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[[Image:Jean_Maritz_signature_1745.jpg|thumb|Signature de Jean Maritz II, le fils de Jean Maritz, sur le fût d'un canon (''Uranie'') coulé en 1745.]]
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[[Fichier:Maritz method.jpg|thumb|Le procédé Maritz pour l’alésage horizontal des canons (Encyclopédie de Diderot et d'Alembert).]]
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'''Jean Maritz''', né à [[Berthoud]] en [[1680]] et mort en [[1743]], est un mécanicien suisse appelé en France au poste de Commissaire des Fontes à [[Strasbourg]]<ref name="Corvisier331">Cf. {{ouvrage|titre=Dictionnaire d'art et d'histoire militaires| prénom= André |nom=Corvisier|éditeur=[[PUF]]|année=1988|publi=1992, 2e|isbn=2-13-040178-0 |pages=896|passage=331 |collection=Grands dictionnaires|lire en ligne=http://books.google.com/books?id=nEQ7FUAdmc8C&pg=PA837&dq=Valli%C3%A8re+system}}</ref>. Il y mit au point une [[alésage|machine à aléser]] verticale, puis une machine à aléser horizontale. Ces inventions révolutionnèrent la fabrique des canons dans la France du {{s|XVIII}}, en tant que composant stratégique du [[Jean-Florent Vallière|système Vallière]], et étape décisive vers le [[Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval|système Gribeauval]] ultérieur. Elles constituent un chaînon technologique dans le développement de la [[machine-outil]].
[[Fichier:Maritz method.jpg|thumb|Le procédé Maritz pour l’alésage horizontal des canons ([[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers|Encyclopédie de Diderot et d'Alembert]]).]]
'''Jean Maritz''', né à [[Berthoud]] en [[1680]] et mort à [[Genève]] en [[1743]]<ref>[https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/031525/2008-04-08/ ''Dictionnaire historique de la Suisse'']</ref>, est un mécanicien suisse appelé en France au poste de Commissaire des Fontes à [[Strasbourg]]<ref name="Corvisier331">Cf. {{Ouvrage|prénom1=André|nom1=Corvisier|lien auteur1=André Corvisier|titre=Dictionnaire d'art et d'histoire militaires|éditeur=[[PUF]]|collection=Grands dictionnaires|année=1988|réimpression=1992, 2e|pages totales=896|passage=331|isbn=978-2-13-040178-0|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=nEQ7FUAdmc8C&pg=PA837&dq=Valli%C3%A8re+system}}</ref>. Il y mit au point une [[alésage|machine à aléser]] verticale, puis une machine à aléser horizontale. Ces inventions révolutionnèrent la fabrique des canons dans la France du {{s|XVIII}}, en tant que composant stratégique du [[Jean-Florent Vallière|système Vallière]], et étape décisive vers le [[Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval|système Gribeauval]] ultérieur. Elles constituent un chaînon technologique dans le développement de la [[machine-outil]].


