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« Force de maintien de la paix des Nations unies » : différence entre les versions

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{{Redirect|Casque bleu}}
{{Redirect|Casque bleu}}
{{Infobox Unité militaire
[[Image:United Nations Peacekeeping Logo.svg|thumb|Logo]]
| nom = Force de maintien de la paix des Nations unies<br/>{{Citation|Casques bleus}}
| image = United Nations Peacekeeping Logo.svg
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| légende = Logo
| création = {{date|||1948}}
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| pays = {{Monde}} Monde
| allégeance = {{ONU}}
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| fait partie de = [[Département des opérations de maintien de la paix]]
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| décorations =
| commandant = Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix<br/>{{Drapeau|France}} [[Jean-Pierre Lacroix (diplomate)|Jean-Pierre Lacroix]]
| commandant historique =
| colonel en chef =
}}
[[Image:Evstafiev-bosnia-sarajevo-un-holds-head.jpg|thumb|Casque bleu [[Norvège|norvégien]] durant le [[siège de Sarajevo]] ([[1992]]-[[1995]])]]
[[Image:Evstafiev-bosnia-sarajevo-un-holds-head.jpg|thumb|Casque bleu [[Norvège|norvégien]] durant le [[siège de Sarajevo]] ([[1992]]-[[1995]])]]


La '''Force de maintien de la paix de l'Organisation des Nations unies''' (couramment '''Casques bleus''' en référence à la couleur [[bleu]]e de leur [[casque]]) est une force militaire ayant pour rôle le {{citation|[[Maintien de la paix|maintien]] ou [le] [[rétablissement de la paix]] et de la sécurité internationale}}<ref>{{fr}} {{Lien web
La '''Force de maintien de la paix de l'Organisation des Nations unies''' (couramment '''Casques bleus''' en référence à la couleur [[bleu]]e de leur [[casque]]) est une force militaire ayant pour rôle le {{citation|[[Maintien de la paix|maintien]] ou [le] [[rétablissement de la paix]] et de la sécurité internationale}}<ref>{{Lien web|langue=fr|url=http://www.un.org/french/aboutun/charte/chap7.htm|titre=Charte des Nations unies - Chapitre VII - Action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d'acte d'agression|éditeur=Nations unies|consulté le=21 janvier 2008}}.</ref>, sur ordre du [[Conseil de sécurité des Nations unies|Conseil de sécurité]] ou à la demande de l'[[Assemblée générale des Nations unies|Assemblée générale]], agissant en vertu de la [[Union pour le maintien de la paix|résolution 377]], des [[Organisation des Nations unies|Nations unies]]. Ainsi, a-t-elle été envoyée dans plusieurs zones de conflits pour protéger la population ou encore servir de force d'interposition.
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}}.</ref>, sur ordre du [[Conseil de sécurité des Nations unies|Conseil de sécurité]] ou à la demande de l'[[Assemblée générale des Nations unies|Assemblée générale]], agissant en vertu de la [[Union pour le maintien de la paix|résolution 377]], des [[Organisation des Nations unies|Nations unies]]. Ainsi, a-t-elle été envoyée dans plusieurs zones de conflits pour protéger la population civile ou encore servir de force d'interposition.


Cette force ne constitue pas une armée des Nations unies, les Casques bleus étant principalement des [[Armée|militaires]] prêtés par des pays membres de l'ONU et dans certains cas des civils œuvrant dans la [[Police (institution)|police]] ou l'[[Administration publique|administration]].
Cette force ne constitue pas une armée des Nations unies, les Casques bleus étant principalement des [[Armée|militaires]] prêtés par des pays membres de l'ONU et dans certains cas des civils œuvrant dans la [[Police (institution)|police]] ou l'[[Administration publique|administration]].


Dans certains cas, cette action de maintien de la paix peut être confiée à une organisation internationale non affiliée au [[système des Nations unies]] ou encore à une coalition d'États. Ainsi, le Conseil de sécurité a donné à plusieurs reprises [[mandat]] à l'[[Organisation du traité de l'Atlantique nord]] (OTAN) ou à la [[Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest]] (CEDEAO) à travers l'[[Economic Community of West African States Cease-fire Monitoring Group]] (ECOMOG).
Dans certains cas, cette action de maintien de la paix peut être confiée à une organisation internationale non affiliée au [[système des Nations unies]] ou encore à une coalition d'États. Ainsi, le Conseil de sécurité a donné à plusieurs reprises mandat à l'[[Organisation du traité de l'Atlantique nord]] (OTAN) ou à la [[Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest]] (CEDEAO) à travers l'[[Economic Community of West African States Cease-fire Monitoring Group]] (ECOMOG).


== Rôles ==
== Rôles ==
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* de faire du maintien de l'ordre ;
* de faire du maintien de l'ordre ;
* de former une [[police (institution)|police]] locale ;
* de former une [[police (institution)|police]] locale ;
* de [[Mine (arme)|déminer]] ;
* de [[Mine terrestre|déminer]] ;
* de protéger les réfugiés ;
* de protéger les réfugiés ;
* d'assurer le maintien des droits de l'Homme.
* d'assurer le maintien des [[droits de l'homme]].


Suivant le mandat donné par le [[Conseil de sécurité des Nations unies]], ces rôles peuvent être combinés. Les Forces de maintien de la paix sont organisées depuis [[1992]] par le [[Département des opérations de maintien de la paix]].
Suivant le mandat donné par le [[Conseil de sécurité des Nations unies]], ces rôles peuvent être combinés. Les Forces de maintien de la paix sont organisées depuis [[1992]] par le [[Département des opérations de maintien de la paix]].

