« Accords du Plaza » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Lysosome (discuter | contributions)
Nouill (discuter | contributions)
 
(16 versions intermédiaires par 13 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
[[Image:Plaza hotel.jpg|thumb|250px|right|[[Plaza Hotel]]]]
[[Image:Plaza hotel.jpg|thumb|250px|right|[[Plaza Hotel]].]]
Les '''accords du Plaza''' sont un accord sur les [[taux de change]] signé le {{date|22|septembre|1985}} entre les [[États-Unis]], le [[Japon]], la [[Allemagne de l'Ouest|RFA]], le [[Royaume-Uni]] et la [[France]] (c'est-à-dire le [[G8|G5]]).
Les '''accords du Plaza''' sont un accord sur les [[taux de change]] signé le {{date|22|septembre|1985}} entre les [[États-Unis]], le [[Japon]], l'[[Allemagne de l'Ouest]], le [[Royaume-Uni]] et la [[France]] (c'est-à-dire le [[Groupe des sept (économie)|G5]]).


Ces pays acceptent, entre autres choses, d'intervenir sur le [[Forex|marché des changes]] afin de [[dépréciation|déprécier]] le cours du [[dollar américain]] par rapport à ceux du [[yen]] et du [[Deutsche Mark]].
Ces pays acceptent, entre autres choses, d'intervenir sur le [[Forex|marché des changes]] afin de [[dépréciation|déprécier]] le cours du [[dollar américain]] par rapport à ceux du [[yen]] et du [[mark allemand]].


Les accords ont été signés au ''[[Plaza Hotel]]'' à [[New York]].
Les accords ont été signés au [[Plaza Hotel]] à [[New York]].


== Motivation ==
== Motivation ==


Après la fin des [[accords de Bretton Woods]], en mars 1973, les grands pays se rendent compte que le "[[laissez-faire]]" sur le marché des changes ne fonctionne pas parfaitement. Il est devenu nécessaire de mener des politiques communes de stabilisation des [[taux de change]], par intervention coordonnée sur le marché des changes.
Après la fin des [[accords de Bretton Woods]], en 1976, les grands pays se rendent compte que le « [[laissez-faire]] » sur le marché des changes ne fonctionne pas parfaitement. Il est devenu nécessaire de mener des politiques communes de stabilisation des [[taux de change]], par intervention coordonnée sur le marché des changes.


Les raisons de la nécessité de cette [[dépréciation]] sont les suivantes :
Les raisons de la nécessité de cette [[dépréciation]] sont les suivantes :
Ligne 14 : Ligne 14 :
* réduire le déficit américain de la [[balance courante]], qui avait atteint 3,5 % du [[Produit intérieur brut|PIB]] ;
* réduire le déficit américain de la [[balance courante]], qui avait atteint 3,5 % du [[Produit intérieur brut|PIB]] ;
* diminuer les excédents commerciaux du [[Japon]], et stopper la croissance inquiétante de ses [[investissement]]s, en particulier [[immobilier]]s, aux [[États-Unis]].
* diminuer les excédents commerciaux du [[Japon]], et stopper la croissance inquiétante de ses [[investissement]]s, en particulier [[immobilier]]s, aux [[États-Unis]].
* appuyer la baisse du taux de chômage américain, encore élevé, qui avait atteint un niveau record en 1982<ref>cf. graphique [[:Image:Us unemployment rates 1950 2005.png]]</ref>.
* appuyer la baisse du taux de chômage américain, encore élevé, qui avait atteint un niveau record en 1982<ref>''Cf.'' graphique [[:Image:Us unemployment rates 1950 2005.png]].</ref>.


== Effets ==
== Effets ==
Ligne 22 : Ligne 22 :
L'accord de Plaza a eu l'effet escompté sur le taux de change du dollar, par rapport au mark (en à peine quinze mois, le dollar efface tous ses gains par rapport au Deutsche Mark et, fin 1986, il se retrouve à son plus bas niveau historique, celui de 1979), et surtout par rapport au yen (le taux de change baissa de 51 % en deux ans).
L'accord de Plaza a eu l'effet escompté sur le taux de change du dollar, par rapport au mark (en à peine quinze mois, le dollar efface tous ses gains par rapport au Deutsche Mark et, fin 1986, il se retrouve à son plus bas niveau historique, celui de 1979), et surtout par rapport au yen (le taux de change baissa de 51 % en deux ans).


Aux [[accords du Louvre]], en {{date||février|1987}}, les pays mettent fin aux interventions sur le marché des changes, jugeant la dépréciation du dollar suffisante et voulant éviter un « atterrissage en catastrophe ». Malgré cela, le cours du dollar continue de baisser, sous l'effet de [[spéculation]]s sur son [[taux de change]].
Aux [[accords du Louvre]], en {{date||février|1987}}, les pays mettent fin aux interventions sur le marché des changes, jugeant la dépréciation du dollar suffisante et voulant éviter un « atterrissage en catastrophe ». Malgré cela, le cours du dollar continue de baisser, sous l'effet de [[Spéculation (économie)|spéculation]]s sur son [[taux de change]].


