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John Garang se cherche alors de nouveaux soutiens internationaux européens et américains. En décembre 1992, il se rend en France pour rencontre au Quay d'Orsay le [[Ministère de la Santé et des Sports|Ministre de la Santé et de l'Action humanitaire]] [[Bernard Kouchner]], après avoir fait sa connaissance au Soudan pendant l'été 1991<ref name=":4" />.
John Garang se cherche alors de nouveaux soutiens internationaux européens et américains. En décembre 1992, il se rend en France pour rencontre au Quay d'Orsay le [[Ministère de la Santé et des Sports|Ministre de la Santé et de l'Action humanitaire]] [[Bernard Kouchner]], après avoir fait sa connaissance au Soudan pendant l'été 1991<ref name=":4" />.

Entre 1994 et 1998, le gouvernement de Khartoum, pensant avoir assez de cartes en main, s’engage sur la voie d’une négociation avec les dissidences de la SPLM, ce qui lui permet de court-circuiter John Garang<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Michel Raimbaud]]|titre=Le Soudan dans tous ses états|année=2012|pages totales=430|passage=337 à 375}}</ref>.


=== Accords de paix de 2005 et fin de la guerre civile ===
=== Accords de paix de 2005 et fin de la guerre civile ===
John Garang rend visite au pape [[Jean-Paul II]] le 5 novembre 2003<ref>{{Ouvrage|auteur1=Zygmunt L. Ostrowski|titre=Le Soudan à l'aube de la paix : combat de John Garang|éditeur=Éditions L'Harmattan|année=novembre 2005|pages totales=312|passage=59}}</ref>.
Après un cessez-le-feu en octobre [[2002]], des accords de paix entre le gouvernement arabe et [[islamisme|islamiste]] de [[Khartoum]] et les rebelles [[animisme|animistes]] et [[christianisme|chrétiens]] de la SPLA sont signés le {{Date|9|janvier|2005}}. Le gouvernement est représenté par le vice-président [[Ali Osmane Taha]] et la SPLA par John Garang, son chef historique. En [[2010]], les habitants chrétiens et [[animisme|animistes]] des régions du Soudan du Sud devront voter pour ou contre l'indépendance.

Après un cessez-le-feu en octobre 2002, des accords de paix entre le gouvernement arabe et [[islamisme|islamiste]] de [[Khartoum]] et les rebelles [[animisme|animistes]] et [[christianisme|chrétiens]] de la SPLA sont signés le {{Date|9|janvier|2005}}. Le gouvernement est représenté par le vice-président [[Ali Osmane Taha]] et la SPLA par John Garang, son chef historique. En [[2010]], les habitants chrétiens et [[animisme|animistes]] des régions du Soudan du Sud devront voter pour ou contre l'indépendance.


=== Mort ===
=== Mort ===

Version du 16 mai 2024 à 23:07

John Garang
Illustration.
John Garang en août 2004.
Fonctions
Vice-président de la République du Soudan

(6 mois et 21 jours)
Président Omar el-Bechir
Prédécesseur Ali Osmane Taha
Successeur Salva Kiir
Président de la
région autonome du Soudan du Sud

(21 jours)
Président Omar el-Bechir
Prédécesseur Premier titulaire
Successeur Salva Kiir
Biographie
Nom de naissance John Garang de Mabior
Date de naissance
Lieu de naissance Wangulei (Soudan anglo-égyptien)
Date de décès (à 60 ans)
Lieu de décès New Cush (Soudan)
Nationalité Soudanaise
Parti politique Mouvement populaire de libération du Soudan
Conjoint Rebecca Nyandeng De Mabior
Enfants 2, dont Akuol De Mabior
Diplômé de Grinnell College
Université d'État de l'Iowa
Profession Militaire
Économiste
Religion Catholicisme

John Garang
Vice-présidents de la République du Soudan

John Garang (de Mabior) est un homme politique et militaire soudanais, né le dans le village de Wangulei dans la province de Jonglei, aux environs de Bor, dans l'actuel Soudan du Sud et mort le près de New Cush (Soudan du Sud).