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File:Evstafiev-un-peacekeepers-sarajevo-w.jpg|VAB à l'[[aéroport de Sarajevo]] en 1993
Fichier:Evstafiev-un-peacekeepers-sarajevo-w.jpg|VAB à l'[[aéroport international de Sarajevo|aéroport de Sarajevo]] en 1993
File:Italian Soldier UNIFIL 2 Lebanon 2007.jpg|Un militaire italien durant la mission [[UNIFIL]] au Liban en 2007
Fichier:Italian Soldier UNIFIL 2 Lebanon 2007.jpg|Un militaire italien durant la mission [[Force intérimaire des Nations unies au Liban|UNIFIL]] au [[Liban]] en 2007
Fichier:25.2.28 ナバリ地区コミュニティ道路整備 国際平和協力活動等(及び防衛協力等) 31.jpg|Des soldats japonais au [[Sud-Soudan]]
Fichier:25.2.28 ナバリ地区コミュニティ道路整備 国際平和協力活動等(及び防衛協力等) 31.jpg|Des soldats japonais au [[Soudan du Sud]]
Fichier:MONUSCO Force Intervention Brigade patrol on the main road connecting the towns of Sake and Kibati.jpg|Brigade d’Intervention de la [[MONUSCO]] en patrouille sur la voie principale menant de Sake à Kibati dans la province du Nord Kivu en 2013.
Fichier:MONUSCO Force Intervention Brigade patrol on the main road connecting the towns of Sake and Kibati.jpg|Brigade d’Intervention de la [[Mission de l'Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo|MONUSCO]] en patrouille sur la voie principale menant de Sake à Kibati dans la province du [[Nord-Kivu|Nord Kivu]] en 2013.
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== Origine ==
== Origine ==
La première force de maintien de la paix de l'ONU fut envoyée en [[1948]], avec pour mission de surveiller la [[trêve]] de la [[Guerre israélo-arabe de 1945|guerre arabo-israélienne]]. Cette force n'était pas armée et n'était là qu'en tant qu'observateur.
La première force de maintien de la paix de l'ONU fut envoyée en [[1948]], avec pour mission de surveiller la trêve de la [[Conflit israélo-arabe|guerre arabo-israélienne]]. Cette force n'était pas armée et n'était là qu'en tant qu'observateur.


La première intervention armée eut lieu en [[1956]], lors de la [[crise du canal de Suez]]. Elle fut créée à la suite d'une résolution présentée à l'[[Assemblée générale des Nations unies]], par le ministre [[Canada|canadien]] des Affaires étrangères, [[Lester B. Pearson]], qui se verra décerner l'année suivante le [[prix Nobel de la paix]]. Elle fut créée par l'[[Assemblée Générale]] en application de la Résolution [[Union pour le maintien de la paix]], 377 (V), ou Résolution [[Acheson]], en vertu de laquelle l'AGNU dispose d'une compétence subsidiaire de recommandation dans le domaine de la sécurité internationale, si le conseil constate son incapacité, notamment par une utilisation du véto d'un des membres permanents.
La première intervention armée eut lieu en [[1956]], lors de la [[crise du canal de Suez]]. Elle fut créée à la suite d'une résolution présentée à l'[[Assemblée générale des Nations unies]], par le ministre [[Canada|canadien]] des Affaires étrangères, [[Lester B. Pearson]], qui se verra décerner l'année suivante le [[prix Nobel de la paix]]. Elle fut créée par l'[[Assemblée Générale]] en application de la Résolution [[Union pour le maintien de la paix]], 377 (V), ou Résolution [[Acheson]], en vertu de laquelle l'AGNU dispose d'une compétence subsidiaire de recommandation dans le domaine de la sécurité internationale, si le conseil constate son incapacité, notamment par une utilisation du véto d'un des membres permanents.


Les Casques bleus ont reçu le [[prix Nobel de la paix]] en [[1988]]<ref>{{en}} {{Lien web |url=http://nobelprize.org/nobel_prizes/peace/laureates/1988/index.html |titre=The Nobel Peace Prize 1988 |éditeur=Nobel Foundation |consulté le=21 janvier 2008 }}.</ref>.
Les Casques bleus ont reçu le [[prix Nobel de la paix]] en [[1988]]<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://nobelprize.org/nobel_prizes/peace/laureates/1988/index.html |titre=The Nobel Peace Prize 1988 |éditeur=Nobel Foundation|consulté le=21 janvier 2008 }}.</ref>.


== Évolution des trois principes régissant son intervention ==
== Évolution des trois principes régissant son intervention ==
[[Image:Aml90 054.jpg|right|thumb|AML-90 français durant les guerres yougoslaves]]
[[Image:Aml90 054.jpg|right|thumb|AML-90 français durant les guerres yougoslaves]]
La mission de maintien de la paix était encadrée par trois règles auxquelles les États tenaient absolument et qui ont façonné sa définition classique :
La mission de maintien de la paix était encadrée par trois règles auxquelles les États tenaient absolument et qui ont façonné sa définition classique :
* le consentement des parties en conflit à l'intervention ;
* le consentement des parties en conflit à l'intervention ;
* l'impartialité des Casques bleus face aux forces en présence ;
* l'impartialité des Casques bleus face aux forces en présence ;
* la limitation de l'usage de la force par les Casques bleus à des fins de [[légitime défense]] uniquement. Il n'était pas question d'ouvrir le feu pour imposer la paix. À l'exception notable de la mission au [[République démocratique du Congo|Congo]], en 1960-1964, où la force fut effectivement utilisée pour mettre fin à la sécession de l'[[État du Katanga]], la notion classique du maintien de la paix a guidé la mise sur pied des missions de paix de l'ONU jusqu'au début des années 1990.
* la limitation de l'usage de la force par les Casques bleus à des fins de [[légitime défense]] uniquement. Il n'était pas question d'ouvrir le feu pour imposer la paix. À l'exception notable de la mission au [[République démocratique du Congo|Congo]], en 1960-1964, où la force fut effectivement utilisée pour mettre fin à la sécession de l'[[État du Katanga]], la notion classique du maintien de la paix a guidé la mise sur pied des missions de paix de l'ONU jusqu'au début des années 1990.


