La prohibition antialcoolique (Loi Volstead). Les constructeurs de bateaux comme Chris-Craft, Gar Wood ou Hacker-Craft développent des rum-runners, canots automobiles surmotorisés évoluant sur les Grands Lacs, entre le Canada et Chicago, où les contrebandiers et la pègre font la loi. Dans ce contexte largement médiatisé par les journalistes, l'intérêt du public est attiré vers le motonautisme et les courses de bateaux ultra-rapides sont en partie nées de la contrebande (comme dans les années 1940 et 1950 les courses automobiles de stock-car naîtront du transport illégal d'alcool fabriqué à la ferme, ou Moonshine).

En Italie, l'engouement existe aussi mais pour d'autres raisons : les plus grandes victoires de la marine italienne ont été obtenues non par des gros navires, mais par de petites embarcations lance-torpilles ultra rapides et propulsées par des moteurs Isotta-Fraschini techniquement très avancés, les MAS, au cours d'actions surprise contre la flotte austro-hongroise. Le principal promoteur de ces actions a été l'amiral Costanzo Ciano (dont le fils Galeazzo épousera la fille aînée de Mussolini). Ces actions d'éclat ont été abondamment utilisées par la propagande, savamment orchestrée par un maître en la matière, Gabriele d'Annunzio, qui avait embarqué sur une MAS lors du raid de Bakar (et récupérera l'embarcation pour s'en servir comme yacht sur le lac de Garde). Les sports mécaniques (course automobile, motocycliste, motonautique ou encore les records aériens) ont une aura de modernité que la propagande du régime mussolinien va exploiter à fond durant les vingt années du fascisme.

En Angleterre, qui a créé, dès 1904, un trophée sportif motonautique entre nations (comme la Coupe de l'America pour la voile), la coupe Harmsworth (en), le nautisme est populaire et la conquête du record de vitesse (où les Américains dominent nettement entre les deux guerres mondiales grâce à un circuit de compétitions structuré qui est gage d'innovations et grâce aussi à un champion d'exception, Garfield Wood (en)) est quasiment une cause nationale en vertu de la vocation maritime du Royaume-Uni, alors grande puissance maritime et coloniale.

L'industrie britannique utilise le vecteur de la course et des records motonautiques pour promouvoir ses produits : Les canots de course sont propulsés par des moteurs d'avion Rolls-Royce (comme le fameux V12 Rolls-Royce R — « R » pour « Racing » (« compétition ») — éprouvé également dans le cadre de la coupe Schneider ou sur de monstrueuses automobiles de record terrestre, qui préfigure le moteur Merlin, utilisé sur les avions de chasse de la bataille d'Angleterre) ou les très exotiques moteurs Napier Lion, Sabre et Vulture, surpuissants mais très délicats à mettre au point.

Les coques sont souvent réalisées dans des chantiers qui ont la double vocation d'avionneurs (les années 1920 à 1940 sont l'âge d'or de l'hydraviation) et de constructeurs de vedettes rapides pour les domaines militaires et civils : Saunders Roe à Cowes, Vosper-Thornycroft, etc. Les pilotes sont des amateurs fortunés, comme Malcolm Campbell, Henry Seagrave ou encore John Cobb, prêts à risquer leur vie pour la gloire médiatique, mais aussi par patriotisme.

Les défis anglais dans le cadre du trophée Harmsworth, ou les assauts montés contre le record absolu de vitesse sont le fait d'équipes structurées autour de coureurs, financés par un club de mécènes et bénéficiant du soutien technique de l'industrie mécanique, navale et aéronautique, qui y trouve un banc d'essai intéressant pour des applications civiles et militaires.

On peut citer Henry Seagrave et ses Miss England (en) : le I, monomoteur (Napier Lion 12 cylindres en W) trop peu puissant, avec 146 km/h en 1929, pour le record absolu.

Le II, propulsé par deux moteurs Rolls Ryce R, attelés sur une hélice unique aura une carrière aussi glorieuse que dramatique, chavirant sur le lac Windermere alors même que le record venait d'être battu (159 km/h), tuant Henry Seagrave et blessant grièvement son mécanicien. Repêché, amélioré, et remis en service avec Kaye Don aux commandes, il sera en 1930 / 1931 le protagoniste d'un mano a mano épique avec Gar Wood, lui reprenant deux fois le titre avec un record à 177 km/h sur le lac de Garde. À cette occasion, le volant tordu lors de l'accident mortel de Seagrave sera remis à D'Annunzio qui le consacrera « relique de la religion du courage » et l'exposera dans sa villa-musée du Vittoriale.