Biographie

Jeunesse et études

John Garang né le 23 juin 1945 à Wagkulei, dans la province de Jonglei, dans une famille pauvre chrétienne dinka[1]. Après avoir perdu ses deux parents à l'âge de 9 et 11 ans, il fréquente l’école primaire de la colonisation britannique puis le collège de Rumbek, dans la région de Bahr-al-Ghazal)[1]. En 1964, il rejoint la Tanzanie où il poursuit ses études secondaires au Collège de Lushoto. puis à l'université de Dar es Salam où il fait la connaissance de Yoweri Museveni, le futur Président de l’Ouganda et d’Eduardo Mondlane, le futur fondateur du Front de libération du Mozambique[1] Il s’imprègne des idées révolutionnaires de l'époque, notamment marxistes, puis poursuit ses études en sciences économiques au Grinnell College (Iowa, États-Unis), dont il sort diplômé à 23 ans[2].

En 1971, lors de la première guerre civile soudanaise, il rejoint le mouvement rebelle Anyanya (qui réclame l'indépendance du sud du Soudan) contre le régime de Khartoum[1]. Lors de cette première expérience de combat, il s'instruit sur la stratégie militaire en étudiant des classiques comme les œuvres de Sun Tzu, Carl von Clausewitz, Mao Zedong et Charles de Gaulle[2].

Après la signature d’un accord de paix à Addis-Abeba en 1972, il est intégré dans l’armée soudanais avec le grade de capitaine[3]. Devenu colonel, il se rend aux États-Unis (alliés du gouvernement soudanais) pour y recevoir une formation militaire sur la base de Fort-Benning en Géorgie[3]. En 1976, il se marie avec la femme politique Rebecca Nyandeng De Mabior, avec qui il aura deux filles dont la réalisatrice et mannequin Akuol De Mabior[4]. L'année suivante un doctorat d'économie agricole[3] sur le développement agricole du sud du Soudan[1]. De retour au Soudan en 1981, il reprend sa place dans l'armée, et enseigne au Collège Militaire de Khartoum[1].

Deuxième guerre civile soudanaise

De la reprise de la guerre à l'accord d'Addis-Abeba de 1988

En début d'année 1983, le général Gaafar Nimeiry au pouvoir au Soudan abroge les accord d'Addis-Abeba ce qui provoque plusieurs soulèvements a sud du pays. En mai, John Garang, chrétien et dinka comme la majorité de la population sud-soudanaise, est envoyé par le gouvernement central pour calmer la mutinerie d'une garnison, le bataillon 105 de 2 000 à 3 000 soldats, stationnée à Bor[3]. Sur place, il désobéit aux ordres, se rallie aux mutins, et fonde avec eux l'Armée de Libération du Peuple du Soudan (SPLA)[3], Le 31 juillet, à la suite de plusieurs rencontres entre différents opposants au gouvernement, John Garang proclame le « Manifeste du Mouvement Populaire Soudanais », avec pour objectif de lutter pour l'établissement du Soudan, « uni, laïc et démocratique »[5]. Son objectif est aussi économique, que les ressources pétrolières du sud du pays bénéficie davantage aux populations qui habitent sur ces terres[5]. Le SPLM est d’emblée soutenu par l'Union soviétique, et par le régime éthiopien de Mengistu Haile Mariam qui lui permet d'installer son quartier général à Addis-Abeba[1].

Le 9 septembre Gaafar Nimeiry impose la loi islamique à l’ensemble du Soudan, enfonçant le Soudan dans la deuxième guerre civile[5]. En février 1984 les groupes rebelles du sud attaquent les installations pétrolières de Chevron et le chantier du canal de Jonglei conduit par l’entreprise Grands travaux de Marseille, leur reprochant l'exploitation de leurs terres et de leurs ressoudes pour le compte du gouvernement central[6].