Cette [[doctrine]] a ensuite été revue, à la suite de plusieurs [[massacre]]s, notamment au [[Rwanda]] et en [[Yougoslavie]], commis sur la population civile alors que des Casques bleus étaient présents<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Sandra Szurek|titre=Pluie de critiques sur les casques bleus|sous-titre=Nécessaire réforme des missions de l’ONU|périodique=Le Monde diplomatique|lien périodique=Le Monde diplomatique|date=janvier 2017|lire en ligne=http://www.monde-diplomatique.fr/2017/01/SZUREK/56983}}</ref>.
Cette [[doctrine]] a ensuite été revue, à la suite de plusieurs [[massacre]]s, notamment au [[Rwanda]] et en [[Yougoslavie]], commis sur la population alors que des Casques bleus étaient présents<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Sandra Szurek|titre=Pluie de critiques sur les casques bleus|sous-titre=Nécessaire réforme des missions de l’ONU|périodique=Le Monde diplomatique|lien périodique=Le Monde diplomatique|date=janvier 2017|lire en ligne=http://www.monde-diplomatique.fr/2017/01/SZUREK/56983}}</ref>.


Depuis, la plupart des mandats autorisent l'usage de la force si la population civile est en danger.
Depuis, la plupart des mandats autorisent l'usage de la force si la population est en danger.


== Typologie des "générations" de mission de paix ==
== Évolution des missions de paix au fil du temps ==
Plusieurs chercheurs, dont Michel Liégeois, professeur de relations internationales à l'Université catholique de Louvain qui dirige la section « Europe » du Réseau de recherche sur les opérations de paix, ont proposé de classer les opérations de maintien de la paix selon leur "génération"<ref>{{Lien web|langue=|auteur1=Michel Liégeois|titre=« Action pour le maintien de la paix » :
Plusieurs chercheurs, dont Michel Liégeois, professeur de relations internationales à l'Université catholique de Louvain qui dirige la section « Europe » du Réseau de recherche sur les opérations de paix, ont proposé de classer les opérations de maintien de la paix selon leur « génération »<ref>{{Lien web |titre=« Action pour le maintien de la paix » : dernier avatar de l’éternelle réforme
des opérations de paix de l’ONU |url=https://www.observatoire-boutros-ghali.org/sites/default/files/N4_OBG_Action-maintien-paix.pdf}}</ref>. De son côté, Kai Michael Kenke, professeur à la Pontifícia Universidade Católica de Rio de Janeiro, propose plutôt une typologie à cinq générations<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Kai Michael Kenkel|titre=Five generations of peace operations : from the “thin blue line” to “painting a country blue”|périodique=Revista Brasilena de Política Internaciaonal, 56 (1)|date=2013|lire en ligne=http://www.scielo.br/pdf/rbpi/v56n1/07.pdf|pages=122-143}}</ref>.
dernier avatar de l’éternelle réforme
des opérations de paix de l’ONU|url=https://www.observatoire-boutros-ghali.org/sites/default/files/N4_OBG_Action-maintien-paix.pdf|site=https://www.observatoire-boutros-ghali.org|périodique=|éditeur=Observatoire Boutros-Ghali du maintien de la paix|date=Octobre 2018|consulté le=9 juin 2019}}</ref>. De son côté, Kai Michael Kenke, professeur à la Pontifícia Universidade Católica de Rio de Janeiro, propose plutôt une typologie à 5 générations<ref>{{Article|langue=Anglais|auteur1=Kai Michael Kenkel|titre=Five generations of peace operations:
from the “thin blue line” to “painting a country blue”|périodique=Revista Brasilena de Política Internaciaonal, 56 (1)|date=2013|issn=|lire en ligne=http://www.scielo.br/pdf/rbpi/v56n1/07.pdf|pages=122-143}}</ref>.


=== Missions de première génération ===
=== Missions de première génération ===
Cette catégorie de missions de paix, dite de première génération<ref name=":0">{{Lien web|langue=|auteur1=Charles Létourneau|responsabilité1=|titre=Générations d'opérations de paix|url=http://www.operationspaix.net/60-resources/details-lexique/generations-d-operations-de-paix.html|site=www.operationspaix.net|périodique=|date=20 octobre 2010|consulté le=7 juin 2019}}</ref>, fait référence à la façon traditionnelle ou classique de procéder. Généralement autorisées par le Conseil de sécurité de l’ONU, elles visent à faire respecter un accord de cessez-le-feu préalablement signé entre les États belligérants. Ce type de mission fut le plus commun pendant la guerre froide.
Cette catégorie de missions de paix, dite de première génération<ref name=":0">{{Lien web|langue=fr|auteur1=Charles Létourneau|titre=Générations d'opérations de paix|url=http://www.operationspaix.net/60-resources/details-lexique/generations-d-operations-de-paix.html|site=operationspaix.net|date=20 octobre 2010|consulté le=7 juin 2019}}</ref>, fait référence à la façon traditionnelle ou classique de procéder. Généralement autorisées par le Conseil de sécurité de l’ONU, elles visent à faire respecter un accord de cessez-le-feu préalablement signé entre les États belligérants. Ce type de mission fut le plus commun pendant la [[guerre froide]].