Le commanditaire, lord Wakefield, financera un troisième Miss England (deux moteurs Rolls Royce R cette fois équipés de turbo-compresseurs sophistiqués et attelés sur deux arbres d'hélice distincts) avec une carène à redan, façon hydravion, qui, toujours avec Kaye Don aux commandes, reprendra le record à 193 km/h en sur le Loch Lomond, pour le reperdre peu après, lorsque Gar Wood dégainera son « arme absolue », Le superlatif Miss America X,à quatre moteurs, capable de plus de 200 km/h[2].

D'autres pilotes britanniques notoires contesteront la suprématie du champion américain:

Hubert Scott Paine et son révolutionnaire Miss Britain III (en) en aluminium sera à un cheveu de le battre lors de courses sur circuit en 1932, mais son canot monomoteur (un R.R. R poussé à 2 500 ch) capable de 177 km/h était trop « juste » pour le record absolu. Il est aujourd'hui exposé au musée maritime de Greenwich.

Autre protagoniste britannique célèbre, Sir Malcolm Campbell, avec ses Bluebird K3, puis K4, des canots de course peints en bleu et décorés de l'oiseau magique de Maeterlinck reprit le record pour le Royaume-Uni en l'améliorant à quatre reprises après la retraite sportive de GarWood (record porté à 228 km/h sur le lac de Coniston, battu en 1950 par le SloMoShun de l'américain Stanley Sayres).

Après la Seconde Guerre mondiale, son fils Donald devait continuer la tradition familiale, en le payant de sa vie, aux commandes du Bluebird K7 propulsé par un réacteur d'avion de chasse.

Les Italiens ont une très réelle culture du motonautisme de compétition, mais l'état de leur industrie est un vrai handicap.

L'ingénieur vénitien Attilio Bisio, dont le chantier SVAN a construit de rutilants bateaux-taxi pour la ville de Venise, puis des vedettes lance-torpilles MAS durant la Grande guerre en exploitant le potentiel des moteurs Isotta Fraschini, se lance dans une tentative parrainée par Gabriele d'Annunzio.

Le racer baptisé symboliquement Spalato (le nom italien de la ville croate de Split, revendiquée à cor et à cri par les nationalistes italiens) est d'un bon niveau (crédité d'un chrono de 127 km/h en 1924) mais insuffisant pour battre le record.

Par la suite, la rivalité anglo-américaine et l'incapacité de l'industrie italienne de produire des moteurs équivalents à ceux de la concurrence (une lacune que l'aviation militaire italienne paiera durement une fois la Seconde Guerre Mondiale déclarée) écarteront les Italiens du tableau des records.

Cependant l'enthousiasme est bien là : à l'instigation de d'Annunzio, des épreuves « Unlimited » sont organisées sur le lac de Garde (la coppa dell' Oltranza, littéralement « coupe de l'outrance »)[3].

Une course motonautique annuelle sur le , entre Pavie et Venise attire les concurrents, foules et les médias (très encadrés à l'époque fasciste), c'est une sorte de rallye-raid sur un fleuve rapide et fantasque, comportant de nombreux pièges naturels (courants, troncs d'arbres immergés, bancs de sable, etc). On y voit souvent figurer, et gagner, des hydroglisseurs, mus par une hélice aérienne qui a l'avantage de ne rien risquer dans un choc avec un obstacle submergé.

À cette époque le record a d'ailleurs été brièvement détenu par un engin de ce type, construit par Farman, qui a atteint 140 km/h sur la Seine, aux mains d'un pilote américain.

Signe des temps, les personnalités du régime s'y affichent et Vito Mussolini[4](neveu du dictateur et directeur du journal Popolo d'Italia) y pilote un hydroglisseur engagé par la milice fasciste (la MSVN)[5].

Le « campionissimo » du motonautisme italien de l'Entre-deux-guerres est le comte Teofilo Rossi di Montelera, richissime héritier de la firme d'apéritifs Martini & Rossi.

En 1938, il réussit un coup d'éclat en remportant la très prestigieuse Gold Cup de APBA (cf. infra), à Détroit, aux États-Unis, battant les Américains à domicile, une victoire abondamment médiatisée par les actualités officielles luce [6]avec son racer, très symboliquement baptisé Alagi (du nom d'une bataille livrée aux Éthiopiens par les troupes coloniales italiennes).

La firme Martini & Rossi conservera jusqu'aux années 1990 une tradition de sponsoring dans les épreuves motonautiques (notamment offshore) en souvenir de ce très réel champion, que seul le manque de matériel national compétitif a empêché de s'illustrer dans la course au record.