Le , confronté à des contestations croissantes et à des revers militaires dans le sud du pays, Gaafar Nimeiry en visite à Washington, est renversé par un coup d'État organisé par son Ministre de la Défense, le général Swar-ed-Dahab[7]. Ce dernier prend la présidence du Conseil militaire de transition. et invite John Garang à venir à Khartoum pour prendre part au gouvernement provisoire[6]. Mais le colonel sudiste, méfiant, refuse cette offre qui implique que les rebelles déposeraient les armes, évoquant une ressemblance du nouveau gouvernement militaire en place et son prédécesseur[6]. Abdel Rahman Swar al-Dahab démissionne pourtant l'année suivante, et un nouveau gouvernement, civil cette fois-ci lui succède sous la présidence d'Ahmed al-Mirghani, et Sadeq al-Mahdi comme Premier ministre[8]. Après une première rencontre infructueuse entre ce dernier et John Garang à Kampala le 4 décembre 1987[6], un accord de paix est finalement signé entre les deux hommes à Addis-Abeba le 16 novembre 1988[9]. Entre temps, la SPLA remporte sur série de succès militaire au sud du pays[9]. Cet accord prévoit la réunion d'une conférence constitutionnelle pour mettre fin à la guerre, un gel des lois islamiques, une levée de l'état d'urgence, et une dénonciation des pactes militaires[6]. Sadeq al-Mahdi, affaibli par une crise économique, voit son pouvoir être contesté par les islamistes, et se voit obligé d’associer au pouvoir le « National Islamic Front » d'Hassan Al-Tourabi[1]. Mais cela ne suffit pas à le maintenir au pouvoir[1].

Coup d'État d'Omar el-Béchir et reprise du conflit

Le 30 juin 1989, il est à son tour renversé par un coup d'État qui ramène au pouvoir un gouvernement militaire et islamiste dirigé par Omar el-Bechir et Hassan Al-Tourabi[10]. Paradoxalement, cette dérive autoritaire du pouvoir soudanais est vue comme une opportunité pour John Garang, de s'afficher en réformateur, démocrate, et rassembleur du peuple soudanais dans sa diversité[11]. Une coalition politique soudanaise laïque et démocratique se forme en opposition à ce nouveau gouvernement, la « National Democratic Alliance » (NDA), rassemblant des forces sudistes comme nordistes, que la SPLA rejoint en 1990[11]. John Garang obtient le commandement de la branche militaire de la NDA, étant donné que c'est lui qui dirige le groupe d’opposition armée le lus puissant[11].

Sur le front de la guerre civile, de le prise de pouvoir d'Omar el-Béchir à décembre 1991, aucun changement significatif n’est constaté dans le rapport des forces sur le terrain[11]. Tandis que sur la scène internationale, après avoir été dans un premier temps reconnu par les États-Unis et les pays arabes du Golfe, le gouvernement d'Omar el-Bechir décide de soutenir le gouvernement irakien de Saddam Hussein lors de l'invasion du Koweït puis de la guerre du Golfe, provoquant son isolement sur la scène internationale[9].

En 1991, la rébellion de John Garang est toutefois affaiblie en interne par la sécession, avec leurs soldats, des commandants Riak Machar et Lam Akol qui fondent leurs propres factions séparés de la SPLM (la « SPLM-Torit » et la « SPLM-Nasir »)[12] . Tandis qu'à l'international la chute du régime communiste éthiopien de Mengistu Haile Mariam le prive de son principal soutien étranger[8]. Le gouvernement central en profite pour nouer de nouvelles et bonnes relations avec le nouveau gouvernement éthiopien de Meles Zenawi, et passe par son territoire pour attaquer et prendre la ville de Kapoeta[12]. De son côté, la NDA, tout en se targuant de rassembler toutes les forces d’opposition, peine à s’affirmer sur le terrain politique[11].