== Biographie ==
== Biographie ==
[[Fichier:De_Valliere_canon_de_12_top_view.jpg|thumb|left|200px|Un canon de 12 [[Jean-Florent Vallière|de Vallière]], coulé par Maritz en 1736.]]
[[Fichier:De_Valliere_canon_de_12_top_view.jpg|thumb|left|200px|Un canon de 12 [[Jean-Florent Vallière|de Vallière]], coulé par Maritz en 1736.]]
[[Fichier:Vertical cannon drilling.jpg|thumb|Alésage vertical des canons.]]
[[Fichier:Vertical cannon drilling.jpg|thumb|Alésage vertical des canons.]]
[[Fichier:Jean_Maritz_cannons.jpg|thumb|Canons de 24 coulé par Jean Maritz.]]
[[Fichier:Jean_Maritz_cannons.jpg|thumb|Canons de 24 coulés par Jean Maritz.]]
Jean Maritz mit au point sa première [[alésage|machine à aléser]] verticale pour forer les canons en France en 1713<ref>D'après Cyril S. Smith et Martha Gnuci, note p.223 de leur édition du ''[http://books.google.com/books?id=ruBbKRKGeOwC&pg=PA223&dq=Gaspard+Monge+cannon#PPA223,M1 De Pyrotechnia]'' de [[Vannoccio Biringuccio]], éd. Dover</ref>{{,}}<ref>Cf. {{ouvrage|auteur=Ian McNeil|titre=An Encyclopaedia of the History of Technology| passage=396 |lire en ligne=http://books.google.com/books?id=WW4Q-vMA6IMC&pg=PA396&dq=Maritz+vertical}}</ref>. Il s'écartait ainsi des [[Jean-Jacques Keller|méthodes des Keller]], qui tâchaient d'obtenir la perce du canon dès l'étape de fonte par interposition d'un noyau réfractaire en argile cassé en fin de refroidissement, mais avec une précision qui restait aléatoire<ref name="Weir132"/>. L'idée de Maritz était naturellement d'utiliser le poids du canon pour le maintenir au contact de l'outil de perce (le mandrin)<ref>Cf. Daumas p. 260 ; Daumas estime d'ailleurs que l'idée de percer les canons de cette façon est antérieure aux constructions de Maritz.</ref> Mais la technique d'alésage vertical, qui supposait une rotation lente et bien contrôlée du fût, n'était cependant pas sans difficultés, et était d'une grande lenteur<ref name="Pritchard152">Cf. {{ouvrage|éditeur=McGill-Queen's Press |auteur=James S. Pritchard|titre=Louis XV's Navy, 1748-1762| passage=151-152|lire en ligne=http://books.google.com/books?id=iW-SY6OT6x0C&pg=PA151&dq=maritz+drilling&lr=#PPA152,M1|année=1987|pages=285|lieu=Montréal}}</ref>.
Jean Maritz mit au point sa première [[alésage|machine à aléser]] verticale pour forer les canons en France en 1713<ref>D'après Cyril S. Smith et Martha Gnuci, note p.223 de leur édition du ''[https://books.google.com/books?id=ruBbKRKGeOwC&pg=PA223&dq=Gaspard+Monge+cannon#PPA223,M1 De Pyrotechnia]'' de [[Vannoccio Biringuccio]], éd. Dover</ref>{{,}}<ref>Cf. {{Ouvrage|auteur1=Ian McNeil|titre=An Encyclopaedia of the History of Technology|éditeur=|année=|passage=396|isbn=|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=WW4Q-vMA6IMC&pg=PA396&dq=Maritz+vertical}}</ref>. Il s'écartait ainsi des [[Jean-Jacques Keller (fondeur)|méthodes des Keller]], qui tâchaient d'obtenir la perce du canon dès l'étape de fonte par interposition d'un noyau réfractaire en argile cassé en fin de refroidissement, mais avec une précision qui restait aléatoire<ref name="Weir132"/>. L'idée de Maritz était naturellement d'utiliser le poids du canon pour le maintenir au contact de l'outil de perce (le mandrin)<ref>Cf. Daumas p. 260 ; Daumas estime d'ailleurs que l'idée de percer les canons de cette façon est antérieure aux constructions de Maritz.</ref>. Mais la technique d'alésage vertical, qui supposait une rotation lente et bien contrôlée du fût, n'était cependant pas sans difficultés, et était d'une grande lenteur<ref name="Pritchard152">Cf. {{Ouvrage|auteur1=James S. Pritchard|titre=Louis XV's Navy, 1748-1762|lieu=Montréal|éditeur=McGill-Queen's Press|année=1987|pages totales=285|passage=151-152|isbn=|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=iW-SY6OT6x0C&pg=PA151&dq=maritz+drilling}}</ref>.