Côté américain, les courses sur circuit sont organisées par une fédération nationale, l'APBRA, avec différentes catégories de cylindrée, culminant avec la classe « Unlimited » (Sans restriction). Les bateaux de la catégorie Unlimited, utilisés pour des courses sur circuit sont des compétiteurs naturels pour le record absolu de vitesse nautique.

Le contexte d'un championnat organisé (L'APBA Gold Cup) et de l'émulation qui va avec, en fait un véritable laboratoire d'innovations, tant pour les dessins de coques et d'hélices que pour la préparation des moteurs.

L'industriel et inventeur Garfield Wood, qui a fait fortune en exploitant des inventions comme la benne basculante ou le camion-poubelle broyeur, est la figure de proue du motonautisme américain des années 1920 et 1930[7].

Pilote talentueux, constructeur de bateaux (dont certains sont vendus à des bootleggers), mécanicien-préparateur inventif et minutieux « Gar » Wood remporte sa première de ses cinq Gold Cup en 1917 et entre les courses, monte régulièrement des tentatives contre le record de vitesse aquatique ou des défis anglo-américains dans le cadre du trophée Harmsworth. Son approche dans la conquête du record est du type « force brute » : de la puissance, toujours plus de puissance.

Le Miss America II de 1920 (record à 120,49 km/h) est déjà équipé de quatre moteurs V12 Liberty de 400 ch chacun et son dernier « racer » baptisé Miss america X (1933) (toujours en montage quadri-moteur, mais avec des mécaniques Packard plus évoluées) mesure treize mètres de long sur trois de large. Sa vitesse atteint un record à 200,94 km/h, substantielle progression sur seulement treize années, ponctuées de duels avec les engins de record britanniques, où le trophée changera de mains pas moins de dix fois.

Corollaire de cette explosion de performances, les accidents, parfois mortels, se multiplient, il faut dire que l'équipement personnel de sécurité des pilotes se résume à très peu de chose, une casquette de yachtman, bientôt remplacée par un bonnet et des lunettes d'aviateur, et un gilet de sauvetage léger passé par-dessus un bleu de mécanicien.

Dans les courses sur circuit, GarWood évite de trop utiliser le gouvernail vu le risque de chavirer. Courageux mais pas téméraire, il vire autour des bouées en différenciant le régime des deux arbres d'hélice.

Cependant Gar Wood ne s'interdit pas l'usage des raffinements nés du creuset de l'APBA gold cup: Les coques « archimédiques », à déplacement, de 1904 ont très vite cédé la place à des embarcations capables de déjauger et de « planer » à la surface de l'eau, puis, assez vite, les coques ont intégré des redans, utilisés en hydraviation pour favoriser le décollement des filets d'eau sur la carène et diminuer le freinage.

Le racer El Lagarto (« le lézard », en espagnol) appartenant à un des plus coriaces concurrents de Gar Wood, le californien George Reis, qui s'entraine sur le lac George est à cet égard un exemple intéressant: Né comme une coque classique de sport manufacturée par Hacker craft (autre grand fournisseur des contrebandiers d'alcool de Chicago) et une motorisation raisonnable de « seulement » 150 ch, son pilote le fera modifier avec un gros V12 Packard, mais surtout en ajoutant de plus en plus de redans sous la carène et un système d'écopes réinjectant l'air aux endroits stratégiques pour améliorer la glisse de la coque.

Ce faisant, la coque d'El Lagarto devient de plus en plus rapide, mais aussi de plus en plus volage, décollant de l'eau avec de grands bonds et des éclaboussures d'écume, ce qui le fera baptiser par la presse sportive « The Leaping Lizzard of Lake George » (le lézard bondissant du lac George)[8].

Après la retraite sportive de Gar Wood d'autres dessins apparaîtront comme les coques trois points qui ne touchent plus l'eau que par deux patins à l'avant et l'hélice à l'arrière, comme l'emblématique Slo-Mo-Shun IV (jeu de mots phonétique sur Slow-motion, mouvement au ralenti) des années 1950, records successifs à 258, puis 287 km/h, puis les configurations dites Picklefork (littéralement « fourchette à cornichons ») avec deux patins avant proéminents en avant du fuselage principal qui ne touche quasi plus l'eau, l'arrière étant porté par l'hélice qui travaille en super-cavitation, pratiquement hors de l'eau.

Slo-Mo-Shun IV sera le dernier « racer » polyvalent en courses sur circuit et en record absolu de vitesse. Le record ne sera plus battu ensuite que par des machines totalement spécialisées, bientôt propulsées par des turboréacteurs (jet boats).