=== Effets à long terme ===
=== Effets à long terme ===


De façon fort visible et assez rapide, les déséquilibres nés de la cacophonie des accords du Plaza et du Louvre vont conduire à une forte hausse des taux d'intérêt à long terme et au [[krach]] conjoint le [[Krach d'octobre 1987|19 octobre 1987]] des [[marché obligataire|marchés obligataires]] et des marchés d'[[Action (finance)|actions]].
De façon fort visible et assez rapide, les déséquilibres nés de la cacophonie des accords du Plaza et du Louvre vont conduire à une forte hausse des taux d'intérêt à long terme et au [[Krach d'octobre 1987|krach conjoint le 19 octobre 1987]] des [[marché obligataire|marchés obligataires]] et des marchés d'[[Action (finance)|actions]].


À plus long terme, les conséquences les plus importantes des accords du Plaza concernent l'[[économie japonaise]] : très dépendante des [[exportation]]s, celle-ci est immédiatement et particulièrement sensible à la baisse du dollar et, pour lutter contre une récession qu'elle juge inévitable, la [[Banque du Japon]] baisse cinq fois son [[taux d'escompte]] entre janvier 1986 et février 1987, le ramenant de 5,0 % à 2,5 %.
À plus long terme, les conséquences les plus importantes des accords du Plaza concernent l'[[économie japonaise]] : très dépendante des [[exportation]]s, celle-ci est immédiatement et particulièrement sensible à la baisse du dollar et, pour lutter contre une récession qu'elle juge inévitable, la [[Banque du Japon]] baisse cinq fois son [[taux d'escompte]] entre {{date-|janvier 1986}} et {{date-|février 1987}}, le ramenant de 5,0 % à 2,5 %.


Mais l'économie japonaise est également sensible aux modalités de la baisse du dollar : le pays a accumulé une [[épargne]] extérieure importante, principalement en dollars, justement, et son rapatriement tout au long de 1986 (pour éviter les pertes de valeur liées à la dépréciation du dollar), alors que les [[taux d'intérêt]] domestiques baissent, amène une augmentation importante du prix des autres placements disponibles : [[Action (finance)|actions]] et [[immobilier]]. La ''[[Bulle japonaise|bulle financière japonaise]]'' de la fin des années 1980 est en train de naître.
Mais l'économie japonaise est également sensible aux modalités de la baisse du dollar : le pays a accumulé une [[épargne]] extérieure importante, principalement en dollars, justement, et son rapatriement tout au long de 1986 (pour éviter les pertes de valeur liées à la dépréciation du dollar), alors que les [[taux d'intérêt]] domestiques baissent, amène une augmentation importante du prix des autres placements disponibles : [[Action (finance)|actions]] et [[immobilier]]. La ''[[Bulle japonaise|bulle financière japonaise]]'' de la fin des années 1980 est en train de naître.


Depuis l'épisode malheureux et surtout mal maîtrisé de 1986-87, le [[Groupe des sept (économie)|G7]] est devenu prudent et une intervention concertée sur le marché des changes n'est plus concevable que pour assurer la « stabilité du marché », selon la formule consacrée, et non pour tenter d'inverser une tendance.
Depuis l'épisode malheureux et surtout mal maîtrisé de 1986-87, le [[Groupe des sept (économie)|G7]] est devenu prudent et une intervention concertée sur le marché des changes n'est plus concevable que pour assurer la « stabilité du marché », selon la formule consacrée, et non pour tenter d'inverser une tendance.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
<references />
<references />

== Bibliographie ==

* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=|prénom1=C. Fred|nom1=Bergsten|prénom2=Russell|nom2=Green|titre=International Monetary Cooperation|sous-titre=Lessons from the Plaza Accord after Thirty Years|passage=|lieu=|éditeur=Peterson Institute for International Economics|date=avril 2016|pages totales=300|isbn=9780881327113|lire en ligne=}}
* {{Article |langue=en |auteur1=[[Jeffrey Frankel]] |titre=The Plaza Accord, 30 Years Later |périodique=NBER Working Paper Series |numéro=21813 |date=décembre 2015 |issn= |lire en ligne=https://www.nber.org/system/files/working_papers/w21813/w21813.pdf |pages= }}


== Articles connexes ==
== Articles connexes ==
Ligne 46 : Ligne 51 :


== Liens externes ==
== Liens externes ==
* {{en}} ''[http://www.g8.utoronto.ca/finance/fm850922.htm Announcement the Ministers of Finance and Central Bank Governors of France, Germany, Japan, the United Kingdom, and the United States (Plaza Accord)]'' (déclaration officielle du groupe des cinq)
* {{en}} ''[http://www.g8.utoronto.ca/finance/fm850922.htm Announcement the Ministers of Finance and Central Bank Governors of France, Germany, Japan, the United Kingdom, and the United States (Plaza Accord)]'' (déclaration officielle du groupe des cinq).
; Approfondir
; Approfondir
* [http://www.imf.org/external/pubs/ft/fandd/fre/1999/09/pdf/coeure.pdf ''Stabilité des changes : contre le laisser-faire''], [[Benoît Cœuré]] et [[Jean Pisani-Ferry]], septembre 1999
* [http://www.imf.org/external/pubs/ft/fandd/fre/1999/09/pdf/coeure.pdf ''Stabilité des changes : contre le laisser-faire''], [[Benoît Cœuré]] et [[Jean Pisani-Ferry]], {{date-|septembre 1999}}.