C'est pourquoi Maritz s'efforça de développer une deuxième technique pour l’alésage horizontal des [[canon]]s vers 1734<ref name="Weir132">Cf. {{ouvrage|éditeur=|titre=50 Military Leaders Who Changed the World| auteur= William Weir |passage=132 |lire en ligne=http://books.google.com/books?id=b-aEtt4DnDAC&pg=PT131&dq=maritz+drilling}}</ref>{{,}}<ref>Cf. {{ouvrage|éditeur=|titre=The gun-founders of England| auteur=Charles Foulkes |passage=17 |lire en ligne=http://books.google.com/books?id=IfA8AAAAIAAJ&pg=PA17&dq=maritz+drilling}}</ref>. L’amélioration par rapport au procédé Keller fut cette fois décisive : la perce était cette fois presque parfaitement rectiligne, épousant avec une précision suffisante le diamètre des boulets, et accroissant par conséquent l'efficacité du tir par un meilleur guidage<ref name="Weir132"/>. Dans le procédé d’alésage horizontal de Maritz, le canon brut de coulé était mis en rotation dans un bâti, tandis que le mandrin était statique, comme cela s'effectue dans un [[Tour (machine-outil)|tour à bois]]<ref name="Pritchard152"/>.
C'est pourquoi Maritz s'efforça de développer une deuxième technique pour l’alésage horizontal des [[Canon (arme à feu)|canons]] vers 1734<ref name="Weir132">Cf. {{Ouvrage|auteur1=William Weir|titre=50 Military Leaders Who Changed the World|éditeur=|année=|passage=132|isbn=|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=b-aEtt4DnDAC&pg=PT131&dq=maritz+drilling}}</ref>{{,}}<ref>Cf. {{Ouvrage|auteur1=Charles Foulkes|titre=The gun-founders of England|éditeur=|année=|passage=17|isbn=|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=IfA8AAAAIAAJ&pg=PA17&dq=maritz+drilling}}</ref>. L’amélioration par rapport au procédé Keller fut cette fois décisive : la perce était presque parfaitement rectiligne, épousant avec une précision suffisante le diamètre des boulets, et accroissant par conséquent l'efficacité du tir par un meilleur guidage<ref name="Weir132"/>. Dans le procédé d’alésage horizontal de Maritz, le canon brut de coulé était mis en rotation dans un bâti, tandis que le mandrin était statique, comme cela s'effectue dans un [[Tour (machine-outil)|tour à bois]]<ref name="Pritchard152"/>.


Prenant conscience des possibilités du tir profond, les gouvernements de Lord Stanhope et de [[Robert Walpole]] commissionnèrent en 1712 [[Albrecht Borgaard]]<ref>D'après {{article|auteur=Agathon Aerni|titre=Andreas Schalch|journal= Schaffhauser Beiträge zur Geschichte. Biographien|volume= IV|collection = 58 année|année=1981|passage= 260–265|url=http://www.stadtarchiv-schaffhausen.ch/fileadmin/Redaktoren/Dokumente/Schalch_Andreas.pdf|format= PDF}}.</ref> (1659–1751) pour la fonte de nouveaux canons. Au printemps 1749, la ville de Berne confia à Samuel Maritz (1705–1786) la rénovation de son artillerie<ref>{{Ouvrage|auteur1=Peter Hug|titre=Dictionnaire Historique de la Suisse|volume=I|titre volume=Armement|lieu=Hauterive|éditeur=Gilles Attinger|année=|isbn=|lire en ligne=http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F24624.php|titre chapitre=L’armement dans l’ancienne Confédération}}</ref>. Le fils de Jean Maritz, Jean Maritz II, qui avait collaboré dans sa jeunesse aux recherches de son père, sera nommé Inspecteur Général des fonderies de canon de France en 1755<ref name="Weir132"/>.
Le fils de Jean Maritz, Jean Maritz II, qui avait collaboré dans sa jeunesse aux recherches de son père, sera nommé Inspecteur Général des fonderies de canon en 1755<ref name="Weir132"/>.


Le procédé Maritz joua un rôle décisif dans l'émergence du [[Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval|système Gribeauval]]<ref name="Corvisier331"/>{{,}}<ref>Cf. {{ouvrage|éditeur=Osprey Publishing|année=2003|collection= New Vanguard|lien langue=en|isbn=1-84176-458-2 |auteur=René Chartrand|titre=Napoleon's Guns 1792-1815: Heavy And Siege Artillery | passage=6|lire en ligne=http://books.google.com/books?id=hb7DHfs8aZ4C&pg=PA4&dq=Maritz+Gribeauval&lr=#PPA4,M1}}.</ref>.
Le procédé Maritz joua un rôle décisif dans l'émergence du [[Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval|système Gribeauval]]<ref name="Corvisier331"/>{{,}}<ref>Cf. {{Ouvrage|langue=en|auteur1=René Chartrand|titre=Napoleon's Guns 1792-1815|sous-titre=Heavy And Siege Artillery|éditeur=[[Osprey Publishing]]|collection=New Vanguard|année=2003|pages totales=48|passage=6|isbn=1-84176-458-2|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=hb7DHfs8aZ4C&pg=PA4&dq=Maritz+Gribeauval}}.</ref>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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{{Références}}
{{Références}}