Chant du cygne des classiques hydroplanes conventionnels, le superbe Laura III, de l'Italien Mario Verga, qui utilisait deux moteurs de compétition automobile Alfa-Romeo 159 (les mêmes que sur les Formule 1 de Fangio et Nino Farina) se catapulta en octobre 1954 dans une tentative sur le lac d'Iseo, tuant son pilote [9].

L'amélioration du record appartenait désormais aux jet boats comme le Crusader de John Cobb, et surtout le très efficace et très médiatisé Bluebird K7 de Donald Campbell (tous deux finalement détruits avec décès du pilote lors de tentatives de record, respectivement sur le Loch Ness et sur le lac Coniston).

Constamment amélioré et remotorisé, le Bluebird K7 avait franchi la barre symbolique des 300 mi/h (483 km/h) fin sur le lac de Coniston lorsqu'il décolla et tua son pilote à quelques centaines de mètres de la fin du parcours chronométré. Campbell, en liaison radio avec son équipe et les cadreurs de la BBC, commenta pour ainsi dire sa propre mort en direct. Son bateau, repêché trente ans plus tard a été reconstitué pièce à pièce et restauré par une équipe de passionnés locaux.

De l'autre côté de l'Atlantique aussi, plusieurs "jet boats" furent construits, notamment le malchanceux Tempo Alcoa [10], du musicien et champion motonautique canadien Guy Lombardo, construit en aluminium et bénéficiant du soutien technique des grands avionneurs américains. Après avoir connu un premier accident lors d'essais à haute vitesse dont le constructeur, Les Staudacher, se tira miraculeusement avec des blessures légères, le Tempo Alcoa, probablement fragilisé, se désintégrera lors d'essais ultérieurs avec un pilotage radiocommandé.

Autre jet boat nord-américain célèbre ; le Hustler de Lee Taylor, qui battra le record de Campbell avec un « chrono » de 459 km/h en 1967, non sans avoir connu au préalable une « sortie de piste » à 200 km/h, lors d'essais sur le Lac Havasu, au cours de laquelle Taylor fut grièvement blessé et son bateau copieusement endommagé.

Le danger atteignant des sommets avec ces engins qui ne demandent qu'à s'envoler et à retomber sur une eau rendue dure comme du béton à ces vitesses, les tentatives iront en s'espaçant à partir des années 1960, et le très audacieux australien Ken Warby qui a établi, en 1978, un record à 511 km/h avec un engin de sa conception propulsé par un réacteur d'avion de chasse[11] n'a pas été battu depuis cette date.

Lee Taylor, l'ancien recordman, avait tenté de reprendre son record avec Discovery II, un engin propulsé par...un moteur fusée à carburant liquide (peroxyde d'hydrogène concentré, comme sur le Messerschmitt Komet de la 2° G.M.) qui se désintégra littéralement en sur le lac Tahoe (Californie) en tuant son pilote.

Compétition[modifier | modifier le code]

Vitesse « inshore Formula 1 »[modifier | modifier le code]

Vitesse inshore.

Se déroulant sur des lacs ou des rivières, les épreuves de Catamaran F1 constituent le haut-niveau du motonautisme de vitesse inshore, à l'image des Formule 1 en sport automobile. Le championnat du monde de F1 motonautique UIM a été créé en 1981.

Vitesse « offshore PowerBoat P1 »[modifier | modifier le code]

Vitesse offshore.

La catégorie des PowerBoat P1 forme l'élite de cette discipline. Le championnat 2006 comptait six Grand Prix : Malte, Italie, Allemagne, Méditerranée (Italie), Grande-Bretagne et Portugal.

Drag boat racing[modifier | modifier le code]

Les courses se tiennent sur un quart de mile, soit 402 mètres. Les vitesses atteintes sont de 400 km/h. La fédération couvrant ces épreuves essentiellement américaines est l'International Hot Boat Association.

De nombreuses courses de ce genre se tiennent dans le monde, notamment aux États-Unis.

Endurance[modifier | modifier le code]

Parmi les épreuves d'endurance, il convient de citer les 24 heures motonautiques de Rouen qui se déroulent début mai, la ville de Rouen est la capitale du Motonautisme. Les 24 Heures de Rouen compte pour le Championnat du Monde Endurance, ainsi que les 6 heures motonautiques de Paris aujourd'hui disparues.

Rallye motonautique[modifier | modifier le code]

Parmi les épreuves de ce type, citons la Route des Gabares, qui se court sur des bateaux pneumatiques.