{{Portail|économie|relations internationales|années 1980}}
{{Portail|économie|relations internationales|années 1980|Finance}}


[[Catégorie:Forex]]
[[Catégorie:Forex]]
[[Catégorie:Histoire économique]]
[[Catégorie:Économie aux États-Unis]]
[[Catégorie:Économie américaine]]
[[Catégorie:Économie au Japon]]
[[Catégorie:Économie japonaise]]
[[Catégorie:Accord économique]]
[[Catégorie:Commerce international]]
[[Catégorie:Traité signé en 1985]]
[[Catégorie:Traité signé en 1985]]
[[Catégorie:Septembre 1985]]

[[de:Plaza-Abkommen]]
[[en:Plaza Accord]]
[[id:Perjanjian Plaza]]
[[ja:プラザ合意]]
[[ko:플라자 합의]]
[[ms:Perjanjian Plaza]]
[[vi:Thỏa ước Plaza]]
[[zh:广场协议]]

Dernière version du 11 juillet 2022 à 08:19

Plaza Hotel.

Les accords du Plaza sont un accord sur les taux de change signé le entre les États-Unis, le Japon, l'Allemagne de l'Ouest, le Royaume-Uni et la France (c'est-à-dire le G5).

Ces pays acceptent, entre autres choses, d'intervenir sur le marché des changes afin de déprécier le cours du dollar américain par rapport à ceux du yen et du mark allemand.

Les accords ont été signés au Plaza Hotel à New York.

Motivation[modifier | modifier le code]

Après la fin des accords de Bretton Woods, en 1976, les grands pays se rendent compte que le « laissez-faire » sur le marché des changes ne fonctionne pas parfaitement. Il est devenu nécessaire de mener des politiques communes de stabilisation des taux de change, par intervention coordonnée sur le marché des changes.

Les raisons de la nécessité de cette dépréciation sont les suivantes :

  • arrêter la bulle spéculative sur le dollar américain ;
  • réduire le déficit américain de la balance courante, qui avait atteint 3,5 % du PIB ;
  • diminuer les excédents commerciaux du Japon, et stopper la croissance inquiétante de ses investissements, en particulier immobiliers, aux États-Unis.
  • appuyer la baisse du taux de chômage américain, encore élevé, qui avait atteint un niveau record en 1982[1].

Effets[modifier | modifier le code]

Dix milliards de dollars sont dépensés sur les marchés des changes[réf. souhaitée].

L'accord de Plaza a eu l'effet escompté sur le taux de change du dollar, par rapport au mark (en à peine quinze mois, le dollar efface tous ses gains par rapport au Deutsche Mark et, fin 1986, il se retrouve à son plus bas niveau historique, celui de 1979), et surtout par rapport au yen (le taux de change baissa de 51 % en deux ans).

Aux accords du Louvre, en , les pays mettent fin aux interventions sur le marché des changes, jugeant la dépréciation du dollar suffisante et voulant éviter un « atterrissage en catastrophe ». Malgré cela, le cours du dollar continue de baisser, sous l'effet de spéculations sur son taux de change.

Effets à long terme[modifier | modifier le code]

De façon fort visible et assez rapide, les déséquilibres nés de la cacophonie des accords du Plaza et du Louvre vont conduire à une forte hausse des taux d'intérêt à long terme et au krach conjoint le 19 octobre 1987 des marchés obligataires et des marchés d'actions.

À plus long terme, les conséquences les plus importantes des accords du Plaza concernent l'économie japonaise : très dépendante des exportations, celle-ci est immédiatement et particulièrement sensible à la baisse du dollar et, pour lutter contre une récession qu'elle juge inévitable, la Banque du Japon baisse cinq fois son taux d'escompte entre et , le ramenant de 5,0 % à 2,5 %.

Mais l'économie japonaise est également sensible aux modalités de la baisse du dollar : le pays a accumulé une épargne extérieure importante, principalement en dollars, justement, et son rapatriement tout au long de 1986 (pour éviter les pertes de valeur liées à la dépréciation du dollar), alors que les taux d'intérêt domestiques baissent, amène une augmentation importante du prix des autres placements disponibles : actions et immobilier. La bulle financière japonaise de la fin des années 1980 est en train de naître.

Depuis l'épisode malheureux et surtout mal maîtrisé de 1986-87, le G7 est devenu prudent et une intervention concertée sur le marché des changes n'est plus concevable que pour assurer la « stabilité du marché », selon la formule consacrée, et non pour tenter d'inverser une tendance.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) C. Fred Bergsten et Russell Green, International Monetary Cooperation : Lessons from the Plaza Accord after Thirty Years, Peterson Institute for International Economics, , 300 p. (ISBN 9780881327113)
  • (en) Jeffrey Frankel, « The Plaza Accord, 30 Years Later », NBER Working Paper Series, no 21813,‎ (lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Approfondir