Ces missions présentent les caractéristiques suivantes :
Les principales caractéristiques de ces missions sont:
* Elles ont été créées en vertu du chapitre VI de la Charte de l’ONU par le Conseil de sécurité ;

* Elles interviennent dans le cadre de conflit entre deux États reconnus par la communauté internationale, ce qui interdit de les employer dans un pays en guerre civile ou en révolution ;
* Créées en vertu du chapitre VI de la Charte de l’ONU par le Conseil de sécurité;
* Les belligérants ont signé un accord de cessez-le-feu avant que la mission soit créée et ils consentent au déploiement de casques bleus onusiens ;
* Interviennent dans le cadre de conflit entre deux États reconnus par la communauté internationale, excluant ainsi les guerres civiles et les révolutions ;
* Les belligérants ont signé un accord de cessez-le-feu avant que la mission ne soit créée et consentent au déploiement de celle-ci ;
* Les casques bleus onusiens ont le mandat de créer une zone tampon entre les États en conflit afin d’éviter la reprise des affrontements ;
* Les casques bleus onusiens ont le mandat de créer une zone tampon entre les États en conflit afin d’éviter la reprise des affrontements ;
* Les casques bleus onusiens sont neutres et impartiaux face au conflit ;
* Les casques bleus onusiens sont neutres et impartiaux face au conflit ;
* Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (États-Unis, France, Grande-Bretagne, Chine et Russie) ne contribuent pas à ces missions pour éviter tout conflit entre les grandes puissances. Cette caractéristique est partiellement tombée en désuétude à la fin de la Guerre froide ;
* Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (États-Unis, France, Grande-Bretagne, Chine et Russie) ne contribuent pas à ces missions, pour éviter tout conflit entre grandes puissances. Cette caractéristique est partiellement tombée en désuétude à la fin de la Guerre froide ;
* Les Casques bleus onusiens sont majoritairement des militaires, légèrement armés. Leurs règles d'engagement n'autorisent un recours à la force qu’en situation de légitime défense.
* Les casques bleus onusiens sont majoritairement des militaires, légèrement armés ; leurs règles d'engagement n'autorisent un recours à la force qu’en situation de légitime défense.


=== Missions de deuxième génération ===
=== Missions de deuxième génération ===
Les opérations de paix de deuxième génération font leur apparition après la fin de la [[guerre froide]]<ref>{{Lien web|langue=|auteur1=Charles Létourneau|titre=GÉNÉRATIONS D'OPÉRATIONS DE PAIX|url=http://www.operationspaix.net/60-resources/details-lexique/generations-d-operations-de-paix.html|site=http://www.operationspaix.net/|périodique=|date=20 octobre 2010|consulté le=7 juin 2019}}</ref>. La principale raison étant que la Russie et les États-Unis ne paralysent plus systématiquement le Conseil de Sécurité de l'ONU avec leur droit de veto respectif. Dans l’''Agenda pour la paix'' du secrétaire-général Boutros Boutros-Ghali, rendu public en 1992, on évoque la possibilité pour l’ONU de mettre sur pied des missions de paix plus musclées et agissant dans des circonstances plus variées.
Les opérations de paix de deuxième génération font leur apparition après la fin de la [[guerre froide]]<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=Charles Létourneau|titre=GÉNÉRATIONS D'OPÉRATIONS DE PAIX|url=http://www.operationspaix.net/60-resources/details-lexique/generations-d-operations-de-paix.html|site=operationspaix.net|date=20 octobre 2010|consulté le=7 juin 2019}}</ref>. La principale raison étant que la Russie et les États-Unis ne paralysent plus systématiquement le Conseil de Sécurité de l'ONU avec leur droit de veto respectif. Dans l’''Agenda pour la paix'' du secrétaire-général Boutros Boutros-Ghali, rendu public en 1992, on évoque la possibilité pour l’ONU de mettre sur pied des missions de paix plus musclées et agissant dans des circonstances plus variées.


Les principales caractéristiques de ces missions sont:
Principales caractéristiques de ces missions :
* Elles ont été créées en vertu du chapitre VII de la Charte de l’ONU par le Conseil de Sécurité qui permet l'usage de la contrainte en cas de menace contre la paix ou d'une rupture de la paix ;

* Les belligérants n’ont plus besoin d’être des États reconnus. Il devient donc possible des déployer des forces lors de guerres civiles ;
* Créées en vertu du chapitre VII de la Charte de l’ONU par le Conseil de Sécurité qui permet l'usage de la contrainte en cas de menace contre la paix ou d'une rupture de la paix;
* Les belligérants n’ont plus besoin d’être des États reconnus. Il devient donc possible des les déployer lors de guerres civiles ;
* Les casques bleus onusiens peuvent intervenir dans des conflits à l’intérieur des États ;
* Les casques bleus onusiens peuvent intervenir dans des conflits à l’intérieur des États ;
* Les casques bleus onusiens s’affairent à créer les conditions propices à la paix plutôt que de maintenir une paix que garantit un accord de cessez-le-feu ;
* Les casques bleus onusiens s’affairent à créer les conditions propices à la paix plutôt que de maintenir une paix que garantit un accord de cessez-le-feu ;
* Le consentement des parties n’est plus un prérequis à la création d’une opération ;
* Le consentement des parties n’est plus un prérequis à la création d’une opération ;
* Les casques bleus onusiens ne sont plus considérés neutres et impartiaux ;
* Les casques bleus onusiens ne sont plus considérés comme neutres et impartiaux ;
* Puisque les casques bleus onusiens interviennent sans l’accord de toutes les factions, il arrive qu’ils soient considérés comme étant des ennemis et qu’ils soient pris pour cible.
* Puisque les casques bleus onusiens interviennent sans l’accord de toutes les factions, il arrive qu’ils soient considérés comme des ennemis et soient pris pour cible.
* Les casques bleus onusiens interviennent dans des environnements souvent hostiles où ils peuvent être appelés à ouvrir le feu pour imposer leur mandat, leurs règles engagement permettent plus facilement le recours à la force ;
* Les casques bleus onusiens interviennent dans des environnements souvent hostiles, où ils peuvent être appelés à ouvrir le feu pour imposer leur mandat ; leurs règles engagement permettent plus facilement le recours à la force ;
* Les grandes puissances peuvent participer aux missions.
* Les grandes puissances peuvent participer aux missions.