John Garang se cherche alors de nouveaux soutiens internationaux européens et américains. En décembre 1992, il se rend en France pour rencontre au Quay d'Orsay le Ministre de la Santé et de l'Action humanitaire Bernard Kouchner, après avoir fait sa connaissance au Soudan pendant l'été 1991[12].

Entre 1994 et 1998, le gouvernement de Khartoum, pensant avoir assez de cartes en main, s’engage sur la voie d’une négociation avec les dissidences de la SPLM, ce qui lui permet de court-circuiter John Garang[13].

Accords de paix de 2005 et fin de la guerre civile

John Garang rend visite au pape Jean-Paul II le 5 novembre 2003[14].

Après un cessez-le-feu en octobre 2002, des accords de paix entre le gouvernement arabe et islamiste de Khartoum et les rebelles animistes et chrétiens de la SPLA sont signés le . Le gouvernement est représenté par le vice-président Ali Osmane Taha et la SPLA par John Garang, son chef historique. En 2010, les habitants chrétiens et animistes des régions du Soudan du Sud devront voter pour ou contre l'indépendance.

Mort

John Garang est investi vice-président le 9 juillet mais meurt le , avec 13 autres personnes, dans un accident d'hélicoptère en revenant d'une rencontre à Kampala avec le président ougandais Yoweri Museveni.

Celui-ci n'exclut pas la possibilité d'un assassinat[15]. Garang voyageait dans un hélicoptère présidentiel ougandais. Son décès a retardé la formation d'un gouvernement d'unité nationale, cruciale dans le cadre de l'application de l'accord de paix signé le , et d'abord prévue pour le .

Ses funérailles à Djouba sont précédées par de violentes émeutes, notamment à Khartoum, provoquant la mort de 110 personnes et plus de 1 600 arrestations.

Liens externes

Notes et références

  1. a b c d e f g h et i Michel Raimbaud, Le Soudan dans tous ses états (2012), , p. 97 à 118
  2. a et b Zygmunt L. Ostrowski, Le Soudan à l'aube de la paix : combat de John Garang, Éditions L'Harmattan, , 312 p., p. 3
  3. a b c d et e Zygmunt L. Ostrowski, Le Soudan à l'aube de la paix : combat de John Garang, Éditions L'Harmattan, , 312 p., p. 15
  4. « Akuol de Mabior raconte son Soudan du Sud, une histoire familiale très politique », sur RFI, (consulté le )
  5. a b et c Zygmunt L. Ostrowski, Le Soudan à l'aube de la paix : combat de John Garang, Éditions L'Harmattan, , 312 p., p. 20
  6. a b c d et e Gérard Prunier, « Les partis politiques soudanais « africains » depuis la chute de Nimeiry », Mondes arabes,‎ , p. 24
  7. Olivier Cabon, Histoire et civilisation du Soudan, De la préhistoire à nos jours, Bleu autour, , 955 p. (lire en ligne), p. 723 à 733
  8. a et b Gérard Prunier, La Guerre, des origines à nos jours, , 272 p. (lire en ligne), p. 231 à 238
  9. a b et c Zygmunt L. Ostrowski, Le Soudan à l'aube de la paix : combat de John Garang, Éditions L'Harmattan, , 312 p., p. 25 à 28
  10. Brendon Novel, « Corne de l’Afrique et Péninsule arabique : des relations déséquilibrées (1/3) », sur Les clés du Moyen-Orient, (consulté le )
  11. a b c d et e Michel Raimbaud, Le Soudan dans tous ses États, , 430 p., p. 155 à 183
  12. a b et c Zygmunt L. Ostrowski, Le Soudan à l'aube de la paix : combat de John Garang, Éditions L'Harmattan, , 312 p., p. 47 à 53
  13. Michel Raimbaud, Le Soudan dans tous ses états, , 430 p., p. 337 à 375
  14. Zygmunt L. Ostrowski, Le Soudan à l'aube de la paix : combat de John Garang, Éditions L'Harmattan, , 312 p., p. 59
  15. La Conscience - Mort de Garang : "peut-être pas" un accident selon le président ougandais