Au milieu des années 1980, l'organisateur du rallye Paris - Dakar, Thierry Sabine, avait organisé un rallye pour hors-bords sur le fleuve Niger, entre Niamey et Bamako. Il n'a connu que très peu d'éditions, faute de sponsors et de médiatisation.

Constructeurs de canot automobile[modifier | modifier le code]

Pratique par pays[modifier | modifier le code]

Japon[modifier | modifier le code]

Le sport motonautique au Japon revêt des aspects très déroutants pour l'observateur occidental habitué à la confrontation des pilotes et à l'amélioration mécanique permanente des machines au sein du cadre réglementaire d'une jauge de course.

Au Japon, il existe des épreuves motonautiques appelées kyotei — littéralement « course de bateaux » —, disputées avec de minuscules hors-bords qui sont le plus semblables possibles (ce qu'en course de voiliers on qualifierait de monotypie). Les courses, disputées dans des stades nautiques artificiels pourvus de tribunes sont extrêmement serrées, la décision se faisant sur les dépassements aux bouées de virage.

Les pilotes, qu'on pourrait assimiler à des jockeys (ils portent des couleurs distinctives) sont des professionnels bien payés et souvent des femmes[12].

Comme il s'agit d'un des très rares sports japonais (avec les courses de chevaux et le keirin, ou course cycliste sur vélodrome) où les paris sont légaux, la Maffia japonaise (les tristement fameux yakuzas) a des intérêts dans l'organisation de ces courses, notamment pour y recycler de l'argent sale. Les très douteux politiciens anticommunistes (et anciens truands) Yoshio Kodama et Ryoichi Sasakawa ont été souvent cités comme principaux « tireurs de ficelles » de ces paris sportifs[13].

Accidents[modifier | modifier le code]

Le , Didier Pironi et l'ensemble de son équipage constitué de Jean-Claude Guénard et du journaliste Bernard Giroux décèdent lors d'une course de offshore à bord du Colibri au large de l'île de Wight, au Royaume-Uni.

Le , Stefano Casiraghi, époux de Caroline de Monaco, se tue lors d'un accident de offshore au large de Saint-Jean-Cap-Ferrat.

Le , Jean-Marc Sanchez, seul Français à ce jour champion d'Europe et du monde de la catégorie reine classe 1 se tue à bord du Victory 1 écurie Victory Team (UEA) au Grand prix de Dubaï lors du troisième tour, avec Mohammad Al Mehairi, Jean-Marc Sanchez était alors en quête d'un deuxième sacre mondial à l'occasion des deux dernières courses de la saison. Didier Pironi fut le mentor de Jean-Marc Sanchez dans les années 1980, et Stefano Casiraghi était son ami[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en)Camille du Gast, the Valkyrie of Motorsports, blog.imagesmusicales.be
  2. (en) Hearst Magazines, Popular Mechanics, Hearst Magazines, (lire en ligne).
  3. (en) ThreePointHydroplanes Italia, « Coppa dell'Oltranza | Three Point Hydroplanes - Italia », sur www.threepointhydroplanes.it (consulté le ).
  4. (it) Istituto Luce, « La gara di motonautica Pavia-Venezia » [vidéo], (consulté le ).
  5. (it) Istituto Luce, « Gara motonautica internazionale Pavia-Venezia » [vidéo], (consulté le ).
  6. (it) Istituto Luce, « Nel campionato mondiale motonautico il Conte Theo Rossi di Montelera conquista la Coppa d'Oro. » [vidéo], (consulté le ).
  7. (en) « A Brief History of the Gold Cup », sur thunderboats.ning.com (consulté le ).
  8. (en) « El Lagarto - The Leaping Lizard of Lake George », sur thunderboats.ning.com (consulté le ).
  9. « The Glorious Obsession Of Mario Verga », sur www.lesliefield.com (consulté le ).
  10. (en) « tempo alcoa speedboat ».
  11. (en) « Sport Australia Hall of Fame - Member Profile », sur www.sahof.org.au (consulté le ).
  12. « Japon : Glissades nippones », extrait de l'émission L'Effet Papillon [vidéo], CANAL+, (consulté le ).
  13. alec Dubro et david Kaplan (trad française francoise Deschodt), Yakuza, la maffia japonaise, paris, Picquier poche (traduit de l'anglais, domaine américain).
  14. Jean-Marc Sanchez a trouvé la mort, comme son ami Stefano Casiraghi et son mentor Didier Pironi... Une vraie "malédiction"..., Webedia , .

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]