=== Missions de troisième génération ===
=== Missions de troisième génération ===
On se sert généralement du terme « opérations de troisième génération » pour désigner les missions de paix qui ne sont pas de première, ni de deuxième génération. C'est donc une définition plus négative que positive. En général ces opérations ont des tâches plus diverses et complexes que les missions de première et deuxième génération. Il est à noter que les actions à proprement parler coercitives sont généralement confiées à des organisations régionales, telles que l'OTAN ou la CEDEAO<ref>{{Lien web|langue=|auteur1=Charles Létourneau|titre=GÉNÉRATIONS D'OPÉRATIONS DE PAIX|url=http://www.operationspaix.net/60-resources/details-lexique/generations-d-operations-de-paix.html|site=http://www.operationspaix.net/|périodique=|date=20 octobre 2010|consulté le=9 juin 2019}}</ref>.
On se sert généralement du terme « opérations de troisième génération » pour désigner les missions de paix qui ne sont pas de première, ni de deuxième génération. C'est donc une définition plus négative que positive. En général ces opérations ont des tâches plus diverses et complexes que les missions de première et deuxième génération. Il est à noter que les actions à proprement parler coercitives sont généralement confiées à des organisations régionales, telles que l'OTAN ou la CEDEAO<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=Charles Létourneau|titre=GÉNÉRATIONS D'OPÉRATIONS DE PAIX|url=http://www.operationspaix.net/60-resources/details-lexique/generations-d-operations-de-paix.html|site=operationspaix.net|date=20 octobre 2010|consulté le=9 juin 2019}}</ref>.


Parmi les tâches qui incombent souvent à ces missions<ref>{{Lien web|langue=|titre=The Ongoing Evolution Of Peacekeeping|url=http://www.pom.peacebuild.ca/bestpracticesevol.shtml|site=http://www.pom.peacebuild.ca/|périodique=|date=|consulté le=7 juin 2019}}</ref> :
Parmi les tâches qui incombent souvent à ces missions<ref>{{Lien web|langue=en|titre=The Ongoing Evolution Of Peacekeeping|url=http://www.pom.peacebuild.ca/bestpracticesevol.shtml|site=pom.peacebuild.ca|date=|consulté le=7 juin 2019}}</ref> :
* Déploiement pour empêcher la contagion au-delà des frontières ;

* Déploiement pour empêcher la contagion au-delà des frontières;
* Stabiliser les situations conflictuelles après un cessez-le-feu et créer les conditions pour une paix durable;
* Stabiliser les situations conflictuelles après un cessez-le-feu et créer les conditions pour une paix durable;
* Aider à rétablir l'ordre et la qualité des processus judiciaires;
* Aider à rétablir l'ordre et la qualité des processus judiciaires ;
* Surveiller le respect des droits humains et du droit international humanitaire;
* Surveiller le respect des droits humains et du droit international humanitaire ;
* Assurer la liaison entre la nation hôte, les parties au conflit, tant internes qu'externes, incluant les organisations régionales et les ONG;
* Assurer la liaison entre la nation hôte, les parties au conflit, tant internes qu'externes, incluant les organisations régionales et les ONG ;
* Surveiller et rapporter sur les développements de la situation dans la zone d’opération;
* Surveiller et rapporter sur les développements de la situation dans la zone d’opération ;
* Protéger les civils;
* Protéger les civils ;
* Promouvoir la sécurité humaine, les mesures de construction de la confiance et les arrangements de partage du pouvoir;
* Promouvoir la sécurité humaine, les mesures de construction de la confiance et les arrangements de partage du pouvoir ;
* Appuyer la mise en place de traités de paix;
* Appuyer la mise en place de traités de paix ;
* Appuyer la transition des États ou des territoires où l'opération se déroule vers un gouvernement stable basé sur des principes démocratiques, la bonne gouvernance et le développement économique.
* Appuyer la transition des États ou des territoires où l'opération se déroule vers un gouvernement stable basé sur des principes démocratiques, la bonne gouvernance et le développement économique.


=== Générations de mission de paix et doctrine Capstone ===
=== Générations de mission de paix et doctrine Capstone ===
La doctrine Capstone vient, en 2008, conceptualiser les actions de l'ONU par rapport à la paix.


Les missions de première génération se situent principalement dans la zone « Maintien de la paix » qui arrive après qu'un cessez-le-feu a été trouvé par les parties.
La doctrine Capstone vient, en 2008, conceptualise les actions de l'ONU par rapport à la paix.

Les missions de première génération se situent principalement dans la zone « Maintien de la paix » qui arrive après qu'un cessez-le-feu ait été trouvé par les parties.