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=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{ouvrage|titre=Dictionnaire d'art et d'histoire militaires| prénom= André |nom=Corvisier|éditeur=[[PUF]]|année=1988|publi=1992, 2e|isbn=2-13-040178-0 |pages=896|passage=331 |collection=Grands dictionnaires|lire en ligne=http://books.google.com/books?id=nEQ7FUAdmc8C&pg=PA837&dq=Valli%C3%A8re+system}}
* {{Ouvrage|prénom1=André|nom1=Corvisier|lien auteur1=André Corvisier|titre=Dictionnaire d'art et d'histoire militaires|éditeur=[[PUF]]|collection=Grands dictionnaires|année=1988|réimpression=1992, 2e|pages totales=896|passage=331|isbn=978-2-13-040178-0|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=nEQ7FUAdmc8C&pg=PA837&dq=Valli%C3%A8re+system}}
* {{ouvrage| prénom=Bertrand |nom=Gille (historien)|directeur=[[Maurice Daumas]] |titre=Histoire générale des techniques|année= 1964|publi= 1996|éditeur= P.U.F.| collection=Quadrige| volume= 2|chap= Le machinisme industriel (2e partie, livre 2, chap. 1)|isbn=2-13047-862-X}}
* {{Ouvrage| prénom1=Bertrand| nom1=Gille (historien)| lien auteur1=Bertrand Gille (historien)| directeur1=[[Maurice Daumas]]| titre=Histoire générale des techniques| volume=2| éditeur=[[Presses universitaires de France|P.U.F.]]| collection=Quadrige| année=1964| réimpression=1996| isbn=2-13-047862-X| titre chapitre=Le machinisme industriel (2e partie, livre 2, chap. 1)}}
* {{ouvrage|éditeur=Osprey Publishing|année=2003|collection= New Vanguard|lien langue={{en}}|isbn=1-84176-458-2 |auteur=René Chartrand|titre=Napoleon's Guns 1792-1815: Heavy And Siege Artillery|lire en ligne=http://books.google.com/books?id=hb7DHfs8aZ4C&pg=PA4&dq=Maritz+Gribeauval&lr=#PPA4,M1}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=René Chartrand|titre=Napoleon's Guns 1792-1815|sous-titre=Heavy And Siege Artillery|éditeur=[[Osprey Publishing]]|collection=New Vanguard|année=2003|pages totales=48|isbn=1-84176-458-2|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=hb7DHfs8aZ4C&pg=PA4&dq=Maritz+Gribeauval}}
* {{ouvrage|éditeur=McGill-Queen's Press |auteur=James S. Pritchard|titre=Louis XV's Navy, 1748-1762|lien langue={{en}}| passage=151-152|lire en ligne=http://books.google.com/books?id=iW-SY6OT6x0C&pg=PA151&dq=maritz+drilling&lr=#PPA152,M1|année=1987|pages=285|lieu=Montréal}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=James S. Pritchard|titre=Louis XV's Navy, 1748-1762|lieu=Montréal|éditeur=McGill-Queen's Press|année=1987|pages totales=285|passage=151-152|isbn=|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=iW-SY6OT6x0C&pg=PA151&dq=maritz+drilling}}
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[[Catégorie:Naissance à Berthoud]]
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Dernière version du 21 mai 2023 à 06:06

Jean Maritz
Portrait à l'huile par Robert Gardelle (1692-1766)
Biographie
Naissance
Décès
Activités
Enfant
Jean Maritz (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Signature de Jean Maritz II, le fils de Jean Maritz, sur le fût d'un canon (Uranie) coulé en 1745.
Le procédé Maritz pour l’alésage horizontal des canons (Encyclopédie de Diderot et d'Alembert).