Les missions de deuxième génération se situent principalement dans la zone « Rétablissement de la paix » lorsque l'ONU intervient durant un conflit actif pour créer les conditions à l'établissement d'un cessez-le-feu.
Les missions de deuxième génération se situent principalement dans la zone « Rétablissement de la paix » lorsque l'ONU intervient durant un conflit actif pour créer les conditions à l'établissement d'un cessez-le-feu.
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== Budget ==
== Budget ==
Un budget est alloué par l'ONU aux casques bleus. En 2021, celui-ci s'élevait à un peu moins de 7 milliards de dollars par an<ref>{{Lien web |langue=en |titre=How we are funded |url=https://peacekeeping.un.org/en/how-we-are-funded |site=United Nations Peacekeeping |consulté le=2021-06-25}}</ref>.
Un budget est alloué par l'ONU aux casques bleus.


En 2017, ce budget est diminué de 7,2%, soit 600 millions de dollars de moins, à la demande des États-Unis<ref>{{Article|langue=fr|titre=Accord à l'ONU pour une baisse du budget des Casques bleus|périodique=LExpress.fr|date=2017-06-29|lire en ligne=http://www.lexpress.fr/actualites/1/monde/accord-a-l-onu-pour-une-baisse-du-budget-des-casques-bleus_1922651.html|consulté le=2017-06-30}}</ref>.
En 2017, ce budget est diminué de 7,2%, soit {{nombre|600|millions}} de dollars de moins, à la demande des États-Unis<ref>{{Article|langue=fr|titre=Accord à l'ONU pour une baisse du budget des Casques bleus|périodique=LExpress.fr|date=2017-06-29|lire en ligne=http://www.lexpress.fr/actualites/1/monde/accord-a-l-onu-pour-une-baisse-du-budget-des-casques-bleus_1922651.html|consulté le=2017-06-30}}</ref>.


== Mémorial ==
== Mémorial ==
En [[France]], un [[mémorial]] a été créé dans le cimetière communal de [[Mouzillon]] où est organisée une cérémonie annuelle en septembre en la mémoire des {{formatnum:3500}} soldats morts en mission pour les Nations unies depuis 1948<ref>{{Lien web |url=http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2012/09/24/une-ceremonie-au-memorial-des-casques-bleus-de-mouzillon-44.html |titre=Une cérémonie au mémorial des Casques bleus de Mouzillon (44), le 28 septembre |éditeur=[[Ouest-France]] |consulté le=16 février 2013 }}.</ref>.
En [[France]], un [[mémorial]] a été créé dans le cimetière communal de [[Mouzillon]] où est organisée une cérémonie annuelle en septembre en la mémoire des {{nombre|3500|soldats}} morts en mission pour les Nations unies depuis 1948<ref>{{Lien web |url=http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2012/09/24/une-ceremonie-au-memorial-des-casques-bleus-de-mouzillon-44.html |titre=Une cérémonie au mémorial des Casques bleus de Mouzillon (44), le 28 septembre |site=lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr|date=24-09-2012|consulté le=16 février 2013 }}.</ref>.

== Controverses ==
Des militaires, des policiers mais également des personnels civils de l’ONU sont régulièrement mis en cause dans des affaires d’exploitation et d’abus sexuels (dont des mineures)<ref>{{Lien web |langue=fr|auteur1=Céline Boff|titre=Les Casques bleus régulièrement accusés de crimes sexuels |url=https://www.20minutes.fr/monde/1817963-20160401-1992-2016-casques-bleus-regulierement-accuses-crimes-sexuels |site=20minutes.fr|date=01-04-2016|consulté le=2021-07-04}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr|auteur1=Laure Cometti|titre=L'ONU est-elle impuissante face aux abus sexuels des Casques bleus? |url=https://www.20minutes.fr/monde/1817939-20160401-centrafrique-onu-impuissante-face-abus-sexuels-commis-casques-bleus |site=20minutes.fr|date=01-04-2016|consulté le=2021-07-04}}</ref>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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* [[Maintien de la paix]]
* [[Maintien de la paix]]
* [[Département des opérations de maintien de la paix]]
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* [[Liste des opérations de maintien de la paix]]
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* [[Réseau francophone de recherche sur les opérations de paix]]
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* [[Economic Community of West African States Cease-fire Monitoring Group|Casque blanc]]
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* [[Imposition de la paix]]
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* [[Journée internationale des Casques bleus]]
* [[Centre de service mondial des Nations Unies]]


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Dernière version du 18 juin 2023 à 09:05

Force de maintien de la paix des Nations unies
« Casques bleus »
Image illustrative de l’article Force de maintien de la paix des Nations unies
Logo

Création
Pays Monde Monde
Allégeance Drapeau des Nations unies ONU
Type Force de maintien de la paix
Fait partie de Département des opérations de maintien de la paix
Couleurs bleu
Commandant Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix
Drapeau de la France Jean-Pierre Lacroix
Casque bleu norvégien durant le siège de Sarajevo (1992-1995)

La Force de maintien de la paix de l'Organisation des Nations unies (couramment Casques bleus en référence à la couleur bleue de leur casque) est une force militaire ayant pour rôle le « maintien ou [le] rétablissement de la paix et de la sécurité internationale »[1], sur ordre du Conseil de sécurité ou à la demande de l'Assemblée générale, agissant en vertu de la résolution 377, des Nations unies. Ainsi, a-t-elle été envoyée dans plusieurs zones de conflits pour protéger la population ou encore servir de force d'interposition.

Cette force ne constitue pas une armée des Nations unies, les Casques bleus étant principalement des militaires prêtés par des pays membres de l'ONU et dans certains cas des civils œuvrant dans la police ou l'administration.

Dans certains cas, cette action de maintien de la paix peut être confiée à une organisation internationale non affiliée au système des Nations unies ou encore à une coalition d'États. Ainsi, le Conseil de sécurité a donné à plusieurs reprises mandat à l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) ou à la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) à travers l'Economic Community of West African States Cease-fire Monitoring Group (ECOMOG).

Rôles[modifier | modifier le code]

Les Casques bleus peuvent être chargés :

  • de surveiller l'application d'un cessez-le-feu ;
  • de désarmer et de démobiliser les combattants ;
  • de protéger les populations civiles ;
  • de faire du maintien de l'ordre ;
  • de former une police locale ;
  • de déminer ;
  • de protéger les réfugiés ;
  • d'assurer le maintien des droits de l'homme.

Suivant le mandat donné par le Conseil de sécurité des Nations unies, ces rôles peuvent être combinés. Les Forces de maintien de la paix sont organisées depuis 1992 par le Département des opérations de maintien de la paix.

Origine[modifier | modifier le code]

La première force de maintien de la paix de l'ONU fut envoyée en 1948, avec pour mission de surveiller la trêve de la guerre arabo-israélienne. Cette force n'était pas armée et n'était là qu'en tant qu'observateur.

La première intervention armée eut lieu en 1956, lors de la crise du canal de Suez. Elle fut créée à la suite d'une résolution présentée à l'Assemblée générale des Nations unies, par le ministre canadien des Affaires étrangères, Lester B. Pearson, qui se verra décerner l'année suivante le prix Nobel de la paix. Elle fut créée par l'Assemblée Générale en application de la Résolution Union pour le maintien de la paix, 377 (V), ou Résolution Acheson, en vertu de laquelle l'AGNU dispose d'une compétence subsidiaire de recommandation dans le domaine de la sécurité internationale, si le conseil constate son incapacité, notamment par une utilisation du véto d'un des membres permanents.

Les Casques bleus ont reçu le prix Nobel de la paix en 1988[2].

Évolution des trois principes régissant son intervention[modifier | modifier le code]

AML-90 français durant les guerres yougoslaves

La mission de maintien de la paix était encadrée par trois règles auxquelles les États tenaient absolument et qui ont façonné sa définition classique :

  • le consentement des parties en conflit à l'intervention ;
  • l'impartialité des Casques bleus face aux forces en présence ;
  • la limitation de l'usage de la force par les Casques bleus à des fins de légitime défense uniquement. Il n'était pas question d'ouvrir le feu pour imposer la paix. À l'exception notable de la mission au Congo, en 1960-1964, où la force fut effectivement utilisée pour mettre fin à la sécession de l'État du Katanga, la notion classique du maintien de la paix a guidé la mise sur pied des missions de paix de l'ONU jusqu'au début des années 1990.

Cette doctrine a ensuite été revue, à la suite de plusieurs massacres, notamment au Rwanda et en Yougoslavie, commis sur la population alors que des Casques bleus étaient présents[3].

Depuis, la plupart des mandats autorisent l'usage de la force si la population est en danger.

Évolution des missions de paix au fil du temps[modifier | modifier le code]

Plusieurs chercheurs, dont Michel Liégeois, professeur de relations internationales à l'Université catholique de Louvain qui dirige la section « Europe » du Réseau de recherche sur les opérations de paix, ont proposé de classer les opérations de maintien de la paix selon leur « génération »[4]. De son côté, Kai Michael Kenke, professeur à la Pontifícia Universidade Católica de Rio de Janeiro, propose plutôt une typologie à cinq générations[5].

Missions de première génération[modifier | modifier le code]

Cette catégorie de missions de paix, dite de première génération[6], fait référence à la façon traditionnelle ou classique de procéder. Généralement autorisées par le Conseil de sécurité de l’ONU, elles visent à faire respecter un accord de cessez-le-feu préalablement signé entre les États belligérants. Ce type de mission fut le plus commun pendant la guerre froide.

Ces missions présentent les caractéristiques suivantes :

  • Elles ont été créées en vertu du chapitre VI de la Charte de l’ONU par le Conseil de sécurité ;
  • Elles interviennent dans le cadre de conflit entre deux États reconnus par la communauté internationale, ce qui interdit de les employer dans un pays en guerre civile ou en révolution ;
  • Les belligérants ont signé un accord de cessez-le-feu avant que la mission soit créée et ils consentent au déploiement de casques bleus onusiens ;
  • Les casques bleus onusiens ont le mandat de créer une zone tampon entre les États en conflit afin d’éviter la reprise des affrontements ;
  • Les casques bleus onusiens sont neutres et impartiaux face au conflit ;
  • Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (États-Unis, France, Grande-Bretagne, Chine et Russie) ne contribuent pas à ces missions, pour éviter tout conflit entre grandes puissances. Cette caractéristique est partiellement tombée en désuétude à la fin de la Guerre froide ;
  • Les casques bleus onusiens sont majoritairement des militaires, légèrement armés ; leurs règles d'engagement n'autorisent un recours à la force qu’en situation de légitime défense.

Missions de deuxième génération[modifier | modifier le code]

Les opérations de paix de deuxième génération font leur apparition après la fin de la guerre froide[7]. La principale raison étant que la Russie et les États-Unis ne paralysent plus systématiquement le Conseil de Sécurité de l'ONU avec leur droit de veto respectif. Dans l’Agenda pour la paix du secrétaire-général Boutros Boutros-Ghali, rendu public en 1992, on évoque la possibilité pour l’ONU de mettre sur pied des missions de paix plus musclées et agissant dans des circonstances plus variées.