Jean Maritz, né à Berthoud en 1680 et mort à Genève en 1743[1], est un mécanicien suisse appelé en France au poste de Commissaire des Fontes à Strasbourg[2]. Il y mit au point une machine à aléser verticale, puis une machine à aléser horizontale. Ces inventions révolutionnèrent la fabrique des canons dans la France du XVIIIe siècle, en tant que composant stratégique du système Vallière, et étape décisive vers le système Gribeauval ultérieur. Elles constituent un chaînon technologique dans le développement de la machine-outil.

Biographie[modifier | modifier le code]

Un canon de 12 de Vallière, coulé par Maritz en 1736.
Alésage vertical des canons.
Canons de 24 coulés par Jean Maritz.

Jean Maritz mit au point sa première machine à aléser verticale pour forer les canons en France en 1713[3],[4]. Il s'écartait ainsi des méthodes des Keller, qui tâchaient d'obtenir la perce du canon dès l'étape de fonte par interposition d'un noyau réfractaire en argile cassé en fin de refroidissement, mais avec une précision qui restait aléatoire[5]. L'idée de Maritz était naturellement d'utiliser le poids du canon pour le maintenir au contact de l'outil de perce (le mandrin)[6]. Mais la technique d'alésage vertical, qui supposait une rotation lente et bien contrôlée du fût, n'était cependant pas sans difficultés, et était d'une grande lenteur[7].

C'est pourquoi Maritz s'efforça de développer une deuxième technique pour l’alésage horizontal des canons vers 1734[5],[8]. L’amélioration par rapport au procédé Keller fut cette fois décisive : la perce était presque parfaitement rectiligne, épousant avec une précision suffisante le diamètre des boulets, et accroissant par conséquent l'efficacité du tir par un meilleur guidage[5]. Dans le procédé d’alésage horizontal de Maritz, le canon brut de coulé était mis en rotation dans un bâti, tandis que le mandrin était statique, comme cela s'effectue dans un tour à bois[7].

Prenant conscience des possibilités du tir profond, les gouvernements de Lord Stanhope et de Robert Walpole commissionnèrent en 1712 Albrecht Borgaard[9] (1659–1751) pour la fonte de nouveaux canons. Au printemps 1749, la ville de Berne confia à Samuel Maritz (1705–1786) la rénovation de son artillerie[10]. Le fils de Jean Maritz, Jean Maritz II, qui avait collaboré dans sa jeunesse aux recherches de son père, sera nommé Inspecteur Général des fonderies de canon de France en 1755[5].

Le procédé Maritz joua un rôle décisif dans l'émergence du système Gribeauval[2],[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Dictionnaire historique de la Suisse
  2. a et b Cf. André Corvisier, Dictionnaire d'art et d'histoire militaires, PUF, coll. « Grands dictionnaires », (réimpr. 1992, 2e), 896 p. (ISBN 978-2-13-040178-0, lire en ligne), p. 331
  3. D'après Cyril S. Smith et Martha Gnuci, note p.223 de leur édition du De Pyrotechnia de Vannoccio Biringuccio, éd. Dover
  4. Cf. Ian McNeil, An Encyclopaedia of the History of Technology (lire en ligne), p. 396
  5. a b c et d Cf. William Weir, 50 Military Leaders Who Changed the World (lire en ligne), p. 132
  6. Cf. Daumas p. 260 ; Daumas estime d'ailleurs que l'idée de percer les canons de cette façon est antérieure aux constructions de Maritz.
  7. a et b Cf. James S. Pritchard, Louis XV's Navy, 1748-1762, Montréal, McGill-Queen's Press, , 285 p. (lire en ligne), p. 151-152
  8. Cf. Charles Foulkes, The gun-founders of England (lire en ligne), p. 17
  9. D'après Agathon Aerni, « Andreas Schalch », Schaffhauser Beiträge zur Geschichte. Biographien, vol. IV,‎ , p. 260–265 (lire en ligne [PDF]).
  10. Peter Hug, Dictionnaire Historique de la Suisse, vol. I : Armement, Hauterive, Gilles Attinger (lire en ligne), « L’armement dans l’ancienne Confédération »
  11. Cf. (en) René Chartrand, Napoleon's Guns 1792-1815 : Heavy And Siege Artillery, Osprey Publishing, coll. « New Vanguard », , 48 p. (ISBN 1-84176-458-2, lire en ligne), p. 6.

Annexes[modifier | modifier le code]

Voir également[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]