Principales caractéristiques de ces missions :

  • Elles ont été créées en vertu du chapitre VII de la Charte de l’ONU par le Conseil de Sécurité qui permet l'usage de la contrainte en cas de menace contre la paix ou d'une rupture de la paix ;
  • Les belligérants n’ont plus besoin d’être des États reconnus. Il devient donc possible des déployer des forces lors de guerres civiles ;
  • Les casques bleus onusiens peuvent intervenir dans des conflits à l’intérieur des États ;
  • Les casques bleus onusiens s’affairent à créer les conditions propices à la paix plutôt que de maintenir une paix que garantit un accord de cessez-le-feu ;
  • Le consentement des parties n’est plus un prérequis à la création d’une opération ;
  • Les casques bleus onusiens ne sont plus considérés comme neutres et impartiaux ;
  • Puisque les casques bleus onusiens interviennent sans l’accord de toutes les factions, il arrive qu’ils soient considérés comme des ennemis et soient pris pour cible.
  • Les casques bleus onusiens interviennent dans des environnements souvent hostiles, où ils peuvent être appelés à ouvrir le feu pour imposer leur mandat ; leurs règles engagement permettent plus facilement le recours à la force ;
  • Les grandes puissances peuvent participer aux missions.

Missions de troisième génération[modifier | modifier le code]

On se sert généralement du terme « opérations de troisième génération » pour désigner les missions de paix qui ne sont pas de première, ni de deuxième génération. C'est donc une définition plus négative que positive. En général ces opérations ont des tâches plus diverses et complexes que les missions de première et deuxième génération. Il est à noter que les actions à proprement parler coercitives sont généralement confiées à des organisations régionales, telles que l'OTAN ou la CEDEAO[8].

Parmi les tâches qui incombent souvent à ces missions[9] :

  • Déploiement pour empêcher la contagion au-delà des frontières ;
  • Stabiliser les situations conflictuelles après un cessez-le-feu et créer les conditions pour une paix durable;
  • Aider à rétablir l'ordre et la qualité des processus judiciaires ;
  • Surveiller le respect des droits humains et du droit international humanitaire ;
  • Assurer la liaison entre la nation hôte, les parties au conflit, tant internes qu'externes, incluant les organisations régionales et les ONG ;
  • Surveiller et rapporter sur les développements de la situation dans la zone d’opération ;
  • Protéger les civils ;
  • Promouvoir la sécurité humaine, les mesures de construction de la confiance et les arrangements de partage du pouvoir ;
  • Appuyer la mise en place de traités de paix ;
  • Appuyer la transition des États ou des territoires où l'opération se déroule vers un gouvernement stable basé sur des principes démocratiques, la bonne gouvernance et le développement économique.

Générations de mission de paix et doctrine Capstone[modifier | modifier le code]

La doctrine Capstone vient, en 2008, conceptualiser les actions de l'ONU par rapport à la paix.

Les missions de première génération se situent principalement dans la zone « Maintien de la paix » qui arrive après qu'un cessez-le-feu a été trouvé par les parties.

Les missions de deuxième génération se situent principalement dans la zone « Rétablissement de la paix » lorsque l'ONU intervient durant un conflit actif pour créer les conditions à l'établissement d'un cessez-le-feu.

Les missions de troisième génération se situent principalement dans la zone « Consolidation de la paix » mais, en réalité, peut déborder le strict cercle de la consolidation.

Budget[modifier | modifier le code]

Un budget est alloué par l'ONU aux casques bleus. En 2021, celui-ci s'élevait à un peu moins de 7 milliards de dollars par an[10].

En 2017, ce budget est diminué de 7,2%, soit 600 millions de dollars de moins, à la demande des États-Unis[11].

Mémorial[modifier | modifier le code]

En France, un mémorial a été créé dans le cimetière communal de Mouzillon où est organisée une cérémonie annuelle en septembre en la mémoire des 3 500 soldats morts en mission pour les Nations unies depuis 1948[12].

Controverses[modifier | modifier le code]

Des militaires, des policiers mais également des personnels civils de l’ONU sont régulièrement mis en cause dans des affaires d’exploitation et d’abus sexuels (dont des mineures)[13],[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Charte des Nations unies - Chapitre VII - Action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d'acte d'agression », Nations unies (consulté le ).
  2. (en) « The Nobel Peace Prize 1988 », Nobel Foundation (consulté le ).
  3. Sandra Szurek, « Pluie de critiques sur les casques bleus : Nécessaire réforme des missions de l’ONU », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne)
  4. « « Action pour le maintien de la paix » : dernier avatar de l’éternelle réforme des opérations de paix de l’ONU »
  5. (en) Kai Michael Kenkel, « Five generations of peace operations : from the “thin blue line” to “painting a country blue” », Revista Brasilena de Política Internaciaonal, 56 (1),‎ , p. 122-143 (lire en ligne)
  6. Charles Létourneau, « Générations d'opérations de paix », sur operationspaix.net, (consulté le )
  7. Charles Létourneau, « GÉNÉRATIONS D'OPÉRATIONS DE PAIX », sur operationspaix.net, (consulté le )
  8. Charles Létourneau, « GÉNÉRATIONS D'OPÉRATIONS DE PAIX », sur operationspaix.net, (consulté le )
  9. (en) « The Ongoing Evolution Of Peacekeeping », sur pom.peacebuild.ca (consulté le )
  10. (en) « How we are funded », sur United Nations Peacekeeping (consulté le )
  11. « Accord à l'ONU pour une baisse du budget des Casques bleus », LExpress.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. « Une cérémonie au mémorial des Casques bleus de Mouzillon (44), le 28 septembre », sur lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr, (consulté le ).
  13. Céline Boff, « Les Casques bleus régulièrement accusés de crimes sexuels », sur 20minutes.fr, (consulté le )
  14. Laure Cometti, « L'ONU est-elle impuissante face aux abus sexuels des Casques bleus? », sur 20minutes.fr, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]